Les retrouvailles.

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Dans l’appartement baigné de lumière, l’atmosphère est à la fois fébrile et chargée d’anticipation. Monique, habituellement si calme et posée, est méconnaissable : elle tourne en rond, ajuste les coussins du canapé, vérifie pour la troisième fois que les verres sont bien alignés sur la table, puis revient vers Claude, les mains tremblantes.

— Et si elle ne me reconnaissait pas ? souffle-t-elle, les yeux brillants d’anxiété. Et si elle me voyait comme une étrangère, Claude ? Elle marque une pause avant d’ajouter, d’une voix presque enfantine : Suis-je présentable ? Est-ce qu’elle sera fière de moi ?

Claude, debout à ses côtés, attrape doucement ses mains pour l’immobiliser et plante son regard réconfortant dans le sien.

— Voyons, Monique, c’est ta mère. Bien sûr qu’elle te reconnaîtra. Tu as bien reconnu ta sœur Thérèse au premier coup d’œil, non ? Il lui adresse un sourire chaleureux et ajoute en gonflant légèrement le torse : Comment pourrait-elle ne pas être fière ? Tu es magnifique, épanouie, et tu as construit une famille formidable.

Monique esquisse un sourire timide, mais son regard trahit encore une part d’inquiétude.

Dans la chambre, les garçons, habillés sobrement mais élégamment, tentent de détendre l’atmosphère. Mathis plaisante en mimant la nervosité de sa mère, ce qui déclenche les rires de Tom et Yohan. Ce dernier, toujours attentif et présent, pose discrètement sa main sur l’épaule de Mathis. Visiblement tendu par l’intensité de la journée, celui-ci avait demandé à Yohan de l’accompagner, conscient que ce moment ne serait pas seulement un bouleversement pour sa mère, mais pour toute la famille. Yohan lui murmure doucement :

— Ça va aller, Mathis. Ta mère est forte, et elle est entourée de vous tous.

Mathis hoche la tête, reconnaissant pour cette présence familière qui lui donne un semblant d’ancrage dans ce tourbillon émotionnel. Tom, de son côté, observe la scène avec une sagesse presque protectrice. Voyant son frère encore troublé, il s’avance légèrement, croisant les bras dans une posture rassurante, et déclare d’un ton calme et apaisant :

— Mathis, on n’a rien à craindre. Maman est sur le point de retrouver une partie d’elle-même qu’elle pensait perdue à jamais. C’est un moment fort, oui, mais c’est surtout un moment heureux.

Il marque une pause, cherchant les mots justes, avant d’ajouter avec un sourire encourageant :

— Regarde notre famille, elle est unie. Aujourd’hui, ce n’est qu’une étape de plus. Et toi, moi, être là pour elle, c'est tout ce que maman attend.

Mathis inspire profondément, les paroles de son frère apaisant ses angoisses. Il jette un regard vers Yohan, qui lui sourit en retour, puis vers la porte du salon où il entend les murmures de Monique et Claude en train de s’assurer que tout est parfait pour l’arrivée de Suzanne.

— Merci, murmure-t-il simplement à l’attention de ses deux soutiens. Vous avez raison. Aujourd’hui, c’est un jour important, et je veux en faire un beau souvenir pour elle.

Yohan, fidèle à son habitude, répond avec un sourire malicieux qui détend l’atmosphère :

— Avec une famille comme la tienne, c’est sûr que ce sera mémorable.

Les trois jeunes hommes échangent un regard complice avant de se préparer à rejoindre le salon, leur présence devenant un soutien important pour Monique en ce jour où les émotions se déploient à chaque instant.

— Maman, tu n’as rien à craindre. Ce moment, tu l’attends depuis des décennies. Elle aussi, certainement lui dit Tom.

C’est alors qu’un bruit résonne : la sonnette de l’interphone de l’immeuble. Monique s’immobilise, retenant son souffle, ses mains se crispant légèrement sur le dossier d’une chaise. Claude pose alors une main rassurante sur son épaule avant de murmurer doucement :

— C’est le moment, mon amour.

Il se dirige vers la porte et active l’interphone. Une voix familière résonne, brève mais empreinte d’émotion. Claude appuie sur le bouton pour déverrouiller l’entrée, et pour tous ce court instant semble durer une éternité. L’ascenseur commence à monter, son léger bourdonnement se mêlant au silence chargé d’impatience.

