Quel était le point de départ ? Comment avais-je commencé à être ainsi ? Impossible de répondre à ces questions, aucune mémoire ne me semble fiable. Mon premier souvenir remonte à l'école maternelle. Le souvenir d'un geste spontané et désintéressé d'un camarade de classe qui vint me prêter main forte face à un devoir me posant problème. A l'époque, je ne me souvenais que du positif puis progressivement je devins curieux. De curieux, je devins déçu jusqu'à me hisser au statut d'éternel blasé, secrètement hautain pour finalement échouer en « différent indifférent ». J'étais à la recherche d'un égal sans jamais croire que je le trouverais un jour, je me sentais asséché et assoiffé de « plus », de « mieux ». En chaque chose je voulais me défaire du superficiel, dépasser la vanité du quotidien, le tintement insupportable de l'aiguille d'une horloge, l'ennui et notre mortalité. Je voulais trouver quelqu'un qui puisse hurler en chœur avec moi, je ne supportais plus ce silence. C'est alors que je me suis rendu de moi-même chez mes bourreaux personnels, chez ceux qui m'assuraient que ce n'était pas ma personnalité qui posait problème mais bien des troubles, des symptômes. Je ne tardais pas à atterrir dans l'hôpital psychiatrique le plus proche, ironiquement baptisé « Hôpital de l'Esprit libre ».