Chapitre 38

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Layla

Je me suis réveillée dans les bras d'Alexis, peut-être encore plus collée à lui que d'habitude. Il faut dire que même si nous avons remis le chauffage en route, il ne faisait pas chaud hier soir quand nous nous sommes couchés. Il a raison : il faut certainement chauffer un peu la maison en cette saison. Alexis est réveillé quand j'ouvre les yeux et nous nous offrons un petit câlin. Le ciel est toujours bleu et nous ne traînons pas trop : les jours sont courts et nous aimerions en profiter. Après le petit déjeuner, nous descendons à Vals pour faire le marché. Il y a moins de commerçants que l'été, mais nous trouvons tout le nécessaire. Au retour, nous faisons un tour par Antraigues et nous prenons un petit café. Mariette a ressorti tables et chaises pour faire profiter du soleil automnal à ses quelques clients. Elle est heureuse de nous voir, mais s'étonne cependant que je vienne en cette saison :

- Bonjour vous deux ! Vous allez bien ? Alors, ma jolie, tu viens un peu par ici ?

- Bonjour, Mariette, lui souris-je en réponse. Oui, je reste jusqu'à dimanche prochain.

- Tu t'offres des vacances ?

- En quelque sorte. Disons que je viens aussi pour le travail.

- Ah bon ?

- Oui. Je dois prendre une décision en ce qui concerne les usines d'Ucel et de Labégude et je viens donc constater par moi-même ce qu'il en est.

- Ah, d'accord. Bon, vous prenez un café ou voulez-vous autre chose ?

- Un café, c'est parfait, lui répond Alexis.

Nous profitons un petit moment du calme de la terrasse et de la place, même s'il y a un peu de monde à la traverser. Les gens font quelques courses ce matin, ça met toujours un peu d'animation.

- Ca ressemble au printemps, me dit soudain Alexis. Avant l'arrivée des touristes.

- Oui, tout à fait. A part qu'il fait un peu moins chaud.

- J'aime bien cette atmosphère. Tranquille, paisible.

Je souris.

- Tu sais, Layla... Plus les semaines s'enchaînent, et même si je n'ai pas encore connu un hiver ici et que je me doute que ça peut être rude, et moins je me vois retourner vivre à Paris. Si jamais je ne peux pas concrétiser mon installation ici, je chercherai une autre commune. Mais j'ai confiance. Il n'y a pas de raison que l'ARS bloque nos démarches. C'est une question de temps.

- Vous n'avez pas eu de retours de l'ARS, François et toi ?

- Non, pas encore. Mais c'est normal. En revanche, il a vu la députée et elle lui a dit de la tenir au courant et qu'en cas de difficulté ou si ça traîne trop, elle essayera d'intervenir.

- C'est une bonne chose. Il faut savoir prendre des alliés, quand le besoin s'en fait sentir.

Il me sourit en retour, puis prend mes mains entre les siennes, les caresse doucement du bout de ses doigts.

- Quelle balade veux-tu faire cet après-midi ?

- Tu avais fait les boucles de Saint-Andéol ?

- Oui, au mois de juin.

- On pourrait y retourner. Cela ne fait pas loin et c'est l'idéal pour l'après-midi. Deux heures de marche environ.

- Ok.

Alexis

C'était une petite pause agréable que de s'arrêter à Antraigues ce matin, au retour du marché. Nous ne nous attardons cependant pas trop longtemps, pour rentrer déjeuner aux Auches et partir de bonne heure pour randonner. Nous faisons un arrêt chez moi pour que je prenne mes propres affaires et nous voilà en ce beau début d'après-midi d'automne à entamer la petite ascension au-dessus du village de Saint-Andéol. Sur la route, en quittant Vals-les-Bains, Layla m'a désigné la maison qui avait été celle de ses grands-parents, du moins quand son grand-père avait quitté Aizac pour être plus proche des usines. C'est une maison qu'il avait fait construire dans les années cinquante, très typique de l'architecture de cette période, qui a son charme. Le père de Layla est né à Aizac et il a grandi à Vals, même s'il allait souvent voir ses grands-parents et sa tante, aux Auches.

