Enfance et Adolescence.
Ce matin-là, Claude est Tom sont allés chercher Monique et Mathis. De retour à la maison après plusieurs jours passés à la maternité, le bruit familier de la clé dans la serrure est amplifié par l'acoustique résonnante de la cage d'escalier. Monique, un peu fatiguée, mais radieuse, entre doucement dans le salon, portant Mathis dans ses bras, enveloppé dans une couverture douce et légère, comme un petit paquet de tendresse. Le bébé, encore fragile, semble s’endormir en écoutant le rythme régulier du cœur de sa mère.
Monique dépose doucement Mathis dans son petit berceau, un petit sourire illuminant son visage, fatigué mais heureux. Elle s’assoit à côté de lui, savourant cet instant de calme qui précède les bouleversements inévitables de la vie avec un nouveau-né. Tout semble à sa place, ou presque, et la pièce semble respirer une nouvelle énergie, un souffle différent, comme si, en cet instant précis, la maison prenait un nouveau tournant.
Tom, tout excité, s’agite autour d'eux. Ses mains tremblent légèrement alors qu’il tend un doigt vers le bébé, fasciné par la douceur de sa peau.
—Tu sais, il est encore tout petit alors vas-y doucement, mais tu peux lui faire un câlin, lui dit Monique, en lui adressant un sourire tendre, un peu fatigué mais plein d'amour. Elle l'encourage d’un regard rassurant.
Tom hésite, puis se penche doucement, avec une grande délicatesse, et dépose un petit bisou sur la tête de son frère, les yeux pleins d’admiration. Il se redresse et, tout fier :
—Regardez, maman, papa ! Je lui ai donné un petit bisou !
Monique prend une grande inspiration, son regard glisse vers Claude, et elle voit dans ses yeux la même émotion, la même gratitude. Leur famille vient de grandir, et tout à coup, tout prend un sens encore plus profond.
Claude se penche à son tour, avec un soin presque solennel, et caresse le petit bras de Mathis. Le silence de la pièce, ponctué des bruits légers de la respiration du bébé, rend ce moment encore plus magique.
— Il est parfait, murmure-t-il, presque pour lui-même, tandis que son cœur déborde de fierté et de tendresse.
Le regard de Claude se pose sur Tom, qui est désormais assis sur le canapé, un grand sourire aux lèvres, l’air épanoui de celui qui sait qu’il a un rôle à jouer. Un rôle qu’il commence déjà à imaginer, celui de grand frère, de protecteur et d’ami. Ils savent tous deux que Mathis va grandir, qu’il apprendra à marcher, à parler, à rire, et qu’il viendra un jour se mêler à leurs jeux, leurs discussions, et leurs rires.
Pour Monique et Claude, l’arrivée de Mathis transforme leur vie, mais c’est un changement qu’ils attendaient, qu’ils désiraient, et qu’ils accueillent avec toute la douceur et l'amour possible. Tant de choses sont déjà en train de changer. La maison, le salon, tout cela devient un lieu où les souvenirs se tissent. C’est là, au cœur de cet espace simple mais accueillant, que la famille se construit, que les premières étapes de Mathis se feront. Et dans cet instant précis, l'avenir, aussi incertain soit-il, se dessine déjà, joyeux et plein de promesses.
— Ça va être génial, murmure Monique, les yeux plongés dans ceux de Claude. Et dans ce regard, tout est dit.
Les moments de joie s'enchaînent alors que Mathis grandit, un peu plus chaque jour. D'abord, ce sont ses premiers mots. Le tout premier a été pour son frère, ce qui n'est pas étonnant tant Tom est toujours à ses côtés pour s'en occuper. À tel point que ses parents doivent parfois le libérer de son rôle de petit parent pour qu'il puisse se détendre un peu et s'occuper de lui-même. Un après-midi, alors qu'il joue avec Mathis, retournant une boîte à meuh devant ses yeux ébahis, chaque son particulier, chaque éclat de rire partagé provoque une joie sans pareil chez Mathis. Le petit garçon, tout émoustillé, secoue ses bras et ses jambes dans son transat, jusqu'à ce qu'un mot s’échappe soudainement de ses lèvres.
— Tom ! prononce-t-il, d'une voix claire et joyeuse.
Tom s'arrête net, ses yeux s'écarquillant de surprise. Il reste figé un instant, n’arrivant pas à croire ce qui vient de se passer. Puis, un large sourire s’étire sur son visage, et il explose de joie. Il se jette sur son petit frère, l’enveloppant d’un tendre baiser, avant de courir dans tous les sens dans l'appartement pour annoncer à ses parents l'exploit incroyable :
— Maman ! Papa ! Mathis a dit son premier mot ! Il a dit Tom !
Le cœur de Monique et Claude déborde de bonheur à l’entendre. Tom, tout fier de lui, répète inlassablement l’événement, insistant sur le fait que c’est lui, son grand frère, qui a inspiré ce mot magique.
