48. Mathis...
Alors Mathis relève la tête et fixe Yohan, ses yeux trahissant sa rage :
— Ce qu'ils t'ont fait me révulse. Mais ce que je ressens pour toi… C’est au-delà de tout ce que j’aurais imaginé, tu n'y es pour rien. Je m'en fiche, la seule chose que je retiens, c'est que depuis tu rêves de me faire … et franchement… j'en ai trop envie… mon cœur t’appartient, entièrement... Ne nous arrêtons pas à ce détail... Prends moi, donne moi ce plaisir…
À ces mots, Yohan roule lentement sur le côté, et, d’un mouvement presque imperceptible, se retrouve au-dessus de Mathis. Ce dernier, les yeux presque clos, sent la chaleur de Yohan se diffuser, le contact de leurs corps amplifiant chaque pulsation de son cœur. Ils n'ont plus besoin de paroles, juste de cette proximité, du frémissement de leurs peaux contre l’autre.
Yohan fait lentement glisser les fermetures éclair de leurs maillots, dévoilant la chaleur des corps qu'ils dissimulaient jusque-là. Mais ce n’est pas simplement le contact de la chair, c’est la rencontre de deux désirs longtemps refoulés, l’écho de leur passion enfouie qui se libère enfin, lentement mais avec une force tranquille.
Dans cet instant, un fragile équilibre entre la retenue et l’urgence. Mathis ferme les yeux, respirant profondément alors qu’il sent la main de Yohan effleurer sa peau, un frisson parcourant son dos à chaque contact. L’air frais de la clairière semble se mêler à la chaleur croissante entre eux, créant une atmosphère presque irréelle. Il n'y a plus d'autre réalité que celle qui naît entre leurs corps, chaque sensation de l’un devenant la réponse à l’autre, dans une douce immersion où les limites se confondent et se dissolvent.
Leurs lèvres se frôlent enfin, timidement d'abord, puis avec plus de certitude, comme pour faire monter le désir. Un baiser long et intense, chargé de cette attente qui brûle silencieusement entre eux. Yohan, le cœur battant, se laisse envahir par la douceur du moment, par l’envie irrésistible de découvrir l'autre dans sa totalité, de goûter à la tendresse des gestes partagés, chaque mouvement se faisant avec la précision d'une caresse inachevée.
Chaque geste est dicté par une confiance et un désir simultanés. Les doigts de Yohan glissent sur son ventre, lentement, jusqu'à se saisir de son cuissard qu'il fait glisser jusque ses chevilles avant de l'enlever. A cet instant, Yohan fait face au désir ardent de Mathis.
Mathis, le cœur martelant dans sa poitrine, ouvre les yeux, cherchant le regard de Yohan. Ce regard, profondément tendre, semble porter un poids d’émotions qu’il n’avait pas anticipé. Il n'y a plus de peur, plus de retenue. Ne subsiste que cet espace, ce sous-bois enveloppé de lumière tamisée, où tout semble possible, et où l’intensité de ce qui se passe entre eux devient la seule réalité...
— Yohan… murmure Mathis, sa voix basse et rauque, marquée par le désir croissant qui enflamme ses entrailles.
À ce murmure, Yohan s’approche encore de lui, presque comme s’il avait été hypnotisé par la douceur de son prénom. Il se laisse imprégné de la chaleur du mois de juillet, lourde et dense, qui les enveloppe comme une couverture, rendant chaque mouvement plus intime, plus électrisant. Ils n’ont pas pris de douche, mais cela ne fait qu’ajouter à l’intensité de l’instant, ce parfum brut, animal, qui parle de passion l'attire encore plus. Alors Yohan succombe à l'envie irrésistible de le goûter. Mathis ne retient pas ses râles de plaisir tandis que Yohan s'occupe de faire monter la tension.
Mathis sent les mains de Yohan se faire plus insistantes, effleurant sa peau d’une manière plus déterminée, comme une exploration subtile de son désir. Chaque mouvement est un appel silencieux, un langage que seuls leurs corps comprennent. Yohan se laisse aller à une lente caresse de sa peau, s’arrêtant parfois, juste un instant, avant de recommencer, comme pour savourer cette sensation unique. Mathis, les yeux fermés, se laisse emporter par la pression de chaque geste, chacune de ses respirations devient plus lourde et plus désireuse.
Yohan qui s'occupe de la virilité de son amant, laisse alors couler sa salive qu'il guide de ses doigt vers le jardin secret qu'il convoite. Lentement, il commence à essayer de reproduire les gestes qu'il a décrit, ceux que Sébastien avait réalisé pour le préparer… tout en poursuivant son baiser sacré à son amant.
