Mona Caldero avait l’impression que son corps était déchiré de part en part. Littéralement, c’était vrai : elle venait de mettre au monde un enfant et cela avait été un calvaire. Dans le sens figuré, c’était encore plus vrai : son cœur n’était pas à la fête.

Cela faisait environ sept mois - depuis qu’elle avait appris pour sa grossesse - qu’elle se triturait les méninges à propos du boulet qui croissait en son sein. Que devait-elle en faire ? Le filer à un orphelinat ? Le poser devant une porte au hasard ? Se contenter de le nourrir de temps en temps, quand il pleurait, et reprendre sa vie là où elle en était avant qu’il ne lui gâche la vie ?

Mona n’avait pas voulu ce bébé. C’était plus qu’un accident, il s’agissait d’une catastrophe, et la naissance n’avait rien changé. Aucun amour n’avait arrangé sa situation de jeune mère célibataire. La félicité ne déchirait pas la poitrine et le moral. Le désespoir, si.

C’était sur ce sentiment atroce que son petit Luciano entra dans sa vie.