67. Tous à la piscine !

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Ils descendent alors les escaliers, main dans la main, leur appréhension dissimulée sous une détermination nouvelle. Arrivés en bas, le murmure des conversations matinales les atteint, mêlé à l’odeur chaude des croissants et du café.

En franchissant le seuil de la pièce principale, tous les regards se tournent vers eux. C’est un moment où chacun jauge l'autre et attend sa réaction, un moment où chacun attend que la glace soit brisée mais par l'autre. Mathis serre un peu plus fort la main de Yohan. Pour eux, se présenter ainsi main dans la main est une preuve de courage et leur manière de leur dire : Oui, on s'aime … et … alors ?

Tom, ce grand frère protecteur le remarque immédiatement et ne veut pas laisser le silence réduire leur effort. Debout près de la table,il leur adresse un large sourire et s'évertue à mettre tout le monde à l'aise :

— Enfin ! J’allais envoyer une équipe de secours. Vous avez raté les croissants chauds, mais il reste du café.

Des rires légers éclatent autour de la table, dissipant la tension. Mathis sent son cœur se relâcher. C’est comme si tout le monde avait décidé, en silence, de leur offrir un accueil simple et sans jugement. Monique leur tend deux tasses, et Claude pousse une chaise avec un sourire chaleureux.

— Venez, installez-vous. Vous devez avoir faim. Ton frère te taquine, bien sûr qu’il reste des croissants, dit Monique en souriant. Ta grand-mère aurait été capable de tuer pour t’en garder de côté, ajoute-t-elle, un clin d’œil complice illuminant son visage.

Un léger éclat de rire parcourt la table, et Mathis sent un poids supplémentaire se détacher de ses épaules.

Les deux jeunes hommes échangent un regard qui en dit long avant de s’asseoir. La chaleur de l’accueil, l’odeur réconfortante des viennoiseries et du café, la familiarité des visages autour de la table : tout cela leur donne un sentiment de paix qu’ils n’auraient pas cru possible la veille. À ses côtés, Yohan serre toujours sa main sous la table, un geste discret mais rempli de soutien.

Claude, observant son fils avec une affection retenue, brise le silence :

— Alors, bien dormi ?

— Très bien, papa, répond Mathis, sa voix un peu hésitante mais sincère.

— Tant mieux, répond Claude. Aujourd’hui est une belle journée.

Un nouveau jour, en effet. Mathis le sent, profondément. Un jour où l’amour, sous toutes ses formes, prend enfin sa place naturelle dans cette maison. Tout semble enfin dissiper les tensions de la veille.

Le petit déj' se termine et tous remercie leurs hôtes. Jacques, un sourire affiché sur le visage, se lève brusquement de sa chaise et claque dans ses mains pour attirer l’attention de tous :

— Bon, écoutez-moi, les sportifs, les marmottes et les autres… Il fait un temps superbe, l’eau est à 29°, j’ai vérifié le chlore et le pH ce matin : tout est parfait. Alors voilà ce que je propose… on enfile nos maillots, et on se retrouve tous à la piscine !

Un éclat de joie traverse la table. Madeleine, pourtant la plus âgée, est la première à s’exclamer :

— Eh bien, c’est une excellente idée, Jacques ! Avec cette chaleur, ça ne peut pas faire de mal de piquer une tête.

— Et toi, Tom ? Tu te charges des bombes dans l’eau ou tu laisses ça à Mathis cette fois ? plaisante Claude, déclenchant un rire général.

Mathis, vers qui les regards attentifs se tournent naturellement, prend la parole avec un sourire en coin :

— Si Yohan est partant, moi aussi, dit-il en lançant un coup d’œil complice à son amoureux.

— Partant ? À 29°, j’y suis déjà … enfin … presque ! répond Yohan, déjà sur le point de se lever.

Rapidement, les chaises raclent, et chacun se lève dans une joyeuse effervescence. Les enfants courent déjà vers les chambres pour enfiler leurs maillots, pendant que les adultes débarrassent la table.

— Attention, prévient Jacques, je veux voir des plongeons dignes des Jeux olympiques, sinon, pas de barbecue ce midi !

L’atmosphère légère et complice revient en un instant, portée par cette promesse de détente partagée. La piscine attend, et avec elle, un moment d’unité et de rires à savourer sous le soleil estival.

La piscine devient rapidement le théâtre de la matinée parfaite. Sous le soleil éclatant, l'eau scintille comme une invitation irrésistible. Les premiers à arriver, les enfants, plongent avec des éclats de rire, envoyant des éclaboussures dans toutes les directions. Jacques, en maître de cérémonie, observe depuis le bord, un sifflet en plastique à la main, jouant à l’arbitre des plongeons improvisés.

