12. Impressions échangées

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Monique entre dans la maison avec un sourire qui n’échappe pas à ses parents adoptifs. Sa mère, assise à la table avec une tasse de tisane, l’accueille d’un regard curieux.

— Alors, ma chérie, cette journée ? Tu sembles radieuse. Qu’est-ce qui t’est arrivé de si bien ? demande-t-elle en posant sa boisson.

Monique dépose son sac à côté de la porte et se laisse tomber sur une chaise. Elle hésite une seconde, mais elle sait qu’elle peut tout leur dire.

— Vous vous souvenez du garçon dont je vous ai parlé la dernière fois ? Claude. Eh bien… je l’ai revu aujourd’hui, à la bibliothèque Sainte-Geneviève. Il est venu comme je le lui avais proposé.

Son père, qui lisait tranquillement, pose son journal et la dévisage avec une attention bienveillante.

— Et alors ? Vous avez parlé ? Il ne t’a pas fait attendre, au moins ?

— Oh non, papa. Il était ponctuel, et… Il m’a lu une lettre. Une lettre qu’il avait écrite pour moi. Regardez… Je l’ai ici.

Elle sort la lettre soigneusement pliée de son sac et la pose sur la table. Sa mère s’approche pour la lire, suivie de son père, qui ajuste ses lunettes. Tous deux parcourent les lignes, silencieux.

— Eh bien, c’est une belle écriture, remarque sa mère en souriant. Et les mots sont choisis avec soin. Ce n’est pas un garçon qui dit les choses à la légère.

Son père opine du chef, observant le papier comme s’il pesait chaque mot.

— Le fait qu’il ait pris le temps de mettre ses pensées par écrit… C’est un bon signe. Ça montre qu’il est troublé, mais aussi sincère. Ce n’est pas un beau parleur, ce Claude.

Monique, le rouge aux joues, se sent à la fois rassurée et émue par la réaction de ses parents. Elle leur explique comment il a lu la lettre avec une nervosité touchante, et comment elle a accepté un prochain rendez-vous, ce samedi.

— Nous sommes contents pour toi, dit sa mère en lui tapotant la main. Mais sois prudente. S’il est comme il semble être, alors il comprendra qu’il faut prendre son temps. Et surtout n'en néglige pas tes études.

Monique approuve avec un sourire. Elle se sent soutenue, comprise, et prête à découvrir ce que l’avenir réserve avec Claude.

Claude, quant à lui, referme doucement la porte derrière lui, déposant son manteau usé sur une chaise. Une odeur de soupe aux légumes emplit la pièce exiguë, provenant d’une marmite posée sur un petit réchaud à gaz. Michel, déjà installé sur l’unique table, épluche une pomme de terre tout en surveillant la cuisson.

— Ah, te voilà enfin ! lance Michel, un sourire en coin. Alors, ça y est, tu l’as vue ?

Claude retire ses chaussures et s’assied lourdement sur une chaise. Il fait un mouvement de la tête, un éclat rêveur dans les yeux.

— Oui, je l’ai vue. Et… c’était incroyable. On a parlé, on s’est promenés. Et devine quoi ? Je lui ai lu ma lettre.

Michel pose son couteau et le regarde, surpris.

— T’as osé ? Et alors ? Comment a-t-elle réagi ?

— Encore mieux que je l’espérais. Elle m’a écouté sans se moquer. Je crois qu’elle a compris ce que je voulais dire. Enfin, je l’espère.

Michel reprend son épluchage, penchant la tête d’un air approbateur.

— Vous allez vous revoir alors ?

— Oui, samedi après-midi. Au bistrot sur l’île Saint-Louis. À 14h.

Michel est impressionné.

— C'est précis. Pas mal. On dirait que tu t’en sors bien. Allez, donne moi un coup de main maintenant, Don Juan.

La soupe est prête. Michel sert deux bols, y ajoutant quelques croûtons rassis qu’ils a récupérés à moindre coût. Les deux amis mangent en silence un moment, chacun plongé dans ses pensées.

— Alors, tu penses que c’est sérieux ? renchérit Michel entre deux cuillerées.

— Je ne sais pas encore, répond Claude. Mais ce que je ressens… c’est vraiment différent. J’ai l’impression de vivre plus intensément à ses côtés. Quand je la vois, mon pouls s'accélère, j'ai une sensation étrange qui m'envahit.

Michel sourit, mais reste prudent.

— Oh là, je crois effectivement que tu es amoureux tout simplement ! Fais gaffe, j'espère que tu ne seras pas déçu... je n'ai pas envie de recoller tes morceaux, ajoute-t-il finalement pour détendre l'atmosphère.

Après le repas, les deux amis nettoient la vaisselle avant de se remettre un peu au travail. Claude ouvre un manuel de gestion. Mais son esprit est ailleurs. Il s’étire, éteint la lumière et se laisse tomber sur son lit. La nuit promet d’être douce, ses rêves remplis du sourire de Monique.

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