La Révélation.

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Ce matin-là, Marie-Hélène, la maman de Yohan, frappe doucement à la porte. Sa voix claire perce le calme de la pièce, résonnant comme un écho doux et familier :

– Les garçons, il est déjà 9 heures ! Le soleil brille et la journée promet d’être chaude. Vous devriez vous préparer rapidement pour ne pas souffrir de la chaleur.

– Oui, maman, on se lève ! On se prépare et on file ! répond Yohan, la voix encore marquée par le sommeil.

Sans attendre, Yohan tire les rideaux, laissant entrer un flot de lumière vive qui inonde la chambre. Le soleil éclaire les traits de Mathis, encore allongé, sa silhouette athlétique dessinée par la lumière. Yohan sourit, un sourire espiègle mais tendre, et lui donne une tape sur l'épaule. Il choisit de faire comme si de rien n'était.

– Allez, debout, Mathis ! On s’habille, on prend un petit déj’, et on est partis !

Mathis, les yeux à moitié ouverts, émet un grognement léger avant de répondre, un sourire à peine visible au coin des lèvres :

– Ok, mais on ne se douche pas avant ?

Yohan secoue la tête, son rire léger perçant l’air un instant :

– Inutile ! Avec cette chaleur, on va transpirer dès qu’on sera en selle. La douche sera bien plus agréable ce soir !

Mathis acquiesce, un sourire furtif se dessinant sur son visage. Ils se lèvent, encore un peu engourdis, mais leurs gestes sont déjà décidés, presque synchronisés. En quelques instants, ils enfilent leurs cuissards et leurs maillots de cyclisme, ces tenues moulantes qui épousent leurs corps et mettent en valeur chaque muscle, chaque courbe travaillée par des mois d’efforts.

L’atmosphère est chargée de quelque chose qui va au-delà de l’amitié. Ils sont prêts, prêts à affronter la journée, mais surtout prêts à se retrouver dans cet espace entre eux qui est devenu plus qu'une simple connexion.

Ils avalent rapidement un bol de chocolat chaud et de corn-flakes, préparent un sac avec de quoi pique-niquer, et s’engouffrent dans l’ascenseur. La descente jusqu’aux sous-sols, là où sont rangés leurs vélos, semble presque irréelle, comme une mise en scène.

– Tu as une préférence pour la direction aujourd’hui ? demande Yohan en ajustant son casque.

– Honnêtement, la nuit a été courte, admet Mathis avec un sourire gêné. Je partirais bien du côté du pont de Witry pour prendre la nationale. C'est plat par là, ça nous permettra de rouler tranquille. Qu'en dis-tu ?

– Excellente idée ! approuve Yohan. En plus, on pourra bifurquer sur des départementales plus calmes si besoin.

Sans plus de mots, ils enfourchent leurs vélos, remontent le parc des Arènes du Sud, passent la place des Droits de l’Homme, empruntent les boulevards Lambert, Hugo, et de la Paix pour rejoindre la rue Jean-Jaurès. Le marché du dimanche les oblige à slalomer dans les petites rues adjacentes avant d’atteindre le pont de Witry. Dès qu’ils rejoignent la RN51, ils filent en direction des Ardennes.

Les kilomètres défilent dans un rythme lent et régulier. Leurs muscles s’échauffent, leurs corps se synchronisent avec la cadence, et l’air frais du matin leur caresse le visage. La route, baignée par la lumière dorée du soleil, semble les envelopper dans une bulle de tranquillité. Ils traversent Witry-lès-Reims, puis Isles-sur-Suippe, et bifurquent enfin sur la D20 en direction de Pontfaverger. Yohan, en tête, prend un virage à la D980 vers Époye. Là, il ralentit et fait signe à Mathis de le rejoindre.

La route est calme, bordée de champs, et le soleil semble encore plus doux sous la canopée des arbres. Ils roulent côte à côte, leur conversation d'abord légère, mais une tension subtile s’installe entre eux, comme une fine pellicule qui recouvre l’air.

– Pas mal, notre performance ce matin, non ? lance Yohan, un sourire en coin.

– Oui, sourit Mathis. Seulement 30 kilomètres en 1h15 sur du plat. On peut dire qu’on se ménage !

Yohan, semblant plus sérieux soudainement, ralentit davantage, comme s’il cherchait une manière de dire ce qu’il a sur le cœur. La forêt autour d’eux semble comme une scène suspendue dans le temps.

– Justement, propose Yohan. Ça te dirait qu’on fasse une pause dans le sous-bois, entre Époye et Berru ? Avec ce soleil, l’ombre serait agréable. Et puis, il y a une clairière sympa où mes parents m’emmenaient chercher du muguet au printemps.

Mathis acquiesce silencieusement. Ils ralentissent tous deux, leur cadence diminue progressivement. L’anticipation plane dans l’air, comme une promesse de quelque chose de plus, de ce qu’ils n’avaient pas encore osé évoquer.

Leurs voix deviennent plus timides, presque retenues. Yohan hésite, puis se lance enfin :

– Pour hier soir… j’espère que ça ne t’a pas mis mal à l’aise… lance-t-il, un peu hésitant.

Les mots ou plutôt ces mots voire même ses mots sont lourds de signification. Yohan prend le risque. Il veut savoir. Il doit savoir. Mathis représente tellement pour lui.

– T’inquiète, tu m’as surpris, c’est sûr, mais je ne vais pas prétendre que je suis resté indifférent, répond Mathis, un sourire en coin, mais les yeux plus profonds qu’à l’habitude.

– Vraiment ? Moi, depuis ce jour où Monsieur Grignon m’a installé à côté de toi, je rêvais en secret de ce moment, avoue Yohan, d’une voix plus basse, mais pleine de cette sincérité qui semble faire vibrer l’air autour d’eux. Mais tu semblais si loin de partager mes sentiments… Je ne voulais pas… je ne savais pas si ça te ferait peur.

Mathis, se sentant soudainement plus vulnérable, lève les yeux vers lui. Les mots ne viennent pas tout de suite, mais il les laisse s’installer, se poser dans l’espace entre eux. La chaleur du soleil devient plus intense, plus présente, tout comme cette confession qui, malgré l’ombre des arbres, les éclaire plus que tout.

– Moi aussi, je crois que j’ai eu peur. Mais je crois aussi qu’au fond… j’ai toujours su, répond Mathis, sa voix plus rauque, plus honnête. Et pour hier soir… je n’ai plus voulu ignorer ce qu’il y avait entre nous. Alors je te dis merci. Merci pour ça...

Un silence, presque lourd de sens, s’installe. Les deux amis se tiennent dans cette demi-lumière, suspendus dans un équilibre fragile. Le monde autour d’eux semble ralentir. L’ombre des arbres se fait plus épaisse, plus intime. Et pourtant, leur complicité est plus évidente que jamais. Les mots sont là, enfin, brisés, et ils sont partagés. Tout est plus clair maintenant. Mathis ajoute alors :

— Tu rigoles, toi ! Tu n’avais pas remarqué à quel point j’étais troublé quand tu t’es assis pour la première fois à côté de moi ? Bon, je suppose que je n’en avais pas vraiment conscience… ou peut-être que je me voilais la face, admet Mathis, un peu rouge de s’ouvrir ainsi.

— Justement, j’ai pris ça pour de la timidité. C’était tellement… charmant, ajoute Yohan en riant. D'ailleurs, je crois que c'est cette fragilité chez toi qui m'a attrapé...

