51. Un bac fêté dignement.
Mathis et Yohan, après avoir pris congé des parents de Mathis, attendent en toute simplicité l’ascenseur. Dès que les portes s'ouvrent, ils s'y engouffrent. Une fois seuls, ils échangent un baiser silencieux, leurs yeux brillants d'émotion et de complicité.
— Je t'aime mon chéri, tu es le plus beau, murmure Mathis, son regard rempli d'admiration.
— Je t'aime aussi, et toi aussi tu n'es pas mal du tout, répond Yohan avec un sourire en coin.
L'ascenseur s'arrête brusquement au rez-de-chaussée, les obligeant à reprendre leurs esprits avant de sortir dans la rue. Ils se dirigent alors tranquillement vers le centre-ville, longeant la piste cyclable qui les mène à la rue Libergier. Ils remontent ensuite vers la Cathédrale puis tournent vers le centre. L’air est doux, et le monde semble encore tout juste réveillé, leur offrant une douce illusion de tranquillité. La place d'Erlon est toujours aussi animée, avec des groupes de jeunes qui se retrouvent pour célébrer les résultats des examens. C’est ici qu’ils commencent à être accostés régulièrement.
Dès qu’ils mettent un pied sur la place, plusieurs copains et connaissances les arrêtent pour les féliciter, souvent en leur lançant des compliments ou en les taquinant sur leur apparence.
— Ça va draguer sec ce soir, mesdemoiselles, ces deux-là vont vous faire chavirer ! lance un groupe de copains en riant. Les deux amis se laissent aller à quelques sourires discrets, tout en déclinant poliment les invitations à rejoindre telle ou telle table. Ce n’est pas qu'ils n'apprécient pas leurs amis, mais ce soir-là, leur seule priorité est de passer ce moment ensemble.
Malgré les félicitations, les regards et les propositions de rejoindre d’autres groupes, Mathis et Yohan restent concentrés sur leur propre bonheur. Ils traversent la place, unis par cette complicité qui les rend invincibles. Le tumulte de la place d'Erlon semble s'estomper autour d'eux, et l’unique bruit qui les accompagne est le bourdonnement des voix qui les entourent, comme une douce mélodie de fond.
Ils se dirigent alors vers leur destination favorite : un restaurant cosy, où la chaleur de la patronne et l’odeur des pizzas au feu de bois les attendent. Le dîner sera simple, mais pour eux, ce sera un moment intime et précieux, loin des festivités bruyantes, dans le confort d'un endroit où ils se sentent chez eux.
Leurs pas les mènent lentement mais sûrement vers ce lieu de paix, un îlot au milieu de la folie de la place, où ils peuvent savourer non seulement la victoire de leurs examens, mais aussi celle de leur complicité avouée.
Les deux amis, en entrant dans le restaurant, se voient proposer une table plus intime, située dans un petit coin tranquille. Ce coin, surnommé affectueusement le "couloir des amoureux", est parfait pour deux, et leur permet de rester à l'écart des grandes tables où des groupes sont installés. C’est un espace plus modeste, mais qui semble tout à fait approprié pour eux. Un endroit où ils peuvent savourer leur moment à deux, loin de l’agitation.
L’atmosphère est tamisée, une lumière douce émane des bougies sur chaque table, créant une ambiance chaleureuse et intime. C’est un cadre idéal, presque fait sur mesure pour eux, où leur lien, à la fois discret et profond, semble se renforcer. Ils prennent place, échangeant un sourire complice, savourant ce petit instant avant de jeter un œil à la carte.
Ils trinquent, leurs bras se croisent dans un geste naturel, se retrouvant face à face dans une proximité qui amplifie la tendresse de l'instant. Mathis, toujours avec ce petit sourire en coin, propose un toast.
— À nous, Yohan. À notre réussite, et à nous deux.
Leurs gestes sont étudiés, et, même dans ce simple geste de trinquer, il y a une beauté implicite. En attendant leurs pizzas, Yohan, détendu, se déchausse nonchalamment. Et puis, il a ce geste léger. L’innocence d’un pied qui glisse le long de la jambe de Mathis, une caresse discrète, une invitation sans mot. Mathis, surpris mais ravi, le regarde, un éclat d’amusement dans les yeux. Un regard qui semble lui dire : Tu n’as pas osé, si ? Ce défi silencieux entre eux, à la fois innocent et passionné, prouve à quel point leur connexion est profonde.
