À la tombée de la nuit, l’hôtel Pétra Palace débordait d’activité. Le bistro, le bar, les salons et le grand restaurant gastronomique grouillaient de monde telle une fourmilière. L’effervescence se propageait dans chaque recoin de l’établissement, une véritable fourmilière où chacun attendait avec impatience l’ouverture de la Grande Salle de Bal à vingt heures trente.

Sur le trottoir Hélène avançait d'un pas assuré, vêtue d’une robe à clapet vert foncé ornée de franges noires, son décolleté en V encadré par un collier de perles blanches étincelantes. Ses mains gantées de noir étaient posées avec élégance le long de son corps, un bandeau de perles noir et blanc, orné d’une plume noire et d’un brin d’olivier en or, rehaussait sa coiffure impeccable. À ses côtés, Agathe, son assistante, portait une tenue similaire, bien que les couleurs et la longueur des franges diffèrent légèrement.

- Vous êtes ravissante, Hélène vous allez biller de mille feux sur la scène des jurés.

- En vue de l’évènement exceptionnelle il est tout à fait normal ! A l’origine c’est le plus grand événement de la région au Pétra Palace mais cette année on célèbre le cinquantième anniversaire et pour l’occasion la télévision couleur sera présent, je compte sur toi pour veiller à ce que ma tenue soit parfaite, ajouta Hélène d’un ton ferme.

- Ne vous inquiétez pas, madame. Je m’assurerai que tout soit impeccable. Le concours de danse du Pétra Palace est légendaire, je connais bien sa renommée.

Sur leur route elles passèrent devant le Splendide Cinéma, un bâtiment éclatant de lumières multicolores ou l’on pouvait lire le nom La Chomette qui brillait en lettres majuscules avec l’affiche du film Le Grand Amour Perdu, exposée en grande pompe sur les portes d’entrées, et sur le panneau lumineux au-dessus.

- Madame Chomette, bonsoir ! lança le guichetier avec un sourire.

- Bonsoir, George. Je t’ai déjà dit, c’est La Chomette pas de madame ! La soirée doit être calme pour le cinéma en vue du concours, tu gardes quand même les portes ouvertes ce soir ?

- Oh oui, c’est plutôt calme. Tout le monde est au Pétra Palace pour le grand concours. Le cinéma est fermé depuis dix-huit heures. J’attends la fin de la dernière séance pour fermer complètement. Après, je vais rejoindre des amis au Grand Café de la Paix. Ils diffusent le concours de danse du Pétra Palace à la télévision, en direct et en couleur !

- Quelle bonne nouvelle, George ! Regarde bien l’écran, tu m’y verras sûrement ! répliqua Hélène avec un sourire narquois.

- Vous passez à la télévision La Chomette ?

- Mais bien sûr, une dame aussi distinguée que moi ne peut pas manquer un tel événement. J’ai l’immense honneur de faire partie du jury du concours de danse, dit-elle, visiblement fière.

- Félicitations !

- Merci, George, mais nous devons filer, Agathe et moi sommes attendues, conclut Hélène en hochant la tête.

- Vous y allez à pied ? Attendez, je vais vous appeler un taxi ! s’empressa de proposer George.

- Pour seulement deux cents mètres ? Voyons, George je préfère marcher jusqu’au Pétra Palace, c’est une habitude à laquelle je tiens.

- A votre guise, passez une belle soirée !

- Merci et surtout n’oublie pas de regarder la télévision ce soir !

Agathe lui adressa un signe de tête en guise de remerciement, et elles reprirent leur marche vers l’hôtel.

En arrivant devant le Pétra Palace, elles découvrirent un somptueux tapis rouge recouvrant les marches en marbre. Le portier et le bagagiste se tenaient prêt. Hélène et Agathe montèrent les marches avec élégance et arrivées à l’entrée, les deux hommes ouvrirent les portes dans une coordination parfaite, comme pour accueillir des reines.

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Les majestueuses portes de la Grande Salle de Bal à peine ouverte, laissant s’échapper le son des musiciens du Grand Orchestre du Pétra Palace, en pleine mise au point de leurs instruments. Pour l’instant, personne n’était encore entré. Tout le monde se pressait encore au Pétra Bar, au Bistro, ou se détendre dans le Petit Salon, où l’on pouvait contempler le ciel étoilé à travers une verrière métallique somptueuse teintée de vert émeraude.

Arrivant avec vingt minutes d’avance, Hélène et Agathe décidèrent de profiter du Pétra Bar avant le grand événement. Traversant le hall de l’hôtel la Chomette, saluait d’un geste gracieux le réceptionniste, le groom, et toutes les personnes qui la reconnaissaient. Agathe, toujours discrète, lui ouvrit la porte du bar. À l'intérieur, un boogie-woogie endiablé enflammait l'atmosphère, la piste de danse envahie par des couples virevoltants et le pianiste jouait comme s’il était en transe.