— Arrête, tu vas me faire rougir !

Ils éclatent de rire, à l’aise, complices, comme si ces confidences avaient dissipé une tension invisible entre eux. L’échange se prolonge, glissant sur les non-dits, les regards volés, les moments d’hésitation et d’envie partagée dans le vestiaire.

— Mais ça veut dire aussi qu'on empreinte un chemin qui n'est pas simple… celui de la différence… ajoute Mathis, d'un ton inquiet.

— M'en parle pas, on risque des insultes, le rejet d'une part de nos proches…

— Pour l'instant, la question ne se pose pas, c'est notre secret… d’ac ?

— D’ac, du moment qu'on trouve des instants pour nous retrouver, ça me va…

Leur conversation les porte au-delà d’Époye, et bientôt, les contours du sous-bois apparaissent à l’horizon.

— Arrêtons-nous ici, on va poursuivre à pied en poussant nos vélos. Ces sentiers sont trop caillouteux, on risquerait d’abîmer nos boyaux.

— Tu as raison, mieux vaut être prudent, répond Mathis.

Les deux amis s’enfoncent alors dans le sous-bois, guidant leurs vélos avec précaution jusqu’à une petite clairière baignée de lumière. Le sol y est parsemé de coucous dorés qui embaument l’air d’un parfum doux et sucré.

Yohan pose son vélo contre un arbre et admire l’endroit en soupirant :

— C’est pas un lieu parfait ici ? Écoute comme c’est calme. Le parfum des fleurs, le chant des oiseaux... Tout invite à se détendre.

— Oui, tu avais raison, c’est idéal. On peut s’installer, se reposer un peu, et même pique-niquer avant de reprendre la route.

Yohan ouvre son sac et en sort une couverture qu’il déploie d’un geste ample avant de l’étendre sur le sol. Après avoir retiré ses chaussures et entrouvert la fermeture de son maillot, il s’assoit et tapote la couverture à côté de lui pour inviter Mathis à le rejoindre.

— Viens, installe-toi.

Mathis obtempère, s’allongeant sur le flanc pour observer son ami, qui, à demi-allongé, mâchonne distraitement un brin d’herbe. La lumière joue entre les branches, éclairant leurs visages avec douceur.

Après un moment de silence, Mathis se lance, son regard fixé sur Yohan :

— Hier soir... autant j’étais maladroit, autant toi, tu avais l’air de savoir exactement où tu voulais en venir. D’où t’es venue cette assurance ?

Yohan se redresse légèrement, laissant son brin d’herbe tomber au sol. Ses yeux pétillent d’une sincérité touchante :

— Je sais pas si on peut appeler ça de l’assurance. Disons que c’était plus... une évidence. Comme si, tout d’un coup, c’était le bon moment, et qu’il ne fallait pas le rater.

Mathis le fixe, intrigué :

— Mais pourquoi hier soir, alors ? Pourquoi pas un autre jour ?

Yohan détourne le regard un instant, mâchouillant toujours son brin d’herbe. Il hésite avant de répondre, comme s’il cherchait les bons mots :

— Je crois que c’est à cause de toi. Ton sourire, ta façon de parler, tout en toi me disait que tu étais prêt, même si tu ne t’en rendais pas compte. Et puis, je n’avais plus envie d’attendre.

Mathis rougit légèrement, mais un sourire se dessine sur ses lèvres :

— Eh bien, bravo. Tu m’as fait perdre tous mes moyens hier… mais tu avais raison. Quelque chose en moi a changé, ou peut-être que ça dormait depuis longtemps, mais tu l’as réveillé.

Yohan s’assied en tailleur et tend une main pour effleurer doucement l’épaule de Mathis :

— Alors, on peut dire qu’on se réveille ensemble.

Les deux amis, plus proches que jamais, savourent l’instant, un mélange d’apaisement et de nouvelles promesses, imperceptibles mais déjà présentes dans l’air.

Soudain, Yohan, le regard plongé dans celui de Mathis, prononce ces mots d’une voix plus grave, chargée de sens :
– Il faut que je te dise quelque chose, quelque chose que je n’ai jamais révélée à personne.

Mathis, intrigué, fronce légèrement les sourcils, tout en effleurant distraitement une fleur contre le torse de Yohan, ses doigts frôlant sa peau. Le geste est doux, presque inconscient, mais il suffit à alimenter l’intensité de l’instant. Yohan continue, mais son hésitation est trahie par une voix tremblante :
– Tu te souviens de notre année de première S ? On n’était plus dans la même classe... Mais malgré tout, on faisait presque toujours le trajet ensemble, sauf le mardi.
– Oui, je m’en rappelle, répond Mathis avec un léger sourire. J’étais tellement déçu qu’on soit séparés. Heureusement qu’en terminale, on a été réunis à nouveau. Mais pourquoi tu me reparles de ça maintenant ?

Yohan prend une profonde inspiration, comme pour rassembler son courage, ses yeux fuyant un instant le regard de Mathis.
– C’est à propos de ce mardi avant les vacances de Pâques, celui où tu m’avais proposé qu’on se retrouve au parc Léo après mes cours. Je devais te rejoindre… mais il s’est passé quelque chose.
Mathis se redresse légèrement, son attention totalement captée.
– Oui, je m’en souviens, tu m’avais dit que tu avais une migraine, et je n’ai pas insisté. Mais je t’avoue que ça m’a un peu déçu de ne pas te voir.
Yohan baisse les yeux, visiblement troublé par le souvenir. Ses mains tremblent légèrement.
– La vérité, c’est que j’avais bien l’intention de venir. J’étais même impatient. J’avais juste raccompagné Manu chez lui après les cours. Et puis, en me dirigeant vers le parc, j’ai croisé Sébastien… Tu te rappelles, ce pion au lycée, celui qui se prenait pour un mannequin mais qui était aussi lourd qu’un parpaing ?
Mathis éclate de rire, la tension se relâche un instant.
– Oh que oui, je vois parfaitement ! Tout le monde au lycée avait un avis sur lui, avec ses airs de star de boys band. Mais en réalité, c’était loin d’être un prix Nobel, hein.
Yohan esquisse un sourire, mais ses yeux se font à nouveau plus sérieux, presque graves.
– Bref, il marchait en direction de la Comédie. Tu sais, le grand théâtre près du parc de l’Arboretum. C’était… étrange, en fait. Je ne sais pas pourquoi, mais je l’ai suivi.
Mathis le regarde, intrigué, sans comprendre.
– Pourquoi tu l’as suivi ?
Yohan hausse les épaules, son regard évitant celui de Mathis, comme s’il était lui-même surpris de ce qu’il raconte.
– Je ne sais pas… Peut-être la curiosité, ou juste une intuition. Bref… il contourne le bâtiment, s’enfonce dans le parc. Moi, je suis resté en retrait, caché derrière un arbre.
Mathis, captivé, sent une étrange tension monter en lui, sans savoir pourquoi. Il murmure, presque à voix basse :
– Et alors ? Qu’est-ce qu’il a fait ?
Yohan baisse encore un peu la voix, comme pour alléger le poids de ce qu’il va dire, mais ses mots sont plus lourds, plus chargés :
– Tu ne vas pas en croire tes oreilles… Là, en plein cœur du parc, il a retrouvé un homme qui semblait l’attendre. Ils ont échangé quelques mots, mais je n’ai pas pu entendre ce qu’ils se disaient. Puis… ils se sont enfoncés dans les bosquets, loin des regards.
Mathis, écarquillant les yeux, sent une bouffée d’incompréhension et de surprise.
– Sérieusement ? Et toi, qu’est-ce que tu as fait ?
Yohan détourne brièvement les yeux, hésitant, avant de reprendre, sa voix devenue presque un murmure :
– Je les ai suivis, bien sûr, mais sans me faire repérer. Je me suis caché dans un petit coin, à l’abri des buissons, pour pouvoir voir sans être vu.
Il s’interrompt, la tension palpable. Mathis, curieux et nerveux à la fois, le presse de continuer :
– Et ensuite ?
Yohan ferme les yeux un instant, comme pour se donner du temps, avant de poursuivre, sa voix presque inaudible :
– L’homme a posé son sac au sol… puis il a baissé son pantalon, juste devant Sébastien.
Mathis reste sans voix, le souffle coupé, son cœur battant plus vite. Il chuchote, son murmure vibrant de curiosité et de confusion :
– Et après ?
Yohan inspire profondément, visiblement perturbé par le souvenir. Il baisse encore un peu la voix, comme si la scène brûlait encore dans son esprit.
– Je… je ne savais pas quoi faire. Une partie de moi voulait partir, fuir cette situation bizarre. Mais une autre partie… je ne sais pas… c’était comme si mes yeux refusaient de se détourner.
Il se fige un instant, cherchant ses mots. Puis il poursuit, la voix plus basse, comme si chaque mot lui coûtait :
– Sébastien semblait tout donner. Il se laissait faire, sans retenue, mais sans un mot… Seul le son de sa respiration se faisait entendre, et je pouvais presque sentir son plaisir, tellement palpable. Et moi, là, caché, j’étais… fasciné. C’était étrange, mais… je ne pouvais pas m’arrêter de regarder.