Lorsque les portes coulissent, une lumière douce se répand sur le palier, révélant la silhouette tant espérée. Là, dans l’encadrement, une femme âgée mais majestueuse se tient droite. Son visage, gravé par les années, exprime un mélange poignant de joie, d’appréhension, et d’amour. Suzanne.

À ses côtés, Thérèse, attentive et sereine, pose une main réconfortante sur le bras de leur mère. Derrière elles, Francis, l’époux de Thérèse, porte un sourire discret et bienveillant, tandis que Quentin, leur plus jeune fils, observe avec curiosité et émotion, témoin de cet instant hors du commun.

Monique reste figée un instant, comme si le temps s’était arrêté. Suzanne la regarde avec intensité, et soudain, dans une voix chargée d’émotion, murmure :

— Monique… ma petite Monique… c’est toi.

Ce simple appel brise la barrière invisible. Monique se précipite vers sa mère, les larmes coulant sur son visage. Suzanne ouvre grand les bras, et elles s’enlacent avec une force presque désespérée, comme pour rattraper des décennies perdues.

— Maman… maman… je suis là, sanglote Monique.

Autour d’elles, le silence est poignant. Même les garçons, d’habitude bavards, regardent la scène avec un respect presque sacré. Claude, debout près de la porte, échange un regard avec Thérèse, partageant un simple sourire avec elle.

Quand enfin l’étreinte se relâche, Suzanne caresse tendrement le visage de sa fille, comme pour s’assurer qu’elle est bien réelle.

— Tu es devenue une femme magnifique, dit-elle doucement. Je t’ai tellement cherchée, tellement espérée… Et maintenant, tu es là.

Monique, à nouveau en larmes, serre les mains de sa mère et murmure :

— J’ai tant rêvé de ce jour. J’avais peur… peur que tu m’aies oubliée.

— Oubliée ? réplique Suzanne, presque outrée, mais avec un sourire. Comment aurais-je pu ? Tu es et tu as toujours été ma fille. Rien n’a jamais pu changer cela.

La famille entière s’approche doucement, donnant à Suzanne l’occasion de découvrir ceux qui entourent Monique aujourd’hui. Les présentations sont pleines de tendresse, et l’atmosphère se transforme rapidement en une chaleur réconfortante, mêlant larmes et sourires.

Pour la première fois depuis des décennies, Monique se sent complète. Sa famille retrouvée, son passé et son présent réunis, tout semble à sa place.

Le moment est gravé dans chaque mémoire. Après l’étreinte poignante entre Monique et Suzanne, la pièce semble contenir une énergie douce mais bouleversante, chaque membre de la famille mesurant la portée de cet instant si unique.

Suzanne, en se redressant légèrement, essuie une larme avec le coin de son mouchoir en tissu et regarde autour d’elle. Son regard s’attarde sur Claude, les garçons et Yohan. Elle esquisse un sourire, mélange de curiosité et de bienveillance.

— Alors, Monique, dis-moi tout… Qui sont ces jeunes hommes magnifiques ? s’enquiert-elle avec une pointe de curiosité, même si Thérèse l'en a déjà informée.

Monique, retrouvant un peu de contenance malgré ses joues encore humides, se tourne vers sa famille avec fierté.

— Maman, je te présente ma famille. Voici Claude, mon mari. Nous sommes mariés depuis de vingt-cinq ans. Et nos fils… Tom, l’aîné, qui a 20 ans, et Mathis, notre cadet de 17 ans. Elle marque une pause et, avec un sourire tendre, ajoute : Et voici Yohan, le meilleur ami de Mathis, qui est pratiquement un membre de la famille.

Suzanne hoche la tête, observant chaque visage avec attention. Ses yeux brillent d’une émotion qu’elle peine à contenir.

— Vous êtes merveilleux, dit-elle doucement, sa voix teintée de bonheur. Et toi, Monique… Quelle femme incroyable tu es devenue. Une épouse, une mère… Elle s’arrête un instant, le regard perdu dans des souvenirs lointains. Si seulement j’avais pu te voir grandir…

Thérèse s’approche alors, posant une main légère sur l’épaule de leur mère.

— Maman, dis-leur ce que tu m’as confié. Dis à Monique ce que tu as ressenti toutes ces années…

Suzanne inspire profondément, puis commence d’une voix tremblante mais déterminée :

— Monique, lorsque tu as disparu de notre vie… Je n’ai jamais cessé de penser à toi, de prier pour toi. Mais ton père, Georges, nous avait convaincus que tu étais perdue à jamais. Il nous disait qu’il était impossible de te retrouver, qu’il avait essayé… mais c’était un mensonge. Dans son cœur, il portait cette culpabilité. Et nous, nous l’avons cru, aveuglés par notre propre douleur.

