28. Un Amour Qui Grandit.
L'arrivée de Tom a bouleversé la vie de Claude et Monique, apportant une nouvelle dynamique et une joie indescriptible. Le rythme de leur quotidien, auparavant guidé par le travail, les sorties et les moments de détente, a été redéfini autour de leur fils. Les journées sont désormais ponctuées par les besoins de Tom, les repas, les siestes, les jeux. La parentalité, bien que source d’immenses bonheurs, exige aussi une adaptation constante. Le couple a la chance de pouvoir se permettre une aide extérieure pour la garde de leur bébé, mais Monique fait le choix de prendre un congé parental. Elle veut profiter pleinement de ces premiers mois précieux, ne souhaitant pas déléguer à des étrangers le plaisir de veiller sur son enfant.
Leur vie, désormais enrichie par cette petite créature, se déroule souvent à un rythme plus lent, plus intime. Les moments en famille sont devenus les plus importants. Cependant, comme tous les parents, ils ont parfois besoin de s'évader, de retrouver un peu d'espace pour eux-mêmes. Lorsqu'un spectacle en ville les attire, qu'ils ne veulent manquer sous aucun prétexte, la solution se trouve toute proche : les parents de Monique. Ceux-ci, vivant à proximité, sont ravis de passer une soirée avec leur petit-fils. Tom, une fois installé chez ses grands-parents, s'endort paisiblement dans les bras aimants de Mme Deschamps, Claude et Monique peuvent alors savourer une soirée en tête-à-tête, retrouvant l'intimité d'autrefois. Ces petites parenthèses, ces instants à eux, renforcent leur complicité et leur amour, tout en permettant à Tom de tisser des liens solides avec ses grands-parents.
Ainsi, au fil des mois, Monique et Claude Finissent par trouver un équilibre entre la beauté de la parentalité et la nécessité de préserver aussi leur propre espace, leurs passions, et leur vie de couple.
Les promenades en famille deviennent des moments précieux, où chaque rue, chaque coin de Paris, se transforme en un terrain de découverte pour Tom. Claude et Monique, le sourire aux lèvres, poussent le landau à travers les quais de la Seine, le long des jardins ombragés qui longent le fleuve. L'air frais du matin ou du soir, le bruit des vagues frappant les bords, les bateaux qui glissent lentement sur l'eau, tout cela constitue un cadre apaisant pour leur fils, qui commence à découvrir ce monde vibrant autour de lui.
Ils aiment aussi se perdre dans les rues de Montparnasse, où l'âme artistique de la ville se mêle à l’histoire du quartier. Tom, allongé dans son landau, écoute les bruits caractéristiques de la ville — les cloches de l'église, les murmures des passants, les bruits des terrasses de cafés. Ils aiment s'arrêter dans les petites librairies, les galeries d'art ou les cafés qui accueillent les artistes. Ces instants de flânerie sont une manière pour eux de s'imprégner de l’atmosphère unique de ce quartier historique tout en offrant à Tom une expérience sensorielle enrichissante.
Les balades au Cimetière du Père-Lachaise sont aussi des moments de calme et de contemplation. Entre les tombes imposantes, les allées tranquilles et les arbres centenaires, ils s’accordent des moments de sérénité, tout en faisant découvrir à leur fils la beauté particulière du lieu. Les contrastes de lumière et d'ombre, la majesté des monuments, offrent à Tom un cadre de promenade particulier, à l'écart du tumulte de la ville. Chaque coin du cimetière semble offrir une leçon d’histoire et de mémoire, et Monique, tout en poussant le landau, explique parfois à Tom les personnages célèbres qui reposent ici.
Ces promenades ne sont pas seulement un moment d'évasion pour les parents, mais aussi une manière d'éveiller Tom aux multiples facettes de Paris. En grandissant, il s’imprégnera des sons, des couleurs et des ambiances de cette ville qui fait partie de son héritage. La ville devient ainsi le terrain de jeu et de découverte de ce petit être, qui apprend à travers les sollicitations affectueuses et les gestes tendres de ses parents.
Monique savoure ces moments partagés avec son fils qui rythme ses journées. Pendant les siestes, elle passe du temps à préparer de savoureux plats dont elle mixe une partie pour en faire des bouillies qu'elle réserve en petits pots pour Tom. Entre les lessives des langes, l'allaitement, les promenades, les lectures, les préparations de repas et les visites chez les grands-parents, Monique a une vie bien remplie. Elle ne regrette en rien son choix de prendre un congé.
Le retour de Claude après son travail est un moment très attendu. Les absences, bien que nécessaires, laissent un vide que seule sa présence peut combler. Lorsqu'il franchit enfin le seuil de la porte, Tom, qui commence tout juste à parler, tourne la tête dans sa direction. Un instant, il hésite, puis ses yeux s'illuminent. Il se tourne vers Monique, lève les bras vers elle, et s’écrie d’une voix claire et joyeuse : "Maman!" Les mots résonnent dans l’air comme une douce mélodie. Monique, figée sur place, n'arrive pas à retenir ses larmes. Ses yeux s'ouvrent grand, l’émotion l'envahit instantanément. Ce "Maman", prononcé si clairement, est le premier de son fils. Un cri d’amour pur et spontané, qui fait fondre son cœur. Elle tend les bras vers lui, son visage illuminé d’un sourire émouvant, un sanglot de joie se mêlant à son rire. Elle a l’impression que Tom a attendu ce moment, ce retour de son père, pour que celui-ci soit aussi témoin de ce premier exploit verbal.
