Chapitre 58

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Alexis

Mon séjour parisien se prolonge finalement toute la semaine et je peux passer un deuxième week-end avec Layla, l'informaticien d'Aubenas m'ayant prévenu que l'ordinateur n'arriverait qu'au début de la semaine suivante. Je profite de mes journées pour terminer mes cartons et faire du tri. J'avais récupéré une partie des affaires de papa, même si j'avais laissé beaucoup de choses à Pauline, et notamment du linge de maison, de la vaisselle, mais aussi des meubles : toute la chambre d'Aglaé est celle qu'il avait achetée pour elle. De même, Pauline a récupéré le lit et l'armoire de papa, et l'électroménager. Mais j'ai gardé des livres, les albums photos de famille, des papiers. Tout cela se trouve encore dans des cartons que j'avais stockés dans mon garage. Je ne les ouvre pas, je m'occuperai de cela à Antraigues, quand j'aurai un moment. Mon gîte n'est pas très grand et je me demande bien où je vais ranger tout cela. La deuxième chambre va certainement se transformer en lieu de stockage.

Layla m'a proposé de mettre des affaires chez elle, si je n'ai pas la place au gîte, et notamment dans le grenier. Mon lit est de qualité, je pourrais le donner, mais j'hésite. Elle m'avait parlé de son projet d'aménager un jour des chambres à cet étage, et cela pourrait servir. Elle reçoit rarement sa famille, mais si jamais des amis restaient, ne serait-ce que pour une nuit, ça pourrait être pratique d'avoir plus à offrir que la chambre de sa tante. Je propose à Bruno et Adèle de faire un tour également et le mercredi après-midi, Bruno me rejoint avec Jules. Il ne travaille jamais pour cette demi-journée, pour passer du temps avec son fils. Jules est heureux comme tout de me revoir et il demeure assez sage dans la salle, à jouer avec des petites voitures et à regarder des livres, pendant que Bruno fait le tour de l'appartement avec moi pour voir si certaines choses peuvent les intéresser. Il embarque ainsi une petite commode que j'avais placée dans ma chambre et qui avait appartenu à ma grand-mère paternelle, ainsi que les chaises hautes du bar. Mon petit canapé finira lui aussi à l'étage aux Auches ; quant à la table basse, Bruno l'emporte aussi, mais la dépose à une association caritative.

J'estime donc, en ce milieu de semaine, que j'ai fait le tour des affaires à l'appartement et le lendemain, le déménageur repasse pour faire le point avec moi. Nous convenons d'une date, en avril, pour le déménagement. Je serai certain d'être à Antraigues, et même si l'agent immobilier trouve rapidement un acheteur, les démarches auprès du notaire ne seront pas terminées, je serai donc dans "les clous" pour les délais.

Je peux donc être satisfait d'avoir bien fait avancer les choses à Créteil au cours de ces journées, et peut-être même d'avoir gagné du temps.

Le vendredi soir, pour fêter la fin de semaine, l'avancée des démarches de mon côté, mais aussi mon anniversaire, j'invite Layla au restaurant. Elle a le sourire : elle aussi a une bonne nouvelle à m'annoncer.

Layla

Je vois arriver la fin de ma semaine avec un léger pincement au cœur : Alexis a pu rester jusqu'à lundi, mais nous allons à nouveau être séparés. J'ai cependant bien l'intention de profiter de ces derniers jours avec lui, d'autant que c'est son anniversaire aujourd'hui. C'est une chance qu'il ait pu demeurer à Paris pour quelques jours supplémentaires, sinon, nous l'aurions fêté avec un peu d'avance.

Ce vendredi matin, je passe d'abord deux heures avec Maïwenn. Durant mon déplacement à Berlin, elle a encore bien avancé de son côté et m'annonce très vite, sachant que la nouvelle me fera plaisir, que les deux chargés d'études avec lesquels elle travaille sur l'estimation de la rénovation des usines sont disponibles fin mars pour se rendre sur les lieux. Je bloque aussitôt toute ma semaine pour les accompagner et en informe Laurent et Lisa, afin qu'aucune réunion importante ne soit placée dans mon planning à ces dates.

Cette nouvelle atténue donc ma légère tristesse de voir cette nouvelle semaine avec Alexis s'achever : dans un mois, nous serons à nouveau réunis. La journée file ensuite et je quitte tôt le siège. Je rejoins Alexis chez moi, déjà prêt à sortir. Je m'offre cependant le temps de me préparer, puis Serge nous conduit au restaurant.

Une fois attablés et alors que le sommelier nous propose le vin commandé, j'annonce la nouvelle à Alexis. Un grand sourire illumine aussitôt son visage, il prend mes mains dans les siennes, et dit :

- Ca va passer vite, Layla. Tu seras bientôt à nouveau à Antraigues.

- Oui, lui souris-je en réponse. Je crois que je n'y ai jamais autant séjourné en un an ! Enfin, depuis que j'ai entamé mes études supérieures...

- J'aurai démarré l'activité, fait-il. Mais tu seras bien occupée aux usines dans la journée. On profitera des week-ends pour randonner. A cette date, ce sera déjà agréable.

- Cela l'est toujours, même en hiver, du moins, quand il ne neige pas. Je reconnais que je suis heureuse de me retrouver là-bas pour l'arrivée du printemps. Cela me fera du bien aussi.

- Alors, levons nos verres à cette bonne nouvelle !

Et il tend aussitôt son verre vers le mien, pour que nous trinquions. Puis il se lève un peu pour se pencher au-dessus de la table et m'embrasser légèrement.

- A ta réussite, mon amour. Ca va marcher.

- Je le souhaite. Cette nouvelle étape est importante.

- Explique-moi en détails ce qui va se passer.