Elle marque une pause, l’émotion pesant dans sa voix.

— Mais je ne t’ai jamais oubliée. Chaque anniversaire, chaque Noël… je regardais la table, et il manquait quelqu’un. Toi. Et maintenant que je te vois ici, entourée de tant d’amour… C’est comme si une partie de moi-même revenait enfin à la maison.

Monique, bouleversée, attrape de nouveau la main de sa mère.

— Maman, tout cela est derrière nous, dit-elle doucement. Nous avons une seconde chance, et ne la ratons pas.

Claude intervient alors, sa voix posée et réconfortante :

— Vous êtes ici chez vous. Ce moment, c’est le début d’une nouvelle histoire pour nous tous. Une histoire où rien ne pourra plus vous séparer.

L’atmosphère se détend peu à peu. Les garçons, touchés par la scène mais un peu intimidés, s’approchent de Suzanne. Mathis, toujours audacieux, tend la main avant de se raviser et lui offre une bise timide, suivi par Tom. Yohan, en retrait, esquisse un sourire respectueux.

— Tu as une belle famille, Monique, reprend Suzanne, un sourire radieux sur les lèvres. Je suis tellement fière de toi…

Monique, le cœur apaisé pour la première fois depuis des décennies, sent les pièces de son passé s’assembler harmonieusement avec son présent. Elle n’est plus cette enfant perdue. Elle est une femme, une mère, une sœur, et désormais, à nouveau une fille.

Ce jour marque le début d’une renaissance, une promesse d’amour et de réconciliation pour des âmes longtemps séparées.

L’atmosphère dans l’appartement se remplit peu à peu d’une chaleur nouvelle, un mélange de tendresse et de libération après tant d’années d’incertitude et de douleur. Monique, debout à côté de Suzanne, ne peut s’empêcher de contempler sa mère, gravant dans sa mémoire chaque ride, chaque regard, chaque geste.

Claude, observant cette scène, pose une main affectueuse sur l’épaule de Monique, comme pour lui rappeler qu’il est là, à ses côtés, dans ce moment aussi fragile qu’intense.

— Suzanne, dit-il avec un sourire doux, vous avez beaucoup manqué à Monique, mais je crois qu’à travers elle, une part de vous a toujours été présente dans notre maison. Aujourd’hui, cette part devient complète.

Suzanne le regarde avec reconnaissance, son sourire illuminé par des larmes de joie.

— Merci, Claude, murmure-t-elle. Merci d’avoir pris soin d’elle, de lui avoir offert cette vie. Vous êtes un homme bon.

Elle tend une main tremblante et la pose doucement sur celle de Claude. Les garçons, intrigués par cet échange, observent en silence. Puis, Mathis, qui n’a jamais été du genre à se taire longtemps, s’avance avec un sourire malicieux :

— Et maintenant, grand-mère Suzanne, on peut dire que vous avez deux petits-fils officiels et… un invité permanent.

Les rires fusent, brisant la tension qui régnait encore. Suzanne, amusée, regarde Yohan avec curiosité. Il rougit légèrement, mais esquisse un sourire sincère.

— Invité permanent ? reprend-elle avec une lueur taquine dans les yeux. Je vois qu’il y a ici une place spéciale pour toi, jeune homme.

— Oui, dit Yohan avec modestie. Mathis et sa famille m’ont toujours fait sentir chez moi. C’est… précieux.

Suzanne incline la tête avec tendresse, comprenant l’importance de cet attachement. Elle se tourne alors vers Monique.

— Mais Thérèse, nous sommes grossiers ! dit-il avec légèreté. Tu n’as même pas encore eu l’occasion de nous présenter ceux qui t’accompagnent. Entrez.. entrez… milles excuses...

Thérèse éclate de rire, soulagée par cette diversion bienvenue.

— Merci, Claude. J’ai bien cru que nous allions rester sur le palier tout ce temps ! plaisante-t-elle, tandis que Francis et Quentin s’approchent, sourire aux lèvres.

Les présentations s’enchaînent naturellement. Suzanne salue chaleureusement Claude, puis échange quelques mots avec Tom, Mathis, et même Yohan, qui se fait discret mais dont la politesse et la douceur n’échappent pas à la vieille dame. Thérèse, rayonnante, présente fièrement son époux Francis, à la stature imposante mais au regard bienveillant, ainsi que Quentin, leur fils cadet, dont la timidité laisse place à une curiosité sincère en découvrant cette branche inconnue de sa famille.