Puis vient le moment où Mathis prononce son premier « Maman ». C’est un matin tranquille, l’air doux et calme, et tout semble parfaitement ordonné dans cette routine familière. Mathis, tout juste éveillé, regarde sa mère, un sourire timide sur les lèvres. D'une voix hésitante, il lâche enfin ce mot :
— Maman…
Ce petit mot, si simple en apparence, bouleverse Monique. Elle reste figée, le souffle court, les yeux brillants d’émotion. Ce moment est bien plus qu’un simple mot : c'est une déclaration d'amour muette, une première reconnaissance, le début d’un lien indestructible. Elle se précipite vers lui, le serrant fort contre elle, un sanglot de joie secouant son corps.
Un peu plus tard, c’est au tour de « Papa » d’être prononcé, un écho doux et naturel dans l’air. Claude entend ces mots et son cœur se gonfle de fierté. Mathis, dans un geste spontané, tend les bras vers lui, et là, tout devient clair : son fils l’a reconnu, son amour pour lui, pour eux, résonne dans ces simples syllabes. Monique et Claude échangent un regard complice, ravis et émus par ce petit être qui grandit à vue d'œil, ajoutant chaque jour une nouvelle étape à leur bonheur familial.
Puis vient le moment des premiers pas. Mathis se redresse avec hésitation, soutenu par les bras chaleureux de Monique et Claude. Ils l’encouragent, impatients et émus. Le petit corps tremblant de Mathis fait un pas, puis un autre, jusqu’à ce qu’il tombe dans les bras de Claude, qui éclate de joie. Monique fond en larmes, une émotion débordante qui prend tout son être, un moment qu’elle n'oubliera jamais.
Les repas sont aussi des moments de bonheur simples mais précieux. Tom, son grand frère de trois ans, devient un petit chef à part entière, offrant les premiers petits pots de légumes à Mathis avec un sourire fièrement innocent.
— Regarde, Mathis, c'est pour toi ! dit-il en lui tendant la cuillère, tout en s'appliquant à lui donner à manger comme un grand. Les éclats de rire de Tom résonnent dans la maison chaque fois qu'il réussit à nourrir son frère, comme un rituel familial qui renforce les liens entre eux.
Il y a encore les bains, ces instants de tendresse où Mathis éclabousse joyeusement l’eau, sa peau toute douce et son regard émerveillé par l’eau qui ruisselle autour de lui. Monique le tient fermement, les yeux pétillants, tandis que Claude, souvent accroupi à côté de la baignoire, ne peut s’empêcher de sourire face aux éclats de rire de son fils. Ces moments, simples mais d’une puissance émotive incroyable, soudent encore un peu plus cette famille déjà si unie.
La première rentrée à l’école maternelle arrive trop vite, comme un grand saut vers l’inconnu. Mathis, les yeux pleins d’appréhension mais aussi de curiosité, tient fermement la main de Monique, tandis qu'ils se dirigent vers l'école. Le matin est frais, l’air léger de septembre fait frissonner la peau, mais ce n’est rien comparé à l’agitation qui bouillonne dans le ventre de Mathis. Il jette un dernier regard à sa mère avant de s’avancer dans la cour de l’école, le regard à la fois empli de questions et d’espoir. C’est le début d’un nouveau chapitre pour lui, pour Monique et Claude. Leurs cœurs battent à l’unisson, un mélange de fierté, d’anxiété et de tendresse infinie.
— Ne t’inquiète pas, mon cœur, tu vas voir, tu vas t’amuser. Et puis, tu vas rencontrer plein de copains et de copines ! lui dit Monique avec un sourire rassurant. Mais en dedans, elle aussi ressent cette légère nervosité, ce moment de transition qui fait grandir leur petit.
À l'entrée de la classe, d'autres enfants sont déjà là, pressés, curieux, mais Mathis semble hésiter, le regard se posant sur sa mère avant de se tourner vers le tableau avec ses dessins colorés. Monique s’accroupit pour lui murmurer :
—Tu veux que je reste avec toi quelques minutes ?
Mathis secoue la tête avec un sourire timide.
— Non, je veux voir les poupées, dit-il, tout en avançant vers l’étagère du fond.
— Très bien, alors, tu fais de ton mieux, mon grand. Et on se retrouve à 16 heures, hein ?
Monique lui lance un dernier regard plein de tendresse avant de quitter la pièce, le cœur un peu serré, mais aussi un peu fier. Les semaines passent, et bientôt la maison devient le théâtre des petites anecdotes d'école. Mathis revient souvent avec des dessins, des histoires à raconter.
— Aujourd'hui, Maëlle m'a dit qu'un lion vivait dans la forêt derrière l'école ! Et qu'il mangeait des bananes !, raconte-t-il, les yeux pétillants de malice.
Puis vient le moment où, lors d’un repas de famille, Mathis se penche en avant, un doigt sur la bouche, et annonce fièrement :
— Ma dent est tombée !
Monique et Claude échangent un regard surpris mais heureux. C’est un autre petit cap franchi.
— Mais… où est-elle ?! demande Tom, tout excité.
— Elle est sous mon oreiller ! Je l’ai mis dans un petit papier !
