Chapitre 57

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Layla

La valise derrière moi, je traverse le grand hall de l'aéroport d'Orly-Sud. A mes côtés se trouvent Jean-Luc, le responsable de l'unité allemande, et son assistante, Géraldine. Notre avion vient d'atterrir et nous rentrons à Paris après une semaine passée à Berlin, pour y rencontrer notre équipe allemande. La semaine a été dense, mais instructive et constructive. Comme toujours. J'apprécie beaucoup de travailler avec les Allemands : ils sont carrés, rigoureux. Quand une décision est prise, ils n'attendent pas des mois pour la mettre en pratique. Avec eux, les choses avancent.

Cela faisait deux ans que je ne m'étais pas rendue à Berlin et après la "baisse de régime" que nous avions constatée l'année dernière, ce n'était pas un mal que j'y retourne. Lorsque j'avais repris la direction de l'entreprise, j'avais consacré les six premiers mois à prendre la mesure de mon poste, puis j'avais entamé une tournée de nos différents sites. Au cours de l'année qui avait suivi, je m'étais ainsi rendue auprès de toutes nos délégations étrangères, ainsi qu'en Turquie et en Thaïlande pour y visiter les usines. Désormais, si j'inscris toujours une à deux visites à l'étranger par an, j'alterne en priorisant celles qui rencontrent des difficultés.

Mais pour cette année, j'ai aussi d'autres déplacements au programme avec l'Ardèche, et c'était une bonne chose de placer ce voyage à Berlin en début d'année : cela me laisse plus de liberté pour y accompagner Maïwenn prochainement.

Serge m'attend dans le hall et après avoir salué Jean-Luc et Géraldine qui vont prendre un taxi de leur côté, je me dirige vers lui.

- Bonsoir, Mademoiselle. Avez-vous fait bon voyage ?

- Bonsoir, Serge. Merci d'être venu me chercher. Oui, le voyage s'est bien passé. La semaine a été chargée, mais très intéressante.

- Vous allez pouvoir profiter du week-end pour bien vous reposer, ajoute-t-il en souriant avant de se saisir de ma valise.

- Oui. Je ne vais rien faire ! C'est mon programme ! dis-je en riant.

Son sourire s'agrandit et une lueur malicieuse s'allume dans son regard, mais je ne m'y arrête pas. Parfois, Serge est un peu taquin avec moi et cela me fait du bien. Il veille vraiment sur moi lui aussi.

Nous sortons rapidement du hall, puis nous nous dirigeons vers un des parkings les plus proches. Alors qu'il ouvre le coffre pour y ranger ma valise, je me glisse dans la voiture. Mais je m'arrête aussitôt en poussant un grand cri :

- Alexis ! Oh, tu m'as fait peur !

Il éclate de rire.

- Surprise !

Puis il m'attrape par la taille, me rapproche de lui et m'embrasse passionnément. Mon cœur bat comme un fou, encore marqué par l'effet de surprise que j'ai ressenti en entrant dans la voiture : je ne pensais pas du tout que quelqu'un aurait pu s'y trouver et encore moins Alexis !

- Tu es remonté sur Paris ? parviens-je à articuler alors que nous rompons notre premier baiser.

- Hé oui.

- Je croyais que tu allais recevoir ton matériel informatique cette semaine ?

- J'ai eu un appel de l'installateur : son fournisseur était en rupture de stock sur le modèle retenu. Il lui en proposait un autre, mais la gamme en dessous, et le gars n'était pas très enchanté. Nous en avons discuté tous les deux : il craint que ce pc-là ne soit pas assez puissant pour l'usage que je vais en faire, notamment pour le stockage des données des patients. Il me conseille d'attendre que son fournisseur soit en mesure de lui livrer le modèle que nous avions retenu. En revanche, il a reçu l'imprimante, mais nous avons convenu qu'il pouvait ne faire qu'un seul déplacement. Du coup, j'avais du temps libre et j'ai pris le train mercredi à Montélimar. Je viens de passer deux jours à faire mes cartons, mais au moins, c'est fait. Les déménageurs n'auront plus qu'à les emporter avec les meubles. Je verrai avec Bruno qui a un double des clés. Il n'y a pas urgence, puisque je n'ai pas encore mis l'appartement en vente. Et pour ce soir, je me suis arrangé avec Serge : il est venu me chercher à Créteil pour qu'on soit à Orly pour ton arrivée.

J'éclate de rire en m'écartant d'Alexis, pour m'asseoir confortablement et boucler ma ceinture, alors que Serge reprend place au volant.