Le silence tombe lourdement entre eux, comme un voile qui recouvre tout. Le vent dans les feuilles semble se calmer, comme si la nature elle-même retenait son souffle. Les yeux de Mathis se font plus intenses, plus sombres, tandis que Yohan attend, le cœur battant à tout rompre, craignant la réaction de son ami.

Mathis, silencieux, reste figé, sentant la lourde tension dans l'air. Il n'ose pas interrompre Yohan, qui parle d'une voix basse, presque haletante, comme si chaque mot était une confession difficile à faire.

— Plus je les observais, plus cette scène en moi faisait naître quelque chose d'incontrôlable, avoue Yohan, sa voix se brisant légèrement. Un mélange de curiosité… et de désir. Un désir que je n'avais pas vu venir.

Mathis fronce les sourcils, intrigué, mais garde les lèvres scellées, ne voulant pas briser l'instant.

Yohan détourne le regard, son visage empreint de gêne, son souffle s'accélérant alors qu'il continue, sa voix presque inaudible.

— Alors, presque malgré moi, j'ai vérifié que personne ne pouvait me voir. J'ai… j'ai fait glisser mon pantalon, lentement, pour ne pas me perdre trop vite dans la sensation. Mais… c'était impossible de la retenir. La pression, l'envie, c'était trop fort.

Mathis fronce les sourcils, son cœur battant plus vite à mesure que Yohan se perd dans son propre récit, comme si ce moment vivait encore en lui.

— C'était… j'avais l'impression que chaque fibre de mon corps réclamait plus. Et je n'ai pas pu m'en empêcher, ajoute Yohan d'une voix rauque, les mots suspendus, comme une confession qui dépasse sa volonté. Une pression dans mon bas-ventre… je me suis laissé aller, doucement. Juste assez pour que ça dure. Juste assez pour que ça me consume lentement.

Mathis, les yeux rivés sur lui, sent son propre corps réagir malgré lui. Il serre les poings, mais ne dit rien.

Yohan, apparemment pris par ses souvenirs, baisse la tête, fuyant son regard. Sa voix devient presque un souffle.

— Et là, soudain, un bruit. Un crac sec, comme une branche qui se casse sous le poids de quelque chose. J'ai sursauté. Je n'avais même pas vu qu'on m'observait. C'était… embarrassant.

Yohan ferme les yeux, comme s'il revivait ce moment, puis il reprend d'une voix presque tremblante.

— Un homme est apparu, massif, autoritaire. Avant même que je puisse réagir, il m'a saisi par le col de ma veste et m'a traîné vers les autres, ceux que je regardais… et il a souri, ce sourire cruel, en disant : Regardez ce que le printemps nous a apporté aujourd'hui.

Mathis, pris dans la tension de l'instant, demande malgré lui, une part de lui se rebellant :

— Et toi, qu'as-tu fait ?

Yohan reste silencieux un instant, les yeux clos, puis il murmure, sa voix tremblante, l’air lourd de honte et d’excitation mêlées.

— Je… je n'ai rien fait. Je suis resté là, sans savoir quoi dire. Figé, le pantalon encore baissé. C'était… humiliant... Sébastien… il m'a reconnu, et l'homme m’a maintenu là, fermement, pendant que les autres riaient. Et puis, Sébastien… il m'a pris au lieu de poursuivre avec son ami… là, au milieu de tout ça. C'était tellement… intense. C'était comme si tout mon corps se vidait de moi, et que tout se concentrer dans cet instant. Il savait… il savait exactement ce qu'il faisait. C'était… c'était impossible de revenir en arrière.

Le silence s’éternise entre eux. Mathis, malgré son dégoût apparent, sent une vague d'émotion sourde, presque contradictoire, remonter en lui. L’atmosphère devient plus lourde, l’air entre eux s’alourdit, comme une promesse non dite.

Finalement, Mathis brise le silence, sa voix dure mais teintée de quelque chose d'inconnu.

— Et après… ils t'ont laissé ?

Yohan ne répond pas immédiatement. Il garde les yeux baissés, un léger tremblement parcourant son corps alors qu’il murmure, à peine audible :

— Non, pas tout de suite... L'homme que Sébastien avait délaissé pour moi, m'a saisi de sa poigne glacée par les cheveux, ce qui m'arracha un frisson de surprise et de douleur. Je n'avais pas le temps de réagir que l'autre, d'un mouvement fluide, glissa une béquille sous mes genoux, me forçant à plier, me réduisant à sa volonté, comme une poupée de cire entre ses mains. Son ton, autoritaire, trancha l'air lourd : Applique-toi, et surtout, ne pense même pas à mordre. Sans une hésitation, je laissais mes lèvres se poser sur lui, mes mains encore tremblantes, tâtonnant, cherchant sans vraiment comprendre ce que je faisais. C'était étrange, irréel, mais mon corps répondait malgré tout à une pulsion qui m'échappait.

Soudain, Sébastien s'avança, se glissant derrière moi, sa voix basse et mesurée m'atteignant dans l'ombre de mes pensées : Ne sois pas timide. Si tu veux que ça fonctionne, tu dois serrer un peu plus, ralentir, varier les mouvements… N’hésite pas à t'aider de ta salive.
Je pouvais sentir sa présence, son souffle sur ma nuque, chaque mot m’enserrant plus que la précédente caresse.

— C’est répugnant ! s’écrie Mathis, sa voix brisée, mais son regard ne dissimule pas l'étreinte de l'excitation qui monte en lui, ni l'effort qu’il fait pour la contenir. Et après ? Qu’est-ce qu’il a fait ensuite ?