Monique sourit :
— Tu sais, ce soir, la petite souris viendra chercher ta dent.
Le soir venu, Mathis se couche avec un air tout sérieux, les yeux brillants d’anticipation.
— Je vais laisser ma dent bien en évidence sous mon oreiller, comme ça, la petite souris pourra bien la voir.
Le lendemain matin, il se précipite hors du lit.
— Elle est venue ! Elle a pris ma dent ! Et elle m’a laissé une pièce !
Sa voix est pleine de stupéfaction et de joie, et les yeux de Monique et Claude brillent eux aussi devant l’innocence et la magie de cet instant.
— Tu as vu, Tom, elle a laissé une pièce ! Je vais la mettre dans ma tirelire !
Tom, bien plus grand et plus sage, sourit doucement.
— Moi aussi, je me souviens quand c’était à mon tour.
Les années passent, et avec elles, les petites fêtes qui marquent la vie de la famille : les anniversaires de chacun, avec les bougies soufflées sur le gâteau, les rires des invités, les éclats de voix joyeux. À chaque Noël, le sapin se dresse, paré de guirlandes étincelantes. Mathis et Tom, les yeux écarquillés, scrutent les cadeaux sous le sapin avec la même impatience que tous les enfants de leur âge.
Puis vient l’hiver, et avec lui, la première neige. Le parking du centre social, pourtant si ordinaire d'habitude, se transforme en un terrain de jeu magique. Tom et Mathis, emmitouflés dans leurs manteaux, se lancent dans de joyeuses batailles de boules de neige, éclatant de rire à chaque impact.
— Attention, Mathis, tu vas me toucher ! crie Tom, tout en se jetant dans la neige pour esquiver un énorme amas de neige lancé par son petit frère.
— Je t'ai eu ! répond Mathis, les joues rouges de froid et de rire, avant de se rouler dans la neige, heureux de cet instant de pure folie hivernale.
Un peu plus loin, dans la neige qui recouvre le parking, Mathis et Tom s'attaquent à la construction de leur premier bonhomme de neige.
— Il est trop petit ! Il faut encore de la neige ! déclare Mathis, les yeux brillants d'enthousiasme. Il pousse sa boule de neige, qui grossit à vue d'œil sous ses mains déterminées. La neige est parfaite, celle qui colle bien, presque magique. À chaque coup de main, la boule devient plus lourde, mais aussi de plus en plus imposante.
— Vas-y Mathis, pousse plus fort ! Il va être énorme, ton bonhomme ! encourage Tom, tout aussi excité. Mais rapidement, Mathis, malgré sa détermination, semble à bout de souffle.
— Je n'y arrive plus tout seul, dit-il, haletant et presque épuisé par l'effort.
Tom, toujours prêt à l’aider, se penche et pousse la boule avec lui. Mais malgré leurs efforts combinés, la boule reste trop grosse pour eux deux.
— Il nous faut encore un peu d’aide ! dit Tom en se retournant vers leurs parents.
Claude et Monique, les voyant en pleine action, se dirigent vers eux. Monique, qui a toujours ce regard bienveillant sur ses enfants, se penche pour attraper la deuxième boule de neige, plus légère mais tout aussi dure à soulever.
— On va t’aider, mon grand, lui dit-elle avec un sourire. Claude, avec une force tranquille, prend la boule et la place au sommet de celle de Mathis.
Les garçons, tout excités, se tournent vers la tête du bonhomme. À deux, ils positionnent soigneusement la grosse boule, la calant parfaitement au sommet du tronc de neige. Mathis recule de quelques pas pour admirer leur travail.
— C’est presque un géant ! dit-il en riant.
Ils commencent ensuite à le décorer. Tom trouve des petits cailloux sur le sol, et les place avec précision pour faire les boutons et les yeux du bonhomme.
— Regarde, les boutons sont tout droits !
Monique apporte une carotte qu’elle a dégottée dans le panier de pique-nique, et ils la plantent soigneusement pour faire le nez.
Claude, avec un sourire amusé, prend son propre bonnet et le pose sur la tête du bonhomme, ce qui lui donne un air tout à fait humain.
— Un bonhomme de neige sans bonnet, c’est impensable !, dit-il en riant.
Enfin, pour la touche finale, ils utilisent un bâton courbé trouvé un peu plus loin, et le placent comme une bouche souriante sur le bonhomme de neige.
Mathis, tout excité, se recule pour admirer leur œuvre.
— C’est parfait ! C’est le plus grand bonhomme de neige de tous les temps !
Ils se regardent tous, les sourires éclatants. Tom saisit l’appareil photo, et, après avoir pris quelques photos de Mathis et lui posant fièrement devant leur création, c’est au tour de Claude et Monique de prendre des photos à leur tour. Chaque membre de la famille pose tour à tour, souriant, riant, leur bonheur simple et pur gravé dans l'instant.
— Voilà, c’est un souvenir qu’on n’oubliera jamais, dit Monique, le regard brillant d’émotion.