Les pizzas arrivent finalement, accompagnées du rosé frais, un Chiaretto Bardolino, et le plaisir simple d’un repas partagé entre deux personnes qui se comprennent sans avoir besoin de parler s’empare d’eux. Mathis, curieux de savoir si Yohan apprécie sa pizza, lui pose la question, mais au lieu d’une réponse verbale, Yohan lui tend un morceau, comme un petit rituel d’intimité.
Les gestes deviennent plus que des actes, ce sont des messages déguisés, des promesses faites à travers la simplicité de la nourriture partagée. Mathis, tout en prenant le morceau de pizza, sourit.
— Tu crois qu’on pourrait vivre ça aussi naturellement si quelqu’un qu’on connaît était là, dans ce restaurant ? demande-t-il doucement.
Yohan réfléchit un instant avant de répondre, son regard se perdant brièvement dans le verre de rosé.
— Franchement ? Je pense que non. Enfin… peut-être un ou deux amis proches. Mais les autres ? Ils jugeraient. Même ceux qui se disent "ouverts".
Mathis acquiesce en silence, avant de murmurer :
— Parfois, je me dis que si les gens regardaient vraiment, sans leurs filtres, ils verraient juste… nous. Ce qu’on est. Et je sais qu’ils pourraient être touchés. Mais à la place, ils jugent. Ça me dépasse.
Yohan esquisse un sourire mélancolique.
— Ça, c’est parce qu’ils ne veulent pas comprendre. Ou qu’ils ont peur. L’amour, ça devrait être simple, mais pour eux, ça ne l’est jamais.
Mathis hoche la tête, puis, après un court silence, ajoute :
— Tu imagines si un de nos amis passait là, maintenant, et nous voyait comme ça ?
Yohan fronce légèrement les sourcils, un air sérieux remplaçant son sourire.
— Ce serait un moment de vérité, je suppose. Mais on sait tous les deux qu’on n’est pas encore prêts pour ça.
Mathis soupire doucement, son sourire s'effaçant un instant.
— C’est fou de devoir se cacher pour être tranquille. Et pourtant, c’est vital. Si on veut protéger ce qu’on a…
Yohan pose une main légère sur celle de Mathis, rompant le murmure pesant qui s’était installé.
— Ça viendra, Mathis. Un jour, on vivra tout ça au grand jour, sans peur. Mais en attendant, ici, dans ce petit coin à nous, on reste vigilant, c'est notre secret, c'est déjà pas si mal, non ?
Un sourire revient sur les lèvres de Mathis.
— Oui, t’as raison. À nous deux, et à ce moment.
Ils trinquent doucement, dans un éclat de complicité partagée, savourant cet instant unique qui leur appartient.
Les deux amants, après avoir dégusté leurs pizzas et trinqué à leur réussite, se tournent vers les desserts, l’instant parfait pour prolonger ce moment de douceur et de partage. Mathis, avec un sourire malicieux, se tourne vers le serveur et passe la commande :
— Je prendrai un chocolat liégeois, s’il vous plaît, avec beaucoup de chantilly, si possible.
Yohan, quant à lui, ajoute dans la même lignée :
— Et pour moi, une coupe champenoise, bien arrosée, s'il vous plaît.
Le serveur acquiesce et s’éloigne, tandis que Mathis et Yohan poursuivent leur échange. Les desserts arrivent un peu plus tard, aussi élégants que délicieux. Le chocolat liégeois de Mathis est une tentation, avec sa glace au chocolat, surmontée de chantilly légère, le tout arrosé de chocolat chaud fondu qui se répand lentement sur la glace. C’est un vrai moment de plaisir pour ses papilles.
De l’autre côté, la coupe champenoise de Yohan est tout aussi séduisante, avec sa glace au champagne crémeuse, et le marc de champagne qui l’enrobe délicatement, ajoutant une touche de sophistication à l’ensemble.
Ils commencent à déguster, chacun savourant à son rythme, mais rapidement, l’envie de partager se fait sentir. Mathis prend une cuillère de son chocolat liégeois et la tend à Yohan, un sourire complice aux lèvres. Yohan fait de même, offrant une cuillère de sa coupe champenoise à Mathis. L'adrénaline les submergent dans cet instant où ils prennent le risque d'être démasqués.