- Vous avez comploté dans mon dos...

- Oui, Mademoiselle, je le reconnais, dit Serge. Nous nous sommes dit, avec Monsieur Alexis, que la surprise vous ferait plaisir.

- Et comment !

J'affiche un grand sourire lumineux.

- Et tu restes combien de temps ?

- Ca va dépendre du fournisseur. Le gars d'Aubenas me rappelle en milieu de semaine pour me tenir au courant. C'est possible qu'il ait l'ordinateur très vite, d'ici quelques jours. Il ne pouvait rien m'assurer.

- Je vois.

- Je redescendrai peut-être en milieu de semaine, ou seulement dans dix jours, après le prochain week-end. Il ne me manque plus que cela et je pourrai contacter la CPAM de Privas pour l'installation du boîtier de la carte vitale. Tant que je n'ai pas l'ordinateur, ce n'est pas la peine que leur agent fasse le déplacement. Les deux doivent être raccordés. Il faudra que l'informaticien soit présent également.

- L'ouverture du cabinet médical va donc être retardée...

- Pas forcément de beaucoup. J'avais de toute façon prévu de remonter sur Paris au cours de la première quinzaine de mars, pour voir le notaire. J'ai pu avancer le rendez-vous à mardi prochain.

- Donc tu restes au moins jusqu'à mercredi.

- Oui, au moins.

Je ferme les yeux et appuie ma tête contre l'épaule d'Alexis. Sa main prend la mienne, nos doigts se nouent. Si je m'attendais à ça ! Avant mon départ à Berlin lundi dernier, je pensais ne le revoir que début mars, quand il serait venu sur Paris pour régler diverses questions et notamment celle de son appartement. Finalement, ce retard de livraison de matériel nous permet de nous revoir plus tôt que prévu et il en a profité pour avancer de son côté. Parfois, certains aléas ont du bon.

La circulation est un peu dense en ce vendredi soir, mais une fois sur le périphérique, nous roulons plutôt bien. Lorsque Serge nous dépose à l'appartement, la nuit est tombée. Il est près de 21h.

- Passez un bon week-end, nous salue Serge alors que nous prenons nos affaires dans le coffre. Et à lundi, Mademoiselle.

- Merci, Serge, répond Alexis. Passez un bon week-end, vous aussi.

- Et encore merci pour la surprise, dis-je. Bonne soirée et à lundi.

Il remonte dans la voiture et repart aussitôt. De notre côté, nous traversons le hall de l'immeuble et rejoignons l'ascenseur. Là, Alexis m'enlace et m'embrasse à nouveau longuement, jusqu'à ce que nous arrivions à mon étage.

Alexis

Je suis bien content d'avoir pu réserver cette petite surprise à Layla, de me trouver en région parisienne une quinzaine de jours plus tôt que prévu initialement, avec ce retard de livraison de matériel informatique. Au lieu de monter à Paris une fois que le cabinet serait entièrement équipé, je viens un peu avant. Et je pourrai enchaîner l'ouverture dès que l'installation sera terminée. Je vais aussi pouvoir régler plusieurs questions ici et c'est bien. J'ai hâte de mettre l'appartement en vente, de ne plus avoir cela à l'esprit : j'ai bien assez à penser avec ma reprise d'activité.

Lorsque j'ai téléphoné à Serge en milieu de semaine, j'ai vite compris qu'il était ravi à l'idée de participer à une surprise pour Layla. Je suis parvenu à faire croire à cette dernière que je me trouvais à Antraigues, alors que j'étais déjà à Créteil. Il faut dire que son déplacement à Berlin a été très prenant, que le soir, elle sortait avec ses homologues allemands et quelques partenaires. Elle n'a pas eu que ses journées à être bien remplies, les soirées aussi. Nous n'avons alors échangé que de brefs messages et courts appels téléphoniques. Rien n'a pu lui mettre la puce à l'oreille.

A peine franchie la porte de l'appartement, nous abandonnons sac et valise dans l'entrée. Layla me glisse à l'oreille :

- Je prendrais bien une douche, tu viens avec moi ?

- Volontiers, dis-je en parvenant à lui voler un nouveau baiser.

Quelques instants plus tard, nos vêtements se retrouvent abandonnés sur le carrelage et l'eau commence à ruisseler sur nos corps. Je l'enlace, l'embrasse à nouveau. Elle se colle à moi, passe ses bras autour de mon cou. Puis ses mains glissent sur mon torse, alors que notre baiser devient de plus en plus passionné.

