22. Les prémices d'une belle journée.

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Le matin venu, la lumière éclatante de l’été caresse la ferme Durieux. Sous le grand chêne qui a vu les conversations de la veille, une longue table est dressée avec encore plus d’élégance. Les nappes blanches en lin scintillent sous les premiers rayons du soleil, et un chemin de table bucolique composé de mousse et de fleurs fraîchement coupées serpente au centre.

Mme Durieux ajuste un dernier bouquet tandis que Claude observe le décor avec satisfaction.

— C’est parfait, dit-il doucement à sa mère. On n’a rien oublié.

Elle lui tapote l’épaule avec tendresse.

— Tout est prêt, mon grand. Maintenant, il ne reste plus qu’à vivre ce moment.

Claude inspire profondément, prêt à partager cette journée mémorable avec ceux qui comptent le plus pour lui.

Les viennoiseries encore tièdes répandent leur parfum alléchant dans l’air. Croissants dorés, pains au chocolat croustillants et brioches légères trônent fièrement sur des plateaux en osier tressé. De grands paniers débordent de pains variés — baguettes traditionnelles, pains complets et pains aux céréales. Des pots de beurre artisanal, de miel doré et de confitures maison aux couleurs éclatantes — fraises, mirabelles, rhubarbe — égayent la table avec leurs teintes vives.

Claude, déjà attablé avec ses sœurs qui échangent des rires complices, se lève dès qu’il aperçoit Monique et ses parents.

— Ah, vous voilà ! Venez, tout est prêt, dit-il en leur adressant un sourire enthousiaste.

Monique, radieuse dans sa robe estivale légère, s’arrête un instant pour admirer la table, charmée par la disposition simple mais si soignée. Ses parents, eux aussi conquis, échangent des regards approbateurs.

— C’est magnifique, souffle Madeleine Deschamps en désignant les plateaux de viennoiseries. Vous avez vraiment pensé à tout.

Marie, la mère de Claude, fait alors son entrée, portant un plateau chargé qu’elle dépose avec précaution au centre de la table.

— Voici de quoi accompagner ce bon début de journée, annonce-t-elle avec chaleur. Servez-vous, et surtout, prenez votre temps.

Sur le plateau, des carafes de jus d’orange et de pomme fraîchement pressés, une grande cafetière en métal brillant dégageant une vapeur réconfortante, des pots de lait chaud et des bouteilles d’eau fraîche promettent un festin matinal.

Paul Deschamps se sert le premier, s’extasiant devant le pain croustillant.

— Ce miel, il est de la région ? demande-t-il, étalant généreusement une couche dorée sur sa tartine.

Marie sourit avec fierté.

— Tout à fait, il vient de nos ruches. Claude s’en occupe avec son père.

— Vraiment ? s’exclame Paul, intrigué. Voilà une activité qui demande de la patience.

Monique, de son côté, se verse une tasse de café fumant, prenant un instant pour savourer la vue. La lumière matinale joue sur la porcelaine immaculée, et une légère brise caresse doucement son visage.

Claude, assis à côté d’elle, capte son regard et lui adresse un sourire complice.

— Alors, que penses-tu de ce petit-déjeuner à la campagne ? demande-t-il, un éclat taquin dans les yeux.

— Je crois que je pourrais m’y habituer, répond-elle en riant doucement. Tout ici est si... paisible.

Les éclats de rire et les bribes de conversation remplissent l’air, créant un fond sonore parfait, accompagné du chant discret des oiseaux et du bruissement des feuilles dans la brise.

— Ta tenue est magnifique, s'ose Nicole, s'adressant à Monique.

— Oh vraiment, je te remercie. Je dois dire que vous avez toutes les quatre une bien belle allure, répond Monique.

Elle ressent alors un certain soulagement. Enfin, par la voix de l'aînée, les sœurs de Claude brisent le silence. Elle s'inquiétait jusque là de trouver une explication à leur retenue. Elle comprend alors que les mots ne comptent pas, une remarque assez banale sur son accoutrement mais le ton, empreint de timidité et de maladresse, lui permet de saisir qu'elles ne lui sont pas hostiles mais tout simplement intimidées.

Ce petit-déjeuner, simple mais chaleureux, inaugure en douceur une journée qui promet d’être riche en émotions partagées.

Le soleil, haut dans le ciel, baigne la cour d’une lumière éclatante lorsque Jacques, le patriarche des Durieux, propose une excursion champêtre. Avec son sourire habituel et son ton chaleureux, il lance :

— Et si je vous faisais découvrir nos champs ? Une petite promenade en pleine campagne, ça vous dit ?

L’idée est accueillie avec enthousiasme. Chacun retourne brièvement à sa chambre pour se rafraîchir et se préparer à cette aventure improvisée.

Lorsqu’ils reviennent, les Deschamps découvrent une scène pittoresque qui semble tout droit sortie d’un tableau. Une ancienne remorque agricole, attelée à deux chevaux de trait imposants, les attend. Les animaux, à la fois majestueux et dociles, scintillent sous le soleil, leur pelage soigneusement brossé. À l’arrière de la remorque, deux longs bancs recouverts de coussins en paille promettent un confort inattendu.

Jacques, tenant fermement les rênes, les accueille d’un signe de la main. D’un bond agile, il descend de la remorque pour guider ses invités avec l’aide de Claude.

— Allez, montez, n’ayez pas peur ! lance Jacques avec un clin d’œil. Les chevaux sont peut-être costauds, mais ils sont doux comme des agneaux.

Mme Deschamps, hésitante, pose un pied prudent sur le marchepied avant d’éclater de rire en s’installant sur un banc. — Eh bien, ça, c’est une première ! Quelle idée charmante !

Paul Deschamps, fasciné, tapote doucement l’encolure d’un des chevaux.

— Ils sont magnifiques, dit-il avec admiration. Vous les entretenez vous-même, Jacques ?

— Tous les jours ! répond Jacques, ravi du compliment. Ces deux-là, c’est ma fierté. Ils en ont vu des saisons de labour et de moissons.

Une fois tout le monde installé, Jacques remonte à l’avant, cette fois accompagné de Paul, qui semble ravi à l’idée de participer à la conduite de l’attelage. Monique, déjà assise, regarde autour d’elle avec des yeux pétillants, absorbée par le charme rustique de la scène.

Elle finit par remarquer l’absence de Claude et lui lance, un brin déçue :

— Tu ne viens pas avec nous ?

Claude, resté en retrait, les mains enfouies dans ses poches, lui répond avec un sourire doux. — Pas cette fois. Maman et mes sœurs ont besoin d’un coup de main pour préparer le repas.

Il désigne Jacques et Paul d’un geste.

— Ne t’en fais pas, vous serez entre de très bonnes mains. Mon père adore raconter ses histoires, et ton père, à ce que je vois, est déjà conquis.

Monique le fixe un instant, puis lui offre un sourire complice.

— Alors je compte sur toi pour que tout soit parfait à notre retour, murmure-t-elle avant de détourner les yeux vers le paysage.

Claude, amusé, répond en reculant lentement vers la maison.

— Fais-moi confiance. Profitez bien de la balade !

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