Mathis s'approche de son bonhomme de neige, en le caressant doucement, comme s'il voulait lui dire au revoir.
— On reviendra te voir tous les ans, promet-il, les yeux remplis de la magie de l’enfance, sûr que ce bonhomme de neige restera pour toujours un symbole de son enfance, un souvenir partagé avec toute sa famille.
Et tous ensemble, ils s’éloignent, laissant derrière eux leur création, bien décidés à profiter de l'hiver et de ces moments suspendus dans le temps.
Les dimanches sont souvent réservés aux escapades en famille. Monique, Claude, Tom et Mathis prennent la voiture pour s’aventurer dans la campagne marnaise. La Montagne de Reims se déploie devant eux, avec ses forêts denses et ses vues magnifiques. L'air est pur, et l'odeur de la terre humide des forêts mêlée à celle de la neige à venir crée une atmosphère envoûtante.
Un dimanche d'hiver, ils se rendent aux étangs gelés. Là, ils enfilent leurs patins à glace et glissent sur la surface lisse et brillante de la glace, leurs ombres s’allongeant au soleil déclinant. Mathis, bien qu'encore un peu maladroit, trouve un équilibre étonnant sur la glace, sous les encouragements de Tom.
— Regarde, maman ! Je patine tout seul !
Leurs rires résonnent sur la glace, emportés par le vent frais de l'hiver. Mathis, en tombant, se relève immédiatement et se précipite vers son frère.
— Regarde, je suis un pro, moi !
Les semaines passent, et la famille profite de chaque instant, de chaque promenade, de chaque sourire partagé. Un autre de ces lieux magiques qu'ils aiment explorer est le Faux de Verzy. Là, dans la forêt, les arbres tordus et contournés semblent appartenir à un autre monde. Les branches s’élèvent en formes étranges et fantastiques, et Mathis, les yeux écarquillés, s’imagine se retrouver dans un univers peuplé de géants endormis.
— Maman, papa, je suis sûr que ces arbres sont des géants, mais il ne faut pas les réveiller ! dit-il d’une voix théâtrale, marchant prudemment entre les troncs comme un explorateur en terre inconnue.
— Chut ! Pas trop fort, tu vas les réveiller ! réplique Tom, faisant semblant d’être le garde des géants.
La famille rit, mais Mathis continue de s’avancer, le cœur battant, craignant de troubler la paix de cet endroit magique. L’imaginaire de Mathis se nourrit de chaque promesse d’aventure, chaque instant partagé.
Les années filent, mais ces souvenirs restent ancrés, gravés dans les cœurs, dans les rires, dans la complicité des moments passés ensemble. La famille continue de grandir, mais l'amour et les souvenirs partagés dans ces lieux magiques, ces instants suspendus dans le temps, les unissent à jamais.
L’été, les sorties à la sablière sont des moments mémorables. Les parents s'installe à l'ombre d'un conifère et ils lancent aux enfants :
— Laisser vos vêtements sur les sacs pour aller jouer dans le sable.
Totalement dénudés, les enfants s'éloignent pour aller jouer dans le sable. L’air chaud et sec enveloppe le corps, et le sable fin, presque blanc, crisse doucement sous les pas. Mathis, les pieds nus, laisse ses orteils s’enfoncer dans cette texture douce et agréable. La chaleur du soleil caresse sa peau, et il ferme un instant les yeux pour se laisser porter par la sensation de bien-être.
Il prend une poignée de sable, l’observe un instant, puis la laisse doucement s’écouler entre ses doigts. La douceur des grains glissant sur sa peau est presque hypnotique. À chaque contact, une onde de plaisir discret se propage dans son corps, faisant naître en lui une chaleur inattendue. Il se sent plus connecté que jamais à la nature autour de lui, à ce moment suspendu. Il prend une profonde inspiration, essayant de maîtriser ce qui semble être une sensation trop forte, un pic d’intensité qu’il n’avait pas anticipé alors que son amie Caroline versait du sable sur son dos, une sensation agréable et rafraîchissante qui s'intensifiait lorsque les grains s'écoulaient entre les vallons de ses fesses rebondies.
Il continue de savourer le contact du sable, fermant les yeux pour mieux apprécier la douceur qui l’enveloppe. Une légère gêne s’installe alors qu'il prend conscience de sa propre réaction, mais il savoure, se concentrant sur la douceur de cette sensation mêlée à l’éclat du soleil qui effleure sa peau. Le sable continue de glisser, ses grains tourbillonnant autour de lui, tandis qu’il cherche à retrouver son calme, en appréciant la pureté du moment.
Les premiers instants d’éveil aux sensations physiques sont souvent marqués par une curiosité douce et une attention particulière portée aux éléments qui nous entourent. Alors que ses compères s'éloignent, Mathis reste seul, allongé sur le sable chaud. Alors, à l'abri des regards étrangers, il se retourne et laisse les grains fins glisser sous ses paumes, chaque contact résonnant comme un frisson discret. La chaleur du soleil sur sa peau semble lui révéler quelque chose de nouveau, une intensité dans la simplicité du moment.
