Quand on avait un petit à s’occuper, rien n’était plus exaltant que l’éduquer, lui transmettre son savoir, lui donner sa toute première leçon. C’était d’autant plus vrai quand il s’avérait qu’on avait fait naître un véritable petit génie.

Ekaterina faisait partie de ces chanceuses. Son petit était un véritable prodige, qu’importait ce qu’il faisait. Même lorsqu’il se nourrissait et décidait de tout salir, il le faisait avec un certain art. Elle avait beau faire semblant de râler, elle ne pouvait s’empêcher de rire face aux giclées et aux lambeaux tout fins, l’œuvre d’un magnifique prédateur.

Ils passaient cette fois à l’étape supérieure. Il entrait dans une phase où il ne tenait plus en place, alors le temps où il devait attendre dans leur antre qu’elle lui apporte sa nourriture était révolu. Il allait suivre sa première leçon de chasse.

Tapis dans la nature, sous le couvert de la nuit, ils guettaient, ombres parmi les ombres. Tout doucement, Ekaterina susurra ses conseils et son expérience séculaire à l’oreille de son petit prodige. Et avec une attention adorable, il l’écoutait, ses yeux grands ouverts, ses pupilles réduites à une mince fente tandis qu’il scrutait les lieux en quête du moindre mouvement, du moindre souffle, du moindre battement de cœur pompant un sang frais et délicieux.

Le petit avait faim, elle s’en était assurée afin qu’il fasse de son mieux pour apaiser cette pulsion prédatrice en lui. Elle plaignait presque d’avance le malheureux bétail qui tomberait sous ses crocs et avait surtout hâte de voir quels tourments il subira.