25. La déclaration.

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Claude fait tinter doucement sa fourchette contre sa flûte. En lui, il se demande comment il trouve la force de faire cela. Un bruit clair retentit, demandant l’attention de tous. Les convives, intrigués, se tournent vers lui. Il commence alors, d’une voix forte et émue, un discours poignant.

— Chers amis, cette année a été marquée par des moments inoubliables : la réussite de nos examens, mais surtout la rencontre de chacun d’entre vous, cette merveilleuse famille qui a su m'accueillir à bras ouverts, avec chaleur et générosité. Il y a des liens qui se tissent, des affinités qui naissent, et je peux dire que la famille Deschamps fait désormais partie de ma vie. Mais ce moment, aujourd’hui, est aussi particulier car je suis ici devant vous pour m'adresser à celle qui fait briller mon monde.

Claude marque un pause pour déglutir juste avant que sa voix ne se bloque. Son front commence à se couvrir de minuscules gouttes de sueur. Il essaye de ne rien laisser transparaître mais s'il pouvait il se terrerait dans un trou pour respirer.

Tous les regards se tournent vers Monique, et un silence lourd de signification s’installe autour d’eux. Les oiseaux, habituellement bruyants, semblent retenir leur chant, comme si même la nature s’arrêtait pour écouter ce moment suspendu dans le temps. Claude, les mains légèrement tremblantes sous l’effet de l’émotion, s’avance lentement, chaque pas marquant une tension douce, une anticipation palpable. Lorsqu’il se met à genoux devant elle, ce geste est empli de respect et d’une vulnérabilité infinie. Ses yeux se plongent dans ceux de Monique, cherchant sa réponse, mais plus encore, il y cherche l’infini. Il observe chaque trait de son visage, comme si cette image était gravée dans sa mémoire, un souvenir d’une vie qu’il a envie de vivre à ses côtés.

Il prend une profonde inspiration, le cœur battant plus fort, et sa voix, tout d’abord tremblante, se fait plus ferme, pleine de conviction. Ce n’est plus une question, mais une déclaration d’amour en grande pompe.

— Monique, chaque jour passé à tes côtés m’a montré la profondeur de ce que je ressens pour toi. Tu es celle avec qui je veux vieillir, celle qui fait de chaque instant un souvenir précieux, un héritage qu’on façonne ensemble. Je n’ai aucun doute, car tu es celle que je veux auprès de moi pour illuminer la vie. Aujourd’hui, devant ceux qui nous sont chers, je te demande : veux-tu devenir ma femme ? Veux-tu marcher à mes côtés, sur ce chemin que je vois se dessiner devant nous, avec la promesse de tout partager ? Les rires, les pleurs, les défis, les victoires… tout, Monique. Je veux tout cela avec toi.

Il tend la bague, ses mains légèrement tremblantes, et son regard implore silencieusement sa réponse. L’air autour de lui semble se faire plus dense, chaque seconde s’étirant, remplie de cette tension qui précède les grands moments de la vie. Il fixe celle qui l'aime, cherchant chaque signe même infime de ce qu'elle ressent et surtout de ce qu'elle va alors répondre...

Monique, le cœur battant la chamade, ressent chaque mot comme un écho dans sa poitrine. Ses pensées sont une mer calme et profonde, et pourtant, tout se précipite à cet instant précis. Ses yeux se ferment un instant, une légère brume de larmes venant flouter sa vue, mais son cœur est clair. Elle se souvient des mots d’Emily Dickinson : « La promesse la plus pure est celle que l’on ne dit pas, mais celle que l’on accomplit. » Et elle sait, au fond d’elle, qu’elle est prête à accomplir cette promesse.

Elle baisse les yeux vers lui, une tendresse infinie dans le regard, et d’une voix douce mais assurée, pleine d’émotion, elle répond :

— Claude, toi qui as su, par la seule force de ton regard, toucher mon âme d’une manière que seul un véritable amour peut accomplir, je te fais écho. Comme le disait Proust, « l’amour n’est pas seulement un sentiment, c’est un art. » Et dans ton regard, dans la douceur de ton être, je vois un artiste prêt à sculpter nos vies avec patience et dévouement. Oui, je le veux. Non seulement je veux t’offrir ma main, mais je veux t’offrir ma vie. Je veux bâtir à tes côtés cette existence tissée de rêves et de moments simples, mais aussi d’épreuves partagées, comme un roman que l’on écrit à deux, une page après l’autre, avec la foi que nous serons éternels dans nos actions, dans nos engagements.

