La Proposition.
Ce matin-là, Claude se réveille de bonne heure, l'esprit préoccupé par l'invitation inattendue de son grand patron à un déjeuner dans un restaurant de renom. La destination choisie n'est pas un lieu ordinaire, mais plutôt un établissement chic, bien plus luxueux que d'habitude : La Tour d'Argent, un emblème de la haute gastronomie parisienne, offrant une vue imprenable sur la Seine et une atmosphère où l'élégance est de mise. Cette attention particulière ne passe pas inaperçue pour Claude, et l’idée qu’un événement majeur puisse être à l’ordre du jour lui traverse l'esprit. Les repas d'affaires sont fréquents dans son métier, mais celui-ci semble revêtir un enjeu plus important, un changement peut-être... Cela le pousse à se demander : quel pourrait bien être ce sujet hors du commun qui nécessite un cadre aussi prestigieux ?
Conscient que sa nuit est terminée, il se lève tôt. Cela lui permet de prendre le temps de se préparer pour soigner encore davantage sa présentation. Aussi, il s'occupe de Tom avec une attention méticuleuse, l’habille soigneusement, lui donne son petit déjeuner. Chaque geste est empreint d'affection et de calme, comme une routine matinale qu'il chérit. Une fois prêt, il se penche pour donner un dernier baiser à son épouse :
— Bonne journée mon amour, lui glisse-t-il dans ce moment.
Elle lui répond :
— A toi aussi mon chéri, tu es magnifique, ton patron sera sous le charme !
Puis, il se met en route avec son fils pour la crèche. En chemin, Claude prend un moment pour porter Tom dans ses bras, savourant cet instant de complicité. Il se presse légèrement, veillant à ne pas être en retard, mais son esprit est très préoccupé par ce déjeuner, ce matin-là. Arrivé à la crèche, l’ambiance est familière. Les éducatrices, habituées aux départs matinaux, ne manquent pas de remarquer l'élégance de Claude, encore plus soignée que d’habitude. Malgré sa prestance, Claude laisse transparaître une légère nervosité. Il s'agenouille devant Tom, lui offrant un baiser rassurant, un geste tendre qu'il réserve à son fils chaque matin, avant de lui murmurer doucement :
— Passe une bonne journée, mon chéri. Maman viendra te chercher après ses cours, et moi, je vous rejoins ce soir pour le dîner.
L'attachement entre père et fils est évident dans ce moment intime, un instant de douceur dans la frénésie d’une journée qui s'annonce chargée. Mais au-delà de cette scène pleine de tendresse, Claude ne peut toujours pas s'empêcher de penser à ce déjeuner qu’il doit partager avec son patron dans un lieu prestigieux comme La Tour d'Argent. Ce rendez-vous, bien que professionnel, semble revêtir une importance particulière, et il peine à masquer l'agitation intérieure que cela suscite chez lui.
Une fois au bureau, il essaie de se plonger dans des dossiers urgents et vérifie l’avancement des projets en cours. Mais, l'invitation de son patron ne cesse de peser dans ses pensées, comme une énigme dont il cherche la clé.
Le déjeuner approche. Cette fois, plus de retour en arrière possible, il va enfin savoir s'il a eu raison de lui accorder autant d'importance. Claude se rend dans le prestigieux restaurant du centre-ville, un établissement habituellement fréquenté par les hauts dirigeants, un lieu où les grandes personnalités du secteur se retrouvent. Bien qu’il tente de garder son calme, il sent que ce déjeuner pourrait être un tournant pour sa carrière. Le grand patron, connu pour sa discrétion et son implication dans les affaires, ne convie ses collaborateurs dans des lieux aussi prestigieux que La Tour d'Argent que dans des circonstances spéciales. L’invitation d’hier a fait naître en Claude une incertitude : un changement de rôle ? Un nouveau projet excitant ? Ou une autre annonce qui pourrait bouleverser ses repères professionnels ?