— Sébastien s'était glissé derrière moi, sa main enduite d’une pommade froidement douce effleurant ma peau. Un frisson parcourut mon dos lorsqu'il l'amena entre mes fesses, ses doigts dessinaient des cercles réguliers, mais insidieux, lentement, patiemment. Il alternait entre des pressions légères et des mouvements plus fermes, m'amenant à une forme d’acceptation que je n'avais pas demandée, mais qui semblait, contre toute attente, s'infiltrer en moi, doucement, sournoisement. Ses gestes étaient méticuleux, comme s’il prenait un soin presque cruel à m’habituer à sa présence. Par moments, je sentais l’humidité de la pommade se répandre, glissant, facilitant chaque mouvement de sa main, comme un prélude à quelque chose d’encore plus profond.

Contre toute attente, une chaleur insoupçonnée envahit mon ventre. C’était comme une mer calme se transformant en tempête, et dans cette houle, mon corps, bien malgré lui, semblait se relâcher.
Sébastien se redressa alors lentement, ses mains glissant le long de mes hanches. Je sentais la douceur de ses paumes, l’autorité de ses gestes, mais aussi une sorte de douceur inattendue, comme si, au milieu de ce chaos, il tentait de m’offrir un refuge, une forme d’ancrage.
Son regard pesait sur moi, mais d’une manière différente, pesant, mais tout à la fois presque… doux. Ses mots, susurrés d’une voix calme mais incitante, vinrent s'infiltrer dans mes pensées comme une brume épaisse :

— Continue, tu es sur la bonne voie. Fais-le à ton rythme, je te guide. Laisse-toi aller.
Ses encouragements étaient plus lourds que tout le reste, et pourtant, il m’invitait à une confiance que je n'avais pas. Une confiance dans un moment que je n'avais pas choisi, mais auquel j’étais désormais étrangement lié.

— C’est dingue… Et après ? lance Mathis, sa voix brisée par l’impatience, chaque mot lourd de désir.

L'excitation qui le gagne est évidente, et Yohan voit une petite tâche humide se former sur son cuissard, trahissant la montée de son désir qu'il ne parvient plus à dissimuler.

— Tandis que je poursuivais ce baiser qui m’avait été imposé, l’atmosphère autour de nous se tendait encore. Sébastien, sans un mot, laissa glisser son pantalon, libérant son désir, une forme éclatante, presque irréelle dans la lumière tamisée de l'instant. Ses yeux, fixés sur moi, semblaient sonder un horizon secret qu’il m'invitait à découvrir. D’un geste à la fois délicat et déterminé, il saisit son désir, guidant le reste de son corps vers ce chemin que ses mains avaient préparé avec une précision presque trop douce.

La chaleur de son corps, encore humide de l’intimité de l’instant, effleura doucement ma peau. J’eus un frisson tout en sentant son désir se glisser lentement en moi, une intrusion à la fois intime et implacable. Mes yeux se fermaient presque d'eux-mêmes, alors que je me laissais envahir par cette chaleur nouvelle. Chaque frôlement, chaque mouvement creusait un peu plus l’espace entre nous, et pourtant, tout semblait suspendu, figé dans une tension parfaite.

Voilà, je t'ai dit, Mathis, c'est ainsi que j’ai perdu mon innocence ce jour-là. Je t’ai raconté pourquoi je ne t’ai pas rejoint ensuite… Et depuis ce moment, un désir brûlant m’envahit, celui de revivre cette union, d’allier à nouveau plaisir et émotions, dans une harmonie que je n’avais pas comprise avant. C'est comme ça, je suis gay et follement attiré par mon meilleur ami. Pourquoi la vie est si compliquée pour nous ?

Yohan regarde alors Mathis fixement, ses yeux embués, il attend sa réaction ? Il sait que Mathis pourrait se détourner de lui après cet aveu. Mais il ne veut pas commencer sur des mensonges, des cachotteries. Avec Mathis, il sent que la relation pourrait être si belle, qu'il préfère commencer sans rien lui cacher. Mais pourquoi c'est si long ? Pourquoi Mathis ne dit rien ? Il ne bouge plus... il serre les poings… à quoi pense-t-il ? Yohan est anxieux, il n'en peut plus d'attendre la réaction de Mathis face à ces révélations… Alors Mathis relève la tête et fixe Yohan, ses yeux trahissant sa rage :

— Ce qu'ils t'ont fait me révulse. Mais ce que je ressens pour toi… C’est au-delà de tout ce que j’aurais imaginé, tu n'y es pour rien. Je m'en fiche, la seule chose que je retiens, c'est que depuis tu rêves de me faire … et franchement… j'en ai trop envie… mon cœur t’appartient, entièrement... Ne nous arrêtons pas à ce détail... Donne moi ce plaisir…

À ces mots, Yohan roule lentement sur le côté, et, d’un mouvement presque imperceptible, se retrouve au-dessus de Mathis. Ce dernier, les yeux presque clos, sent la chaleur de Yohan se diffuser, le contact de leurs corps amplifiant chaque pulsation de son cœur. Ils n'ont plus besoin de paroles, juste de cette proximité, du frémissement de leurs peaux contre l’autre.

Yohan fait lentement glisser les fermetures éclair de leurs maillots, dévoilant la chaleur des corps qu'ils dissimulaient jusque-là. Mais ce n’est pas simplement le contact de la chair, c’est la rencontre de deux désirs longtemps refoulés, l’écho de leur passion enfouie qui se libère enfin, lentement mais avec une force tranquille.

Dans cet instant, un fragile équilibre entre la retenue et l’urgence. Mathis ferme les yeux, respirant profondément alors qu’il sent la main de Yohan effleurer sa peau, un frisson parcourant son dos à chaque contact. L’air frais de la clairière semble se mêler à la chaleur croissante entre eux, créant une atmosphère presque irréelle. Il n'y a plus d'autre réalité que celle qui naît entre leurs corps, chaque sensation de l’un devenant la réponse à l’autre, dans une douce immersion où les limites se confondent et se dissolvent.

Leurs lèvres se frôlent enfin, timidement d'abord, puis avec plus de certitude, comme pour faire monter le désir. Un baiser long et intense, chargé de cette attente qui brûle silencieusement entre eux. Yohan, le cœur battant, se laisse envahir par la douceur du moment, par l’envie irrésistible de découvrir l'autre dans sa totalité, de goûter à la tendresse des gestes partagés, chaque mouvement se faisant avec la précision d'une caresse inachevée.

Chaque geste est dicté par une confiance et un désir simultanés. Les doigts de Yohan glissent sur son ventre, lentement, jusqu'à se saisir de son cuissard qu'il fait glisser jusque ses chevilles avant de l'enlever. A cet instant, Yohan fait face au désir ardent de Mathis.

Mathis, le cœur martelant dans sa poitrine, ouvre les yeux, cherchant le regard de Yohan. Ce regard, profondément tendre, semble porter un poids d’émotions qu’il n’avait pas anticipé. Il n'y a plus de peur, plus de retenue. Ne subsiste que cet espace, ce sous-bois enveloppé de lumière tamisée, où tout semble possible, et où l’intensité de ce qui se passe entre eux devient la seule réalité...

— Yohan… murmure Mathis, sa voix basse et rauque, marquée par le désir croissant qui enflamme ses entrailles.

