54. Le Risk d'un dimanche matin.
Ils referment discrètement la porte derrière eux pour ne pas attirer l’attention de Tom. Une fois dans la salle de bain, Mathis tourne les robinets, ajustant la température de l’eau qui commence à couler en un jet chaud et enveloppant.
Yohan, debout derrière lui, passe un bras autour de sa taille, dépose un baiser léger sur sa nuque, et murmure :
— Tu sais, j’aime ces moments simples avec toi. Pas besoin de plus pour être heureux.
Mathis se retourne, capturant le regard tendre de Yohan malgré la faible lumière de la pièce.
— Moi aussi, j’aime tout ça… mais tu sais quoi ? Je t’aime surtout toi.
Le visage de Yohan s'éclaire, et il dépose un baiser doux sur les lèvres de Mathis. La chaleur de la douche les enveloppe bientôt, effaçant les derniers restes de la nuit.
Sous l’eau, leurs éclats de rire et leurs échanges se mêlent aux bruits du jet, un instant de bonheur simple arraché dans le temps. Yohan, en rinçant doucement le visage de Mathis, glisse dans un murmure :
— Je pourrais passer ma vie … comme ça … avec toi.
Mathis sourit, une main posée sur le torse de Yohan, le cœur léger :
— Moi aussi. On verra où la vie nous mènera, mais tant qu’on est ensemble, ça ira.
Quand la douche prend fin, ils s’enroulent dans des serviettes moelleuses, se séchant tranquillement. Devant le miroir, ils se regardent un instant, se taquinant doucement et se déposant des baisers furtifs sur la joue, comme des gestes spontanés remplis de tendresse.
— Regarde ces deux-là, tu ne trouves pas qu'ils sont mignons ? Ils dégagent une telle harmonie, c’est presque irréel, chuchote Mathis avec un sourire.
Yohan, essuyant quelques gouttes d’eau encore accrochées à ses cheveux, est touché par cette remarque. Il joue le jeu en prenant une voix plus grave :
— Ah oui, ces deux-là sont parfaits. On dirait qu’ils sont faits l’un pour l’autre… Une telle alchimie, c’est magique. Ça n'existe que dans les rêves !
Mathis fait semblant de prendre un air faussement vantard, bombant légèrement le torse tout en passant une main dans ses cheveux mouillés :
— Je suis presque jaloux… mais franchement, qui pourrait leur en vouloir d’être si irrésistibles ?
Yohan éclate de rire et lui donne une légère tape sur l’épaule avant de se rapprocher pour murmurer :
— Moi, je n’envie personne. J’ai déjà tout ce dont j’ai besoin, dit Yohan en posant sa main sur la fesse de Mathis avec une tendresse malicieuse.
Il dépose un baiser léger sur son front, leurs reflets dans le miroir se fondant en une image de complicité et d'affection. Mathis baisse doucement la tête. Son visage affiche une satisfaction qui l'illumine. Il murmure à son tour :
— Moi aussi. Je n'ai vraiment pas de meilleur endroit que celui où je suis avec toi...
Ils continuent de se préparer, leurs regards se croisant de temps à autre. Ils font durer l'instant comme s'ils avaient peur que cela ne soit qu'un rêve et qu'il prenne fin au réveil. Une fois prêts, Mathis fixe Yohan, les yeux rempli de malice et lance alors :
— Bon, on va voir Tom. Je n'voudrais pas qu’il s'mette à penser qu’on est coincés sous la douche depuis des heures ?
Yohan éclate de rire et secoue la tête, amusé :
— Oui, et cette fois, on lui donne une bonne leçon s’il recommence avec ses blagues douteuses !
Mathis roule des yeux, un sourire amusé sur les lèvres, avant d'approuver d'un signe de tête. Ensemble, ils quittent la salle de bain, leur complicité toujours aussi palpable, prêts à rejoindre le salon.
Tom est installé confortablement sur le canapé, plongé dans sa lecture. En les voyant entrer, il lève à peine les yeux et, d’un ton malicieux, les salue :
— Eh ben, les gars, vous avez fait vite ce matin ! Pas de désir brûlant à satisfaire ? Hier soir vous a suffi ?
Les deux amoureux se regardent et en un clin d'oiel, ils se comprennent sans un mot. En un éclair, ils se jettent sur Tom, l’immobilisant sur le canapé. Mathis et Yohan, avec une aisance parfaite, se retrouvent assis à califourchon sur lui, ses bras bien fixés derrière son dos pour l’empêcher de bouger.