Claude prend une profonde inspiration en franchissant le seuil du restaurant, un lieu raffiné où, pour Claude, l’air semble saturé de l’anticipation d’une conversation importante. L’ambiance, à la fois détendue et formelle, donne le ton d’un déjeuner qui s’annonce bien plus significatif que ceux auxquels il est habitué. Les invités arrivent progressivement, chacun semblant ajuster ses mots et son rythme, comme si chaque instant comptait. Claude, cependant, reste marqué par un doute persistant, incapable de saisir pleinement l’enjeu de ce moment.
Assis face à son patron dans ce cadre somptueux, il ne peut s’empêcher de ressentir un mélange de nervosité et d’honneur. Le décor élégant, presque solennel, semble souligner le sérieux de ce déjeuner. Le grand patron, bien que décontracté et jovial, garde ses habitudes : il savoure le repas avec une lenteur tranquille, appréciant les mets et les vins fins avant d’entrer dans le vif du sujet.
Claude hésite, cherchant à décrypter le moindre détail. Le patron repose son verre de vin, un sourire bienveillant aux lèvres.
— Alors, Monsieur Durieux, dites-moi. Que pensez-vous de ce lieu ? commence-t-il d’un ton décontracté.
Claude s’éclaircit la gorge, un peu pris au dépourvu.
— C’est un endroit impressionnant, Monsieur le Président, idéal pour accueillir des clients importants et marquer les esprits.
Le patron apprécie sa clairvoyance, un éclat amusé dans les yeux.
— Prestigieux, en effet. Mais ce n’est pas le décor qui compte, c’est l’expérience. Il faut savoir apprécier les choses, qu’elles soient simples ou grandioses. Vous êtes d’accord ?
Claude acquiesce, même si son esprit reste concentré sur le sous-entendu qui pourrait se cacher derrière ces paroles. Le patron s’appuie légèrement en avant, son ton devenant plus sérieux.
— Vous êtes un homme ambitieux, n’est-ce pas ?
Claude sent une légère montée d’adrénaline. Il réfléchit un instant avant de répondre.
— Je... Je dirais que oui, Monsieur le Président. J’aime les défis, et je fais de mon mieux pour être à la hauteur.
Le patron sourit de nouveau, mais cette fois, son regard est scrutateur.
— C’est exactement ce que j’aime chez vous. Vous ne reculez pas devant les responsabilités.
Un silence s’installe, juste assez long pour que Claude se demande où cette conversation mène. Le serveur apporte un plat, et le patron en profite pour reprendre un ton plus léger, laissant Claude encore plus dans l’expectative tandis qu'il déguste et reprend sa conversation précédente avec son directeur des ressources humaines sur les effectifs de l'entreprise...
Après avoir fini son plat, le patron repose ses couverts avec nonchalance, et, tout en souriant, se tourne de nouveau vers lui.
— Claude, je peux vous appeler ainsi, n’est-ce pas ?
— Bien sûr, Monsieur le Président, répond Claude, sa voix maîtrisée trahissant néanmoins une légère tension.
Un petit rire complice s’échappe du patron, qui poursuit avec un regard plus perçant.
— Alors, je suppose que vous êtes curieux de savoir ce que j’ai à vous proposer… Voici donc ma proposition. J’ouvre une nouvelle succursale à Reims, une ville en plein essor, avec un secteur en pleine transformation.
Claude écoute attentivement, sentant que la conversation prend un tournant décisif. Le patron marque une pause, laissant ses mots s’installer dans l’air, presque comme une promesse.
— J’aimerais que vous en preniez la tête.
Le silence s’installe. Claude reste un instant sans voix, surpris par une proposition à laquelle il ne s’attendait pas. Les yeux de son patron, perçants et confiants, l’observent attentivement, cherchant à lire la moindre réaction.
— Ce secteur est en pleine effervescence, dit le patron. Pour rester réactifs et compétitifs, j’ai besoin d’un leader et à la fois un homme de terrain. Et mon DRH me dit que c’est vous, Claude. Il ne se trompe pas, n’est-ce pas ?