Elle prend une pause, ses mains serrant doucement celles de Claude, et ajoute, presque dans un souffle :

— Oui, Claude, je le veux, de tout mon cœur. Dans la clarté de mes mots, mais aussi dans la profondeur de mes actes. Je fais la promesse de te suivre dans cette aventure, de bâtir un foyer solide et un amour grandissant, toujours, chaque jour. Ce que nous commençons aujourd’hui, je le porterai à jamais.

Claude ne peut retenir un sourire immense, un sourire d’une joie pure, radieuse, qui illumine tout son visage alors que les paroles de Monique lui procure tant de plaisir et un profond soulagement. Il se redresse lentement, sa main frôlant la sienne, un regard d’admiration et de gratitude dans les yeux. Puis, il jette un regard vers Paul, le père de Monique, et dans un élan de solennité, il lui adresse une dernière question, qui semble faire écho à l’immensité du moment :

— Paul, puis-je avoir votre bénédiction pour ce qui est, pour moi, une évidence : la promesse d’un bonheur sans égal.

Le silence qui s’installe après cette question semble peser dans l’air, lourd de signification. Paul, le père de Monique, regarde Claude dans les yeux, le visage grave mais empreint de fierté. Un sourire doux se dessine lentement sur ses lèvres, un sourire qui porte la chaleur de l’acceptation et de l’amour paternel.

Il prend une grande inspiration, sa voix résonnant avec une profondeur impressionnante, comme un écho dans l’air tranquille du jardin. Chaque mot semble pesé, chaque syllabe porte le poids des années et de l’expérience.

— Claude, jeune homme… Je n’ai jamais douté de ton affection pour ma fille, ni de la force de ton caractère. Depuis le premier jour où nos chemins se sont croisés, j’ai vu ton respect, ta bienveillance, ton désir sincère de construire un avenir avec elle. Aujourd’hui, en toi, je vois non seulement l’homme que Monique aime, mais aussi l’homme que je respecte profondément. Tu es prêt à porter cette responsabilité qu’est l’amour, à la chérir et la cultiver, même dans les tempêtes.

Il marque une pause, ses yeux se perdant un instant dans les souvenirs, avant de reprendre avec une gravité touchante :

— L’amour est une promesse qui se renouvelle chaque jour, une promesse que l’on tient dans les moments de joie et dans les épreuves. Tu as prouvé que tu es un homme de valeur, Claude. Et je sais que Monique sera entre de bonnes mains. Je te donne donc ma bénédiction, mais plus encore, je t’accueille dans notre famille, comme un fils.

Les mots résonnent profondément dans le cœur de Claude, et un léger frisson parcourt son dos. Autour d’eux, le silence est lourd, intense, comme si l’air lui-même se chargeait d’une émotion collective. Monique, les yeux brillants de larmes, sent son cœur se gonfler d’une joie pure et inaltérable. Elle serre la main de Claude, leurs regards se perdent l'un dans l'autre. L’amour, la famille et l’avenir se rejoignent dans un pacte silencieux.

L’assemblée, émue, laisse échapper des soupirs de bonheur, et une vague d’émotion parcourt l’air, portés par les murmures discrets et les sourires partagés. L’histoire de Claude et Monique commence, pleine de promesses et d’espoir, sous les yeux bienveillants de ceux qui les aiment. Les mots de Paul, empreints de sagesse et de tendresse, touchent aussi profondément tous les convives.

Il se tourne alors vers sa fille, ses yeux brillants d’une émotion contenue.

— Et toi, ma chère Monique… Aujourd’hui, tu fais un pas vers un nouveau chapitre de ta vie. Mais souviens-toi toujours que ta famille est ton ancre, ton refuge. Que ton bonheur est notre bonheur. Alors, va, et écris cette belle histoire avec Claude. Vous avez ma bénédiction, tous les deux.

Paul tend la main à Claude, qui la saisit avec respect et gratitude. Puis, dans un élan spontané, Paul enlace les deux futurs fiancés, scellant ce moment avec chaleur et émotion. L’assemblée éclate en applaudissements, marquant le début d’une célébration joyeuse et mémorable.

