3. Hazel et Sizel
De l’autre côté de la mer, à quelques jours de cheval à l’ouest d’Havrebourg où l’Hermine avait embarqué plus tôt dans la journée, deux fillettes, identiques en tout point si ce n’est leurs vêtements, étaient assises sur des rochers surplombant la plage. Le soleil commençait à descendre à l’horizon, mais il faisait encore beau et chaud. Le vent léger jouait avec leurs cheveux bruns. L’une d’entre elles tenait sur ses genoux un parchemin en roseau noirci par une belle écriture à l’encre de seiche.
Elle lisait à haute voix un conte sur les origines du Monde :
“Méréor, jeune et impétueux dieu de la mer, jeta son écume blanche et mousseuse sur le ventre sablonneux de Terréah, la fertile déesse de la terre. Lorsqu’il se retira, il laissa dans son sillage des milliers d’œufs nacrés comme des perles. Pendant les jours qui suivirent, leur grand-mère, la puissante Heola, les réchauffa amoureusement, dardant sur eux ses brûlants rayons.
Vingt-six jours plus tard, la moitié des œufs commencèrent à éclore. En sortirent toutes sortes d’êtres vivants : ovins et bovins, volatiles et reptiles, canidés et félidés, prédateurs et proies.
Le Vingt-septième jour, la seconde moitié des coquilles se brisa, en émergèrent cétacés et crustacés, céphalopodes et poissons, mollusques et cnidaires. Mais à peine sortis, ils suffoquèrent et restèrent prisonniers du sable, à la merci de leurs aînés affamés.
Alors leur père, Méréor, d'une vague formidable les recouvrit et les emporta avec lui, dispersant les animaux de la terre.
Le calme revenu, les rayons d’Heola carressèrent la coquille d’un œuf qui n’avait pas éclos, resté seul sur le sable. Il était différent des autres. Sa coquille n’était pas blanche mais noire comme un ciel sans étoiles. Heloa voulait continuer de le réchauffer, mais il était temps pour elle de se retirer et de laisser place à Loardyl, l’Astre qui veille, et qui était plein.e pour la première fois depuis vingt-huit jours.
De son disque blafard, Loardyl éclaira l'œuf, le baignant dans sa lumière froide. Quand Heola s’extirpa de son sommeil, elle découvrit dans la coquille brisée, deux bipèdes aux ventres ronds, endormies enlacées.
Leur grand-mère s’extasia de leur perfection. Mais soudain elles se réveillèrent en criant de douleurs. Cela dura des heures. Heola, impuissante, s’apprêtait à nouveau à se coucher, lorsque deux cris stridents retentirent. Alors, avant que son dernier rayon ait disparu, la grand-mère pu voir ses petites filles sereines, serrant dans leurs bras, deux minuscules bipèdes mâles…
…Ainsi naquirent les quatre premiers Ancêtres.”
La conteuse déroulait un peu plus son parchemin, s’apprêtant à poursuivre sa lecture quand la seconde fillette, qui était occupée à lancer des cailloux vers l’océan, l’interrompit :
- Hazel, je m’ennuie… C’est toujours la même chose avec ces contes sur la mythologie. La Mer Père qui féconde la Terre Mère pour donner naissance aux animaux et aux humains… Nous avons douze ans, Hazel. On ne croit plus à ces fariboles. Toi et moi, on sait très bien comment naissent les humains. Et même si ça implique une sorte d’écume, ce n’est pas aussi poétique que la mer qui lèche le sable…
Sa sœur leva les yeux de son parchemin et la regarda avec une moue désapprobatrice qui plissait joliment sa bouche.
- Pourquoi est-ce que tu as toujours besoin de te montrer vulgaire, Sizel ? Ces contes ne sont pas que des histoires racontées aux enfants, ils portent souvent une signification plus profonde, une réflexion sur ce que nous sommes…
- Ça ne les rend pas plus intéressants ! la coupa l’intéressée. Allez, viens, on va à la fabrique avant que le soleil ne se couche. J’ai vu les femmes remonter avec la dernière brouette d’algues à vache, il ne restera qu’Ewanig là-bas.
