4. Le 50éme concours de dance du Pétra Palace

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En moins de 5 minutes la grande salle de bal été déjà pleine à craquer. En ce début de soirée, c’était Lady Marmelade qui, comme à l’accoutumée à ouvrir les festivités. Sur scène, elle captivait l’audience de sa voix puissante et envoûtante, chantant les titres qui avaient forgé son succès, accompagné de l’orchestre du Pétra Palace, tout juste rentré d’une tournée régionale. La dernière interprétation de la soirée fut l’hymne du Pétra Palace intitulé C’est Magnifique, composé par le Grand Orchestre lors de l’inauguration de l’établissement, souleva un tonnerre d’applaudissements. La foule, en délire, acclamait Lady Marmelade et lui jetait des roses sur la scène.

- Mesdemoiselles, mesdames et messieurs, bienvenue au Grand Concours de danse du Pétra Palace !

Lança Lucien d’une voix exaltée. La foule éclata de joie, et il poursuivit.

- Tout d’abord, j’aimerais remercier notre fabuleux Grand Orchestre du Pétra Palace. Mesdemoiselles, mesdames et messieurs, un tonnerre d’applaudissements !

L’orchestre joua quelques notes en réponse aux acclamations du public. Lucien continua.

- Un grand merci également pour sa fidélité Lady Marmelade, qui répond présent pour la plupart des événements du Pétra Palace. Applaudissements pour Lady Marmelade, mesdames et messieurs !

Les cris de la foule redoublèrent, accompagnés de claquements de mains frénétiques et de sifflements

- Merci, merci ! cria Lady Marmelade, touchée par cet accueil chaleureux.

Au fond de la salle, Hélène, observant la scène, ne put s’empêcher de murmurer à Agathe d’un ton acerbe :

- Regarde-moi ça, Agathe. Quelle pitoyable démonstration…

Agathe, mécontente de ce commentaire, lui lança un regard désapprobateur, mais resta silencieuse.

- Mesdemoiselles, mesdames et messieurs, avant de débuter cette magnifique soirée, permettez-moi de vous rappeler quelques consignes de bon savoir-vivre afin d’assurer le bon déroulement du concours de danse, qui se déroulera sous l’œil attentif des caméras de Petra-les-Bains Télévisions, pour une retransmission en direct dans toute la région. Nous vous invitons à encourager chaleureusement les concurrents, à partager votre énergie avec enthousiasme, tout en laissant les caméras et le jury travailler dans les meilleures conditions. Restons respectueux des concurrents, du jury et du public afin que cette soirée reste un moment inoubliable pour tous.

Le régisseur effectua les derniers réglages avant de lancer le décompte et de laisser place à Lucien au 1er plan.

- Tout le monde à son poste… 5, 4, 3, 2, 1…

- Bonsoir mesdemoiselles, mesdames et messieurs, et bienvenue au 50ᵉ concours de danse du Pétar Palace !

- Ce soir, pas moins d’une soixantaine de concurrents vont s’affronter pour remporter le Grand Prix. Avant de laisser place à la musique et au talent, laissez-moi vous présenter le déroulement du concours.

Celui-ci se composera de cinq étapes.
Tout d’abord, tous les concurrents seront invités sur la piste pour une première danse d’échauffement.
Lors de la deuxième danse, les choses sérieuses commenceront, le jury sélectionnera les vingt meilleurs danseurs. Ces vingt couples seront ensuite rappelés pour un second tour, qui réduira la compétition à dix. Les dix couples finalistes s’affronteront à nouveau, et seuls quatre d’entre eux atteindront les demi-finales, où la particularité du jours c’est le public choisira la musique.

Enfin, les deux meilleurs couples se retrouveront en grande finale pour un ultime face-à-face qui promet d’être spectaculaire, que le meilleur gagne !
La foule sauta de joie, et Lucien reprit
Mais avant de commencer, laissez-moi vous présenter nos quatre jurés ce soir, bien connus de vous tous, monsieur Lecompte, le propriétaire et directeur de l’hôtel, sous une avalanche d’applaudissements. A ces côté La Chomette, icone et star incontournable du cinéma

Elle se leva pour saluer son public avec une élégance teintée d’égocentrisme.

- Suivi du célèbre chef artistique des Studios Brant, monsieur Fournier, et pour finir notre équipe de choc Lady Marmelade.

