6 - Percer

2 minutes de lecture

« Quelle connerie, ces films de Romero ! », jura le survivant, tandis qu’une des créatures le talonnait.

Il l’avait repérée plusieurs minutes auparavant et avait tenté de la semer afin qu’elle cherche une autre victime. Il avait fallu qu’il tombe sur la plus retorse de la ville. Pas le choix : il devait s’en débarrasser. Voilà pourquoi il maudissait les grands classiques zombiesques.

Dans ces films, ça semblait facile, les personnages enchaînaient les tirs en pleines têtes sur des cibles d’une lenteur soporifique. Comment pouvaient-ils se faire avoir, si ce n’était pour la touche de drame ?

Dans la réalité, c’était loin d’être aussi simple.

Il ne pouvait pas décrire les créatures comme des zombies malgré leur apparence humanoïde… avec trop de griffes, de dents et d’épines givrées, et leur vitesse. Elles étaient extrêmement vives, presque trop vu le nombre de victimes qui jonchaient les rues. Lui tenait le coup, mais elles l’auraient à l’usure à ce rythme.

Comme si ça ne suffisait pas, une balle dans la tête ne venait pas à bout de ces choses. Il avait essayé… et failli le payer très cher. Heureusement, il avait fini par trouver la bonne méthode.

Percer le cœur. L’idéal serait de le faire avec quelque chose de brûlant, mais c’était difficile de chauffer à blanc une lame ou une barre de métal, ou d’enflammer des flèches. Il était équipé pour mais n’avait pas toujours le temps de s’y mettre. Contrairement aux jeux vidéo auxquels il aimait s’adonner, les adversaires ne lui laissaient pas une cinématique pour tout mettre en place et il ne pouvait pas sortir une arme enflammée de sa poche en une seconde.

Il perçait donc le cœur avec sa lance improvisée froide, ce qui avait au moins le mérite de ralentir les abominations, puis il les cramait. Le feu était imparable. La créature qui tenait tant à le poursuivre allait d’ailleurs y goûter.

Face à une victime démunie, les choses se seraient très mal finies, mais lui n’était pas un novice. Il l’attendait au détour d’un immeuble en ruines et elle eut à peine le temps de se montrer qu’il l’épinglait au mur auquel elle était agrippée.

Furieuse, elle se tortilla, griffa la brique, hurlait d’une voix suraiguë et cherchait à déloger le métal qui transperçait son cœur. Ce ne fut rien face aux sons déchirants qui lui échappèrent lorsque le feu commença à dévorer son corps glacé.

Contrairement aux fictions, cela prit plus que quelques secondes, mais cela tint les potentielles autres créatures à distance. Elles avaient une peur bleue du feu et étaient suffisamment intelligentes pour ne pas prendre de risques. Il prit donc le temps de reprendre son souffle et de la regarder brûler, toujours épinglée à son mur, jusqu’à ce qu’elle tombe en cendres. Il ne resta d’elle qu’un cœur de glace percé qui continuait de pulser de manière écoeurante.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Kae Morrigan ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0