— Attention, tout le monde ! On commence le concours de plongeons ! Qui veut défier le maître du "couteau parfait" ? lance-t-il en gonflant la poitrine, déclenchant des rires.

Tom ne résiste pas au défi et se hisse sur le plongeoir. Avec une concentration exagérée, il mime un athlète olympique avant de sauter… dans une bombe éclatante qui éclabousse tout le monde, y compris Madeleine, tranquillement installée sous un parasol.

— Oh, celui-là, il va le payer ! s'exclame la grand-mère, levant une main menaçante mais rieuse.

Mathis et Yohan, arrivés entre-temps, se joignent à la compétition, encouragés par des applaudissements. Mathis, malgré ses hésitations initiales, réalise un plongeon gracieux qui surprend tout le monde.

— Eh bien, petit frère, tu nous cachais ça ! s’exclame Tom.

Yohan, lui, opte pour un plongeon maladroit mais hilarant, déclenchant des éclats de rire général.

Pendant ce temps, sous les parasols, Monique et Thérèse discutent tranquillement, sirotant une limonade fraîche. Claude, les pieds dans l’eau, fait tournoyer un ballon que les enfants réclament bruyamment. Il le lance dans la piscine, déclenchant une partie improvisée où adultes et enfants s’affrontent dans un joyeux désordre.

— À qui le prochain point ? rugit Jacques, gonflé d'enthousiasme en se joignant à l’équipe des plus jeunes.

Madeleine, toujours installée dans un transat, surveille la scène avec tendresse. De temps à autre, elle tend une serviette ou ajuste un chapeau pour éviter une insolation.

Plus tard, alors que la chaleur monte, certains choisissent le farniente. Monique s’allonge dans un transat, un roman à la main, pendant que Mathilde et Juliette discutent tranquillement en trempant leurs pieds dans l’eau. Tom et Yohan s'éclipsent un instant pour préparer un plateau de fruits frais et des boissons qu’ils déposent près des parasols, ravis de contribuer à cette matinée idyllique.

Des rires fusent, des jeux d’eau éclaboussent encore, et au-dessus de tout cela, le soleil continue de briller sur cette famille enfin en paix, profitant de la douceur de ce matin joyeux.

Marie, les mains sur les hanches, observe les enfants en train de jouer près de la piscine, un sourire amusé sur le visage. Elle secoue doucement la tête, sachant qu'il est grand temps de se mettre à table.

— Hé, mes petits nageurs, c’est le moment de sortir de l’eau et de laisser sécher vos maillots, annonce-t-elle d’une voix joviale mais autoritaire. Le repas est pour bientôt, et on ne veut pas faire attendre le barbecue de Papi, alors filez m’aider un peu !

Les jeunes et les moins jeunes laissent là leur occupations et quittent le coin piscine. Ils se dirigent vers le jardin, sous l'ombre du grand chêne où la table a été installée. Jacques, tel un chef d'orchestre, ajuste avec soin les braises du barbecue, un large sourire aux lèvres et un tablier humoristique qui porte fièrement l’inscription : Chef des grillades.

— Attention à vos assiettes, je ne tolérerai aucun faux pas, prévient-il d'un ton solennel, brandissant une pince, tout en lançant un regard complice à Claude, qui s’apprête à l'aider. Pas question de servir des merguez carbonisées, hein ?!

À proximité, Monique et Madeleine s’affairent près de la cuisine extérieure, découpant des légumes frais et préparant une grande salade de pommes de terre qui emplit l'air d'une douce odeur de vinaigrette. Juliette et Mathilde arrivent en courant avec des assiettes et des couverts, prêtes à installer la table. De leur côté, Tom et Yohan ont fait un petit détour par la cave pour récupérer les boissons, ramenant des bouteilles de jus de fruit et de rosé bien frais.

— Tout est presque prêt, annonce Tom en passant un torchon sur son épaule. Mathis, tu peux dresser les serviettes avec Quentin, s’il te plaît ?

Mathis, tout sourire, hoche la tête et avec Quentin il plie soigneusement les serviettes. Mathis lui montre comment faire un pliage simple et rapide qui est sobre et beau : la pochette. Ils les garnissent d'un ou deux épis de blé et commencent à les disposer dans chaque assiette avec soin. Les enfants, appelés à l’ordre par Marie, secouent la tête, les gouttes d'eau tombant de leurs cheveux, avant de se précipiter vers la maison pour se changer rapidement.

— Dans dix minutes, tout le monde à table ! lance Jacques, satisfait en ajustant une brochette sur le grill. Les braises crépitent et l’odeur délicieuse des grillades envahit déjà l’air, suffisant à mettre tout le monde en appétit.