Mes caresses se font plus appuyées, sur ses seins d'abord, puis ses hanches, sa taille. Je l'attrape finalement par les cuisses, l'appuie contre le carrelage. Nos lèvres ne se sont pas quittées, comme si nous ne pouvions trouver notre souffle que l'un avec l'autre. Elle enroule ses jambes autour de ma taille et je la pénètre lentement, savourant de retrouver son ventre chaud. Mais j'en défaillirais presque tant la sensation de bonheur est intense.

Layla rompt notre baiser, sa bouche s'ouvre sur son cri. Je la regarde, ravi de la voir si heureuse en son plaisir. L'eau qui ruisselle a commencé à mouiller ses cheveux, quelques mèches sont plaquées sur ses joues. Elle a fermé les yeux et savoure notre étreinte. Puis elle se cambre, cherchant notre union la plus étroite possible, avant de lâcher totalement la bride à la vague qui se lève et nous emporte.

**

Etendu à côté de Layla, je suis bien incapable de dire quelle heure il est. Elle a posé sa main sur mon torse et le caresse lentement, du bout des doigts. C'est une caresse douce, légère. Et très agréable. Son doux sourire illumine son visage. Son regard, d'un bleu à la fois tendre et profond, ne quitte pas le mien.

Ma main se pose sur sa hanche, en souligne l'arrondi. Je me penche vers elle pour déposer un léger baiser sur ses lèvres.

- Je t'aime, lui dis-je en un souffle. Je t'aime.

Son sourire s'agrandit. Sa main quitte mon torse pour remonter vers mon épaule, ma nuque, et d'une pression un peu ferme, elle m'entraîne sur elle. Ses bras se referment autour de mon dos, son regard se plante dans le mien.

- Aime-moi, me dit-elle. Aime-moi, toi que j'aime.

Et nous refaisons l'amour.

Layla

Serge ne croyait pas si bien dire, vendredi, en soulignant que j'allais bien profiter du week-end pour me reposer. Il fait un temps épouvantable, il pleut beaucoup, il y a du vent. Ce qui ne nous donne pas du tout envie de sortir, même pour une courte promenade. Aussi profitons-nous de notre samedi matin pour nous octroyer une grasse matinée câlins bien méritée. Tout juste Alexis se risque-t-il au-dehors, vers midi, pour rallier la boulangerie et nous ramener du pain. Je n'ai pas eu le temps de prévenir Nadine de ne pas passer ce samedi, et elle arrive alors que nous terminons un copieux petit déjeuner à une heure totalement indue.

Habituellement, le samedi quand elle passe, elle me trouve installée dans le salon, à lire ou à écouter la radio, beaucoup plus rarement attablée.

- Bonjour, Mademoiselle. Vous allez bien ? me demande-t-elle alors que je lui ouvre la porte.

- Oui, Nadine. Bonjour. Vous avez passé une bonne semaine ?

- Oui, merci. Et vous ? Votre... Oh, mais Monsieur Alexis est là !

- Oui, répond celui-ci. Bonjour, Nadine. J'ai fait la surprise à Layla de l'attendre à son arrivée hier soir, avec Serge.

- Quelle bonne idée ! Mais je vous dérange...

- Nous finissions notre repas. Pas de souci, dis-je. Nous allons débarrasser et on va vous laisser travailler.

Elle commence alors par faire le ménage dans le salon, pas bien sale puisque je ne m'y suis pas trouvée de la semaine. Nous filons dans la chambre, Alexis ramasse au passage nos vêtements qui traînent encore dans la salle de bain. J'abandonne la tenue détente que j'avais revêtue pour déjeuner et je la troque contre des vêtements plus chauds. Nous décidons de sortir un peu, malgré la pluie, histoire de ne pas être dans les pattes de Nadine.

J'emmène Alexis au Bois de Boulogne qui offre une promenade agréable, même par mauvais temps. Lorsque nous regagnons mon appartement, Nadine s'active en cuisine à nous préparer le repas de ce soir. Elle a aussi fait quelques courses, mais s'excuse de ne pas avoir prévu plus pour Alexis. Ce dernier la rassure aussitôt en lui disant qu'il va être très occupé en début de semaine et qu'il est fort possible qu'il ne mange pas ici le midi.

Après son départ, nous entamons une soirée "cocooning". Nadine nous a préparé une quiche aux épinards et au chèvre frais, avec une salade et un petit verre de vin, c'est parfait. Nous discutons du programme du lendemain et décidons d'aller au cinéma.

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