Claude se redresse légèrement dans son siège, prenant un instant pour réfléchir. L’offre est audacieuse, et il comprend que cette proposition pourrait changer le cours de sa carrière. Cependant, au-delà de l’opportunité professionnelle, un autre dilemme se profile dans son esprit. Reims, cette ville dynamique, offre un immense potentiel, mais le prix à payer pourrait être élevé. Un déménagement, une surcharge de travail, des déplacements fréquents… La séparation avec sa famille, en particulier Monique et Tom, deviendrait inévitable. L’équilibre qu’il a construit à Paris pèse lourd dans ses pensées.
Il se force à ne rien laisser paraître, cachant son trouble derrière une expression calme. Mais la réalité est là : il n’a pas d’autre choix. Refuser serait faire un affront intolérable au grand patron. La pression du regard de ce dernier, la certitude de ce qui est attendu de lui, rendent sa réponse inévitable. Mais, accepter cette promotion, aussi tentante soit-elle, signifie une série de sacrifices personnels. Il aimerait pouvoir s'en entretenir avec Monique mais dans ce monde machiste, il sait que demander ce temps serait pris comme un aveu de faiblesse. Les pensées se bousculent dans sa tête mais il s’accroche à l’idée que Monique comprendra, qu’elle saura qu’il a agi pour leur avenir, pour la sécurité de leur famille, même si cela implique de bouleverser leur quotidien.
— Je suis honoré, Monsieur le Président, dit-il enfin, après un moment de réflexion.
Le patron sourit, satisfait de la réponse.
— Je savais que vous comprendriez. Ce ne sera pas aisé, mais je crois que vous avez ce qu’il faut pour réussir. La région se transforme, et nous devons être présents avec force. Si vous acceptez, bien entendu.
Claude, tout en pesant encore les implications de la décision, se laisse emporter par l’idée du défi à venir. Reims semble offrir une opportunité exceptionnelle, mais dans son esprit, il ne pense qu'à sa famille, à Monique et Tom, et au bouleversement que cette nouvelle aventure provoquerait dans leur vie. Cependant, il n’a jamais été du genre à reculer. La décision se fait maintenant, il n'a pas d'autre choix.
— Comptez sur moi pour me montrer à la hauteur de la confiance que vous m'accordez, Monsieur le Président, dit-il, plus assuré que jamais. J’accepte.
Le patron tend la main pour sceller l’accord, un geste solennel qui marque le début d’une nouvelle étape dans la carrière de Claude. Ce qui l'attend, cependant, est plus complexe. Il sait que cette décision ne se limite pas à la sphère professionnelle. Elle aura des répercutions importantes déjà dans sa vie personnelle, avec les sacrifices inévitables qui l’accompagnent. Et la première discussion qu’il devra avoir avec Monique en est la clé.
Le soir, lorsque Claude rentre chez lui, la routine affectueuse et chaleureuse de son retour n'a pas changé. Dès qu'il pousse la porte, Tom, dans une effusion de joie, se précipite dans ses bras. Le petit garçon, tout sourire, prononce avec enthousiasme son "Papa !" qui réchauffe instantanément le cœur de son père. C'est un moment qu'il chérit, une preuve d'amour simple et directe. Puis, Monique, qui le rejoint avec un sourire, l'embrasse chaleureusement. Cependant, elle perçoit immédiatement un trouble dans son regard, une gêne qu'il ne parvient pas à dissimuler. Elle s'inquiète immédiatement de cette étrange tension.
Claude hésite un instant, cherchant les bons mots. Finalement, il l'invite à s'asseoir près de lui sur le canapé du salon. Il sait que ce qu'il va lui annoncer changera le cours de leur vie. Les paroles sont difficiles à formuler, mais il décide de lui dire la vérité sans détour. La proposition qu'il a reçue est bien plus qu’une simple promotion ; c’est un tournant décisif dans sa carrière.
— Ce fameux repas dont je t'ai parlé. C'était bien pour m'annoncer un grand changement, dit-il pour commencer.
— Dis moi Claude, dis moi de quoi il retourne. Cela ne te ressemble pas de tourner ainsi autour de la question. Tu m'inquiètes.