Ils attaquent aussitôt, par le supplice des chatouilles, leurs mains se dirigeant vers ses hanches, là où il est le plus sensible. Tom éclate de rire, se tordant sous leurs doigts et tentant de se dégager en vain.
— Arrêtez, arrêtez ! Vous allez me faire mourir de rire, suppliant à moitié, les larmes aux yeux. C’est trop, c’est trop !
Les garçons savourent la scène, leurs éclats de rires trahissant le plaisir de cette douce vengeance. Ils suspendent leur attaque un instant, et Mathis, tout en maintenant Tom en place, lui exprime avec malice :
— Alors, t’en penses quoi, maintenant ?
Avant même que Tom ait eu le temps de répondre, ils reprennent de plus belle, intensifiant les chatouilles. Tom est tellement secoué qu’il peine à articuler des mots, les éclats de rire étouffant sa voix.
— D’ac...cord, d’accord ! Vous avez ... gagné ! Pitié… par… pitié... arrêtez, je vais... mourir ici !
Tom se débat sur le canapé, éclatant de rire alors qu’il tente, en vain, de se libérer de l’étreinte des deux garçons. Les éclats de rires résonnent dans la pièce, et ses yeux se remplissent de larmes de joie. Haletant, il finit par crier, presque hors d'haleine :
— D'accord, d'accord ! Vous avez gagné ! Vous êtes pires que des gamins !
Les deux garçons échangent un dernier regard complice et, dans un rire éclatant, relâchent enfin leur prise. Mathis, tout sourire, se penche légèrement en avant, épuisé par l'intensité du moment.
— Alors, Tom, tu dis quoi maintenant ? Toujours aussi sûr de toi avec tes petites taquineries ?
Tom, essoufflé et tout sourire, tente de se redresser sur le canapé, sa main essuyant ses larmes puis se posant sur son ventre comme pour apaiser la douleur des éclats de rire. Il secoue la tête, encore sous l’effet des chatouilles.
— Vous êtes des fous ! J'vous jure, vous m’avez presque fait mourir de rire ! Vous voulez vraiment que j'm'entraîne à supporter vos attaques ?
Yohan, toujours amusé, se laisse tomber à côté de lui, un sourire moqueur sur les lèvres.
— T’inquiète, Tom, tu vas pouvoir t’entraîner à nous embêter. On s'ra là pour te rappeler qui mène, à chaque fois, réplique-t-il, un clin d’œil en prime.
Mathis, la tête penchée, s’approche et tapote affectueusement la tête de son grand frère.
— Mais avoue, on est plutôt bons pour te faire lâcher prise, hein ? Tu veux bien admettre que tu n'fais pas le poids contre nous ?
Tom, encore à moitié étouffé par ses rires, se redresse enfin, avec une mine faussement vexée mais pleine de tendresse.
— Bon, d’accord, vous êtes les champions aujourd’hui. Mais croyez-moi, j'vais m'venger, vous allez voir !
Les trois garçons éclatent de rire à l’unisson, dans une complicité fraternelle belle à voir. Tom se redresse, s’étire comme un chat, et se tourne vers eux avec un sourire en coin.
— Bon, assez de bêtises pour le moment. On fait quoi maintenant, hein ? Vous avez encore des plans secrets à me dévoiler, ou bien ?
Mathis et Yohan échangent un regard furtif avant de répondre d’une même voix, comme un clin d’œil complice :
— On va profiter de cette journée, comme ça vient. Pas de plan, juste l’instant.
Et sur ces mots, les trois jeunes hommes se lèvent, le rire se dissipant peu à peu, laissant place à une tranquillité apaisante. Mathis, Yohan et Tom se dirigent vers la chambre, où la lumière douce du matin inonde la pièce d’une lueur chaleureuse. Ils s’installent en tailleur sur le sol, les pieds repliés sous eux, entourés des boîtes de jeu et des armées en plastique de Risk. Sur la carte du monde, chaque territoire attend d’être conquis.
Un instant de silence s’installe, une légère tension s’épanouit dans l’air, juste avant le début de la compétition amicale. Mathis prend les dés dans ses mains avec une concentration exagérée, comme s’il s’apprêtait à accomplir un exploit, tandis que Yohan, amusé, lui lance un regard malicieux.
— J'prends les bleus, lance Mathis
— Pour moi les rouge, ajoute Tom
— Bon alors je s'rais l'équipe noire. Alors, prêt à perdre, mes chers ? s'amuse Yohan, un sourire taquin aux lèvres.
— C’est toi qui vas perdre, réplique Mathis, défiant, un éclat de challenge dans les yeux. Tom, déjà en position de jouer, les regarde en souriant, visiblement ravi par cette ambiance décontractée.