Hélène s’approcha du comptoir pour commander deux coupes de champagne. Emile, le barman, la reconnut immédiatement.

- La Chomette ! Quel plaisir de vous voir ce soir au Pétra Bar ! Que puis-je vous servir ?

- Oh, toujours aussi flatteur cet Emile ! Deux coupes de champagne s’il te plaît.

- Avec plaisir, La Chomette. Allez donc vous installer dans le Petit Salon, je vous les apporterai.

Hélène fit signe à Agathe de la suivre et traversèrent la salle, se faufilant entre les tables jusqu’au Petit Salon. Ce lieu charmant et intime était décoré de fauteuils en velours vert irlandais, baignés sous la lumière d’un magnifique lustre en cristal. Des hauts parleurs, placées aux quatre coins, diffusaient la musique live en provenance du bar, bien trop petit pour contenir toute la foule de ce soir. Elles s’installèrent à une table près de la porte menant à la Grande Salle de Bal.

- Cette verrière est vraiment somptueuse, tu as vu, Hélène ?

- Oui, elle est superbe, mais la mienne est encore plus belle, d’ailleurs, j’ai vu que tu regardais Emile d’un peu trop près, ajouta-t-elle malicieusement, ce qui fit rougir Agathe.

- Il est mignon, c’est vrai, mais je ne le connais pas vraiment… et il est peut-être déjà marié.

- Allons, ma chère ! Ne perds pas la bataille avant de l’avoir livrée. Il te suffit de demander !

- Ce ne serait pas convenable, répondit Agathe, gênée.

- Agathe, ma pauvre enfant, tu es une assistante fantastique, mais tu manques cruellement de confiance en toi !

- À ce moment, Emile arriva avec un plateau chargé de deux coupes de champagne.

- Mesdames, voici vos coupes de champagne, santé !

- Merci, Emile, tu es toujours aussi aimable, dit Hélène en sortant un billet de son sac pour lui donner. Oh, j’allais oublier, voici Agathe, ma nouvelle assistante.

- Enchanté, Agathe. Je m’appelle Emile, dit-il avec un sourire.

- De même, Emile, répondit Agathe, rougissant encore davantage.

- D’ailleurs, Emile, Agathe rêve de danser avec toi ce soir, pour le concours de danse !

- Vraiment ? Eh bien, ça tombe bien, je cherche justement une cavalière !

- Eh bien voilà, tu la trouvé ! Va vite vous inscrire sur la liste des concourants !

- Accepteriez-vous d’être ma cavalière pour ce soir ? demanda-t-il en posant délicatement le plateau sur la table.

- Agathe, surprise et embarrassée, bégaya.

- C’est un peu précipité… je ne sais pas…

- Elle en est ravie, Emile, crois-moi ! C’est juste sa façon à elle d’exprimer ses sentiments, répondit Hélène avec un sourire malicieux.

- Très bien alors, on se retrouve sur la piste de danse ! lança Emile en lui faisant un clin d'œil, ce qui fit rougir Agathe encore plus avant qu’il ne retourne au bar.

- Voilà une excellente nouvelle, ma chère ! Tu ne resteras pas assise toute la soirée à t’ennuyer, s’exclama Hélène en riant.

- Oui, mais… je ne suis pas une très bonne danseuse…

- Allons, ce n’est pas la question. Tu as ta chance avec Emile, ne la gâche pas avec ta timidité !

Soudain une voix familière s’éleva à travers la pièce.

- Mais c’est La Chomette, l’incroyable et unique Chomette ! clama Lucien, l’organisateur.

- Ah, Lucien, toujours aussi flatteur ! Oui, c’est bien moi, l’incroyable et unique la Chomette, comme tu aimes si bien le dire ! Lucien se tourna vers les autres tables occupées.

- Mesdames et messieurs, ce soir, nous avons l’immense plaisir d’accueillir La Chomette, ici présente au Petit Salon. Et elle fait également partie du jury d’honneur pour le concours de danse !

Un tonnerre d’applaudissements retentit dans la salle. Hélène se leva gracieusement, saluant la foule qui la reconnaissait. C’était son moment de gloire. Lucien, tout sourire, s’approcha d’elle.

- Alors, Hélène, tu es prête pour une soirée inoubliable en l’honneur du cinquantième anniversaire du concours de dance du Pétra Palace ? Je sens que demain, nous ferons la une des journaux !

- Je suis toujours prête pour une soirée mémorable et pour faire les gros titres, c’est là mon quotidien, après tout !

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Suite en travaux pour l'arrivée de Dolores et de Françoise au Pétra Palace