Les rires des jeunes qui chahutent dans le jardin, résonnent joyeusement pendant que les adultes finissent de dresser la table, ajoutant des petites touches de couleur avec des fruits coupés, des sauces et du pain fraîchement cuit.

Lorsque tout est enfin prêt, Jacques annonce triomphalement que la première fournée de grillades est prête. La table s'emplit en quelques secondes de toute la famille, impatiente de savourer les merveilles du barbecue. L'été, avec ses journées sans fin et ses instants de pur bonheur, semble bénir cette réunion de famille, remplie de rires et de chaleur, les âmes apaisées et réunies autour d’un repas simple mais délicieux.

La table est un véritable festin, débordant de plats et de sourires. Les éclats de rire fusent de tous côtés tandis que Papi, le roi incontesté du barbecue, se fait une fois de plus remarquer pour ses talents de grilleur. Les ados, particulièrement, n'hésitent pas à le complimenter bruyamment.

— Papi, t'es vraiment le roi de la grillade ! s'exclame Mathis, les yeux pétillants de fierté.

— Oui, c'est sûr ! T'es le meilleur, Papi ! renchérit Yohan, avec un grand sourire.

Les adultes acquiescent, plaisantant entre eux tout en savourant chaque bouchée.

— Et Mamie, elle, ses salades sont divines, ajoute Juliette, en avalant une bouchée de salade de pommes de terre.

Tout le monde rigole et se régale à l’unisson. Le repas se transforme en un moment de franche camaraderie, où chacun semble pleinement savourer la chance de se retrouver ensemble, au cœur de cette journée ensoleillée. Les grillades sont parfaites, la salade est fraîche et les rires d’enfants se mêlent aux discussions animées des adultes.

Une fois le déjeuner terminé, et après avoir partagé quelques anecdotes et éclats de rire, les derniers morceaux de gâteau de la veille sont servis.

— Allez, un petit café ? propose Jacques, en se levant pour aller préparer les tasses.

— Oui, oui, allons-y, répond Monique en se levant aussi, un léger sourire aux lèvres. On a bien besoin d'un café pour digérer tout ça !

Les tasses sont vite servies et tout le monde prend un dernier moment pour savourer cette chaleur conviviale, la douceur de l'instant. Puis, peu à peu, l'excitation de la matinée cède la place à une douce torpeur.

Certains partent se reposer à l'intérieur, d’autres filent s'allonger dans les hamacs du jardin, bercés par la brise légère et le chant des oiseaux. Le calme s’installe peu à peu, tandis que tout le monde se laisse aller à une sieste bien méritée.

Mathis et Yohan, après avoir partagé un moment agréable autour du déjeuner, décident de s’échapper un instant pour profiter de la quiétude de la campagne. Loin de l’agitation de la maison, ils s’aventurent dans les champs voisins, main dans la main, savourant la douce chaleur de l’après-midi.

Ils marchent tranquillement à travers les prairies, les pieds effleurant l’herbe haute, jusqu’à ce qu’ils arrivent devant un champ de maïs. Les grandes tiges, d’un vert éclatant, forment un rempart naturel, offrant une intimité parfaite pour ceux qui cherchent un peu d'isolement. Ils se glissent alors à l’intérieur du champ, se laissant envelopper par l’ombre des plantes, où la lumière filtre doucement à travers les feuilles.

L’endroit est tranquille, presque magique. Un silence apaisant règne autour d’eux, seulement perturbé par le léger bruissement du vent dans les tiges de maïs. Mathis et Yohan s’arrêtent, ils se font face. Mathis met ses bras autour du coup de Yohan qui le prend par les hanches. Ils s'observent sans rien se dire juste un sourire qui dit tout.

Sans un mot de plus, Mathis se rapproche de Yohan, son cœur battant plus fort à chaque pas. Yohan, tout aussi attentif, l’attire doucement vers lui en joignant les mains derrière son dos pour resserrer son étreinte. Leurs lèvres se rencontrent, d’abord doucement, puis avec plus d’intensité. Leur baiser devient plus passionné, un échange de tendresse et de désir, loin des regards, loin des préoccupations du monde extérieur qui ne leur est pas que favorable.

Dans ce champ, à l’abri des regards, le temps se suspend. Les deux jeunes hommes se laissent aller, oubliant tout ce qui pourrait les tourmenter. Ils sont l'un et l'autre tout ce qu'ils souhaitent, tout ce dont ils ont besoin.

Finalement, après un long moment passé à savourer ce moment rien qu'à eux, à l'écart, ils s’éloignent doucement du champ, main dans la main, le cœur serein, prêts à retourner parmi leurs proches.

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