La randonnée est très agréable. Le dénivelé n'est pas important et le sentier facile. Pour toute la première partie, nous avançons sous les châtaigniers, sur un chemin de chèvres. Nous convenons de faire aussi la deuxième boucle, mais nous revenons par le même sentier, comme Layla me l'avait conseillé au printemps : comme elle, je ne tiens pas à marcher sur la route. C'est vite fatigant.

Le soir, nous regagnons les Auches. Il fait déjà bien meilleur dans la maison, mais Layla hésite.

- A ton avis, Alexis, est-ce qu'on fait un feu dans la cheminée ? Ca ne va pas chauffer beaucoup... On peut manger en bas, mais sur la table basse, ce n'est pas forcément très pratique.

- Je dirais qu'on peut manger ici et faire un bon feu. Il n'est pas encore tard, ça peut permettre d'avoir une belle flambée quand même et ça participera à réchauffer la pièce du haut. En bas, il fait bon, maintenant.

- D'accord.

Nous faisons à nouveau deux allers-retours chacun pour charger la cheminée, puis une fois que le feu est bien parti, nous allons prendre notre douche. Autant en profiter pour nous offrir un nouveau petit câlin. D'autant que je lui masse les jambes et le dos, pour éviter à Layla d'avoir des courbatures demain.

Layla s'habille cependant chaudement : pantalon, bonne paire de chaussettes épaisses et pull à col roulé. Car malgré la bonne flambée, la température n'a pas bougé dans la grande pièce et il faut se mettre vraiment proche de la cheminée pour en profiter. En mangeant dos à elle, ça ira.

Nous dînons rapidement, je remets encore quelques bûches dans la cheminée pour la nuit, puis nous nous installons dans le salon, en bas. Là, il fait bien meilleur : la pièce est plus petite, le soleil y est entré durant une partie de la journée et le poêle est bien plus efficace que la cheminée. Layla se blottit d'emblée contre moi. Je l'entoure de mes bras et la câline doucement.

- C'était une belle journée, n'est-ce pas ? demande-t-elle au bout d'un petit moment.

- Oui, vraiment. Il paraît que le temps sera beau toute cette semaine. Mais tu seras bien occupée...

- Je n'ai pas trop idée du temps que je vais passer avec Maïwenn. Je pense que demain, on fera déjà une bonne première visite des usines. Mais je vais vraiment m'adapter à ses besoins, à ses questions.

- C'est normal. Elle a déjà commencé ?

- Oui. C'est une bosseuse. Laurent n'avait que des compliments à son sujet. Efficace, rigoureuse. Et pour moi, l'important, c'est aussi qu'elle a été d'emblée intéressée par l'étude que je lui ai confiée.

- C'est une bonne chose.

- J'espère pouvoir l'accompagner à chaque fois qu'elle aura besoin de venir ici. Si la relocalisation est viable, nous engagerons très vite des travaux. Je viendrai pour les suivre.

- Layla... Tu sais... Je me disais déjà que tant que je ne suis pas installé, j'irai te voir une fois par mois au moins à Paris. Comme en octobre.

- Tu vas avoir à faire avant même d'ouvrir le cabinet, une fois que vous aurez la réponse de l'ARS.

- Bien sûr, mais je pense que je pourrai quand même m'absenter. Je veux qu'on puisse passer du temps ensemble.

Elle redresse la tête et me regarde.

- Layla... Je t'aime. Je veux construire quelque chose avec toi. Vraiment. Quelque chose de sérieux. Même si on est à distance. Je me sens autant prêt à relever ce défi-là que celui de l'installation ici.

Elle me sourit doucement, ses mains caressent mes joues et elle m'embrasse.

- Moi aussi, je t'aime, Alexis. J'aimerais qu'on y arrive. Et moi aussi, je vais tout faire pour.

Elle se blottit alors à nouveau contre moi, je referme mes bras dans son dos et nous restons ainsi, un bon moment.

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