Claude, visiblement ému mais le sourire aux lèvres, prend doucement la main de Monique. Il l’entraîne à l’écart, loin des éclats de rire et des conversations animées. Ils marchent jusqu’à un coin tranquille du jardin, où un vieux banc en bois se trouve sous un cerisier en fleurs. Les pétales tombés au sol forment un tapis délicat, et la douce lumière dorée de la fin d’après-midi enveloppe la scène.

Claude se tourne vers Monique, ses yeux brillant d’un mélange d’admiration et de tendresse.

— J’avais besoin de ce moment avec toi, murmure-t-il. Toute cette journée… c’est comme un rêve, mais c’est avec toi que je veux m’y attarder, rien qu’avec toi.

Monique, encore émue de la demande et du discours de son père, s’assied sur le banc. Claude reste debout un instant, la regardant comme s’il voulait graver ce moment dans sa mémoire, avant de s’asseoir à côté d’elle. Le silence qui suit n’est pas vide : il est rempli des murmures de la nature autour d’eux, du parfum doux des fleurs, et de cette complicité silencieuse qui n’a pas besoin de mots.

Monique glisse ses doigts sur la bague à son doigt, la contemplant sous la lumière.

— Elle est magnifique, souffle-t-elle, presque pour elle-même. Ta grand-mère devait être une femme exceptionnelle.

Claude hoche la tête, un sourire doux sur les lèvres.

— Elle l’était. Et je sais qu’elle aurait adoré te connaître. Tu es… tout ce que j’ai toujours espéré, Monique. Et bien plus encore.

Monique tourne son regard vers lui, ses yeux brillant d’une chaleur qu’aucun mot ne saurait pleinement exprimer. Elle pose une main légère sur son visage.

— Claude… c’est toi, depuis le premier jour. Tout dans cette année, tout dans cette vie, me mène à toi.

Le vent agite doucement les branches du cerisier, et un pétale tombe, se posant sur l’épaule de Monique. Claude, amusé, le retire avec délicatesse.

— Si c’est un présage, alors il est parfait, dit-il doucement.

Claude et Monique se regardent, les yeux plongés l’un dans l’autre comme s’ils cherchaient à sonder l’âme de leur moitié. Le silence autour d’eux est habité, non pas par une absence, mais par une plénitude. Tout semble s’arrêter : le bruissement des feuilles, le chant des oiseaux, même le temps lui-même paraît suspendre son cours, leur laissant ce moment hors du monde.

Claude, ému par la douceur du regard de Monique, effleure doucement sa joue du bout des doigts. Sa main glisse jusqu’à sa nuque, tandis qu’il murmure presque indiciblement :

— Je n’arrive pas à croire que tu es à moi… que je suis à toi.

Monique sourit, un sourire qui contient toute la tendresse et la joie de cet instant unique. Elle répond sans un mot, se penchant légèrement vers lui, jusqu’à ce que leurs lèvres se rencontrent dans un premier baiser, doux et délicat. Ce contact est à la fois timide et profond, chargé d’une émotion extrême.

Claude se recule un instant, juste assez pour plonger à nouveau son regard dans celui de Monique. Ses mains encadrent son visage avec une infinie douceur.

— Je t’aime, murmure-t-il, sa voix vibrante d’émotion.

Monique, les joues roses, l’attire à nouveau à elle. Cette fois, leur baiser est plus assuré, marqué par la promesse de tout ce qu’ils s’apprêtent à vivre ensemble. Le parfum des fleurs et la chaleur de l’air les enveloppent comme une bénédiction de la nature elle-même. Ils s’abandonnent quelques instants à cet échange, oubliant tout ce qui les entoure.

Quand ils se détachent finalement, leurs fronts restent l’un contre l’autre, et ils respirent à l’unisson. Claude brise le silence, presque avec regret, d’une voix douce :

— Si je pouvais, je resterais ici avec toi pour toujours.

Monique caresse doucement sa joue, son sourire empreint d’une sérénité profonde.

— Nous avons toute une vie devant nous, Claude. Mais ce moment, il est rien qu’à nous.

Ils s’embrassent encore une fois, un dernier baiser empreint de tendresse, avant de se lever, leurs mains naturellement liées. Ensemble, ils retournent vers la fête, leurs pas alignés, leurs cœurs déjà unis dans la promesse d’un avenir commun.

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