À ce murmure, Yohan s’approche encore de lui, presque comme s’il avait été hypnotisé par la douceur de son prénom. Il se laisse imprégné de la chaleur du mois de juillet, lourde et dense, qui les enveloppe comme une couverture, rendant chaque mouvement plus intime, plus électrisant. Ils n’ont pas pris de douche, mais cela ne fait qu’ajouter à l’intensité de l’instant, ce parfum brut, animal, qui parle de passion l'attire encore plus. Alors Yohan succombe à l'envie irrésistible de le goûter. Mathis ne retient pas ses râles de plaisir tandis que Yohan s'occupe de faire monter la tension.

Mathis sent les mains de Yohan se faire plus insistantes, effleurant sa peau d’une manière plus déterminée, comme une exploration subtile de son désir. Chaque mouvement est un appel silencieux, un langage que seuls leurs corps comprennent. Yohan se laisse aller à une lente caresse de sa peau, s’arrêtant parfois, juste un instant, avant de recommencer, comme pour savourer cette sensation unique. Mathis, les yeux fermés, se laisse emporter par la pression de chaque geste, chacune de ses respirations devient plus lourde et plus désireuse.

Yohan qui s'occupe de la virilité de son amant, laisse alors couler sa salive qu'il guide de ses doigt vers le jardin secret qu'il convoite. Lentement, il commence à essayer de reproduire les gestes qu'il a décrit, ceux que Sébastien avait réalisé pour le préparer… tout en poursuivant son baiser sacré à son amant.

Il ressent que Mathis se détend, alors sans cesser son intime préparation, d'un geste rapide il se libère de son cuissard. Pour lui pas besoin de préparation, les râles étouffés et incessants de Mathis ont suffit. Alors, lentement il remontent entre les cuisses de son amant. Il le bascule légèrement pour découvrir l'orée qu'il cherche à percer. Ses bras sont tendus, mains sur le sol, ils maintiennent les cuisses de Mathis relevées, alors il murmure à Mathis :

— Si tu le désires toujours, alors guide moi…

— Plus que jamais, luis répond Mathis en aidant Yohan à s'immiscer en lui.

Ses mains, nerveuses, cherchent alors à s’accrocher à Yohan, se posent sur ses bras, ses hanches, le tirant plus près, comme si, de cette proximité, il pourrait trouver la réponse à son besoin de fusion totale. Ses lèvres cherchent celles de Yohan, affamées, sans plus de retenue. Il n'y a plus de place pour rien d'autre, juste ce besoin de l'autre, ce désir inarrêtable. Leurs corps, déjà en parfaite osmose, s'animent alors sous cette tension palpable qui ne cesse de croître. Chaque mouvement devient une promesse, chaque friction entre leurs peaux comme une étincelle prêt à tout enflammer. Les gestes de Yohan se font plus pressants, plus insistants, sa main glissant maintenant plus bas, explorant Mathis avec une maîtrise calme, assurée. Là, dans ce creux intime, où chaque caresse semble résonner au fond de leur chair, l'urgence se fait plus évidente, plus brutale tandis qu'il lui donne un plaisir certain par des coups de reins doux mais puissants.

Mathis, complètement englouti par la chaleur, se laisse aller, oubliant tout ce qui n’est pas Yohan, une fièvre naissante qui le dévore. Ils sont liés, pris dans un tourbillon de désir animal, un besoin viscéral de l’autre qui s’intensifie encore, l'excitation et la passion se mêlant au rythme savoureux de ces flux et reflux.

Yohan, tout aussi perdu dans la sensation de Mathis contre lui, accélère au son de son partenaire. Chaque mouvement devient plus pressant, plus urgent, mais toujours empreint d’une douceur infinie. Il se laisse guider par le rythme de leurs corps, leur désir s’intensifiant à chaque instant amplifié par l’odeur de la sueur, l'intensité du moment, leur peau chaude se frôlant et se pressant, tout cela nourrit le désir qu’ils ressentent l’un pour l’autre. Les deux hommes sont perdus dans une danse érotique, où chaque caresse, chaque baiser, semble amplifier leur désir mutuel. Mathis, avec un cri étouffé, sent son corps se tendre à l’approche du moment ultime, une vague d’émotions l’envahissant, comme une marée qui monte inexorablement. Il se laisse emporter par cette force et Yohan, à son tour, réagit avec une vigueur qui le surprend lui-même. Son corps se presse encore plus contre Mathis, ses baisers se font plus passionnés, plus profonds, comme s’il cherchait à extraire chaque once de plaisir de leur union. Les deux corps sont fusionnels, connectés dans cet élan partagé.

Finalement, c’est un cri presque animal qui s’échappe de la gorge de Mathis. Son corps se tend, les muscles serrés comme une corde prête à se rompre. Une vague de chaleur s’échappe de lui, traversant chaque pore, chaque cellule, jusqu’à l’explosion finale. Yohan le ressent et son propre plaisir se déverse dans la même marée, ses yeux fermés, ses baisers sont encore plus fougueux alors qu’il sent la puissance du moment atteindre son paroxysme.

Les deux hommes sont pris dans une explosion de sensations, leurs corps tremblant sous la force du plaisir partagé. La chaleur est intense, brûlante, et elle semble se prolonger indéfiniment, bien après que le dernier écho de leur cri se soit tu. Ils restent un instant enlacés, leurs corps encore tremblants, soufflant avec une intensité renouvelée, les yeux fixés l’un sur l’autre. Dans ce regard, il y a tout : la passion de ce qu'ils ont partagé, la profondeur de ce lien qui les unit, et la promesse de recommencer. Ils se tiennent l'un contre l'autre, encore imprégnés de l'extase, avant de se replier dans une étreinte tendre.

Dans cet après-midi d'été naissant, Mathis et Yohan reprennent lentement pied dans cet endroit retiré, un sanctuaire où ils se sont donnés l'un à l'autre. La chaleur des rayons du soleil leur rappelle l'intensité de ce qu'ils viennent de vivre. Ils se rhabillent lentement, chacun savourant encore l'écho des sensations partagées qui les ont bouleversés.

Assis côte à côte, les cœurs battant encore au rythme de leur étreinte récente, Mathis brise doucement le silence. Son regard fixé sur l’horizon, il parle d’une voix tremblante, non d’hésitation, mais d’émotion pure.

— C’est fou comme je me sens bien avec toi, commence-t-il en tournant les yeux vers Yohan. C’est comme si tout ce qui me pesait, tout ce qui m’effrayait… disparaissait quand tu es là. Jamais je n’aurais imaginé que l’amour puisse être à la fois si doux et si sauvage.

Yohan écoute, ses yeux brillants davantage à chaque mots de Mathis. Sa main cherche celle de son partenaire, et il la serre doucement avant de répondre, d’une voix empreinte de gravité :

— Moi aussi. Depuis un moment déjà, je savais ce que je ressentais pour toi… Mais rien ne m’avait préparé à ça. À ce sentiment si fort, si lumineux. Je crois que c’est ça, l’amour. Une force qu’on ne choisit pas, qui nous traverse, et qui nous dépasse.

Il marque une pause, le regard lointain, ses mots plus lourds maintenant.

— Mais… je ne peux m’empêcher d’avoir peur. Peur de ce que les autres diront. Ce que nous vivons, pour beaucoup, sera vu comme une erreur, une abomination. Ils diront que c’est contre nature, que c’est sale… Et ça, Mathis, ça me terrifie. Pas parce que je doute de ce que je ressens. Mais parce que je sais combien le regard des autres peut blesser. Combien ils peuvent être cruels.