Le jeu commence, l’atmosphère légère et détendue emplit la pièce. Les pions se déplacent sur la carte, les stratégies se forment et se défont. Les rires, les taquineries et les blagues fusent, créant un joyeux tumulte tout autour d'eux. Mais au fond, c’est l’amitié qui lie ce moment, une sorte de bulle douce et intemporelle, à l’abri des préoccupations du monde extérieur. Un instant volé dans le temps, où chaque mouvement sur la carte n’est qu’un prétexte pour partager un peu plus de fraternité et d’humour….
Tom, les yeux pétillants de sincérité, se tourne vers Yohan, son sourire se faisant plus doux :
— Sans vous embêter, plus je vous regarde, plus je suis empli d’une joie immense pour mon petit frère... Merci, Yohan, d’éclairer si radieusement sa vie...
Le ton est léger, mais les mots résonnent avec une profondeur inattendue. Mathis, un peu gêné mais touché par l'attention de son frère, baisse légèrement la tête, un sourire timide flottant sur ses lèvres. Yohan, visiblement ému mais conservant cette fois ce regard malicieux qui lui est propre, répond d’une voix calme et pleine de chaleur :
— C’est un plaisir, Tom. Mathis me rend plus heureux que je n’aurais jamais cru pouvoir l’être.
Les deux garçons se regardent, les yeux rempli de gratitude et d'affection. Tom, dissimulant une certaine contemplation, reprend alors d’un ton plus léger :
— Eh bien, je crois que tout est dit. Si vous êtes heureux, alors je l'suis aussi. Allez, on joue ou quoi ?
Le moment, subtil mais puissant, passe rapidement, mais il laisse derrière lui une sensation douce, un peu comme une caresse discrète qui lève le voile sur une complicité bien plus grande qu’un simple jeu de société et tout a été dit dans ces quelques mots. La légèreté du moment reprend le dessus. Les trois amis, un sourire complice aux lèvres, se plongent dans leur partie avec une énergie nouvelle. Leurs mains se saisissent des dés et des pions avec enthousiasme, l'esprit de compétition ravivé. Les attaques stratégiques se multiplient, les alliances se forment puis se défont au fil des tours, créant une atmosphère de jeu intense et pleine de rebondissements.
Mathis, déterminé à défendre son territoire, se lance dans une offensive audacieuse, tandis que Yohan ne tarde pas à contrer ses mouvements avec une précision implacable. Tom, assis tranquillement entre ses deux là, observe avec amusement, ne manquant aucune occasion de glisser une remarque taquine.
Les rires fusent à chaque nouvel échec, à chaque petite victoire ou petite défaite. Les enjeux deviennent importants au fur et à mesure qu'ils rentrent dans la partie, mais l’ambiance reste joyeuse.
La partie s’étire, le jeu s’intensifie, et au fil du temps, l’atmosphère devient de plus en plus animée. Les stratégies se peaufinent et un sentiment de suspense s’installe peu à peu. Chaque mouvement devient crucial, et les pions semblent s'animer sur la carte, témoins des batailles invisibles qui se livrent dans l’esprit des trois joueurs.
Finalement, c’est Tom qui prend le dessus. Avec une série de mouvements habiles et une chance inouïe, il parvient à chasser tour à tour les armées de Mathis et de Yohan. À chaque déploiement, son empire s’étend, et ses adversaires, bien que déterminés, doivent céder face à l'inévitable progression de son attaque.
Mathis et Yohan, bien que mordus par l'envie de gagner ont conscience que la victoire de Tom n’est pas seulement un signe de sa stratégie fine, mais aussi le fruit de cette compétition amicale et chaleureuse qui les lie tous les trois.
Alors que Tom place son dernier pion sur la carte, annonçant sans cérémonie sa victoire, Mathis et Yohan éclatent de rire, saluant sa performance.
— Félicitations, vieux, tu as gagné, dit Mathis en levant les mains en signe de reddition.
— Tu nous as bien eu, rajoute Yohan en souriant, un peu amusé, mais sincèrement impressionné.
Tom, fier de sa conquête mais toujours aussi taquin, se laisse tomber en arrière, les bras en croix.
— C’est comme ça qu’on fait, les gars, dit-il avec un grand sourire. Mais j'vous préviens, la revanche, ça s'ra pour bientôt.
Les trois se laissent envahir par un dernier éclat de rire, savourant la fin d’une partie qui, bien plus qu’un jeu, a renforcé leur complicité et leur amitié.
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