Chapitre 9 : « Mourir, cela n’est rien. Mais vieillir Oh vieillir… »

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Me voici aujourd’hui à faire le bilan de ma jeunesse.

À 28 ans, j’ai eu ma propre maison, un travail, mon permis et une voiture. N’est-ce pas incroyable ?

Et tout ça sans le moindre époux, pas d’enfant. Il me semble que si l’évolution nous a appris quelque chose, c’est bien cela… La liberté.

Socialement, ce n’est pas quelque-chose de bien vu. Un peu anormal peut-être. Mais quel est le problème ? Si les gens ont envie de se lever à 3 heures du mat’ pour changer les couches du bébé, donner un biberon, choper le gosse qui est sorti en douce de la maison, découvrir leur fille de 13 ans enceinte ou encore arriver à détester leur enfant qui, en grandissant, est devenu complètement abruti, grand bien leur fasse. Moi, je ne voulais pas de ces boulets aux pieds. Je n’en ai jamais vu l’intérêt. (Je sais, je caricature mais… Honnêtement, ce n’est pas si rare. Ce n’est pas dramatique non plus, c’est ainsi, c’est tout. Mais si le monde a le droit de s’emmerder, moi je me suis donnée le droit d’esquiver!)

Un jour, une femme m’a dit qu’elle ne voyait pas sa vie sans enfant, elle avait bien trop d’amour à donner. Peut-être que ça a été ça mon problème. Je n’ai pas eu assez d’amour en moi pour le partager. Trop centrée sur mon nombril. J’ai affirmé à 15 ans ne pas en vouloir dès lors, mon avis n’a pas dévié. Il parait qu’il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis. Je dois cumuler les défauts.

Avant trente ans, j’avais déjà mis les pieds à une réunion sex-toys ! Vous imaginez cela il y a quelques centaines d’années ?!!! Pourtant ça n’avait rien de sulfureux, je peux vous l’assurer.

Mon plaisir, mon bonheur ont été des choses primordiales. Je suis une bonne fille dans l’ensemble, une bonne amie et une bonne employée, mais je me refuse à être mère ou une épouse car cela enlèverait tout le bonheur que j’ai mis tant de temps à construire.

Je suis libre, libre comme l'air, sans contrainte, heureuse quoi !

Concernant l’amour, c’est vrai que je n’ai pas été au point. Partager un lit quelques heures oui, mais toute une vie, ça, je n’ai jamais pu. Je ne sais pas combien de vies j’ai derrière moi mais je sais, j’entends les mensonges, je sens les personnalités, je vois trop vite ce que ça donnera. Je crois que je ne sais plus comment on fait pour aimer. Il faut une certaine forme de naïveté je pense. Et j’ai du la perdre quelque-part.

Je ne le regrette pas vraiment puisque je n’ai pas ça en moi. Mais tout de même, j’aurais aimé ressentir ce que je vois dans les films romantiques. C’est là une petite sentimentalité qu’il me reste malgré mon âge. Mais en réalité, est-ce que ces histoires ont jamais existé ? Un petit regret contre lequel je n’ai jamais rien pu faire.

Dans tous les cas, j’ai réussi à être moi, et je m’appartiens.

Aujourd’hui, j’ai 86 ans et je vais me coucher. J’ai un rituel. Je mets toujours une musique avant de dormir. Ma vie entière a tourné autour de cet art qui m’a fait respirer, qui m’a portée et a contribué à bon nombre de mes jouissances. Ce soir ce sera «Feeling good » de Nina Simone.

Je sens qu’il est temps pour moi et cette musique est parfaite. Je me couche en souriant. Dieu que cette vie a été belle.

Je ferme les yeux tranquillement je m’endors.

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