Une fois tout le monde installé dans le salon, la discussion s’anime. Suzanne, détendue, commence à évoquer des souvenirs d’enfance qu’elle croyait à jamais enfouis. Elle parle de Monique enfant, de son rire cristallin, de ses boucles indomptables, et de sa complicité avec Yvonne, la petite dernière.

— Yvonne était si fragile, mais tellement joyeuse, se souvient Suzanne, sa voix légèrement voilée. Perdre son sourire… a été un déchirement.

Monique écoute attentivement, buvant les récits de cette vie qu’elle n’a pas vécue à leurs côtés. Thérèse, tout aussi émue, complète les anecdotes, ajoutant des détails oubliés, des souvenirs partagés entre frères et sœurs.

— Et toi, Monique, raconte-moi. Comment était-ce… de grandir loin de nous ? Elle s’interrompt, réalisant que sa question pourrait raviver des blessures. Pardon… je ne veux pas remuer le passé.

Monique, pourtant, secoue doucement la tête.

— Non, maman, il faut que tu saches. Les Deschamps… Ils m’ont tout donné. Une éducation, de l’amour, une stabilité que je n’avais jamais connue avant. Mais… j’ai souvent ressenti un vide. Un vide que je ne pouvais combler, car je ne savais pas d’où je venais, qui j’étais vraiment. Aujourd’hui, en te retrouvant, en retrouvant Thérèse, ce vide s’efface. Vous êtes la pièce manquante.

Suzanne, les yeux brillants d’émotion, serre une nouvelle fois Monique dans ses bras.

— Et nous, nous te retrouvons enfin, ma fille, murmure-t-elle avec une tendresse infinie.

Monique répond d’un sourire tremblant, encore submergée par l’intensité de ce moment.

Peu à peu, les silences émus laissent place à des éclats de rire. Francis raconte une histoire cocasse sur un repas familial désastreux, tandis que Quentin, encouragé par sa mère, partage timidement une anecdote récente de son apprentissage à la ferme. Les garçons, d’abord intimidés, se mêlent à la conversation, et même Yohan trouve sa place dans cet échange chaleureux.

Quand la soirée avance, Tom, observant que l’éclairage devenait trop tamisé, allume une lampe dans un coin du salon, baignant la pièce d’une lumière douce et feutrée. Suzanne, désormais à l’aise, s’installe confortablement dans un fauteuil, entourée de cette famille qu’elle découvre, comme une reine retrouvant son royaume.

Monique, assise à ses côtés, pose doucement sa tête sur l’épaule de sa mère, dans un geste simple mais infiniment précieux. Suzanne glisse un bras autour de sa fille, comme pour la protéger, pour lui signifier que tout est enfin à sa place.

Dans cette ambiance empreinte de sérénité, le poids des années perdues s’allège. Ce n’est pas juste une réunion, mais une réconciliation. Une renaissance.

Claude, debout près de la table, jette un coup d’œil à l’horloge murale.

— Il est tard, et l’heure du dîner est arrivée. Cependant, à part l’apéritif, je crains que nous manquions cruellement de victuailles, dit-il avec un sourire. Je peux commander quelque chose si vous souhaitez prolonger cet instant.

Thérèse, touchée par l’attention, consulte son époux Francis, puis se tourne vers Suzanne.

— Maman ? Qu’en penses-tu ?

Suzanne, le cœur léger, hoche la tête avec enthousiasme.

— Je ne vais pas bouder mon plaisir. Ce moment est si précieux.

L’enthousiasme gagne toute l’assemblée.

— Alors, c’est parti ! annonce Claude en souriant. Vous préférez des pizzas ou bien des plats indochinois ?

Une consultation animée s’engage autour des préférences culinaires. Très vite, l’idée des spécialités vietnamiennes et indochinoises emporte la majorité.

— Parfait, je m’occupe de tout ! dit Claude en attrapant son téléphone pour passer commande. Ce sera prêt dans 45 minutes. En attendant, je propose un toast.

Il saisit une bouteille de champagne encore fraîche, retire la capsule et fait sauter le bouchon dans un éclat joyeux. Les coupes se remplissent, et tout le monde lève son verre.

— À ces retrouvailles inespérées, dit Claude, sa voix chargée d’émotion. À la famille, et à ce nouveau chapitre que nous écrirons ensemble.

— À nous ! répondent-ils tous en chœur, leurs verres s’entrechoquant dans un tintement cristallin.