Alors qu'il ferme les yeux pour mieux se concentrer sur ces sensations, il ressent une vague de chaleur qui ne provient pas uniquement du soleil. C'est comme si chaque parcelle de son corps était plus vivante, plus réceptive aux éléments extérieurs. Le contact du sable contre sa peau, la douce brise qui effleure son visage, tout semble s’entrelacer pour éveiller des émotions qu’il ne comprend pas encore complètement, mais qu’il ressent profondément.
Il prend une nouvelle poignée de sable, le laisse s’écouler lentement entre ses doigts, et chaque grain devient comme une petite explosion de sensations, une sorte de découverte intime de ce qui fait de lui un être humain. Les moments de silence entre chaque grain qui tombe, les frissons qui parcourent sa peau, ces sensations simples mais d'une intensité nouvelle, lui rappellent que tout autour de lui est vivant, vibrant d'énergie.
Ces premiers instants sont marqués par une émotion douce-amère, une sorte de découverte de soi à travers l’interaction avec son environnement. Mathis se laisse envelopper par la chaleur du moment, sans chercher à comprendre ce qu’il ressent, mais en savourant chaque frisson, chaque battement du cœur qui semble se synchroniser avec l’air, avec le sable, avec la lumière du jour.
— Mathis, où es-tu ? On rentre, il faut revenir !
À l’appel de sa mère, la vive émotion que ressentait Mathis s’évanouit lentement. Ce moment suspendu dans le sable, si intime et personnel, se dissipe rapidement, comme un rêve que l’on réveille trop tôt. La tension qui l’avait envahi se relâche en un souffle de soulagement. Il se redresse doucement, un léger frisson parcourant encore sa peau, mais cette fois, c’est celui de la transition, du retour à la réalité.
Il prend une dernière inspiration, appréciant encore la chaleur du soleil, avant de rejoindre le reste du groupe. Ses pas dans le sable sont plus lents, comme s’il prolongeait l’instant, avant qu’il ne soit entièrement absorbé par le monde autour de lui. La sensation du sable entre ses orteils et la douce brise sur son visage l’accompagnent un moment, mais bientôt, il s’éloigne de cet endroit magique et retombe dans la familiarité du groupe.
Mathis semblait posséder une sensibilité instinctive pour ces nouvelles sensations, comme si chaque contact, chaque mouvement lui révélait un monde de sensations intenses qu'il n'avait encore jamais exploré. Sa réceptivité naturelle au plaisir transformait chaque instant en une expérience profondément marquante, renforçant chez lui ce désir de découvrir et de savourer l’intensité de chacun de ces moments.
La vie de famille prend son rythme entre Reims et Paris. Chaque week-end, Monique et Claude, accompagnés de Tom et du bébé, se rendent tantôt à Paris, où Paul et Madeleine les accueillent avec chaleur, tantôt à Fère, chez Jacques et Marie. Ces retrouvailles sont toujours un moment de joie partagée. À Paris, la petite famille profite de moments de calme et de complicité avec les parents de Monique, tandis qu’à Fère, les visites sont plus larges, incluant oncles, tantes et cousins. Les jeux des enfants se multiplient, remplissant les pièces de rires et de bruits, et la convivialité est à son comble.
Ces week-ends sont un véritable souffle de vie pour la famille, un retour aux racines, mais aussi un moyen de renforcer les liens familiaux qui, malgré la distance, restent solides. Les enfants, grandissant au milieu de ces retrouvailles régulières, se forgent des souvenirs précieux et des relations solides avec leurs proches, tissant ainsi un réseau d'affection qui les accompagne tout au long de leur vie.
Mathis, espiègle et plein d'énergie, avait déjà un talent certain pour les bêtises dès l'école maternelle. Un soir, alors qu'il attendait qu'on vienne le chercher, son copain Romain lui montre fièrement une dent fraîchement tombée, précieusement posée au creux de sa main. Sans réfléchir, Mathis frappe la main de Romain par en dessous, projetant la dent dans les airs. Elle disparaît quelque part dans l'herbe environnante. Aussitôt pris de remords, Mathis se met à quatre pattes pour fouiller le sol avec Romain, mais leurs recherches restent infructueuses.
— Et ma petite souris ? se lamente Romain, désespéré.
Mathis, profondément navré, promet solennellement :
— Je te donnerai la mienne quand ma prochaine dent tombera.
Romain, un peu consolé, accepte ce pacte improvisé.
Ensemble, ils formaient un duo inséparable et un brin diabolique, trouvant mille façons de faire des farces à leurs camarades. Leur cible favorite était Jean-Guy, un garçon facilement impressionnable. Le long du bâtiment de l’école courait une grille jamais fermée, menant à une pente raide qui descendait jusqu’à un mystérieux local technique. Romain et Mathis excellaient à y monter des scénarios effrayants.