— Désolé, ce n'est pas le but. Je me lance donc, la société ouvre une nouvelle succursale à Reims. Mon patron a pensé que je serai le profil idéal pour en prendre la direction. C'est une occasion rare et prestigieuse, je sais que cela nous éloignera. Il n'y a pas d'autre choix, j'ai dû accepter. Prendre le temps de la réflexion m'aurais été fâcheux. Je suis vraiment désolé de te mettre ainsi devant un fait accompli.
Même s'il en souffre, Claude est contraint de sacrifier une partie de sa vie familiale pour l'avenir professionnel.
Monique qui a écouté attentivement, perçoit la sincérité dans ses paroles et, comme toujours, partage sa douleur et son dilemme. Elle comprend qu'il n'a pas eu d'autre option, que cette décision est nécessaire pour leur avenir, même si elle est difficile à accepter. Leurs vies sont tellement liées, leur complicité est telle qu’elle ressent chaque mot, chaque émotion qui traverse Claude.
Après un moment de silence, Monique prend une décision qui va marquer un tournant dans leur histoire familiale.
— Écoute, on aura pas à vivre séparément, je vais demander une mutation pour te suivre à Reims.
Elle ne peut pas envisager de vivre loin de lui, même à une distance relativement modeste de 150 km et lui explique que la proximité entre les deux villes permettra de revenir régulièrement à Paris, et que Reims, avec son cadre à taille humaine, offrira un environnement plus paisible et rassurant pour leur famille. Elle ajoute qu'il est important qu'ils soient ensemble, face à ce nouveau défi, et qu’elle est prête à faire ce sacrifice pour lui, pour eux.
Cette décision est une preuve d'amour immense, un soutien inébranlable qui témoigne de la force de leur union.
Claude, ému par ce geste de Monique, ressent une immense gratitude et un énorme soulagement. Ensemble, comme toujours, ils font face à la situation, main dans la main, prêts à surmonter les défis qui les attendent.
Pour annoncer la nouvelle à ses propres parents, Claude opte pour la simplicité d’un appel téléphonique. Leur réaction est sans ambiguïté : la nouvelle les ravit, la situation les rapproche, et de plus, la promotion de Claude est une belle ascension sociale. Cependant, l’annonce à ses beaux-parents s’annonce plus délicate. Pour Paul et Madeleine, ce changement signifie un éloignement, une rupture du quotidien familial parisien. Ils décident donc de partager cette nouvelle au cours d’un déjeuner, dans l’intimité d’un repas dominical, afin de mesurer au mieux la portée de l’annonce.
Le dimanche, l’appartement parisien de Monique et Claude baigne dans la lumière douce et apaisante de l’après-midi. La table, simple mais soigneusement dressée, regorge de plats faits maison, témoignant de leur goût pour une convivialité discrète. Pourtant, ce repas, habituellement sans enjeux, est empreint d’une intensité nouvelle, comme une préparation à une révélation importante. Claude et Monique ont convié Paul et Madeleine, les parents de Monique, à partager ce moment particulier. Bien que l’atmosphère semble détendue en surface, une tension sous-jacente est palpable, chacun sentant que l’instant a une portée bien plus grande que le simple plaisir d’un déjeuner en famille.
Claude, après quelques échanges légers, prend la parole pour exposer l'opportunité qui se présente à lui. Il explique avec calme et sérieux que sa carrière connaît un tournant décisif : il a été proposé de prendre la tête d'une nouvelle succursale à Reims. Il met en avant les avantages financiers indéniables et l'impact positif que ce projet pourrait avoir pour l'avenir de la famille.
— C’est une chance incroyable, commence Claude, cherchant à alléger la gravité de la situation. Mon salaire va considérablement augmenter, et cette position à Reims offre de belles perspectives. C’est une occasion qu’on ne peut pas laisser passer.
Paul, le père de Monique, hoche la tête lentement, tout en exprimant ses inquiétudes. Il comprend la portée de l’offre, mais se soucie des conséquences pour sa fille.
— Oui, je vois bien que c’est une grande opportunité pour toi, Claude, mais pour Monique, ça va être un changement difficile. Elle a sa vie ici, et elle enseigne à Louis-le-Grand, un établissement prestigieux. Reims, même si c’est une ville agréable, est-elle à la hauteur de ses attentes professionnelles et personnelles ? Et pour Tom, que va-t-il faire de ses journées là-bas ?