Elle reçut des acclamations particulièrement enthousiastes, au grand déplaisir de la Chomette, son regard jaloux se porta sur Lady Marmelade, qui savourait l’adulation du public avec un air supérieur.

Au Café de la Paix, véritable cœur battant de la ville, l'ambiance était à son comble. Les habitués s'étaient rassemblés pour la rediffusion en direct du cinquantième concours de danse du Pétra Palace une première depuis la création du concours qui été uniquement sur invitation. Le vieux poste de télévision du café, habituellement utilisé pour les matchs de foot, avait exceptionnellement changé de programme, pour laisser place à la Grande Salle de Bal, ses lustres étincelants et ses couples de danseurs gracieux. Georges, fidèle au café depuis des années, s'était installé à sa table préférée avec une bière. Ses amis, déjà attablés avec des chopes de bière et un jeu de carte.

Au fur et à mesure que la soirée progressait, l'ambiance devint de plus en plus électrique. La foule était en fusion, applaudissant et des sifflements approbateurs fusaient chaque mouvement audacieux, chaque figure parfaitement exécutée. Les danseurs, eux, semblaient s’abandonner totalement à la musique, oubliant presque la compétition et la présence des caméras du direct.

Lorsque les deux couples finalistes furent annoncés, l'atmosphère dans la Grande Salle de Bal devint presque fébrile. Leurs visages étaient tendus de concentration, mais l’excitation et l'adrénaline se lisaient dans leurs yeux. La tension palpable dans l’air rendait chaque mouvement encore plus exaltant. En poste devant les jurés, prêts à offrir le meilleur de leurs performances. L'orchestre commença à lancer une série de notes effrénées. La piste de danse devint alors une véritable arène, où les deux couples rivalisaient d’adresse et de créativité. Leurs corps se mouvaient en harmonie parfaite avec les instruments, répondant aux cuivres éclatants par des jeux de jambes vertigineux et des portés spectaculaires. Les spectateurs retenaient leur souffle à chaque figure acrobatique, avant d’exploser en applaudissements frénétiques à chaque réussite. Les danseurs viraient, sautaient, se pliaient avec une grâce et une agilité presque irréelle, enchaînant les tours avec une maîtrise qui défiait les lois de la gravité.

L'orchestre, galvanisé par l'intensité de la compétition, jouait avec une fougue toujours croissante, comme si chaque note attisait la flemme de la danse. Les musiciens, tout comme les danseurs, étaient en parfaite symbiose, leurs regards complices laissant entrevoir leur plaisir de participer à ce spectacle grandiose. Les visages du jury restaient très concentrés sur la performance qui se déroulé sous leurs yeux ébahis. La Chomette, toujours aussi théâtrale, suivait les mouvements avec une intensité presque dramatique. Alors que Lady Marmelade souriait d’un air approbateur, le rythme de la musique faisant bouger ses pieds sous la table. Monsieur Lecompte, impassible, notait scrupuleusement chaque détail, conscient du poids de sa décision. Au moment où la musique toucha à sa fin, les danseurs conclurent leur performance par un final époustouflant en tentent de surpasser les concourants dans une explosion d’énergie et de virtuosité. Un silence de quelques secondes s’installa avant que la salle tout entière n’éclate en une ovation triomphale. Les applaudissements et les sifflements fusèrent de toutes parts, la salle vibrante de l’euphorie collective.

Le jury s’éclipsa pour délibérer, mais la salle restait en ébullition, les spectateurs murmuraient leurs paris sur le vainqueur, tandis que les finalistes, encore à bout de souffle mais rayonnants, se congratulaient d’une franche poignée de main. L’orchestre jouait des morceaux plus doux, attendant le verdict qui déciderait des grands vainqueurs de la soirée.

- Mesdemoiselles, mesdames et messieurs, le moment est venu d’annoncer les résultats ! proclama Lucien avec un sourire radieux, faisant son retour de l’arrière-scène.

La tension était palpable dans la salle. Les lumières s’étaient adoucies, ne laissant que les projecteurs illuminer la scène, où Lucien se tenait, une enveloppe dorée à la main. Le public retenait son souffle, attendant le verdict avec impatience, tandis que les finalistes se ressemble sur la piste de dance.

