14. Présentation au café.
Le samedi tant attendu est enfin arrivé. Pour Claude, la semaine avait été interminable, chaque cours semblant durer une éternité. Monique de son côté a passé chaque jour à imaginer comment les présentations se dérouleraient. Leurs cœurs battent à l’unisson d’excitation et d’appréhension.
Claude et Monique se retrouvent comme toujours à leur café habituel, leurs regards s’illuminant dès qu’ils se croisent. Une fois assis, Monique pose doucement sa main sur celle de Claude, un geste qui trahit à la fois sa tendresse et une légère nervosité.
— Claude… mes parents voudraient te rencontrer, dit-elle enfin. Ils m’ont demandé de te proposer de venir à leur table, dans un autre café, un peu plus loin. Ils veulent juste faire connaissance, rien de trop formel.
Claude sent une chaleur envahir son visage. La perspective de rencontrer les parents de Monique est à la fois un honneur et une source d’angoisse. Pourtant, il sait que refuser serait mal vu, et au fond de lui, il souhaite faire bonne impression.
— Bien sûr, Monique. Je serais heureux de les rencontrer, répondit-il en essayant de masquer sa nervosité. C’est important pour toi… donc pour moi aussi.
Monique serre sa main avec un sourire rassurant. Ils quittent leur table et prennent ensemble le chemin du café où les attendent ses parents.
En arrivant, Monique guide Claude vers une petite table en terrasse où ses parents sirotent des boissons chaudes. Sa mère se lève pour accueillir Claude, un sourire chaleureux éclairant son visage. Son père, toujours sobre dans ses gestes, lui tend une poignée de main ferme mais cordiale.
— Claude, voici mes parents. Ma mère, Madeleine et mon père, Paul. Maman, Papa, voici Claude.
Claude s’incline légèrement, la politesse de son éducation modeste prenant le dessus.
— Monsieur, Madame, c’est un plaisir de vous rencontrer.
Madeleine invite les jeunes à s’asseoir. La conversation débute sur des banalités rassurantes : les études de Claude, ses origines, ses ambitions. Il répond avec une sincérité qui touche les parents de Monique, son ton révélant une profonde gratitude pour les opportunités que la vie lui a offertes malgré ses origines modestes.
Paul, un homme pragmatique, observe :
— C’est une qualité rare, aujourd’hui, de savoir où l’on veut aller tout en restant humble. Je vois que vous avez de beaux projets, Claude.
La mère, plus attentive aux détails, ajoute avec un sourire :
— Et votre écriture, Claude… Monique nous a montré votre lettre. Vous avez une très belle plume. Pas besoin de parler beaucoup pour exprimer des choses sincères.
Claude rougit légèrement mais répond calmement, en remerciant modestement. Les échanges se poursuivent sur un ton léger et agréable, et une heure passe sans qu’aucun des quatre n’y prête attention.
Finalement, Madeleine se tourne vers Paul et lui murmure quelque chose à l’oreille. Il acquiesce. Puis elle se lève, en posant une main affectueuse sur l’épaule de sa fille.
— Il se fait tard, et nous avons, avec ton père, à faire à la maison. Monique, nous te laissons profiter de la fin d’après-midi avec Claude. Merci, jeune homme, pour ce moment agréable. Nous espérons vous revoir bientôt.
Claude se lève pour leur dire au revoir, serrant une nouvelle fois la main de Paul et inclinant légèrement la tête devant Madeleine. Monique leur fait un signe de la main, un sourire tendre illuminant son visage.
Lorsque les parents sont partis, Monique et Claude se retrouvent seuls. Ils échangent un regard complice, conscients que cette rencontre représente une étape importante dans leur relation. Claude soupire, à la fois soulagé et ravi.
— Tes parents sont adorables, confie-t-il à Monique. Merci de m’avoir donné l’occasion de les rencontrer.
— Ils t’apprécient déjà, j’en suis sûre, répond-elle en glissant sa main dans la sienne. Maintenant, profitons de notre moment, juste toi et moi.
Ils partent alors pour une promenade le long des quais, savourant cette complicité renforcée.
Monique franchit le seuil de la maison, rayonnante, le cœur encore empli de l’instant passé avec Claude. Ses parents, attablés au salon, lèvent les yeux à son arrivée, curieux de connaître ses impressions.