Monique répond doucement, mais fermement, prenant en compte les préoccupations de son père. Elle sait que ce n’est pas une décision facile, mais elle est prête à l’assumer.
— Papa, je comprends ta préoccupation, mais Reims n’est qu’à 150 kilomètres de Paris. Nous pourrons revenir régulièrement. Quant à Tom, qui est encore tout petit, je suis convaincue qu’il s’adaptera facilement. Au contraire, je pense que c’est le moment idéal pour ce changement. Et pour moi, je suis prête à m’investir dans cette nouvelle vie. Après tout, c’est notre avenir à tous les trois qui est en jeu.
Claude soutient ses paroles d’un regard plein de certitude.
— L’important est qu’on soit ensemble. Oui, cela impliquera des sacrifices, mais je suis convaincu que c’est ce qui est le mieux pour notre famille à long terme.
Paul, bien qu'encore préoccupé, se montre plus conciliant, comprenant peu à peu les raisons de leur choix.
— C’est une belle chance pour toi, Claude, je le vois bien. Mais je vais me faire à l’idée. L’essentiel, c’est que vous soyez heureux et que vous puissiez gérer ce changement. Pour toi, Monique, ce ne sera pas facile de quitter Paris et tout ce que tu as ici, mais je te soutiens, et j’espère que Reims pourra t’apporter satisfaction dans ton travail comme dans ta vie personnelle.
Ces mots, bien que teintés d'inquiétude, témoignent de l'acceptation progressive de la décision. Les parents de Monique, malgré leurs réticences, comprennent qu'il s'agit d'un projet réfléchi et qu'ils n'ont d'autre choix que de soutenir leur fille et son mari.
Reims, bien que loin de Paris, deviendra un nouveau chapitre de leur vie qu'ils espèrent plein de nouvelles opportunités. Mais pour l'heure, ils sont soulagés, la famille entière est informée de leur projet.
Un soir de juin, ils prennent soin de coucher Tom. Puis, tout en admirant la vue qui s'étend au-delà de la fenêtre, sur les toits parisiens, ils s'abandonnent à un moment de calme et de plaisir.
Dans la lumière tamisée de la soirée, ils se tiennent là, côte à côte, le regard perdu dans l'horizon parisien pour profiter de ces derniers moments dans ce décor si familier. Le murmure des rues, les toits de la ville qui se dessinent sous le ciel crépusculaire, sont comme le fond sonore d'une scène pleine d'émotions. Lentement, Claude se rapproche de Monique. Il se presse contre elle tandis qu'il lui murmure des mots d'amour à l'oreille. Leur respiration se fait plus intense, un souffle partagé qui révèle un désir silencieux, mû par une confiance totale.
Les vêtements glissent lentement, sans hâte, dévoilant plus que la peau, l'union de leurs âmes, complices dans cette quête de proximité. Ils s’enlacent, le monde extérieur devenant une lointaine abstraction, tandis que la chaleur de leurs corps se mêle à celle de la pièce. Chaque baiser, chaque mouvement, semble prendre part à un équilibre parfait, où l’intensité du moment n’est pas seulement physique, mais une communion de pensées et de sensations, partagée avec harmonie.
Monique s'assoit doucement sur la table de la cuisine, ses yeux cherchant ceux de Claude. Le léger éclat de la lumière venant de la fenêtre éclaire leur visages, créant une atmosphère intime. Claude s'approche, ses pas lents, ses gestes mesurés, comme s'il voulait prolonger l'instant. Il s'arrête juste en face d'elle, leur proximité palpable, un frémissement de tension suspendu dans l'air entre eux.