Ils persuadaient Jean-Guy de les suivre dans la descente, lui racontant des histoires d’une « bête » qui rôdait en bas. Arrivés au fond, ils remontaient en quatrième vitesse, en hurlant que la créature les poursuivait. Une fois en haut, ils refermaient la grille, piégeant Jean-Guy, et continuaient à crier que la bête arrivait. Jean-Guy, terrorisé, les suppliait de lui ouvrir.
Lorsque Mathis et Romain estimaient que leur victime avait suffisamment eu peur, ils ouvraient finalement la grille avec un air grave, proclamant :
— Tu es sauvé, mais ne redescends plus jamais là-bas !
Malgré l'évidence de la supercherie, Jean-Guy tombait dans le piège à chaque fois, probablement parce que, derrière leurs bêtises, il y avait toujours cette lueur innocente et joueuse qui faisait oublier leur malice.
À l’école primaire, le grand préau offrait un terrain de jeu parfait pour les espiègleries de Mathis et Romain. Deux escaliers, situés de part et d’autre du bâtiment, menaient à l’étage où se trouvaient les salles de classe. Pour les deux complices, c’était une invitation à l’aventure : quitter le rang discrètement, choisir l’escalier opposé à celui emprunté par le maître, et atteindre la classe en douce. L’adrénaline montait à chaque pas, mais leur triomphe était souvent de courte durée. Une fois sur deux, leur petit manège était découvert.
Quand cela arrivait, la punition habituelle consistait en lignes interminables à copier, mais ce n’était rien comparé à l’épreuve ultime : passer par le bureau du directeur. L’homme, grand et imposant, semblait taillé pour incarner l’autorité. Sa voix grave et résonnante avait le pouvoir de faire trembler non seulement les murs, mais aussi les cœurs des petits écoliers. Rien que l’attente sur le banc devant sa porte suffisait à instiller une peur viscérale.
Les minutes semblaient des heures alors que Mathis et Romain, assis côte à côte, retenaient leur souffle. Chaque bruit de pas dans le couloir amplifiait leur angoisse. Parfois, l’appréhension était telle qu’ils finissaient par se faire pipi dessus, leurs visages rouges de honte trahissant leur désarroi.
Quand le directeur ouvrait enfin la porte, son regard sévère et son silence pesant achevaient de les réduire à néant. Il n’avait même pas besoin de hausser le ton pour les remettre à leur place. L’humiliation et la peur suffisaient à transformer cette épreuve en leçon mémorable. Pourtant, malgré leurs bonnes résolutions du moment, il ne leur fallait pas longtemps pour céder à nouveau à leur nature espiègle.
L’hiver 1988 résonne encore dans les souvenirs de Tom et Mathis comme une saison à la fois douce et teintée d’un brin de mélancolie. Tom, du haut de ses neuf ans, avait été promu au rang de « grand », jugé assez responsable pour s’occuper de son petit frère pendant quelques heures. Cette confiance lui gonflait le cœur de fierté. Pour la première fois, une petite clé d’appartement pendait à une chaînette autour de son cou, signe tangible de cette nouvelle responsabilité.
À la sortie des classes de l’école Tournebonneau 2, Tom attend Mathis, six ans, parmi une foule d’enfants surexcités par l’approche des vacances de Noël. Dès que son frère franchit les portes de l’école, son visage s’illumine. Il tend sa main, la paume ouverte et protectrice, et Mathis s’y accroche avec confiance. Ensemble, ils descendent la rue en bavardant à propos des activités de la journée. Tom, fidèle aux recommandations de ses parents, s’arrête scrupuleusement au bord du passage piéton. Il jette un coup d’œil attentif à gauche, puis à droite. Le temps semble suspendu alors qu’il évalue chaque voiture, chaque vélo au loin. Puis, rassuré, il serre un peu plus fort la petite main de Mathis.
— C’est bon, on peut traverser, dit-il d’un ton sérieux qui imitait celui de leur père.
Mathis hoche la tête, ses boucles blondes dansant au vent, et suit son frère avec une confiance aveugle. Une fois de l’autre côté de la rue, ils atteignent leur immeuble. Tom sort sa clé et, après un regard fier à son frère, ouvre la porte comme un adulte. Le goûter est déjà prêt sur la table, comme toujours : un fruit et un morceau de pain viennois tartiné avec soin de nutella par leur mère avant de partir travailler. Les deux garçons dévorent leur goûter puis s’installent dans le salon et sortent leurs cahiers pour attaquer les devoirs.
Mais ce jour-là, Tom semble agité. Il pose son crayon à chaque ligne, ses yeux brillent d’une lueur d’excitation mal contenue. Finalement, incapable de garder son secret plus longtemps, il se penche vers Mathis.
— Tu peux garder un secret ? Un vrai ? demande-t-il à voix basse, comme si quelqu’un pouvait les entendre.
Mathis, intrigué, acquiesce, ses yeux s’écarquillant de curiosité. Tom le guide alors dans la chambre de leurs parents, un endroit interdit, ce qui rend l’expédition encore plus excitante. Là, il ouvre discrètement la porte du placard, pousse quelques vêtements sur le côté et dévoile des boîtes soigneusement empilées. Mathis ouvre la bouche, sidéré.