Mathis baisse les yeux un instant, absorbant la douleur dans les mots de Yohan. Puis, doucement mais fermement, il relève la tête. Son regard, désormais déterminé, cherche celui de Yohan, et il lui répond avec une force tranquille.

— Yohan… je comprends. Moi aussi, j’y ai pensé. Je me surprends à rêver que nous soyons comme tout le monde. Que tout soit simple. Mais ce n’est pas nous. Et je crois que je ne voudrais pas être différent. Ce que je ressens pour toi est vrai, c’est pur, et rien ni personne ne pourra jamais me convaincre du contraire. Ceux qui jugent, ils n’ont jamais ressenti ça. Ils ne savent pas ce que c’est d’aimer comme nous aimons.

Il serre la main de Yohan un peu plus fort, ses yeux brillant d’une lueur d’espoir.

— Avec toi, je me sens invincible. Je ne dis pas que ce sera facile. Mais je sais que je suis prêt à me battre pour nous, pour toi. Peu importe ce que disent les autres, tant que je suis à tes côtés, je suis heureux. Et c’est ça qui compte, non ? Être heureux, être entier, être soi-même. Ça vient de m'arriver… alors je suis prêt à me battre pour le garder.

Yohan ne peut retenir un sourire, ému par la sincérité et la force des mots de Mathis. Une larme roule lentement sur sa joue, qu’il essuie d’un geste maladroit, avant de répondre, sa voix brisée par l’émotion :

— Tu as raison, Mathis. Ce ne sera pas facile. Mais je sais que tant que je suis avec toi, je peux tout affronter. Ce que nous avons est beau, unique… Et, moi aussi, il faudra m'abattre pour me l'enlever ... je refuse de laisser quiconque nous le voler.

Ils restent ainsi, main dans la main, le cœur un peu plus léger malgré les craintes persistantes. Ensemble, ils se promettent de tenir bon, de se soutenir, de s’aimer envers et contre tout. Sous le soleil éclatant, la nature les entoure comme pour protéger ce lien précieux, inébranlable, qu’ils viennent de sceller.

— C'est pas le tout, mais ça creuse de faire l'amour, lance Yohan avec un éclat de malice dans la voix. On pique-nique, et après, on se remet en route ?

Mathis éclate de rire, son rire clair résonnant dans l'air tranquille, mêlé au chant des oiseaux. Il se laisse retomber sur l'herbe, les bras croisés derrière la tête, son sourire rivalisant avec la chaleur du jour.

— J’adore ton pragmatisme, Yohan. Allez, ouvre donc ce sac à dos, que je voie si t’es aussi doué en sélection de victuailles qu’en… enfin, tu sais.

Le rouge monte légèrement aux joues de Yohan, mais il s’affaire immédiatement à déballer le pique-nique qu’ils avaient préparé plus tôt dans la journée : des sandwiches faits maison avec du pain frais, des légumes croquants et une bonne dose de protéines. Yohan ouvre aussi une gourde d’eau fraîche et tend un fruit à Mathis.

— Tiens, attaque ça. Je suis pas sûr que le dessert soit inclus au programme du jour, dit-il en plaisantant.

Ils mangent avec appétit, assis sur l’herbe, leurs vélos reposant contre le tronc du chêne. L’air est chaud, mais la brise qui passe parfois entre les branches leur apporte une fraîcheur bienvenue.

Après le repas, Mathis se lève et tend une main à Yohan.

— Alors, prêt pour la suite ? On a encore un bout de chemin pour rentrer.

Yohan attrape sa main, se redressant avec énergie.

— Avec toi ? Toujours.

Sous le soleil accablant de l’après-midi, Mathis et Yohan s’assurent de ne laisser derrière eux que les souvenirs intangibles de leur passion. Avec soin, ils replient la couverture et la rangent dans le sac à dos avant de reprendre leurs vélos. Leurs visages rougis par l'effort et la chaleur portent un sourire complice.

Leur itinéraire les mène sur la D980, serpentant vers Époye. Leur complicité se transforme en jeu, une course ludique où Mathis puis Yohan prennent tour à tour la tête, leurs rires résonnant dans l’air lourd. Lavannes, Pomacle, Fresne-les-Reims défilent, et lorsqu’ils atteignent Bourgogne, la chaleur et leur précédente escapade les rattrapent : leurs gourdes sont désespérément vides.

Ils s’arrêtent au cimetière du village, une solution de secours bien connue des cyclistes en quête d’eau potable. Respectueux des lieux, ils remplissent leurs bidons en silence. Pourtant, alors qu’ils franchissent les grilles pour repartir, un vieil homme surgit, l’air mécontent :

— Vous pourriez pas respecter nos morts ? Toute la journée, ça n’a fait que défiler !

Yohan s’arrête et, bien qu’un brin agacé, lui répond avec un calme teinté d’ironie :

— Nous n’avons rien fait de mal, monsieur. Nous avons juste pris de quoi nous désaltérer. Préféreriez-vous que nous allions les rejoindre en mourant de soif, peut-être ?

La répartie de Yohan, posée mais implacable, coupe court aux protestations du vieillard. Il reste bouche bée, marmonne quelque chose d’inaudible, puis tourne les talons. Mathis, retenant un rire, donne une tape complice à Yohan.

— T’as des arguments qui tuent. Tu crois qu’il va s’en remettre ?

Yohan sourit, replaçant son casque.

— On verra bien, mais ce n’est pas notre problème. Allez, prêt pour une revanche ?

Mathis ne se fait pas prier, et en un clin d’œil, les voilà repartis à toute allure, avalant les kilomètres sous un soleil implacable. Les rayons de l’après-midi embrasent l’asphalte, mais leur énergie semble inépuisable. Leurs vélos tracent sur les petites routes sinueuses, portés par une complicité et une liberté qui rendent chaque coup de pédale grisant.

Brimont, Courcy : les villages défilent, simples jalons sur leur route. Ils enjambent le canal pour rejoindre la D944, une voie plus large qui les propulse en direction de Reims. L’asphalte brûle sous leurs roues, mais rien ne semble pouvoir ralentir leur cadence. Sur l’avenue Nationale puis l’avenue de Laon, ils se glissent parmi les voitures comme des flèches, attirant quelques regards admiratifs ou agacés.

Quand ils atteignent enfin la Porte Mars, leur escapade touche à sa fin. Ils sont cependant contraints de marquer une pause au feu de la place de la République. Quelques instants plus tard, ils s’élancent à nouveau, dévalant les voies bordées d'arbres du boulevard de la Paix. Le parc des arènes, avec ses pelouses et ses arbres protecteurs, annonce leur arrivée imminente.

Devant la tour de Yohan, les deux amis et amants ralentissent, savourant les derniers instants de cette échappée vibrante. Leur séparation est brève mais teintée d’un sourire complice, une promesse de nouveaux moments partagés. Ils repartent chacun de leur côté, regagnant leurs familles, impatients de retrouver la fraîcheur d’une bonne douche, tout en sachant que cette journée brûlante restera gravée dans leur mémoire.

Mathis pousse son vélo jusqu'au sous-sol de son immeuble, où il le range soigneusement à l'abri. Le silence de l'endroit contraste avec l'agitation de leur course effrénée. Une fois son vélo sécurisé, il monte les marches quatre à quatre, son cœur battant encore un peu plus vite qu'à l'ordinaire. La perspective d'une douche froide devient une obsession bienvenue après l'intensité de la journée.