Leurs regards se fondent, et dans cet échange, le désir se fait sentir, une compréhension mutuelle, une invitation à l'amour. Chaque respiration, chaque mouvement prennent part à cette déclaration, un échange où les gestes prennent le relais des mots. Leurs mains se joignent doucement, et l'espace entre eux s'éteint peu à peu, leur présence se fondant l'une dans l'autre. Claude, avec une douceur infinie, s'approche lentement, son regard capturant celui de Monique, comme s'il cherchait à lire dans ses yeux chaque pensée de son désir secret. Un souffle léger s'échappe d'elle, un frémissement qui traduit l'anticipation d'un moment longtemps attendu. Dans le silence de la pièce, leurs corps s'unissent, chaque mouvement se fait doux, harmonieux. Monique, son regard plein de confiance et de désir, l'accepte pleinement, un souffle lourd s'échappant d’elle, comme un écho à la connexion qui naît entre eux. Leurs corps se rencontrent avec une telle douceur, que l’intensité du moment amplifie chaque frôlement, chaque mouvement en un échange profond de plaisir. L’étreinte entre eux se fait de plus en plus profonde, les gestes deviennent plus pressants, leurs respirations s'intensifient, résonnant dans l’air comme un écho de leur union. Chaque caresse, chaque effleurement semble propulser le moment dans une dimension où le temps s'efface, où leurs corps se répondent avec une synchronisation parfaite.
Leurs corps, en osmose, se laissent porter par l'ardeur du désir, s’ouvrant l’un à l’autre dans une danse puissante. Dans un élan de passion incontrôlable, leurs baisers deviennent plus pressants, leurs gestes se mêlant dans une folie douce et délicieuse. Ils s’abandonnent à cet instant, sans retour, où le désir atteint son apogée, traversant leurs corps d'une onde de plaisir irrépressible. Dans un cri étouffé partagé par les deux amants, l’étreinte finale résonne comme le chant rugissant du plaisir échangé.
Sans en avoir pleinement conscience, ils viennent de semer une nouvelle graine de leur histoire commune, un moment de création, de fusion, qui ressert encore le lien qui les unit. Le fruit de cette union, bien qu’encore invisible, s’inscrit déjà dans leur avenir, l'empreinte de cette nuit se propageant bien au-delà de l'instant vécu.
La petite famille accueille avec joie la nouvelle de la mutation de Monique au lycée Jean-Jaurès. Elle aura l'opportunité d'y enseigner le français en classe préparatoire Hypokhâgne et Khâgne, un poste prestigieux qui correspond à son profil. Cet été là, juste après avoir célébré le deuxième anniversaire de Tom, ils s'activent à préparer leur déménagement. Ils finissent d'emballer les cartons, et, à la mi-août, ils quittent Paris pour s'installer à Reims, où Claude prendra ses fonctions de directeur général de la succursale. C’est un nouveau chapitre qui commence pour eux, un mélange d'excitation professionnelle et de défis personnels.
Tout commence pour le mieux. La famille découvre Reims, une ville où l'histoire et le patrimoine se mêlent harmonieusement à la vie moderne. Chaque rue semble imprégnée de récits passés, et les monuments emblématiques, tels que la cathédrale, imposent leur majesté. Ce chef-d'œuvre gothique, qui fut le lieu des sacres des rois de France, inspire un respect profond par sa grandeur et sa richesse architecturale. À quelques pas, la basilique Saint-Remi, tout aussi impressionnante, se distingue par son architecture romane et ses jardins verdoyants, parfaits pour la contemplation.
Le canal de l'Aisne à la Marne, qui traverse le cœur de la ville, offre des promenades tranquilles le long de ses berges. Ces moments de calme sont d’autant plus agréables dans le centre-ville, véritable refuge de sérénité, où se trouvent des espaces comme le Manège, la Place du Forum et la Maison de l'Horticulture, au milieu du jardin Pierre Schneiter. Ce lieu, avec ses jardins soignés et ses allées bordées de fleurs, respire la paix et le charme.
La Porte Mars, vestige impressionnant de l'Empire romain, rappelle les temps anciens, tout comme les cryptoportiques de la place du Forum, témoins de l’importance historique de la ville. Le parc Pommery, célèbre pour ses vastes jardins et ses caves qui abritent le champagne de renommée mondiale, offre une magnifique escapade, où nature et histoire se rencontrent. Reims, ainsi, se révèle être une ville où chaque découverte semble une aventure, et où l'héritage du passé se conjugue parfaitement avec la vitalité du présent.