Claude, accompagné de Tom, propose ensuite d’aller récupérer la commande au restaurant, situé en bout de place d’Erlon, face aux promenades. Pendant leur absence, l’ambiance dans l’appartement reste animée. Suzanne partage des anecdotes de son enfance à Hayange, et Monique raconte quelques moments cocasses avec ses fils. Thérèse et Francis écoutent avec attention, tandis que Quentin, Mathis et Yohan rient doucement en découvrant les souvenirs partagés.

Lorsque Claude et Tom reviennent, les bras chargés de sacs parfumés, une délicieuse odeur de coriandre, de citronnelle et d’épices emplit la pièce. La table est rapidement dressée, et chacun trouve sa place autour du festin improvisé.

Entre deux bouchées de nems, de bœuf lôc lac, de crevettes sauces piquantes, de riz cantonais, de nouilles sautées ou encore de porcs au caramel, la conversation s’intensifie. Suzanne pose des questions sur la vie de Monique, sur ses enfants, sur ses projets. Monique, de son côté, s’intéresse à la jeunesse de Thérèse et aux aventures de ses neveux. Les anecdotes fusent, entrecoupées de rires et de regards complices.

Quand le repas touche à sa fin, Suzanne prend la main de Monique dans la sienne, la serrant avec une douceur infinie.

— Je n’aurais jamais imaginé un tel bonheur. Ce soir, je me sens comblée, murmure-t-elle.

La soirée tire à sa fin, et la famille commence à prendre congé. Claude, toujours aussi chaleureux, leur adresse une invitation qui fait l’unanimité.

— Revenez aussi souvent que vous le souhaitez. Et puisque nous sommes une grande famille, je propose qu’on organise un prochain repas chez mes parents, à la ferme familiale à Fère-en-Tardenois. C’est un lieu parfait pour les grandes tablées, et ils seront ravis de vous accueillir.

Thérèse et Suzanne échangent un regard joyeux, visiblement enchantées par l’idée.

— Ce serait merveilleux, dit Suzanne avec un sourire.

Alors que la porte se referme doucement sur les derniers au revoir, Monique reste un instant silencieuse, observant l’appartement désormais calme mais empli d’un nouvel élan de vie. Claude s’approche et l’enlace tendrement.

— Ce soir, on a tous gagné quelque chose, souffle-t-il à son oreille.

Et Monique, le cœur enfin apaisé, hoche la tête en souriant. Ce soir, elle a retrouvé plus qu’une famille : elle a retrouvé une part d’elle-même.

Alors que la soirée se termine, Mathis s’approche de ses parents, légèrement hésitant :

— Je descends raccompagner Yohan, je reviens rapidement, promet-il.

Claude acquiesce d’un signe de tête, et Monique lui adresse un regard complice.

— Ne traîne pas trop, Mathis, dit-elle doucement.

Dans le hall de l’immeuble, le silence nocturne est seulement troublé par le bourdonnement léger des lumières. Une fois dehors, dissimulés dans un recoin, loin des regards, Mathis et Yohan s’arrêtent. Les deux jeunes hommes se tournent l’un vers l’autre, un mélange d’émotion et de tendresse illuminant leurs visages.

Sans un mot, ils s’enlacent, leurs corps cherchant le réconfort de l’autre après cette soirée riche en émotions. Le baiser qui suit est intense, sincère, rempli d’un amour qu’ils ne prennent pas la peine de cacher à cette heure tardive.

Yohan, espiègle mais visiblement touché par la soirée, murmure en posant son front contre celui de Mathis :

— Avec ta famille, on ne s’ennuie jamais ! Je t’aime, tu ne sais pas à quel point.

Mathis sourit, ses yeux pétillant de malice et de tendresse.

— Si, je le sais. Mais pas autant que moi je t’aime…

Yohan éclate de rire, un son léger qui résonne dans la nuit paisible.

— Ça, ça reste à voir, mon poussin, réplique-t-il avec un clin d’œil avant de capturer une dernière fois ses lèvres dans un baiser appuyé.

Ils se séparent à contrecœur, le regard plein de promesses et de douceur.

— Bonne nuit, Mathis, dit Yohan en reculant doucement, ses mains glissant des siennes.

— Bonne nuit, mon cœur. Fais de beaux rêves.

Yohan disparaît au coin de la rue, et Mathis reste un instant planté là, un sourire béat sur les lèvres. Puis, rassemblant ses pensées, il remonte vers l’appartement, prêt à retrouver le cocon chaleureux de sa famille, le cœur léger et débordant de bonheur.

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