Chapitre 132

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Alexis

En ce 22 février, le gouvernement annonce le déclenchement du plan pandémie. Cela impose une vigilance accrue pour tout le personnel de santé, notamment les médecins généralistes. Des renforts sont annoncés dans les hôpitaux. Il est temps.

Cela fait deux semaines que Layla se trouve en Ardèche et elle va encore y demeurer pour une. Début mars, elle sera à Libourne, puis une semaine à Paris. Elle compte revenir ici pour la mi-mars. Pouvoir passer autant de temps avec elle, pour une période aussi longue que lors des vacances d'été, c'est du bonheur et cela atténue un peu mes préoccupations face à l'épidémie qui menace.

Comme le temps est très beau, nous décidons de monter sur le plateau. Nous n'y sommes pas retournés depuis plus d'un mois. Dans la vallée, les premiers frémissements du printemps se font sentir : au sud d'Aubenas, les pêchers sont en fleurs, les mimosas aussi. Devant la maison, les crocus ont ouvert leur corolle délicate, la bruyère est en fleurs.

Nous montons par la route de Freyssenet, pour arriver directement au Mont Gerbier. Sur le plateau, c'est toujours le plein hiver. La couche de neige est encore abondante, pas une seule fleur n'émerge. Mais le temps est très dégagé, bien plus que lorsque nous étions venus au mois de janvier. On circule aisément. Nous marquons un arrêt au Mont, c'est obligatoire, et descendons jusqu'à la source de la Loire. Bien que l'eau soit glacée, Layla a toujours autant de plaisir à en boire quelques gouttes. Je l'imite en riant.

- C'est vraiment de la folie de boire à la source en cette saison, dis-je en me redressant.

- Peut-être, mais elle est si pure... C'est un petit bonheur dont je ne peux me passer.

Je l'enlace et lui réponds :

- Et moi, tu es mon petit bonheur dont j'ai du mal à me passer...

Elle passe ses bras autour de ma taille, soupire en appuyant sa tête contre mon torse :

- Je serai là autant que possible, Alexis.

- Je sais. Je ne disais pas cela pour te mettre une quelconque pression. Chaque jour avec toi me rend heureux.

- Moi aussi. Je t'aime.

Je me penche vers elle, plonge dans ses iris mauves.

Et je l'embrasse longuement.

**

Nous avons traîné en chemin, nous arrêtant à de nombreux endroits pour admirer les paysages enneigés. Pour changer un peu notre parcours, nous descendons jusqu'à Saint-Martial. Le lac est encore gelé. Puis nous nous dirigeons vers Borée avant de remonter, dans le soir qui tombe, vers le Mont Mezenc.

- Il faudra qu'on vienne randonner par ici, à la belle saison, dit Layla, alors que nous nous sommes arrêtés sur le bas-côté.

- Tout à fait. Nous n'avons pas encore fait de parcours de ce côté-ci, en-dehors du Mont Mezenc. Tu en as fait certains ?

- Juste un, au départ de Borée. Avec toute la petite bande et mon frère. C'était une des dernières fois qu'il est venu en été en Ardèche, avant de rencontrer Margot.

- Ca me fait penser... Tu n'as jamais randonné avec ta sœur ?

- Rarement. Elle n'aime pas beaucoup cela. Elle est assez sportive pourtant, mais la marche, ça n'a jamais été son truc. En revanche, elle aime les sports de mer et de rivière, le rafting, la planche à voile...

- Hum, je vois.

Nous sommes sortis de la voiture, pour admirer le coucher du soleil. L'air est froid, mais il n'y a pas de vent. Je tiens Layla enlacée, devant moi. Mes mains sont posées sur son ventre, ses cheveux caressent ma joue. Le spectacle est magnifique. Dans la lumière rasante, on distingue encore les flancs du volcan couverts de neige. Il se détache, masse mauve, sur les dernières lueurs du jour, rose, orangé, violine et jaune éclatant.

Nous demeurons un bon moment, jusqu'à ce que la lumière décroisse, proche de s'éteindre. Nous remontons en silence dans la voiture, l'esprit apaisé, le cœur réjoui de tant de beauté. Comme à l'aller, je conduis sur le retour. Le trajet dans la nuit se fait tranquillement, j'enfile les virages avec souplesse. Layla a mis un peu de musique, une sélection de chansons de Phil Collins. Ca convient parfaitement avec l'atmosphère de cette nuit.

Layla

Cette journée a quelque chose de magique, et cette soirée encore plus. J'ai aimé l'atmosphère apaisante, reposante, du plateau aujourd'hui. J'ai eu rarement l'occasion de m'y rendre en plein hiver, même quand je venais pour les vacances, même quand j'étais petite. On n'allait pas là-haut à cause des conditions météorologiques changeantes, de la neige et du verglas, des congères qui pouvaient rendre la circulation rapidement difficile.

Aussi, à chaque fois que nous l'avons estimé possible, ai-je été heureuse de ces balades hivernales. Et cette fois, c'est un nouveau grand bonheur. Que je suis heureuse de pouvoir partager mon amour pour mon pays avec Alexis ! De pouvoir goûter à la beauté de ses paysages avec lui ! Je mesure aussi que c'est quelque chose que j'attendais, que j'espérais.

Le retour à la maison se fait dans un silence apaisé, avec Phil Collins en toile de fond. Je n'ai pas sommeil, mais entre le rythme des chansons, le roulement tranquille de la voiture, je me sens sereine. La nuit est belle et quand nous arrivons à la maison, nous demeurons encore quelques minutes à regarder les étoiles, comme si nous voulions prolonger la magie du coucher du soleil sur le Mezenc.

Puis notre chambre redevient notre cocon. Nous nous déshabillons l'un l'autre, avec des gestes mesurés, pour prolonger ce sentiment bienfaisant qui nous entoure et qui nous a accompagnés tout au long de la journée, que ce soit face au Mont Gerbier encore enneigé ou le long du lac de Saint-Martial toujours gelé.

Une fois nus, nos mains partent à l'aventure, presque timides pour commencer, puis plus audacieuses, plus précises dans leurs caresses. Le souffle d'Alexis effleure ma peau, provoquant mes premiers frissons et quand ses lèvres se referment sur la pointe de mon sein, je laisse échapper ma première plainte.

C'est une étreinte lente, profonde, qui nous unit ce soir-là, nous comblant au-delà de tout. Et quand il revient en moi, une dernière fois avant le sommeil, je sens une nouvelle plénitude m'envahir.

Je suis heureuse.

Et amoureuse.

De lui.

Alexis.

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