Dans chaque bouchée, dans chaque geste, leur amour s’exprime. Il n’y a pas de précipitation mais une certaine forme de courage à dépasser leur crainte commune. Ils goûtent, se font goûter, et dans ce simple acte, ils se disent des choses sans en avoir besoin de mots. Légèrement grisés par l'ambiance et le vin, les desserts ont pris une tournure plus intime. Malgré leurs inquiétudes, ils ont osé se laisser aller un un petit jeu excitant. Si le monde extérieur pouvait voir ce spectacle, il n’y aurait aucun doute : l’amour entre Mathis et Yohan, dans sa forme la plus pure et la plus simple, est un véritable enchantement.
Après avoir dégusté leurs desserts et savouré chaque instant de leur soirée, Mathis et Yohan se lèvent, décidés à ne pas laisser cette belle nuit se terminer trop vite. Ils se dirigent vers le comptoir pour régler l’addition, un dernier échange avec la patronne qui, bien que débordée par l’effervescence de la soirée, leur adresse un sourire chaleureux.
— Merci beaucoup, à bientôt, leur dit-elle, tout en s’excusant pour la course effrénée de la soirée.
Mathis et Yohan sortent sur la place, et une fois dehors, ils sont accueillis par la douce nuit d'un soir de juillet. La chaleur de la journée s’est dissipée, laissant place à une soirée agréable, avec 23°C qui apportent une brise légère et douce. L’air est parfait, un peu frais, mais pas trop. Le ciel est dégagé, parsemé d’étoiles, et tout semble calme.
Ils commencent leur balade en empruntant la place d'Erlon jusqu'aux promenades. L’atmosphère est tranquille, et ils savourent la beauté de la nuit qui se dévoile devant eux. La lumière des réverbères, qui éclaire faiblement leur chemin, crée une ambiance intime et douce autour d’eux.
Ils descendent tranquillement les promenades, longeant les allées bordées d’arbres, jusqu’à ce qu’ils rejoignent le canal. Là, dans cet endroit plus calme et isolé, ils se rapprochent de plus en plus. Yohan glisse sa main dans celle de Mathis, un geste simple, mais tellement chargé de sens et qu'ils ne peuvent s'autoriser en d'autres circonstances. Ils s'arrêtent un instant, échangeant un regard. Le contact de leurs mains, chaud et doux, fait naître une sensation de bien-être immédiat. L’alcool, léger mais suffisant, a un effet apaisant sur leurs barrières d'autant que happé par la pénombre, ils ne risquent pas d'être découverts.
Arrivés dans une zone encore plus isolée du canal, loin des regards, dans l’obscurité douce des coins moins éclairés, ils se rapprochent encore. Mathis prend l’initiative, un geste doux mais sûr, et Yohan, tout sourire, le suit sans hésiter. Ils s’enlacent, se retrouvant dans un câlin qui crée comme une enveloppe chaleureuse, une protection du monde extérieur. Puis leurs visages se rapprochent et leurs lèvres s'abandonnent à un baiser tendre, profond, interminable, comme s’ils cherchaient à rattraper tous ceux auxquels ils avaient dû renoncer depuis le début de la soirée.
Ce baiser est si doux qu’il apaise leur soif, déposant un pansement sur leurs blessures, celles nées de la frustration de ne pas pouvoir se laisser aller à l’insouciance, de ne pas vivre pleinement l’intensité du désir de leur amour. Il est discret, et pourtant, il emplit tout l’espace autour d’eux. La sensation d’être ensemble qu’il génère les revigore, balayant les traces de leur retenue imposée par les dogmes sociaux.
Ils restent là des minutes entières, profitant à cent pour cent de cette étreinte délicieuse, se perdant dans ce baiser et dans la sensation de la nuit qui les enveloppe. Quand ils se séparent enfin, leurs visages irradient de bonheur, et dans leurs yeux, tout est dit. Le monde extérieur peut bien continuer de tourner, mais pour Mathis et Yohan, cette nuit leur ouvre des portes interdites. Et, pour eux, c'est tellement inestimable, ce moment si rare et précieux, qu'il n’y a rien d’autre à souhaiter que d’être là, ensemble, dans cette douce nuit de juillet, à savourer des plaisirs que seule l’obscurité leur permet de goûter, à l’abri des regards et du jugement du monde extérieur.