- Je t'avais dit que Maïwenn avait pris contact avec deux sociétés d'études, spécialisées dans l'aménagement et la rénovation des sites industriels, des usines. Deux chargés d'études - un pour chacune - travaillent déjà en lien avec elle pour l'évaluation du coût des travaux. Elle leur a fourni des plans, un certain nombre de données, maintenant il faut qu'ils se rendent sur place pour relever de nombreux points, comme par exemple tout le détail des installations électriques existantes, des arrivées d'eau, l'état des charpentes, des murs, etc...

- Je vois. Ils vont y passer plusieurs jours.

- Oui. Je ne sais pas exactement combien, mais je pense qu'ils auront au moins besoin de trois jours sur place. Maïwenn et moi avons donc convenu de passer la semaine là-bas.

- Elle travaille toujours sur cet aspect en ce moment ?

- Non, pas vraiment. Elle les laisse avancer, mais elle ne les lâche pas et leur demande de lui communiquer les différentes étapes de leur travail. Nous avons donc des "états intermédiaires" pour le moment, en attendant leur estimation définitive. Cela nous donne déjà un ordre d'idées et c'est très intéressant aussi de voir l'évolution de cette estimation. Comme Maïwenn ne peut pas vraiment avancer plus de son côté sur cette question, elle est aussi en contact avec plusieurs fournisseurs de matériel, pour la chaîne de fabrication. Afin de pouvoir évaluer le coût du rééquipement des usines. Et là, elle a du travail, car elle doit me faire plusieurs propositions : deux pour chaque usine. En effet, selon les différents scénarios qu'elle proposera à la fin de son étude, nous devrons choisir entre plusieurs possibilités : relancer la production de tous les emballages en Ardèche, ceux en carton et papier, comme ceux en plastique, soit uniquement à Labégude, soit répartie entre les deux usines. Pour le cas où tous les emballages se feraient à Labégude, la production de la gamme dite "de luxe" se fera alors à Ucel. Cela éviterait d'avoir à transporter l'eau des sources à Libourne. Mais cela implique un équipement différent pour chaque usine, selon les scénarios envisagés.

- Ce qui signifie que tu diminuerais la production de l'usine principale ?

- Pas forcément : si la gamme des produits biologiques rencontre du succès, sa production augmentera forcément. Et c'est à Libourne que cette gamme est fabriquée. Ce qui baissera, et encore rien n'est sûr, ce sera la gamme "classique". Mais là aussi, tout dépendra du travail de nos commerciaux dans nos différents points de vente à l'étranger. Au final, pour faire simple, la production totale ne sera pas forcément moins importante qu'actuellement, elle pourrait même l'être plus.

- Je comprends. En tout cas, tu pourras dire à Maïwenn que je suis impressionné par son travail.

- Moi aussi. Laurent l'a vraiment bien choisie. Je l'apprécie beaucoup et pas seulement parce qu'elle est efficace. Elle est jeune, elle est soucieuse d'écologie, de respect de l'environnement, de conditions de travail. Bien plus que la génération des quarantenaires ou des cinquantenaires. L'entreprise compte plusieurs chargés d'études de cet âge et je n'aurais pas forcément eu le même résultat avec eux qu'avec Maïwenn. Ils auraient fait du bon travail, ils auraient été aussi rapides qu'elle, peut-être même plus sur certains points, car ils connaissent mieux l'entreprise et ses diverses branches. Mais pour la philosophie du projet, c'est vraiment elle la mieux placée.

Alexis sourit.

- C'est un très beau projet, Layla. Je suis certain que tu vas réussir à le mener à bien, que tu vas pouvoir rouvrir les usines. Ce serait un vrai exemple de relocalisation, avec toutes les implications que tu as en tête : écologiques, économiques, sociales.

- Merci de m'encourager, Alexis. J'y crois fort, tu sais.

- Je sais. Mais c'est mieux d'y croire fort à deux, non ?

C'est mon tour de lui sourire :

- Oui. Et je t'aime aussi pour cela.

**

- Mais trinquons aussi à ton anniversaire! dis-je en lui tendant à nouveau mon verre. Et oublions le travail pour quelques heures et même pour ces deux jours !

- Aucun souci, me sourit-il en retour en faisant légèrement tinter son verre contre le mien.

- A tes trente-quatre bougies !

- Merci !

- J'ai un petit cadeau pour toi... ajouté-je en me penchant pour fouiller dans mon sac.

J'en sors un petit paquet assez long. J'en avais confié l'achat à Serge et il me l'a remis ce matin, dans la voiture.

- C'est gentil, me dit Alexis en commençant à défaire le nœud. Mais tu sais, être avec toi, c'est un cadeau suffisant.

Puis il ouvre la boîte et en sort une montre encore plus belle que les quelques modèles que j'avais repérés : Serge a vraiment bien choisi.

- Wahou ! Tu ne te moques pas de moi ! Elle est superbe, dit-il en la glissant à son poignet.

- J'ai remarqué que tu n'en portais pas... Et j'ai pensé que tu en aurais besoin, d'ici peu. Pour être à l'heure à tes rendez-vous.

Ses yeux pétillent.

- C'est une excellente idée ! Je n'en porte plus depuis des années. Avec les téléphones portables, on a toujours l'heure sur soi... Mais un peu de tradition, ça ne fait pas de mal. Merci, Layla.

- Tu pourras aussi remercier Serge, dis-je en riant légèrement. J'avais repéré des modèles, pour lui donner quelques indications, mais c'est lui qui a fait le choix final. Et il me plaît beaucoup aussi.

Alexis ajuste encore la montre, puis se penche au-dessus de la table pour m'embrasser, avant de me prendre les mains et de les caresser doucement.

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