Chapitre 17

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Layla

Je ne saurais dire si ce sont ses frissons ou les miens qui me tirent de mon abandon. Je m'écarte à peine, ne voulant pas rompre cet instant de communion intense.

- Layla ?

- Hum ?

- Tu... Tu trembles. Tu as froid, non ? fait-il en me serrant plus fort contre lui, comme si l'abri de ses bras pouvait me réchauffer.

- Non... Non, ça va.

- Je crois... qu'on devrait dormir, non ?

Je hoche la tête, écarte un peu plus mon visage et le regarde.

- Oui, tu as raison. En fait, je crois que je suis morte de fatigue.

Il sourit, dépose un baiser sur le bout de mon nez. C'est tendre, tout mignon. J'adore. J'entoure alors son cou de mes bras, m'abandonne encore un instant contre lui. C'est tellement bon de le retrouver !

- Tu sais que je peux te tenir dans mes bras en étant dans ton lit ? On n'est vraiment pas obligé de rester sur ton canapé, aussi confortable soit-il.

Je ris légèrement, acceptant finalement de m'écarter de lui. Je me relève, recule de deux pas et tends les mains vers lui. Il me fixe d'un regard plus apaisé, me rappelant l'effet magique du plaisir. Une chose que j'ai trop longtemps oubliée, trop longtemps laissée de côté. Il se saisit de mes mains, se lève à son tour. Et je prends la mesure de sa taille, par rapport à moi. Je ne suis pas petite, un bon mètre soixante-huit, mais il me dépasse d'une bonne tête. Mon front arrive tout juste à hauteur de son épaule.

Je vais pour me blottir contre lui, il enroule son bras autour de ma taille et m'entraîne vers l'escalier. Il a raison : il faut dormir, si nous y parvenons. Ou du moins, quoi qu'on fasse, mon lit est quand même l'endroit le plus adéquat pour passer les heures à venir.

**

Je m'éveille alors qu'il fait grand jour, sans avoir la moindre idée de l'heure qu'il est. Je me suis endormie en me collant à Alexis, ma tête nichée au creux de son épaule, ma main posée sur son ventre. Il dort encore, j'en suis certaine rien qu'à sa respiration profonde et régulière que je ressens sous ma main. Je ne bouge pas, je laisse s'éloigner lentement les dernières brumes du sommeil. J'ai envie de m'étirer comme un chat, mais je me retiens : je ne veux pas le réveiller. Pas tout de suite, en tout cas.

Je songe à nos retrouvailles. Hier, à peine m'étais-je retrouvée seule aux Auches que malgré mes bonnes résolutions, je n'avais pas pu m'empêcher d'aller à Antraigues. Quelques courses habituelles, puis je m'étais posée à la terrasse de "La Montagne". En arrivant sur la place, j'avais tout de suite repéré la silhouette d'Alexis, ce qui, dans un premier élan, m'avait rassurée : il était là et ne semblait pas blessé ou malade. Il n'y avait pas non plus de filles à lui courir autour, à minauder.

Je m'étais cependant forcée à tourner le dos à la place tout en sirotant un diabolo citron. J'avais emporté un livre dont je ne tournais aucune page : mon attention était toute dirigée vers les joueurs de boules et un en particulier. Même sans les regarder, je pouvais très bien deviner ce qui se passait, les parties qui s'enchaînaient, les points plus ou moins serrés, les tactiques mises en œuvre. Puis j'avais nettement entendu les pas du petit groupe se dirigeant vers la terrasse. Je fus néanmoins surprise d'entendre la voix d'Alexis.

Mon cœur battait à tout rompre avant que je ne me décide à lever les yeux vers lui et à lui répondre. Après... Après, je ne sais pas comment j'ai fait pour nous ramener à la maison. D'ailleurs, cela me fait penser que les courses sont restées dans la voiture... Hem, heureusement que je n'ai rien pris de vraiment périssable. Enfin, on s'occupera de cela tout à l'heure. De même que je m'occuperai de ranger tout ce que j'ai laissé en plan au mois de mai.

Ce fut à la fois un grand bonheur et un profond soulagement que de le retrouver. Et de me retrouver, finalement, dans mon lit, avec lui. Comme si les deux mois et demi qui viennent de s'écouler n'avaient pas existé. Et mes craintes infondées. Ou presque.

Car Alexis est tourmenté par des choix, des décisions, dont je commence à entrevoir un peu plus précisément les contours. Moi aussi, j'ai des choix à faire. Et des choix qui engagent la vie et l'avenir de nombreuses personnes. J'ai encore le temps de m'y pencher, même si je compte bien aussi profiter de ces vacances pour relever certains détails. Mais cela ira à plus tard. La priorité me semble déjà de m'occuper d'Alexis.

Et puis de moi, un peu aussi.

En fait... de nous.

Alexis

Je suis de retour chez moi. J'accompagne Layla au village en prenant le chemin qui descend des Auches, traverse le hameau du Bouchet et permet de rejoindre la route au niveau du virage en épingle à cheveux, après le camping. De là, elle continue jusqu'à Antraigues. Quant à moi, je rentre et je m'occupe de faire un peu de rangement et de ménage. Pas que je sois bordélique ou négligé. Juste qu'il fallait le faire. Layla me rejoint une bonne heure plus tard, avec de quoi manger pour le midi. J'avais quelques restes, mais insuffisants pour deux. Même si je m'alimente mieux et plus qu'à Créteil les derniers temps, je n'ai pas encore retrouvé un appétit conséquent. Ce n'est peut-être pas plus mal, d'ailleurs.

Au cours du repas, nous discutons tranquillement. Je lui parle un peu plus de Pauline et d'Aglaé, insistant sur les joies éprouvées par la petite. Mais j'évite d'évoquer mon père. Layla me parle de son voyage au Japon, sans s'appesantir sur les aspects professionnels de ce séjour. De même, elle ne se confie pas sur les grands défis qui l'attendent. Nous parlons beaucoup plus d'idées de balades, de ce que j'ai déjà visité, des randonnées potentielles. Il fait chaud, il faut en tenir compte. Et déjà se profile une première excursion sur le plateau, dans la semaine : Layla est incapable de venir à Aizac sans monter sur le plateau.

Pour cette première journée, elle a à faire aux Auches et repart après le déjeuner. Je m'offre une petite sieste, puis je rejoins les joueurs de boules. Nous avons convenu qu'elle viendrait dormir chez moi ce soir.

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