Nouvelle piste

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Il était confortablement installé sur le bois légèrement brûlant du banc. Des gouttes de sueur dégoulinaient le long de sa nuque, de son dos et de son torse. Il posa sa tête contre le mur de bois et ferma les yeux. Un autre occupant versa une louche d’eau sur les pierres chaudes. Il se délecta du grésillement qui embauma la pièce d’une forte odeur de thym.

Soudain un courant d’air froid vint lui mordre les chairs. Il ouvrit les yeux et mit du temps à faire le point sur le malotru qui l'arrachait à son plaisir. C’était son homme à tout faire. Il ne l’aurait jamais dérangé dans l’étuve si ce n’était pas important.

A contre-coeur il noua son drap autour de sa taille, se leva et suivit le trouble-fête. Il valait mieux que ce qu’il lui rapporte soit capital.

Ça ne l’était pas tant que ça, mais sa curiosité fut rapidement éveillée : un prêtre missionnaire qui officiait dans le duché d’Enezatil avait remonté une description qui pouvait correspondre au garçon. Il avait pris le temps de creuser, et ce dernier avait réchappé d’un naufrage, avant d’être adopté par un couple de pêcheurs.

Le vieil homme frotta sa barbe broussailleuse. Ses yeux verts regardèrent son homme de mains sans le voir.

L’histoire du prêtre recoupait les informations dont il disposait déjà. On dirait bien que la chance lui souriait enfin, après que le bon à rien qu’il avait envoyé sur l’île du Chat n’y ai trouvé qu’une vieille femme agonisante et aveugle, incapable de lui dire qui avait emmené le gamin.

Et le prêtre avait pu se faire confirmer par des domestiques que le dos du garçon était tatoué. Après presque dix ans, alors qu’il n’y croyait plus, il tenait enfin une piste qui tenait la route.

Mais ce ne fut pas l’avis de ses supérieurs.

Selon eux, l’enfant n’aurait pas pu échapper à la vigilance de l’Ordre, pas pendant si longtemps. Il soupçonnait que certains des “sages” du Conseil de l’Ordre des Vertueux auraient préféré que le garçon reste dans l’oubli.

Il mit plus de trois semaines à les convaincre de lui donner les fonds pour suivre cette piste. Mais finalement, ils capitulèrent. Et le lendemain, il était de retour dans le royaume de Lueue.

Il resserra autour de lui son manteau d’hermine pour se protéger de la bise glacée qui lui mordait les chairs à travers sa tunique de laine. Il se mit en route, maudissant une fois de plus le temps exécrable qui l’attendait toujours dans ce royaume de barbares.

Il était au moins à deux jours de cheval de sa destination.

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