Claude, à ses côtés, a été témoin de cette scène bouleversante. Il s’agenouille près de Tom, toujours sous le coup de l’émotion. "Maman..." répète son fils, tout en se balançant doucement sur ses petites fesses, une expression d’émerveillement sur son visage. Claude sourit, une profonde émotion envahissant son cœur. "Maman", répète-t-il, comme pour se convaincre lui-même que ce moment magique, ce premier mot, appartient bien à leur réalité. Monique se jette alors dans ses bras, les larmes aux yeux, touchée par la beauté de cet instant, et la famille se serre dans une étreinte pleine de tendresse.
Les heures qui suivent sont merveilleuses, chaque "Maman" de Tom, chaque sourire de Claude et de Monique, une célébration de cette nouvelle réalité. Émus, conscients de ce moment précieux, leur famille semble plus unie que jamais, comme si la simple parole de leur fils avait tissé un lien encore plus fort entre eux.
Quelques jours plus tard, alors que Claude est de retour à la maison, un autre instant bouleversant survient. Tom, qui ne cesse de grandir et d’apprendre, lève les yeux vers son père. D’un regard curieux et déterminé, il regarde Claude, comme s’il savait qu’un moment unique était sur le point de se produire. Et puis, avec une clarté inattendue, il s’écrie joyeusement : "Papa!" Ce mot, tout aussi précieux que le précédent, résonne dans la pièce avec une simplicité magique. Claude, submergé par l’émotion, reste un instant figé. Il n’arrive pas à croire que ce moment est enfin là, qu'il entend son fils prononcer son propre nom. Les larmes montent rapidement à ses yeux, et il se précipite vers Tom, le serrant dans ses bras. "Papa..." répète Tom, tout fier de lui, les bras tendus vers son père, un sourire éclatant sur le visage.
Monique, elle aussi émue, les observe. Elle reste silencieuse, les larmes brillant dans ses yeux, touchée par la beauté de ce moment, un moment où leur famille s’unit encore plus. Chaque "Papa" et chaque "Maman" prononcés par Tom semblent renforcer ce lien invisible mais indestructible qui unit le couple, leur enfant et l’avenir qu’ils partagent.
Quelques semaines plus tard, un autre moment extraordinaire se produit. Tom, qui a appris à se lever et à tenir debout sur ses petites jambes, regarde ses parents, puis, dans un élan de courage, fait un premier pas… puis un autre. Il marche, hésitant, ses bras tendus vers Claude et Monique, cherchant leur soutien. La pièce semble se remplir d’une lumière douce, presque magique. Claude et Monique, les yeux écarquillés, restent sans réaction un instant, incapables de prononcer un mot. Puis, tous deux, les larmes aux yeux, s'écrient de joie :
— Il marche… il marche ! Le cœur battant, ils échangent un regard rempli de fierté et de tendresse. Tom, tout sourire, se laisse aller dans les bras de ses parents, qui le serrent contre eux, conscients que chaque étape de sa vie est un petit miracle, un pas de plus vers l’avenir qu’ils ont rêvé pour lui.
Ensemble, ce 12 août 1980, sous les regards joyeux de sa famille, Tom s'agite comme un petit fou devant son premier gâteau d'anniversaire. Encouragé par ses parents, il souffle autant qu'il peut mais si maladroitement qu'il n'arrive au mieux qu'à faire légèrement vaciller la flamme de sa bougie. Alors, Madeleine, sa grand-mère, s'approche et lui demande de réessayer plus fort, elle l'accompagne discrètement et enfin la flamme s'éteint. Tout le monde chante en chœur…
Puis, la rentré se profile et Monique se résout à inscrire Tom à la crèche. La vie de Monique et Claude s’installe alors dans une douce routine, malgré les exigences de leur travail respectif. Le matin, l’agitation est palpable : les préparatifs, le dernier biberon pour Tom, et la course pour être à l'heure. Claude, souvent pressé par ses déplacements professionnels, et Monique, qui essaie de jongler avec ses responsabilités d'enseignante, se relaient pour déposer leur fils à la crèche du quartier. C’est une étape importante pour eux, bien que, parfois, Monique ressente une pointe de tristesse en laissant son enfant à la crèche. Heureusement, elle peut profiter de ses moments de travail pour le récupérer plus tôt. En effet, son travail de professeur au lycée Louis-le-Grand est exigeant, et les heures passées à préparer ses cours et à corriger des dissertations sont longues. Mais grâce à la possibilité de travailler de chez elle, Monique trouve un équilibre. Pendant que Tom joue en toute sécurité dans son parc, entouré de jouets d’éveil qu’ils ont soigneusement choisis, elle peut avancer dans ses tâches. Elle aime profiter de ces moments pour passer du temps avec lui, et l’emmène régulièrement au parc pour qu’il puisse interagir avec d’autres enfants. La sociabilisation de Tom devient une priorité pour Monique, et elle y veille avec attention.
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