35. Les premiers...

8 minutes de lecture

Ce matin-là, Claude est Tom sont allés chercher Monique et Mathis. De retour à la maison après plusieurs jours passés à la maternité, le bruit familier de la clé dans la serrure est amplifié par l'acoustique résonnante de la cage d'escalier. Monique, un peu fatiguée, mais radieuse, entre doucement dans le salon, portant Mathis dans ses bras, enveloppé dans une couverture douce et légère, comme un petit paquet de tendresse. Le bébé, encore fragile, semble s’endormir en écoutant le rythme régulier du cœur de sa mère.

Monique dépose doucement Mathis dans son petit berceau, un petit sourire illuminant son visage, fatigué mais heureux. Elle s’assoit à côté de lui, savourant cet instant de calme qui précède les bouleversements inévitables de la vie avec un nouveau-né. Tout semble à sa place, ou presque, et la pièce semble respirer d'une énergie nouvelle.

Tom, tout excité, s’agite autour d'eux. Ses mains tremblent légèrement alors qu’il tend un doigt vers le bébé, fasciné par la douceur de sa peau.

—Tu sais, il est encore tout petit alors vas-y doucement, mais tu peux lui faire un câlin, lui dit Monique, en lui adressant un sourire tendre, un peu fatigué mais plein d'amour. Elle l'encourage d’un regard rassurant.

Tom hésite, puis se penche doucement, avec une grande délicatesse, et dépose un petit bisou sur la tête de son frère, les yeux pleins d’admiration. Il se redresse et, tout fier :

—Regardez, maman, papa ! J'lui ai donné un petit bisou !

Monique prend une grande inspiration, son regard glisse vers Claude, et elle voit dans ses yeux la même émotion, la même gratitude. Leur famille vient de grandir, et tout à coup, tout prend un sens encore plus profond.

Claude se penche à son tour, avec un soin presque solennel, et caresse le petit bras de Mathis. Le silence de la pièce, ponctué des bruits légers de la respiration du bébé, rend ce moment encore plus magique.

— Il est parfait, murmure-t-il, presque pour lui-même, tandis que son cœur déborde de fierté et de tendresse.

Le regard de Claude se pose sur Tom, qui est désormais assis sur le canapé, un grand sourire aux lèvres, l’air épanoui de celui qui sait qu’il a un rôle à jouer. Un rôle qu’il commence déjà à imaginer, celui de grand frère, de protecteur et d’ami. Ils savent tous deux que Mathis va grandir, qu’il apprendra à marcher, à parler, à rire, et qu’il viendra un jour se mêler à leurs jeux, leurs discussions, et leurs rires.

Pour Monique et Claude, l’arrivée de Mathis transforme leur vie, mais c’est un changement qu’ils attendaient, qu’ils désiraient, et qu’ils accueillent avec toute la douceur et l'amour possible. Tant de choses sont déjà en train de changer. La maison, le salon, tout cela devient un lieu où les souvenirs se tissent. C’est là, au cœur de cet espace simple mais accueillant, que la famille se construit, que les premières étapes de Mathis se feront. Et dans cet instant précis, l'avenir, aussi incertain soit-il, se dessine déjà, joyeux et plein de promesses.

— Ça va être magnifique, murmure Monique, les yeux plongés dans ceux de Claude. Et dans ce regard, tout est dit.

Les moments de joie s'enchaînent alors que Mathis grandit, un peu plus chaque jour. D'abord, ce sont ses premiers mots. Le tout premier a été pour son frère, ce qui n'est pas étonnant tant Tom est toujours à ses côtés pour s'en occuper. À tel point que ses parents doivent parfois le libérer de son rôle de petit parent pour qu'il puisse se détendre un peu et s'occuper de lui-même.

Un après-midi, alors qu'il joue avec Mathis, retournant une boîte à meuh devant ses yeux ébahis, chaque son particulier, chaque éclat de rire partagé provoque une joie sans pareil chez Mathis. Le petit garçon, tout émoustillé, secoue ses bras et ses jambes dans son transat, jusqu'à ce qu'un mot s’échappe soudainement de ses lèvres.

— Tom ! prononce-t-il, d'une voix claire et joyeuse.

Tom s'arrête net, ses yeux s'écarquillant de surprise. Il reste figé un instant, n’arrivant pas à croire ce qui vient de se passer. Puis, un large sourire s’étire sur son visage, et il explose de joie. Il se jette sur son petit frère, l’enveloppant d’un tendre baiser, avant de courir dans tous les sens dans l'appartement pour annoncer à ses parents l'exploit incroyable :

— Maman ! Papa ! Mathis a dit son premier mot ! Il a dit Tom !

Le cœur de Monique et Claude déborde de bonheur à l’entendre. Tom, tout fier de lui, répète inlassablement l’événement, insistant sur le fait que c’est lui, son grand frère, qui a inspiré ce mot magique.

Puis vient le moment où Mathis prononce son premier « Maman ». C’est un matin tranquille, l’air doux et calme, et tout semble parfaitement ordonné dans cette routine familière. Mathis, tout juste éveillé, regarde sa mère, un sourire timide sur les lèvres. D'une voix hésitante, il lâche enfin ce mot :

— Mo..man…

Ce petit mot, si simple en apparence, bouleverse Monique. Elle reste figée, le souffle court, les yeux brillants d’émotion. Ce moment est bien plus qu’un simple mot : c'est une déclaration d'amour muette, une première reconnaissance, le début d’un lien indestructible. Elle se précipite vers lui, le serrant fort contre elle, un sanglot de joie secouant son corps.