— Les cadeaux de Noël ! s’écria-t-il, à moitié en chuchotant.
Tom acquiesce fièrement. Il vient de briser le mythe du Père Noël, et il en est étrangement satisfait. Mathis, quant à lui, oscille entre émerveillement et désillusion. Cette vérité change tout, mais il ne peut s’empêcher d’admirer son frère pour cette révélation exclusive.
Quelques jours plus tard, à table, la candeur de Mathis joue un tour à la famille. Alors que Claude le met en garde : « Sois sage, sinon le Père Noël ne t’apportera pas de cadeaux », Mathis répond avec assurance :
— Non, non, non, je sais qu’ils sont déjà dans votre placard !
La déclaration tombe comme un éclair. Tom écarquille les yeux, essayant de lui faire signe de se taire, mais il est déjà trop tard. Mathis bredouille une excuse maladroite, mais le mal est fait. Le silence qui suit est lourd, et les parents échangent un regard déçu. Ce Noël-là est différent. Les cadeaux ne sont même pas emballés, une façon discrète pour leurs parents de manifester leur désapprobation.
Le message était clair : la magie a disparu trop tôt, et ils en tiennent Tom pour responsable. Pourtant, sous cette légère amertume, subsiste une tendresse indéniable. C’est une étape inévitable de la vie, mais dans un coin de leur cœur, Claude et Monique avaient espéré qu’elle arriverait un peu plus tard et autrement que sous les éclats d’un secret partagé entre frères.
Les voyages professionnels de Claude occupent une place centrale dans sa vie et rythment le quotidien de la famille. En tant que représentant clé de son entreprise, il se dévoue à ses clients avec une rigueur sans faille. Entre les visites de chantiers pour superviser l’avancement des travaux et les réunions qui s’étirent tard en soirées, Claude sacrifie de précieux instants familiaux. Bien souvent, il rentre chez lui lorsque ses fils, Tom et Mathis, sont déjà plongés dans leurs rêves, leurs chambres silencieuses éclairées par la seule lumière tamisée des veilleuses.
Une autre facette de son métier, plus singulière encore, le conduit aux quatre coins du globe. Chargé d’accompagner des clients prestigieux dans des voyages d’affaires, il jongle entre visites culturelles et expositions technologiques pour promouvoir les innovations de son entreprise dans le secteur de la construction. Ces périples, qui peuvent s’étaler sur dix à vingt jours, sont autant d’éloignements qui éprouvent la famille. Pourtant, à chaque retour, l’attente se transforme en une effusion d’amour. Dès que Claude franchit le seuil de la maison, les garçons lui sautent dans les bras, l’enserrant avec toute la force de leur affection juvénile, comme pour conjurer l’idée d’un prochain départ.
Le rituel des retrouvailles ne serait pas complet sans les fameux cadeaux de voyage, petits trésors exotiques qui éveillent la curiosité et l’imagination des enfants. Une statuette africaine aux formes élégantes, un éventail asiatique délicatement ouvragé ou encore une pierre polie aux reflets nacrés des plages australiennes trouvent leur place dans la maison familiale. Ces présents, bien plus que de simples souvenirs, incarnent les récits des périples de Claude, narrés avec passion autour de la table ou dans le salon.
Au fil des années, la maison s’est transformée en un véritable musée vivant. Chaque objet raconte une histoire, chaque détail évoque un fragment d’aventure. Pour Monique et les enfants, ces moments de partage, où le monde semble se rétrécir pour tenir entre leurs mains, font oublier les longues absences de Claude. Le salon, empli de ces fragments d’ailleurs, devient un refuge où s’entrelacent l’amour familial et la magie des horizons lointains.
Lors des congrès d’entreprise où les conjoints sont invités, Claude et Monique laissent parfois les enfants sous la garde bienveillante d’une des grands-mères. En mars 1992, c’est Marie qui s’installe quelques jours chez eux. Toujours douce et attentionnée, elle s’occupe de Tom et Mathis avec la patience et l’amour d’une grand-mère dévouée. À presque 10 ans, Mathis est un garçon énergique, débordant d’enthousiasme pour ses activités avec ses copains, en particulier le bi-cross.
Ce mercredi après-midi-là, Marie rappelle à Mathis que la messe du mercredi des Cendres pour les enfants commence à 17h. Très croyante et pratiquante, elle tient à ce que son petit-fils y assiste. Mathis promet, bien que peu convaincu. Le dilemme se pose rapidement : ses amis ne sont pas contraints par de telles obligations, et il se laisse happer par une heure de sauts et de courses effrénées à vélo. À 18h, il rentre en retard, un peu essoufflé, espérant échapper à un interrogatoire. Mais Marie l’attend avec sa gentillesse teintée de fermeté.
— Alors, mon grand, raconte-moi, comment s’est passée la messe ? demande-t-elle avec un sourire doux.
Mathis bredouille une réponse hésitante, essayant maladroitement de masquer son escapade. Mais quand elle lui demande où est le rameau béni et pourquoi son front ne porte aucune trace de cendres, il sait que la supercherie ne tiendra pas. La vérité jaillit, désarmante et pleine d’honnêteté.