Joignant le geste à la parole, elle s’était déjà levée.
- Il ne dira rien si on joue sur la meule, ajouta-t-elle.
- Tu sais bien que je n’aime pas jouer là-bas, ça pue et le sol est glissant !, geignit Hazel.
Mais sa sœur ne l’écoutait plus, elle avait déjà commencé à grimper sur les rochers pour remonter sur le sentier et lui lança sans se retourner, d’un ton espiègle :
- Tu vas faire quoi des carottes que tu as caché dans ton sac en partant de la maison si ce n’est pas pour les donner aux ânes ?
La conteuse roula son parchemin avant de le fourrer dans sa besace, puis elle répondit candidement :
- Je leur donne et on s’en va. Ça me chagrine de voir ces pauvres bêtes enfermées dans le noir à tourner en rond…
Cette fois, ce fut Sizel qui leva les yeux au ciel en secouant la tête, agacée par les niaiseries de sa sœur. Elle avait atteint le sentier et partit en courant vers le bâtiment en bois et en pierres qui se dressait au milieu de la plaine. Hazel se leva à son tour et s’élança pour rattraper sa jumelle.
Sizel était déjà entrée dans le bâtiment quand sa sœur arriva. Ewanig, l’ouvrier chargé de faire tourner la meule la nuit, était en train d’arnacher l’un des deux ânes à la grande roue en pierre qui allait moudre les algues séchées. Hazel lui demanda d’attendre, qu’elle puisse leur donner à chacun une carotte avant que les deux bêtes n’entament leur dur labeur. L’homme grommela, mais de toute façon, on ne disait pas non aux filles de la Seigneure-Dame.
Après que les ânes eurent avalé les friandises que leur tendait la fillette, l’ouvrier leur claqua l’arrière-train pour qu’ils avancent et entraînent la lourde meule en pierre. Puis, le meunier sortit et s’installa sur un banc de bois face à la mer pour fumer sa pipe en regardant le soleil se coucher. C’était toujours ainsi qu’il entamait sa garde qui durerait toute la nuit pendant que la meule tournait. Au matin, un autre meunier viendrait prendre la relève et installerait deux nouvelles bêtes. Ainsi, la fabrique des Saintes-Vallées n’arrêtait jamais de tourner. Chaque jour, c’était vingt sacs de poussière d’algues qui en sortaient, l’une des plus réputées de la région.
Ewanig n’était pas peu fier de travailler ici. Certes, le travail de nuit était solitaire mais bien mieux payé. De manière générale, travailler dans la production d’algues à vache était plus rémunérateur que beaucoup d’autres métiers. La poussière se vendait cher. C’était un produit presque magique. Si la bonne quantité était mélangée au fourrage des vaches, elles donnaient deux fois plus de lait. Et lorsqu’on la mélangeait à la terre, le blé était prêt un mois plus tôt pour la récolte ! Pas étonnant que les Seigneurs de tout le duché D’Enezatil se l’arrachait et que le Comte de Rénanie aurait aimé mettre la main sur les terres des Saintes-Vallées. Elles rapportaient gros…
Tout à ses réflexions sur l’économie locale, Ewanig tirait de longues bouffées amères de sa pipe, les yeux perdus sur l’horizon. Il ne prêtait aucune attention aux deux fillettes restées dans la fabrique.
Les deux ânes avaient trouvé leur rythme et la meule réduisait consciencieusement en poussière les algues que le meunier y avait déposées. Sizel grimpa sur le socle de pierre où les algues étaient déposées pour être broyées, et fit signe à Hazel de la rejoindre. Elle voulait jouer à sauter par-dessus l’axe qui reliait l’âne au moyeu central.