Un peu plus tard, c’est au tour de « Pa..pa » d’être prononcé, un écho doux et naturel dans l’air. Claude entend ces mots et son cœur se gonfle de fierté. Mathis, dans un geste spontané, tend les bras vers lui, et là, tout devient clair : son fils l’a reconnu, son amour pour lui, pour eux, résonne dans ces simples syllabes. Monique et Claude échangent un regard complice, ravis et émus par ce petit être qui grandit à vue d'œil, ajoutant chaque jour une nouvelle étape à leur bonheur familial.

Puis vient le moment des premiers pas. Mathis se redresse avec hésitation, soutenu par les bras chaleureux de Monique et Claude. Ils l’encouragent, impatients et émus. Le petit corps tremblant de Mathis fait un pas, puis un autre, jusqu’à ce qu’il tombe dans les bras de Claude, qui éclate de joie. Monique fond en larmes, une émotion débordante qui prend tout son être, un moment qu’elle n'oubliera jamais.

Les repas sont aussi des moments de bonheur simples mais précieux. Tom, son grand frère de trois ans, devient un petit chef à part entière, offrant les premiers petits pots de légumes à Mathis avec un sourire fièrement innocent.

— Regarde, Mathis, c'est pour toi ! dit-il en lui tendant la cuillère, tout en s'appliquant à lui donner à manger comme un grand.

— Une pour Moman... une pour Popa... une pour Tom...

— Vrrrrrrr, fait-il en faisant l'avion avec la cuillère en direction de la bouche de Mathis.

Les éclats de rire de Tom résonnent dans la maison chaque fois qu'il réussit à nourrir son frère, comme un rituel familial qui renforce les liens entre eux.

Il y a encore les bains, ces instants de tendresse où Mathis éclabousse joyeusement l’eau, sa peau toute douce et son regard émerveillé par l’eau qui ruisselle autour de lui. Monique le tient fermement, les yeux pétillants, tandis que Claude, souvent accroupi à côté de la baignoire, ne peut s’empêcher de sourire face aux éclats de rire de son fils. Ces moments, simples mais d’une puissance émotive incroyable, soudent encore un peu plus cette famille déjà si unie.

La première rentrée à l’école maternelle arrive trop vite, comme un grand saut vers l’inconnu. Mathis, les yeux pleins d’appréhension mais aussi de curiosité, tient fermement les mains de ses parents, tandis qu'ils se dirigent vers l'école. Le matin est frais, l’air léger de septembre fait frissonner la peau, mais ce n’est rien comparé à l’agitation qui bouillonne dans le ventre de Mathis. Il jette un regard à la fois empli de questions et d’espoir à sa mère puis à son père et ils pénètrent ensemble dans la cour de l’école. C’est le début d’un nouveau chapitre pour lui, pour Monique et Claude. Leurs cœurs battent à l’unisson, un mélange de fierté, d’anxiété et de tendresse infinie.

— Ne t’inquiète pas, mon cœur, tu vas voir, tu vas t’amuser. Et puis, tu vas rencontrer plein de copains et de copines ! lui dit Monique avec un sourire rassurant. Mais en dedans, elle aussi ressent cette légère nervosité, ce moment de transition qui fait grandir leur petit.

Claude les embrassent avant de repartir, il est déjà en retard sur son planning.

À l'entrée de la classe, d'autres enfants sont déjà là, pressés, curieux, mais Mathis semble hésiter, le regard se posant sur sa mère avant de se tourner vers le tableau avec ses dessins colorés. Monique s’accroupit pour lui murmurer :

—Tu veux que je reste avec toi quelques minutes ?

Mathis secoue la tête avec un sourire timide.

— Non, je veux voir les poupées, dit-il, tout en avançant vers l’étagère du fond.

— Très bien, alors, tu fais de ton mieux, mon grand. Et on se retrouve à 16 heures, hein ?

Monique lui lance un dernier regard plein de tendresse avant de quitter la pièce, le cœur un peu serré, mais aussi un peu fier. Les semaines passent, et bientôt la maison devient le théâtre des petites anecdotes d'école. Mathis revient souvent avec des dessins, des histoires à raconter.

— Aujourd'hui, Maëlle m'a dit qu'un lion vivait dans la forêt derrière l'école ! Et qu'il mangeait des bananes ! raconte-t-il, les yeux pétillants de malice.

Puis vient le moment où, lors d’un repas de famille, Mathis se penche en avant, un doigt sur la bouche, et annonce fièrement :

— Ma dent est tombée !

Monique et Claude échangent un regard surpris mais heureux. C’est un autre petit cap franchi.

— Mais… où est-elle ?! demande Tom, tout excité.

— Elle est sous mon oreiller ! Je l’ai mise dans un petit papier !

Monique sourit :

— Tu sais, ce soir, la petite souris viendra chercher ta dent.

Le soir venu, Mathis se couche avec un air tout sérieux, les yeux brillants d’anticipation.

— Je vais laisser ma dent là sous mon oreiller, comme ça, la petite souris pourra bien la voir.

Le lendemain matin, il se précipite hors du lit.

— Elle est venue ! Elle a pris ma dent ! Et elle m’a laissé une pièce !

Sa voix est pleine de stupéfaction et de joie, et les yeux de Monique et Claude brillent eux aussi devant l’innocence et la magie de cet instant.

— Tu as vu, Tom, elle a laissé une pièce ! Je vais la mettre dans ma tirelire !

Tom, bien plus grand et plus sage, sourit doucement.

— Moi aussi, je me souviens quand c’était à mon tour et j'en ai encore quelques unes à lui donner.

Annotations

Vous aimez lire Vince black ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0