Marie ne le gronde pas. Ce n’est pas son style. Jamais elle n’a élevé la voix, préférant l’autorité de sa douceur. Pourtant, elle sait marquer les esprits par ses décisions empreintes de sagesse.
— Mange vite, Mathis, et termine tes devoirs. À 20h, tu viendras avec moi à la messe des adultes. On rattrapera le coup ensemble, dit-elle calmement mais avec une lueur malicieuse dans le regard.
Mathis, un peu penaud mais soulagé de ne pas être grondé, s’exécute. Ce soir-là, dans la lumière tamisée de l’église, il assiste à une messe bien différente de celle des enfants, entouré d’adultes plongés dans leurs prières. Et tandis que les cendres sont tracées sur son front, il jette un coup d'œil à sa grand-mère, sentant une immense tendresse pour cette femme qui l’élève avec tant de bienveillance.
Le temps passe, Tom fait son entrée en cinquième du collège, et Mathis suit en CM2. La vie semble paisible, rythmée par le quotidien et les rêves d’avenir, jusqu’à ce que le décès brutal de Paul frappe la famille de plein fouet. Une rupture d'anévrisme l'emporte sans prévenir, plongeant Madeleine dans un abîme de tristesse.
À Reims, l’annonce est un choc. Larmes et silences se mêlent dans l’appartement, et chacun se prépare à soutenir Madeleine dans cette épreuve. Le deuil se matérialise dans les tenues sombres que tous revêtent avant de se rendre à Paris. L’église Saint-Pierre de Chaillot, majestueuse mais intimiste, devient le théâtre de leur douleur. Les chants résonnent sous la voûte, accompagnant les regards embués et les cœurs lourds. La procession s’engage ensuite, d’abord à pied derrière le corbillard, puis en voiture vers le lieu de l’incinération.
Pour Monique, c’est une perte incommensurable. Paul n’était pas seulement un père aimant, il avait été son roc, son conseiller, celui qui avait su la soutenir dans ses choix. Les enfants, eux, expérimentent pour la première fois la dure réalité de la mort. Tom, bien qu’adolescent, ressent une peine indicible, mêlée d’une confusion face à ce vide qu’il perçoit pour la première fois. Mathis, plus jeune, exprime sa douleur à travers des questions et des dessins maladroits, tentant de comprendre ce que signifie cette absence définitive.
Ce décès, bien qu’intensément douloureux, devient aussi une leçon de vie pour la famille. Ensemble, ils apprennent à composer avec l’absence, à honorer la mémoire de Paul en poursuivant leur chemin, unis, comme il aurait voulu qu’ils le soient.
Madeleine, inconsolable, choisit de garder l’urne funéraire de Paul chez elle, au moins pour un temps. Ce geste traduit son besoin de maintenir un lien tangible avec l’homme qui partageait sa vie. Elle parle parfois à l’urne, dans le silence de l’appartement qu’elle trouve désormais trop grand et trop vide. C’est sa manière de prolonger leur complicité, de chercher un peu de réconfort dans cette présence symbolique.
La soudaineté de la disparition accentue son désarroi. D’un côté, elle se console en se répétant que Paul est parti sans souffrance, emporté dans son sommeil par une rupture d’anévrisme. D’un autre côté, cette brutalité lui laisse un goût amer : aucun signe, aucune alerte, rien qui lui ait permis de s’y préparer. Cette double réalité, entre soulagement et déchirement, devient un fardeau qu’elle porte courageusement, entourée par l’amour de Monique, Claude, et ses petits-enfants.
Pour Madeleine, ce choix d’introspection et de dialogue intérieur avec Paul est aussi une étape dans son processus de deuil. Elle sait qu’un jour, elle devra trouver un lieu pour son repos définitif, mais elle n’est pas encore prête à le laisser partir complètement.
Les semaines, les mois, les années ont passé, adoucissant progressivement la douleur de Madeleine, bien que l’absence de Paul ait laissé une empreinte indélébile dans sa vie. Au fil du temps, elle a franchi une étape cruciale dans son cheminement de deuil : respecter la volonté de son époux.
Un jour, dans une atmosphère mêlée de tristesse et de sérénité, elle s’est rendue au bord de la Seine. Là, accompagnée de Monique, de Claude et de ses petits-enfants, elle a dispersé les cendres de Paul dans le fleuve, conformément à ses dernières volontés. Ce moment, à la fois solennel et intime, a été marqué par des paroles émues, des souvenirs partagés, et une profonde gratitude envers un homme qui a tant marqué leurs vies.
La Seine, avec son flot incessant, est devenue un symbole de continuité, un rappel que la vie, malgré les épreuves, poursuit son cours. Pour Madeleine, cet acte fut un apaisement, une manière de libérer Paul tout en conservant en elle son souvenir lumineux. La famille, unie dans cette étape, a trouvé un certain réconfort dans cet hommage, prolongeant l’amour et la mémoire de Paul à travers les générations.
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