Bien qu'éloignée de son lycée, la famille opte pour le quartier Saint-Remi, connu pour sa tranquillité et son cadre agréable. Ce choix reflète leur désir de concilier vie familiale et commodités pratiques. Dans une ville très urbanisée, Saint-Remi se distingue par ses vastes espaces verts, offrant aux enfants un cadre propice aux jeux en plein air et aux promenades familiales. Ses commerces de proximité facilitent le quotidien, et ses écoles assurent une éducation de qualité dans un environnement sécurisé.
Le quartier est également desservi par l’un des meilleurs réseaux de transport urbain de France, la TUR (Transports Urbains de Reims), qui relie efficacement tous les coins de la ville. Grâce à ce réseau, Monique et Claude n'ont pas à se soucier des déplacements en voiture, bénéficiant d’un moyen pratique et écologique pour se rendre au travail ou aux activités familiales.
Pour Monique, l'adaptation au lycée Jean-Jaurès se fait au fil du temps. Dès son arrivée, elle ressent que certains de ses collègues, notamment ceux qui connaissent son parcours prestigieux au lycée Louis-le-Grand, ont des préjugés à son égard. Ils l'imaginent peut-être froide ou hautaine en raison de son expérience dans un établissement élitiste parisien, et cela l'agace profondément. Cependant, Monique reste confiante et déterminée à se faire apprécier. Elle sait qu'il suffira de montrer son professionnalisme et sa bienveillance pour que ceux qui ne se laissent pas guider par les apparences reconnaissent sa véritable valeur.
Claude, de son côté, est débordé par son travail. En tant que directeur général de la succursale à Reims, il est constamment en réunion avec les acteurs locaux, les maires, ainsi que les présidents de conseil général et régional. Ces repas d'affaires rythment ses journées, tandis qu'il doit aussi suivre des séances de téléconférence avec le siège parisien pour orchestrer la stratégie de développement de l'entreprise, répondre aux appels d'offres publics et privés, et tisser des liens solides dans le tissu économique local. Les journées sont longues et les responsabilités nombreuses, mais Claude est déterminé à réussir dans ce nouveau rôle, et sa famille le soutient à chaque étape.
Quant à Tom, il s'épanouit dans son nouvel environnement. L'espace supplémentaire de leur appartement F4 sur le boulevard Dieu Lumière est un véritable bonheur pour lui, bien loin de l'exiguïté de l'ancien F2 de la rue Laplace. Il a désormais plus de place pour jouer, explorer, et profiter de sa jeunesse. Le quartier offre également de nombreux avantages, notamment la Halte garderie située juste en face, au centre social Saint-Rémi. Ce lieu est un véritable point de repère pour les parents, offrant à Tom un cadre sécurisé et enrichissant où il peut se mêler à d'autres enfants et développer de nouvelles compétences. De plus, ses parents lui ont trouvé une nounou pour les heures où le centre est fermé. Elle se prénomme Maryse et elle habite un appartement de l'esplanade Fléchambault. La transition vers Reims semble ainsi parfaitement adaptée à ses besoins et à son bonheur.
Les semaines passent rapidement, et au rythme de la nouvelle vie qu'ils se construisent à Reims, un autre changement majeur s'annonce pour la famille. Monique découvre qu'elle est enceinte, une nouvelle qui, loin de perturber l'harmonie de leur quotidien, vient au contraire renforcer le sentiment de stabilité et de bonheur qu'ils éprouvent dans leur nouvel environnement. La perspective de cet agrandissement de la famille ajoute une touche de douceur et d'excitation à cette nouvelle étape de leur vie.
Alors que Claude et Monique se consacrent pleinement à leurs nouvelles responsabilités professionnelles, ils sont également prêts à accueillir ce nouvel enfant qui viendra agrandir leur famille. Cette grossesse est un signe de l'aboutissement d'un chapitre important, et un autre pas vers l'avenir, avec tous ses espoirs et ses promesses.
Cela marque une nouvelle phase dans leur vie de famille, alors que les deux parents anticipent joyeusement l'arrivée de leur futur enfant tout en poursuivant leurs ambitions et en profitant des plaisirs simples d'une vie pleine de découvertes.
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