Dans sa salle de bain, Mathis s'assoit au fond de la baignoire, laissant l'eau froide jaillir de la pomme de douche et ruisseler sur sa peau chauffée par le soleil et l’effort. Ses muscles endoloris se détendent sous le contact rafraîchissant de l’eau. Sa peau, rougie par le rayonnement de l'été, semble apaiser son ardeur sous ces gouttes bienfaitrices. Il savonne doucement chaque partie de son corps, chaque geste évoquant involontairement le souvenir de Yohan. Une pensée furtive traverse son esprit : "Si seulement il était là…". L’idée d’un partage encore plus intime le fait sourire, même seul dans la chaleur humide de la pièce.

Une fois propre et rafraîchi, Mathis s’essuie rapidement. Devant le miroir, il examine de plus près les démarcations nettes laissées par ses vêtements de cycliste, que la lumière estivale a dessinées sur sa peau. S’il veut passer une nuit calme, il n’a d’autre choix que d’appliquer de la biafine pour apaiser et prévenir les coups de soleil. Puis, il enfile des vêtements légers, parfaitement adaptés à la chaleur persistante de la fin d’après-midi. Mais quelque chose manque ou plutôt une présence. Il le sait, il le sent. Yohan. Cette pensée le pousse à attraper le téléphone de la console à proximité presque instinctivement. Sans hésiter, il compose le numéro de celui qui fait battre son cœur. La voix de Yohan à l’autre bout du fil semble combler l’absence et, en quelques mots échangés, le souvenir de leur journée prend une nouvelle profondeur. Mathis, le cœur emplie d'un bonheur comme jamais il n'avait ressenti avant, se dit que ce jour marque un réel tournant dans sa vie.

Il rejoint alors le sa famille pour prendre ensemble le repas du soir. Chacun aide. Avec son frère, ils mettent la table pendant que ses parents réchauffent les plats. Puis tout le monde s'installe. La TV reste éteinte pour ne pas perturber ces moments d'échanges familiaux si importants. Comme Mathis a passé le week-end chez son ami, les parents lui pose la question banale :

— Alors ta journée de vélo ? C'était comment ? Et hier soir ta soirée film chez Yohan ? Raconte…

Mathis d'habitude fort loquace semble étrangement gêné et se détourne rapidement…

— Comme d'hab', on a bien roulé. Le film ? C'était pas mal sans plus. Voilà.

Les parents se regardent, quelque peu étonnés mais bon il y a des jours avec et des jours sans se disent-ils. Tom, lui est vraiment étonné, il sent que son petit frère cache quelque chose. Il le laisse tranquille mais se dit qu'il va falloir qu'il explique. Le reste du repas tourne autour de Tom, qui planifie pour cet été de partir pour la première fois avec un groupe d'amis en camping…. Le repas s'achève et chacun aide pour débarrasser. Mathis, resté étrangement silencieux durant la totalité du repas, continue d'éveiller la curiosité de Tom en filant dans sa chambre au lieu de rester devant la télé avec lui pour choisir le film de la soirée.

Une fois à l'écart, il prend le téléphone et compose le numéro de Yohan. Il lui raconte sa gêne pendant le repas :

— Yohan, ça commence mal ici. Mes parents m'ont questionné sur le week-end. Je n'ai pas su quoi répondre. Pire, j'ai ressenti un profond malaise à leurs questions. P'tain ça craint…

Yohan, de son côté, confirme qu'il ressent la même chose, mais il tente de le rassurer :

— Pareil pour moi. Ça m’inquiète pas tant que ça. C'est normal, on ressent le poids du mensonge. On doit faire attention à nos réponses pour pas gaffer. C'est tout nouveau alors un sentiment de peur mêlé de culpabilité nous bloque. Ça va s'arranger avec le temps…

Leurs échanges, bien que brefs, apportent à Mathis une forme de réconfort. Il sait que Yohan est là, qu’ils partagent la même situation, et il espère surtout que le moment viendra où ils pourront aborder ces sujets plus ouvertement. Mais pour l'heure, il doit encore naviguer dans les silences et les non-dits de sa vie quotidienne.

Soudain, on frappe à la porte de la chambre de Mathis, interrompant ses pensées qui tournoyaient encore autour de sa journée et de Yohan. La voix familière de Tom résonne à travers la porte.

— C’est moi, ouvre, Mathis.

Mathis se fige, le cœur battant. Depuis le dîner, il avait vu les regards appuyés de Tom, les questions silencieuses qu’il semblait déjà lui poser. Il savait que cette conversation allait arriver, mais pas si vite. Le moment était venu, et il redoutait d’avoir à parler, à tout révéler. Il hésite, pris de panique.

— Mathis, c’est long, qu’est-ce que tu fais ? insiste Tom, visiblement déterminé.

Mathis n’a plus le choix. Il prend une profonde inspiration, posant une main sur la poignée comme pour se donner du courage. Il ouvre enfin, et Tom entre sans attendre, se laissant tomber sur le lit d’un geste familier. Comme d’habitude, il semble parfaitement à l’aise, mais son regard perçant est déjà fixé sur son petit frère, installé maladroitement sur son pouf poire.

Tom le questionne alors instantanément :

— Alors ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu avais l’air ailleurs à table. Sérieux, c’est quoi le problème ? T’as des ennuis ? T’as fait une connerie ? Ou… t’es fâché avec Yohan ?

Le nom de Yohan, prononcé à voix haute, fait sursauter Mathis. Ses joues s’empourprent immédiatement, et il détourne les yeux. Cette réaction ne fait qu’amplifier l’attention de Tom, qui fronce les sourcils en le fixant.

— Mathis, arrête. Je te connais par cœur, tu ne peux pas me la faire. C’est quoi, ce secret qui te rend tout bizarre ? Tu veux que je te cuisine jusqu’à ce que tu craques ? Parce que tu sais que je vais finir par le découvrir, alors autant parler.

Mathis se tortille sur son pouf, cherchant désespérément une échappatoire. Mais il sait que Tom ne lâchera pas. C’est son frère, son aîné, celui qui a toujours été là pour lui. Et pourtant, il a peur. Peur de voir ce regard d’amour et de protection se transformer en déception ou, pire, en incompréhension. Mais Tom ne bouge pas, attendant patiemment, une lueur d’encouragement dans ses yeux :

— Bon alors, tu me craches le morceau ou il faut que je te tire les vers du nez ?

— Arrête, il n'y a rien … juste … de la fatigue. Mathis, cherchant ses mots.

— P'tain, arrête de me prendre pour un con ! C'est vexant, on ne s'est jamais rien caché. Aucun sujet ne nous a jamais fait peur, de la moindre broutille à plus important… qu'est-ce que tu m'joues là, sérieux !

— Mais rien, j't'assure…

— Bon ok, tu le prends comme ça.. Tu n'as plus confiance en moi ? J'en reviens pas. Tu sais pourtant que tu peux tout m'dire. Je te connais… n'oublie pas que t'es mon frère depuis déjà 17 ans alors je connais la moindre de tes expressions… Là je sais qu'tu mens et pour une raison que j'ignore tu refuses de me dire les choses… Tant pis, tu fiches en l'air notre confiance… ça me blesses mais j'te laisse. Salut.

Tom se lève et fait mine de partir. Mais il espère avoir touché au but et n'attend qu'un mot de son frère et ce mot arrive comme il le prévoyait :

— Reste … reste Tom… je …

Mathis regarde fixement son frère, ses yeux se chargent alors d'un émotion visible.