Il ressent que Mathis se détend, alors sans cesser son intime préparation, d'un geste rapide il se libère de son cuissard. Pour lui pas besoin de préparation, les râles étouffés et incessants de Mathis ont suffit. Alors, lentement il remontent entre les cuisses de son amant. Il le bascule légèrement pour découvrir l'orée qu'il cherche à percer. Ses bras sont tendus, mains sur le sol, ils maintiennent les cuisses de Mathis relevées, alors il murmure à Mathis :
— Si tu le désires toujours, alors guide moi…
— Plus que jamais, luis répond Mathis en aidant Yohan à s'immiscer en lui.
Ses mains, nerveuses, cherchent alors à s’accrocher à Yohan, se posent sur ses bras, ses hanches, le tirant plus près, comme si, de cette proximité, il pourrait trouver la réponse à son besoin de fusion totale. Ses lèvres cherchent celles de Yohan, affamées, sans plus de retenue. Il n'y a plus de place pour rien d'autre, juste ce besoin de l'autre, ce désir inarrêtable. Leurs corps, déjà en parfaite osmose, s'animent alors sous cette tension palpable qui ne cesse de croître. Chaque mouvement devient une promesse, chaque friction entre leurs peaux comme une étincelle prêt à tout enflammer. Les gestes de Yohan se font plus pressants, plus insistants, sa main glissant maintenant plus bas, explorant Mathis avec une maîtrise calme, assurée. Là, dans ce creux intime, où chaque caresse semble résonner au fond de leur chair, l'urgence se fait plus évidente, plus brutale tandis qu'il lui donne un plaisir certain par des coups de reins doux mais puissants.
Mathis, complètement englouti par la chaleur, se laisse aller, oubliant tout ce qui n’est pas Yohan, une fièvre naissante qui le dévore. Ils sont liés, pris dans un tourbillon de désir animal, un besoin viscéral de l’autre qui s’intensifie encore, l'excitation et la passion se mêlant au rythme savoureux de ces flux et reflux.
Yohan, tout aussi perdu dans la sensation de Mathis contre lui, accélère au son de son partenaire. Chaque mouvement devient plus pressant, plus urgent, mais toujours empreint d’une douceur infinie. Il se laisse guider par le rythme de leurs corps, leur désir s’intensifiant à chaque instant amplifié par l’odeur de la sueur, l'intensité du moment, leur peau chaude se frôlant et se pressant, tout cela nourrit le désir qu’ils ressentent l’un pour l’autre. Les deux hommes sont perdus dans une danse érotique, où chaque caresse, chaque baiser, semble amplifier leur désir mutuel. Mathis, avec un cri étouffé, sent son corps se tendre à l’approche du moment ultime, une vague d’émotions l’envahissant, comme une marée qui monte inexorablement. Il se laisse emporter par cette force et Yohan, à son tour, réagit avec une vigueur qui le surprend lui-même. Son corps se presse encore plus contre Mathis, ses baisers se font plus passionnés, plus profonds, comme s’il cherchait à extraire chaque once de plaisir de leur union. Les deux corps sont fusionnels, connectés dans cet élan partagé.
Finalement, c’est un cri presque animal qui s’échappe de la gorge de Mathis. Son corps se tend, les muscles serrés comme une corde prête à se rompre. Une vague de chaleur s’échappe de lui, traversant chaque pore, chaque cellule, jusqu’à l’explosion finale. Yohan le ressent et son propre plaisir se déverse dans la même marée, ses yeux fermés, ses baisers sont encore plus fougueux alors qu’il sent la puissance du moment atteindre son paroxysme.
Les deux hommes sont pris dans une explosion de sensations, leurs corps tremblant sous la force du plaisir partagé. La chaleur est intense, brûlante, et elle semble se prolonger indéfiniment, bien après que le dernier écho de leur cri se soit tu. Ils restent un instant enlacés, leurs corps encore tremblants, soufflant avec une intensité renouvelée, les yeux fixés l’un sur l’autre. Dans ce regard, il y a tout : la passion de ce qu'ils ont partagé, la profondeur de ce lien qui les unit, et la promesse de recommencer. Ils se tiennent l'un contre l'autre, encore imprégnés de l'extase, avant de se replier dans une étreinte tendre.
Dans cet après-midi d'été naissant, Mathis et Yohan reprennent lentement pied dans cet endroit retiré, un sanctuaire où ils se sont donnés l'un à l'autre. La chaleur des rayons du soleil leur rappelle l'intensité de ce qu'ils viennent de vivre. Ils se rhabillent lentement, chacun savourant encore l'écho des sensations partagées qui les ont bouleversés.
Assis côte à côte, les cœurs battant encore au rythme de leur étreinte récente, Mathis brise doucement le silence. Son regard fixé sur l’horizon, il parle d’une voix tremblante, non d’hésitation, mais d’émotion pure.
