23 - Luciole
« Au moins reste-t-il de la beauté dans ce monde », songea Carolina, tandis que la nuit était tombée et qu’elle avait trouvé un champ propre et bien tranquille.
Le monde tel qu’elle le connaissait avait été balayé par une maladie fulgurante emportant quasiment toute l’humanité. Elle avait échappé aux symptômes et cru que jamais elle ne survivrait à la folie ambiante. Le calme avait fini par retomber avec la mort de tous dans sa ville et aux alentours. Dès lors, elle avait parcouru des lieux jonchés de corps, de voitures accidentées et de maisons ravagées.
De la laideur et de la désolation partout. Et puis elle avait trouvé ce champ, qu’elle n’avait pas eu besoin de nettoyer ou d’en supporter l’odeur de putréfaction. Épuisée, elle comptait se laisser aller au sommeil lorsque les lucioles étaient apparues.
Carolina n’avait jamais pris le temps de les regarder par le passé. Elle n’en avait jamais eu le temps, à vrai dire, accaparée par trop de problèmes. Elle ne cherchait même plus ces petits détails qui rendaient le monde plus beau. C’était à peine si elle y croyait et y pensait. Quelle ironie qu’il faille la fin de l’humanité pour qu’enfin elle trouve ce temps si précieux. Et qu’elle y croit grâce à de si minuscules créatures.
Pour la première fois depuis trop longtemps, Carolina parvint à esquisser un sourire face à la douce lumière des lucioles.

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