Tom se jette alors à ses côtés :

— Mais qu'est-ce que tu as bon sang… Dis moi le s'il te plait… je ne désire qu'un chose t'aider, aider mon petit frère adoré. Ça m'fait trop mal de te voir comme ça.

Finalement, Mathis laisse échapper un soupir tremblant en essuyant une larme qui glissait le long de sa joue.

— Bon, d’accord… Oui, il y a quelque chose. Mais… c’est compliqué.

Tom se place alors en face de lui. Il pose une main sur le genoux de son frère et de l'autre, d'un geste emplit de douceur fraternelle, il lui redresse lentement la tête. Ainsi, Mathis peut lire l'affection de Tom dans son regard.

— Compliqué ? Vas-y, je t’écoute. T’es mon frère, rien ne peut être trop compliqué pour qu’on en parle.

Mathis serre ses mains moites, hésitant encore une seconde de plus. Gêné par l'intensité du regard de Tom, il détourne légèrement la tête et baisse les yeux. Il affiche une certaine honte. Puis il se lance, presque dans un souffle :

— Je suis amoureux…

Tom hausse un sourcil, surpris mais pas décontenancé. Il ramène alors la tête de Mathis vers lui :

— Et c’est ça qui te stresse à ce point ? C’est une bonne chose, non ?

— Oui, mais… Ce n’est pas une fille. C’est… Yohan, répond Mathis en baissant de nouveau la tête.

Les mots restent suspendus un instant, comme si le temps s’était figé. Mathis ose à peine respirer, ni relever la tête. Il redoute plus que tout la réaction de Tom. Tom prend alors la tête de Mathis entre ses deux mains pour l'obliger à lui faire face. Mais au lieu de l’étonnement ou du jugement qui l'effrayait, il voit un sourire se dessiner sur le visage de son frère.

— Yohan, hein ? Je m’en doutais un peu, tu sais. Vous êtes inséparables. Et franchement, je suis soulagé que tu me le dises. J'avais peur, je m'imaginais que vous ayez fait une grave bêtise… Mais là franchement c'est rien… Je suis si heureux pour toi. J'adore Yohan en plus...

Mathis relève les yeux, incapable de cacher son soulagement, mais aussi son incrédulité.

— Tu… tu le penses vraiment ? Ça ne te dérange pas ?

Tom éclate d’un rire chaleureux.

— Déranger ? Tu rigoles ou quoi ? Pourquoi ça me dérangerait ? Ce que je vois, c’est mon petit frère qui vit quelque chose de beau. Et ça, c’est tout ce qui compte pour moi.

Mathis, ému, tente un sourire, mais ses craintes ne disparaissent pas complètement.

— Mais… les autres ? Les parents ? Les gens au lycée ? Je ne sais pas si je suis prêt à affronter tout ça.

Tom se lève, croisant les bras devant lui avec une expression pleine de conviction.

— Écoute, Mathis. Le regard des autres, ça peut être dur, c’est vrai. Mais les autres, ils ne vivent pas ta vie. Ils ne savent rien de ce que tu ressens, rien de ce que vous partagez, toi et Yohan. Alors laisse-les parler, laisse-les juger. Tant que toi, tu es heureux, rien d’autre n’a d’importance. Et pour les parents, tu leur diras quand tu te sentiras prêt. Mais sache que, quoi qu’il arrive, je serai toujours là pour toi.

Mathis se lève à son tour, les yeux brillants de gratitude. Tom l’attire dans une étreinte fraternelle, forte et rassurante.

— Merci, Tom. Merci de ne pas me juger… De m’accepter.

— C’est pas une question d’accepter ou pas, petit frère. C’est une question d’aimer. Et moi, je t’aime comme tu es. Toujours.

Dans cette chambre où le silence a laissé place à la complicité, Mathis sent un poids énorme s’envoler. Tom, ce pilier de sa vie, vient de prouver une fois de plus que leur lien dépasse les normes, les attentes, et le qu’en-dira-t-on. Ensemble, ils sont invincibles, et il vient d'en recevoir une preuve, une preuve de l’amour inconditionnel qui unit deux frères.

Encore bouleversé par sa conversation avec Tom, Mathis attrape son téléphone dès que son frère quitte la pièce. Ses mains tremblent légèrement, mais cette fois, ce n’est pas de nervosité. C’est un mélange d’excitation et de soulagement. Yohan décroche presque immédiatement, comme s’il avait deviné que Mathis avait besoin de lui parler.

— Alors, mon Mathis, ça va ? demande Yohan, un sourire perceptible dans sa voix.

Mathis inspire profondément, son cœur battant encore sous l’effet de l’intensité de ce qu’il vient de vivre.

— Yohan… je viens de parler à Tom. Enfin… je lui ai tout dit, lâche-t-il d’un trait.

Un silence s’installe à l’autre bout de la ligne, et Yohan, prudent, finit par demander doucement :

— Tout dire ? Tu veux dire à propos de nous ?

— Oui. Il savait qu’il se passait quelque chose. Il a posé des questions, et… je lui ai avoué que j’étais amoureux. De toi.

Mathis marque une pause, les mots toujours lourds de sens dans sa bouche, avant de reprendre :

— Et tu sais quoi ? Il a été incroyable. Il m’a dit qu’il m’aimait comme j’étais, que je ne devais jamais avoir honte de ça. Et que si j’avais besoin de lui pour en parler aux parents, il serait là. C’est comme s’il voulait juste que je sois heureux, rien d’autre.

Yohan laisse échapper un soupir, un mélange de soulagement et de joie.

— Mathis, c’est trop cool. Tu sais, t'à l'heure tu m'as inquiété, mais là, c’est top. Tom a toujours été un frère génial, mais franchement, ça dépasse mes espérances.

Mathis esquisse un sourire, son cœur encore gonflé d’émotion.

— Moi non plus, j'm’attendais pas à ça. Mais c’est là que j'réalise à quel point il tient à moi. Il m’a dit que rien ne pourrait jamais briser notre lien. Ça me fait un bien fou. Et tiens toi bien… il a ajouté qu'en plus il t'adore !

— Bah oui je suis irrésistible, je sais, répond Yohan. Plus sérieusement, ce genre de lien, c’est énorme. Ça nous montre qu’on n’est pas seuls… qu’il y a des gens qui nous aiment, vraiment, pour qui on est.

Un silence complice s’installe entre eux, chargé de gratitude. Mathis reprend, un peu plus posé cette fois :

— C’est clair. Avec toi et avec lui, je me sens… invincible, tu vois. C’est encore tout frais entre nous, mais ça compte tellement. Je crois qu’il faut avancer doucement. Pour l’instant, on garde ça pour nous. C’est notre jardin secret. La prochaine étape, ce sera les parents. Après, on verra pour le reste.

Yohan approuve doucement.

— Yep, c’est tout ce qui compte, Mathis. On verra ça comme on le sent. Faut qu'j'te dise au fait … je t'aime...

Ils continuent à parler, naviguant entre légèreté et confidences, avant de finalement se souhaiter une bonne nuit. Lorsque Mathis raccroche, il reste un instant à fixer le plafond, le cœur étrangement léger.

Cette journée intense lui a ouvert les yeux. Il n’a pas seulement consolidé son amour naissant pour Yohan. Il a aussi mesuré à quel point son lien avec Tom, son grand frère, était indestructible. Qu’importe les jugements ou les qu’en-dira-t-on : dans cet amour et ce soutien sincères, Mathis trouve la force d’avancer.

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