Elles l’avaient déjà fait plus d’une fois. Sizel était très douée à ce jeu et ne se fatiguait jamais. Hazel, quant à elle, n’aimait pas tellement ça, mais elle aimait faire plaisir à sa sœur. Et puis elle avait elle aussi l’esprit de compétition et voulait relever le défi que lui lançait Sizel. Elle monta alors sur la partie centrale de la meule, légèrement pentue. Elle manqua de glisser sur la pierre, toujours humide à cause des algues mouillées pendues au plafond de la fabrique pour sécher, qui dégouttaient sur le sol. La tempête qui avait balayé la mer et la côte toute la nuit était elle aussi responsable de l’humidité ambiante avec la pluie qui s’était infiltrée partout. Hazel se rattrapa de justesse en s’écorchant la paume de la main et se tordit la cheville. Elle réussit finalement à se stabiliser et, alors que les lumières dorées de la fin de journée inondaient la pièce, le jeu commença.
Chacune d’un côté de la meule, elles devaient sauter par-dessus l’axe que tractaient les ânes quand il arrivait à elles. La première qui abandonnait avait perdu. Les deux fillettes riaient aux éclats en se charriant sur les sauts plus ou moins gracieux de l’une ou de l’autre. Elles jouaient depuis une dizaine de minutes, et le soleil avait maintenant disparu derrière l’horizon, les ombres grises de la nuit s’avançant dans la fabrique. Hazel se plaignit d’avoir mal à la cheville, mais Sizel se moqua en lui disant que si elle abandonnait à cause de ça, ce serait quand même une victoire pour elle.
À peine eut-elle achevé sa raillerie que le pied droit d’Hazel, déjà fragilisé en montant sur la meule, glissa et se déroba sous elle. Ensuite, tout se passa en une fraction de seconde. Avec un cri, Hazel tomba en avant dans le sillon de la meule et se cogna violemment la tête. Sonnée, elle était incapable de bouger alors que la meule roulait vers sa poitrine. Sizel hurla, ce qui eut pour seul effet d’effrayer les ânes qui marchèrent encore plus vite.
Alors l’impensable se produisit. La meule roula sur les côtes d’Hazel avec un craquement terrifiant. Sizel sauta à bas de l’engin et tenta d’arrêter les ânes affolés. Elle se saisit de la longe de cuir de l’une des bêtes, qu’elle passa par-dessus son épaule et tira de toute ses forces en arrière pour tenter d’arrêter l’âne et ainsi stopper la meule. Mais l’inertie de la lourde roue de pierre les empêchait de s’arrêter immédiatement. Il fallut toute la force décuplée par la peur de Sizel pour leur faire faire marche arrière sur quelques centimètres. La lanière de cuir entailla profondément la peau de Sizel, qui cria autant de rage que de douleur.
Ewanig, qui s’était précipité, alerté par les cris des deux fillettes, resta interdit devant l’horreur de la scène. Une rigole de sang s’était formée dans le sillon de la meule. Hazel faisait entendre des gargouillis humides à chaque respiration, la poitrine à demi enfoncée. Sizel, en larmes, tenant toujours les rênes, ne pouvait détacher son regard de sa sœur. Mais elle ne parvenait pas à bouger pour lui venir en aide, tétanisée.
Le meunier, reprenant ses esprits, s’approcha d’Hazel, lui prit la main et la regarda avec pitié et compassion. Il savait que rien ne pourrait la sauver. La fillette, qui, au prix d’immenses efforts, respirait avec un sifflement douloureux, parvint à prononcer le prénom de sa sœur. Celle-ci finit par se ressaisir et se porta aux côtés d’Hazel et lui dit en larmes :
- Pardonne-moi, Hazel !
- Pas ta faute. Prends-moi près de ton cœur, répondit l’enfant dans un râle de douleur.