— C’est fou comme je me sens bien avec toi, commence-t-il en tournant les yeux vers Yohan. C’est comme si tout ce qui me pesait, tout ce qui m’effrayait… disparaissait quand tu es là. Jamais je n’aurais imaginé que l’amour puisse être à la fois si doux et si sauvage.
Yohan écoute, ses yeux brillants davantage à chaque mots de Mathis. Sa main cherche celle de son partenaire, et il la serre doucement avant de répondre, d’une voix empreinte de gravité :
— Moi aussi. Depuis un moment déjà, je savais ce que je ressentais pour toi… Mais rien ne m’avait préparé à ça. À ce sentiment si fort, si lumineux. Je crois que c’est ça, l’amour. Une force qu’on ne choisit pas, qui nous traverse, et qui nous dépasse.
Il marque une pause, le regard lointain, ses mots plus lourds maintenant.
— Mais… je ne peux m’empêcher d’avoir peur. Peur de ce que les autres diront. Ce que nous vivons, pour beaucoup, sera vu comme une erreur, une abomination. Ils diront que c’est contre nature, que c’est sale… Et ça, Mathis, ça me terrifie. Pas parce que je doute de ce que je ressens. Mais parce que je sais combien le regard des autres peut blesser. Combien ils peuvent être cruels.
Mathis baisse les yeux un instant, absorbant la douleur dans les mots de Yohan. Puis, doucement mais fermement, il relève la tête. Son regard, désormais déterminé, cherche celui de Yohan, et il lui répond avec une force tranquille.
— Yohan… je comprends. Moi aussi, j’y ai pensé. Je me surprends à rêver que nous soyons comme tout le monde. Que tout soit simple. Mais ce n’est pas nous. Et je crois que je ne voudrais pas être différent. Ce que je ressens pour toi est vrai, c’est pur, et rien ni personne ne pourra jamais me convaincre du contraire. Ceux qui jugent, ils n’ont jamais ressenti ça. Ils ne savent pas ce que c’est d’aimer comme nous aimons.
Il serre la main de Yohan un peu plus fort, ses yeux brillant d’une lueur d’espoir.
— Avec toi, je me sens invincible. Je ne dis pas que ce sera facile. Mais je sais que je suis prêt à me battre pour nous, pour toi. Peu importe ce que disent les autres, tant que je suis à tes côtés, je suis heureux. Et c’est ça qui compte, non ? Être heureux, être entier, être soi-même. Ça vient de m'arriver… alors je suis prêt à me battre pour le garder.
Yohan ne peut retenir un sourire, ému par la sincérité et la force des mots de Mathis. Une larme roule lentement sur sa joue, qu’il essuie d’un geste maladroit, avant de répondre, sa voix brisée par l’émotion :
— Tu as raison, Mathis. Ce ne sera pas facile. Mais je sais que tant que je suis avec toi, je peux tout affronter. Ce que nous avons est beau, unique… Et, moi aussi, il faudra m'abattre pour me l'enlever ... je refuse de laisser quiconque nous le voler.
Ils restent ainsi, main dans la main, le cœur un peu plus léger malgré les craintes persistantes. Ensemble, ils se promettent de tenir bon, de se soutenir, de s’aimer envers et contre tout. Sous le soleil éclatant, la nature les entoure comme pour protéger ce lien précieux, inébranlable, qu’ils viennent de sceller.
— C'est pas le tout, mais ça creuse de faire l'amour, lance Yohan avec un éclat de malice dans la voix. On pique-nique, et après, on se remet en route ?
Mathis éclate de rire, son rire clair résonnant dans l'air tranquille, mêlé au chant des oiseaux. Il se laisse retomber sur l'herbe, les bras croisés derrière la tête, son sourire rivalisant avec la chaleur du jour.
— J’adore ton pragmatisme, Yohan. Allez, ouvre donc ce sac à dos, que je voie si t’es aussi doué en sélection de victuailles qu’en… enfin, tu sais.
Le rouge monte légèrement aux joues de Yohan, mais il s’affaire immédiatement à déballer le pique-nique qu’ils avaient préparé plus tôt dans la journée : des sandwiches faits maison avec du pain frais, des légumes croquants et une bonne dose de protéines. Yohan ouvre aussi une gourde d’eau fraîche et tend un fruit à Mathis.
— Tiens, attaque ça. Je suis pas sûr que le dessert soit inclus au programme du jour, dit-il en plaisantant.
Ils mangent avec appétit, assis sur l’herbe, leurs vélos reposant contre le tronc du chêne. L’air est chaud, mais la brise qui passe parfois entre les branches leur apporte une fraîcheur bienvenue.
Après le repas, Mathis se lève et tend une main à Yohan.
— Alors, prêt pour la suite ? On a encore un bout de chemin pour rentrer.
Yohan attrape sa main, se redressant avec énergie.
— Avec toi ? Toujours.
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