Le silence est soudainement brisé par les mots de Mathis, qui les prononce avec une sincérité brûlante.
— J'ai envie de toi, lance-t-il à Yohan, le regard plongé dans le sien, une lueur si intense dans les yeux.
Yohan, touché, comprend immédiatement. Ce n’est pas juste une question de désir, c'est bien plus, c'est un besoin de se rapprocher, de profiter encore plus du voile que la nuit dépose sur eux.
— Moi aussi, tu n'imagines pas à quel point.
Puis, après un bref silence, il ajoute, plus bas :
— Viens, suis moi.
Alors ils quittent cet endroit désert, encore trop exposé, pour s’enfoncer dans l’intimité du bois, en direction de la Vesle. Main dans la main, ils s’avancent vers la lisière du parc, là où les ombres des arbres tissent un abri naturel. Mathis se laisse guider, aveugle à tout sauf à Yohan. Il sait qu’il est emmené là où il désire être le plus au monde, dans cet espace où leurs corps offriront et recevront un plaisir aussi intense que partagé. Se frayant un chemin à travers les sentiers de terre, bordés de végétation dense, ils parviennent enfin près d’un banc, simple et silencieux, mais offrant le support nécessaire à ce qu’ils s’apprêtent à accomplir.
— Que penses tu de ce lieu ? demande Yohan.
— Parfait, alors qu'attends-tu ? réponds Mathis, brûlant de désir.
Les voix des deux amis se taisent alors que Mathis, en proie à un désir irrépressible, attire Yohan contre lui. Leurs corps se heurtent avec une force nouvelle, et leurs respirations s'accélèrent, brûlantes et frénétiques. Les lèvres se cherchent, se saisissent, caressant, palpant, comme si elles cherchaient à se fondre l’une dans l’autre, à combler une attente qui dure depuis trop longtemps. Dans ce baiser enflammé, les frontières entre eux disparaissent, emportées par l’intensité de ce qu’ils ont tant désiré, si longtemps retenu. Leurs mains cherchent à augmenter encore la ferveur déchaînée de ce baiser. Elles explorent la peau de l'autre avec urgence, traçant des chemins de feu, impatientes de révéler tout ce qui est resté en suspens, dissimulé dans les silences et les regards. Rien n'existe en dehors de cette étreinte, de cette fusion, tout ce qu'ils ont retenu éclate enfin dans une ivresse inaltérable.
Loin des regards, ils peuvent enfin se permettre d'être eux-mêmes, de s’abandonner à ce désir qui les consume, et à cette connexion profonde qui les lie bien au-delà des mots.
Mathis, toujours plus attiré par la proximité de Yohan, défait rapidement quelques boutons de sa chemise, son regard se noyant dans celui de son compagnon. Une envie irrésistible monte en eux, chargée d’une tension électrique et enivrante. Alors, Mathis, le regard empreint de désir et d’amour, se penche lentement vers Yohan. Ses lèvres explorent son cou, y déposant un baiser brûlant qui fait frissonner Yohan d’extase. Elles glissent ensuite le long de sa peau, suivant la courbe de son cou, puis son torse, chaque baiser intensifiant l’excitation qui les dévore. Conscient de l’effet qu’il produit, il s’attarde sur ses tétons, durcis par l’appétit et le délice éveillés sous l’emprise envoûtante de son partenaire.
Mathis poursuit son but, s'accroupissant légèrement devant Yohan. Il relève délicatement la tête, plongeant son regard dans le sien.
Yohan capte l’intensité de Mathis si facilement qu’il ferme les yeux, s’abandonnant à l’instant. Tandis qu'il défait lentement les boutons de son jean, il répond tacitement à la demande silencieuse de son compagnon. Il lâche son jean qui glisse doucement le long de ses jambes jusqu'à ses chevilles. Les lèvres de Mathis se posent sur le bas ventre de Yohan, une chaleur discrète se diffusant à travers le tissu du boxer. Lentement, il glisse vers le creux de l'aine en tirant sur le boxer pour révéler l'objet de son désir, effleurant chaque parcelle de peau avec une tendresse précieuse, chaque mouvement étant un mélange de désir et de douceur. Puis enivré par le parfum musqué de Yohan. Il accélère le rythme, laissant libre cours à ses pulsions les plus instinctives. Le contact est marqué, témoignant de l'urgence de répondre à un désir trop longtemps enfoui ce qui éveille immédiatement une onde de frissons qui parcourt le corps de Yohan.