Sizel eut du mal à saisir ce qu’elle lui disait et colla son oreille à ses lèvres. Mais Hazel ne prononça pas un mot de plus, elle poussa son dernier soupir en même temps qu’un filet de sang s’écoulait de ses lèvres.
Au même moment, Sizel se crispa et tomba par terre, raide. Elle commença à convulser, les yeux révulsés. Ewanig fit une croix sur son cœur pour conjurer le malin et pria Terréah d’aider la petite. Les convulsions s’arrêtèrent, mais elle resta à terre inconsciente. L’ouvrier avait déjà vu cela. Ça arrivait parfois chez les jumeaux, quand l’un d’eux mourait dans les bras de l’autre, son âme était aspirée par le survivant s’il possédait le don de Sangsjalar… Certains les vénéraient, mais pour sa part, il pensait que c’était contre-nature.
Néanmoins, c’était les filles de la Seigneure-Dame et il se devait d’agir. Il souleva délicatement le corps sans vie d’Hazel et la porta jusqu’à la charrette sous l’appentis derrière la fabrique.
Il commença à s’en retourner à l’intérieur du bâtiment, mais se ravisa. Il retira son manteau de mauvaise laine qu’il déposa avec révérence sur la dépouille de l’enfant. Puis, il retourna près de la meule et porta maintenant Sizel aux côtés de sa sœur. Il tenta du mieux qu’il put de lui arranger une couche avec le fourrage des ânes. Il détacha les deux bêtes de la meule et les attela à la charrette. La nuit était tombée et la lune pleine éclairait le sentier comme en plein jour. Il se mit en route vers la demeure des Seigneurs, cherchant les mots qui lui permettraient d’expliquer qu’il leur amenait le cadavre d’une de leur fille et l’autre inconsciente et maudite par les dieux.
La grande demeure de pierre et de bois fut en vue beaucoup plus rapidement qu’il ne l’aurait souhaité. Alors qu’il entrait dans la cour avec la charrette, la porte principale s’ouvrit, laissant un flot de lumière chaude se déverser dans la nuit. La Seigneure-Dame du domaine et mère des jumelles bouillait en attendant le retour de ses filles. Elle jaillit par les portes ouvertes et commençait à lancer des remontrances à ses filles qui n’en faisaient toujours qu’à leur tête quand elle réalisa que quelque chose n’allait pas. C’était Ewanig qui conduisait la charrette, pourtant elle savait qu’il ne quitterait jamais son poste à la fabrique sans une bonne raison. Elle ne voyait nulle part ses filles.
L’ouvrier descendit de la charrette, ôta son chapeau et s’agenouilla devant sa maîtresse, Ayden Saintes-Vallées. En le voyant faire, elle recula d’un pas et sentit une boule douloureuse lui obstruer la gorge. Sans même écouter Ewanig, elle se dirigea d’un pas chancelant vers l’arrière de la charrette. Ce qu’elle y découvrit l’emplit d’horreur. Le manteau de l’ouvrier avait glissé, révélant le corps mutilé d’Hazel baignant dans le sang, son visage à la blancheur cadavérique figé dans une grimace de douleur. À ses côtés, Sizel, tout aussi pâle, gisait immobile, la chemise déchirée et maculée de sang là où la longe de cuir l’avait brûlée. Le cœur brisé, leur mère s’effondra en pleurant ses deux enfants.
Alertés par ses cris, les deux aînés de la famille se précipitèrent dans la cour aux côtés de leur mère. Yvonig, de trois ans plus âgé que les jumelles, s’accroupit aux côtés de sa mère et la prit dans ses bras pour la réconforter pendant qu’Emée, l’aînée qui venait de fêter ses dix-sept printemps, écoutait le récit d’Ewanig, horrifiée. Elle s’approcha alors doucement de sa mère et lui dit d’une voix consolante mais empreinte de douleur que Sizel, au moins, était en vie.
