10 - Balayer
Pourquoi les bouts de verre étaient aussi pénibles à balayer ?
Et pourquoi ses employeurs avaient cette fâcheuse tendance à casser du verre ?
S’il y avait bien une chose que Iarlaith Leary détestait dans son travail, c’était bien le balayage. Et il n’y échappait jamais.
C’était illogique voire masochiste, mais il préférait de loin s’échiner sur des tâches tenaces que passer ce fichu balai. S’assurer de ne rater aucun débris, aucun cheveu, aucun grain de poussière… et toujours en retrouver avait le don de l’exaspérer. Une trace finissait par disparaître et transporter un tas de chiffons que ramener plusieurs balais.
Ses patrons ne plaisantaient pas du tout à propos du nettoyage et il ne pouvait pas se permettre de perdre ce boulot. C’était littéralement une question de vie ou de mort, pour eux comme pour lui. Alors, Iarlaith balayait ces fichus capharnaüms qu’on lui laissait sur les bras. Il balayait des pelletées entières de saletés, en remplissait des sacs qu’il empilait à l’arrière de son 4x4. Il avait beau détester ça, cela ne l’empêchait pas d’exceller dans ce job.
Ce n’était pas pour rien qu’on le sollicitait plus que les autres, dans le métier. Il avait vite acquis une réputation irréprochable. Il aurait pu en être fier s’il avait choisi un autre plan de carrière. Pas qu’il considérait le monde ménager comme indigne, disons plutôt qu’il avait un problème de moralité avec ce que lui devait nettoyer.
En retenant un soupir, Iarlaith ramassa une énième pelletée de verre tâché de sang, termina de remplir un énième sac poubelle qui rejoignit les autres dans le 4x4 et couvrit les corps qu’il avait eux aussi bien emballés. Ses employeurs de ce soir s’étaient montrés particulièrement indélicats.
Au moins, cela lui vaudra une prime vu le carnage.

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