Son boxer a rejoint son jean et son sexe, tendu plus que jamais vers les étoiles, s'offre alors à Mathis. Il s'en saisit d'une main, chaque contact allumant une étincelle entre eux. Il le dévore avec une faim insatiable, avide de savourer ce plaisir intense. Yohan laisse échapper un rugissement de plaisir, encourageant Mathis à poursuivre encore plus loin. Il resserre l'étreinte de sa bouche sur le sexe de Yohan, intensifiant encore ses va-et-vient. Yohan, incapable de se contenir, laisse échapper un gémissement profond, presque un cri primal étouffé, un témoignage de sa gratitude et de son extase. C'est un son profond, un râle de plaisir qui résonne en un écho à ses gestes.
Ses yeux se ferment légèrement, et son corps se tend pour exprimer à son tour toute la sensation qui l'envahit. C'est une réponse muette, une manière de lui signifier que chaque mouvement éveille en lui un plaisir profond et partagé. Mathis se nourrit de ce son envoûtant, chaque vibration aiguisant son désir et faisant monter en lui une vague de plaisir irrésistible. Ses lèvres glissent rapidement au rythme de ces mouvements, avant que sa langue ne s'étire lentement, explorant chaque contour avec une attention pleine de passion. Les sons émis par Yohan préviennent d'une montée irrépressible. Mais Mathis reste sourd à tout, tant il ne veut rien perdre de l'intensité de ce moment. Mathis sent sa gorge envahie par le flot de jouissance de Yohan. Il ralentit alors le geste, savourant chaque décharge du plaisir de son ami, se délectant de chaque goutte jusqu'à la dernière.
Mathis remonte doucement le boxer puis le pantalon de Yohan, le reboutonne avec soin, avant de se relever pour l’embrasser profondément, offrant ainsi le partage du goût du désir assouvi. Yohan se penche doucement vers lui, murmurant à son oreille avec une tendresse infinie :
— Je ne te savais pas si … comment dire ... gourmand... tu me bluffes... incroyable... c'était... si bon... je veux te remercier...
— Alors, ne perdons pas de temps et rentrons... je ... je... t'aime.
Mathis empoigne la main de Yohan, entrelaçant ses doigts aux siens comme pour sceller leur lien dans ce geste auquel il donne tant de sens. Un sourire malicieux éclaire son visage alors qu’il l’entraîne soudainement, l’incitant à courir presque à perdre haleine pour rejoindre au plus vite l’immeuble. Le souffle court, ils ralentissent en arrivant au pont Fléchambault, le traversant dans un silence ponctué de rires étouffés et de regards échangés.
Au milieu du pont enjambant le canal, baigné par la lueur dorée d’un réverbère solitaire, Mathis scrute les alentours, s’assurant qu’à cette heure tardive, le lieu est désert. Soudain, d’un geste impétueux, il saisit Yohan et le fait pivoter brusquement pour le ramener face à lui.
— J’en ai toujours rêvé. Un tel lieu, comme dans un film, comme tout à chacun le ferait. Embrasse-moi, dit-il en fermant les yeux.
— Tes vœux sont des ordres, Mathis...
Yohan l'embrasse alors tendrement, chaque baiser un mélange de douceur et de ferveur, le poussant en arrière. Mathis, buttant contre le parapet, s'assoit sur le rebord en pierre, et Yohan, enserré dans ses bras et entre ses cuisses, lui offre enfin ce baiser qu’ils avaient tous deux imaginé mille fois. Ils ponctuent ce délicieux moment de savoureux et sincères « je t'aime » échangés, avant de reprendre leur chemin.
Une fois de l’autre côté, l’urgence les reprend, et ils filent jusqu’à l’entrée de l’immeuble de Mathis. Avec une prudence retrouvée, ils montent les marches à pas de loup, attentifs à ne réveiller personne dans la quiétude nocturne. La porte de l’appartement se referme doucement derrière eux, et, dans ce silence complice, ils rejoignent la chambre de Mathis, le cœur battant et les regards déjà brûlants de promesses.
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