Dans les cendres de Saintes-Vallées
Il contemplait la désolation qui s’offrait à sa vue avec un mélange de colère et de frustration.
Quel temps précieux il avait perdu à cause de ces vieux “sages”...
Une décennie plus tôt, il s’était rendu sur les lieux d’un naufrage pour ne trouver que des cadavres en putréfaction ; aujourd’hui, il foulait les cendres encore fumantes d’un incendie pour ne trouver que des restes carbonisés.
Il retroussa le nez en passant devant un charnier de chevaux, à moitié dévorés par la vermine, tous exécutés.
Décidément, la mort s’évertuait à le doubler.
Il jeta un dernier regard sur les restes du manoir des Saintes-Vallées et tourna le dos pour repasser par ce qui restait de la porte du domaine, en pierres calcinées.
Mais, sous son pied droit, un objet s’enfonça dans la semelle de sa botte. Il le souleva et découvrit, planté dans le sol, une sorte d’étoile en bois : on aurait dit un pendentif. Il le ramassa et le tint dans sa paume. Il reconnaissait ce motif.
Il étudia le sol : une multitude d’empreintes de sabots. En y regardant attentivement, parmi la foule de traces qui entraient dans la cour, il distingua deux séries d’empreintes qui s’en éloignaient au galop. L’une plus profonde que l’autre : deux chevaux, pour trois cavaliers… et pas de poursuivant, sans doute faute de cheval vivant.
Finalement, peut-être était-ce ce gamin qui jouait à cache-cache avec la mort ?
Il récupéra son cheval derrière le petit mur d’enceinte pour suivre la piste qui s’éloignait vers le bois.
Il leva le nez et huma l’air glacial de décembre, grisé par la traque qui commençait.
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