En apparence, Orné était un minuscule village grec d’à peine une quarantaine d’habitants, sans histoires, sans rien de particulier. Ce n’était pas complètement faux, après tout ce lieu était paisible.

Hormis lors des périodes de pèlerinage.

Le village était juste un peu plus rempli et l’anarchie n’y régnait pas en maître mais l’ambiance était à la joie. Le prétexte était bon pour fêter l’arrivée des pèlerins, des enfants du pays venus de loin, pour ainsi dire les derniers vestiges des anciennes croyances.

Les mythes avaient la vie dure et les dieux de jadis avaient fait perdurer leur héritage par une interminable descendance. Ceux qui manifestaient des dons ou simplement le respect de leur sang accomplissaient le pèlerinage. Pour eux, rien ne valait l’intimité d’un petit village perdu plutôt que les ruines devenues pièges à touristes.

Certains voyageurs avaient hérité de certains dons ou afflictions de leurs divins ancêtres, et ils n’avaient pas à le cacher ici. Dans ce petit village niché au creux des montagnes, la mythologie reprenait vie chaque année.