— Alors ? demande sa mère avec un sourire. Comment ça s’est passé ?
Monique s’installe près d’eux, les joues légèrement rosies par l’excitation.
— C’était parfait, Maman, répond-elle. Claude était un peu intimidé au début, mais il a été tellement gentil et respectueux. Il était vraiment heureux de vous rencontrer.
Son père, toujours pragmatique, hoche la tête en réfléchissant.
— Il a l’air sincère, ce garçon, dit-il. Pas un beau parleur, et c’est tant mieux. Il ne cherche pas à impressionner, il montre simplement qui il est.
— Et il a de la conversation, ajoute la mère. On sent qu’il est intelligent, et il a du respect pour nous, pour toi surtout.
Monique ne peut s’empêcher de sourire, soulagée et heureuse de leur approbation.
— Vous croyez qu’il pourrait venir un jour à la maison pour le café ? demande-t-elle timidement.
— Bien sûr, répondit son père. Mais la prochaine fois, qu’il reste dîner. Ce sera encore plus convivial.
— Et en attendant, sois prudente, ma chérie, ajoute sa mère en posant une main sur son épaule. Prenez votre temps, mais si vous êtes heureux, nous le sommes aussi pour vous.
Monique les remercie d’un sourire radieux, avant de monter dans sa chambre, le cœur léger.
Claude referme doucement la porte de la chambre de bonne, son visage partagé entre un sourire nerveux et une mine songeuse. Michel, installé sur son lit avec un livre de cours ouvert devant lui, remarque immédiatement l’air inhabituel de son ami.
— Eh bien, Claude, on dirait que t’as vu un fantôme… ou quelque chose d’encore plus marquant ! Qu’est-ce qui se passe ?
Claude pose sa veste et tire une chaise, toujours sous le choc.
— Michel, tu ne vas pas le croire. Cet après-midi, au rendez-vous avec Monique, elle m’a annoncé… que ses parents voulaient me rencontrer.
— Quoi ? s’écrie Michel, à la fois surpris et amusé. Attends, tu veux dire que t’as rencontré ses parents aujourd’hui ? Aie, ça sent le mariage !
Claude acquiesce avec un sourire nerveux.
— Oui, totalement à l’improviste. Je n’avais aucune idée que c’était prévu.
Michel laisse échapper un sifflement impressionné.
— Et alors, raconte ! Ils t’ont fait passer un interrogatoire, ou quoi ?
Claude rit doucement, prenant une profonde inspiration avant de répondre.
— Un peu, oui. Enfin, au début, c’était formel… Ils m’ont posé des questions sur mes études, mes projets… Mais tu sais quoi ? Ils ont été incroyablement gentils. Ces gens ont une classe incroyable. Je ne viens pas de leur monde, et pourtant, ils m’ont mis à l’aise. J’ai vraiment eu l’impression que ça se passait bien.
Michel croise les bras, un sourire complice aux lèvres.
— Pas mal du tout. Ça veut dire qu’ils te prennent vraiment au sérieux, non ?
Claude hoche la tête, les mains croisées sur la table.
— Oui, c’est ce qui m’impressionne le plus. J’ai senti que c’était important, qu’ils voulaient vraiment me connaître. Ça rend tout… tellement plus réel.
Michel le fixe un instant, sérieux.
— Alors, c’est officiel, hein ? Toi et Monique, c’est du solide. Bientôt, on célébrera votre union ! Plus sérieusement, tu es épris de Monique ?
Claude éclate de rire, légèrement gêné.
— Oui, on dirait bien. Mais tu sais, ça me fait aussi un peu peur… Tout ça est tellement nouveau pour moi.
Michel pose une main amicale sur l’épaule de son ami.
— Hé, c’est normal d’avoir un peu la trouille. Mais honnêtement, c’est génial de te voir aussi heureux.
Claude sourit, reconnaissant.
— Merci, Michel. Je ne sais pas où tout ça va nous mener, mais pour la première fois de ma vie, j’ai l’impression que je suis exactement là où je dois être.
Ils partagent ensuite un simple repas, discutant de tout et de rien, mais l’esprit de Claude reste absorbé par cette journée particulière. Avant d’aller se coucher, il jette un coup d’œil vers ses affaires, soigneusement rangées sur son bureau, et se sent empli d’un mélange d’excitation et de sérénité.
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