À ces mots, Ayden, prise d’une force nouvelle, se releva et commença à donner ses instructions aux domestiques accourus entre temps. Elle ordonna qu’on emmène Sizel dans sa chambre pour lui prodiguer des soins et qu’on mette la dépouille de Hazel sur la table de la cuisine pour qu’elle y soit lavée.
Elle se retourna alors vers Ewanig et lui demanda de lui répéter ce qu’il s’était passé. L’ouvrier s’exécuta pendant qu’on emportait les deux fillettes. Les traits d’Ayden se creusèrent encore en entendant les détails de l’agonie de sa fille. Quand Ewanig en arriva au dernier soupir et à la crise de Sizel, elle l’enjoignit de ne pas donner son avis personnel.
Les Sangsjalars n’étaient pas des monstres et, de toute façon, il n’avait aucune certitude que ce qu’il avait vu soit le transfert de l’âme d’Hazel vers Sizel. Elle le renvoya à la fabrique qu’il fallait remettre en état. L’ouvrier fut à la fois choqué et impressionné par le sang-froid de sa Seigneure-Dame.
Elle rentra enfin chez elle et commença par monter dans la chambre pour voir Sizel qui venait de se réveiller alors que sa sœur aînée nettoyait la plaie sur son cou et son épaule. Ayden lui prit la main et murmura :
- Tu n’imagines pas comme je suis soulagée de te voir revenue parmi nous.
La fillette serra sa main avec une grimace de douleur due à l’élancement dans son épaule et répondit, la voix étranglée par le chagrin :
- Pardon, maman, c’est de ma faute. Je l’ai poussée à jouer avec moi sur la meule alors qu’elle déteste ça. Elle a glissé et s’est fait mal, et je l’ai moquée pour qu’elle continue à jouer.
Sa voix faiblit encore :
- Je n’ai pas réussi à arrêter les ânes… Maman, c’était horrible...
Sa mère détourna la tête pour réprimer ses larmes, puis fit mine de se lever. La fillette tenta de retenir la main de sa mère en murmurant d’une voix implorante :
- Pardon, maman…
- Repose-toi, répondit Ayden en retirant doucement sa main mais sans pouvoir regarder sa fille dans les yeux.
Elle finit par déposer un baiser sur le front de Sizel et l’informa que sa sœur aînée était partie lui préparer une décoction de pavot pour l’aider à dormir, elle ne tarderait pas à revenir. Quand celle-ci réapparut, Ayden quitta la chambre en demandant une nouvelle fois à sa fille d’essayer de dormir.
Bien que les mots de sa mère se voulaient réconfortants, Sizel fut persuadée de percevoir dans le regard de sa mère un reproche muet. Sa sœur Emée approcha des lèvres de Sizel une choppe fumante d’infusion de pavot. Elle tenta de s’écarter, mais sa sœur lui tint fermement la nuque. Une fois que Sizel eut avalé une bonne partie du breuvage, elle l’aida à se rallonger et sortit de la chambre à son tour pour retrouver sa mère et son frère dans la cuisine.
Ils avaient commencé à dévêtir Hazel pour lui donner sa dernière toilette. Sizel les entendait parler à voix basses et sangloter. Ayden dit avec beaucoup d’amertume dans la voix que ça se passait alors que Seongveï était encore parti courir le monde à la recherche d’antiquités et qu’il ne verrait peut-être même pas sa fille avant qu’on l’enterre.
Sizel pensa alors à son père et à la douleur immense qu’il ressentirait quand il apprendrait qu’Hazel n’était plus et qu’elle-même en portait la faute.
Le pavot commençait à faire effet et la fillette ne parvint plus à garder les paupières ouvertes. Elle se roula avec douleur sur le côté et, juste avant de s’abandonner au sommeil, elle eut la sensation de sentir Hazel blottie tout contre son cœur.
Elle crut presque l’entendre lui murmurer que tout irait bien parce qu’elles étaient ensemble comme il en a toujours été et comme il en serait toujours.
Puis le néant l’engloutit.
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