Un roulement de tambour résonna plongea la salle dans un silence glacial, Lucien s’approcha du micro au milieux de la scène.

- Mesdemoiselles, mesdames et messieurs votre attention, en troisième place du concourt, roulement de tambour, Lucie et Gabrielle numéro 23 !

Les applaudissements éclatèrent dans la salle, et Lucie et Gabrielle, souriantes et visiblement ravies de cette notation, montèrent sur scène. Lady Marmelade leur remit un trophée en forme d’étoiles, d’innombrable éblouissant flashs crépitaient de tous les côtés. Lucien, savourant le moment, laissa un court silence planer avant de continuer :

- En deuxième place, roulement de tambour, Arthur et Emilienne numéro 52 !

La salle s'embrasa d'applaudissements. Arthur et Emilienne montèrent avec grâce sur la scène, accueillis par La Chomette, qui leur remit leur trophée, légèrement plus grand, tout en posant a son avantage pour briller encore plus que les vainqueurs. Le public sentait que le moment crucial approchait, un lourd silence s'installa progressivement, Lucien levait l’enveloppe dorée pour annoncer les grands gagnants de la soirée.

- Et enfin… pour la première place du 50ᵉ Grand Concours de Danse du Pétra Palace ! Mais avant de couronner nos vainqueurs, je tiens à remercier chaleureusement toute l’équipe qui s’est donnée corps et âme pour organiser cet événement. Un tonnerre d’applaudissements pour notre jury, le grand orchestre du Pétra Palace, ainsi que toute l’équipe de l’hôtel : la réception, le service événementiel, le directeur et tous les bénévoles !

La foule explosa d’enthousiasme, sifflements, applaudissements, une ambiance incroyable régnait dans la salle.

- Pour la 1er place, roulement de tambour, j’appelle Gustave et Adèle numéro 18 !

La foule éclata de joie. Les deux gagnants, rayonnants de bonheur, se précipitèrent sur scène sous une pluie d’acclamations. Monsieur Lecompte s’avança avec un large sourire pour leur remettre le plus grand trophée de la soirée. Les photographes entassés devant la scène, capturèrent l’instant de gloire de Gustave et Adèle brandissaient leur trophée sous les applaudissements. Soudain, un bruit sourd résonna dans la salle, interrompant brutalement la liesse. Le son d’un coup de feu d’un revolver, sec et implacable, figea l'assistance. La musique s’arrêta nette, et l’euphorie se mua instantanément en chaos. Des cris de terreur jaillirent de la foule, les gens se bousculaient pour tenter de comprendre d'où venait la menace et de se mettre à couvert. Lucien, toujours au micro, blêmit mais s’efforça de garder son sang-froid. Sa voix vacillait légèrement tandis qu'il tentait de reprendre le contrôle de la situation.

- Mesdemoiselles, mesdames et messieurs, je vous en prie, restez calmes ! Pas de panique !

Ses paroles résonnèrent encore un instant dans la salle avant d’être submergées par les murmures affolés et les cris désordonnés qui s’élevaient de la foule. Tous les regards convergèrent alors vers le fond de la salle, là où les ombres semblaient plus épaisses, chacun tentant de percer l’obscurité pour découvrir d’où le coup de feu avait retenti et surtout, qui en était la cible. Peu à peu, les lumières se rallumèrent, les portes de l’hôtel étaient encore verrouillées par le service de sécurité. Un cri persan venant de la scène.

- Ah Gustave !

A ce moment-là, sur le podium, la silhouette de Gustave s’effondra au sol, baignant dans une mare de sang.

- Appelez une ambulance !

Hurla Lucien, sa voix perçant le vacarme de la foule hystérique face a la situation Adèle, encore sous le choc, éclata en sanglots, incapable de détourner les yeux du corps de son partenaire pleurant à chaudes larmes, elle fut doucement éloignée de la scène par les bras réconfortants de quelques invités proches. Lucien, le visage crispé, se précipita pour attraper une nappe blanche d'une table voisine renversant plusieurs coupes de champagne et assiette au sol pour couvrir le corps.

Monsieur Lecompte, bien que bouleversé, reprit ses esprits avec une rapidité froide. Il prit le contrôle de la situation, ordonnant la fermeture immédiate des portes du Pétra Palace. Les employés, maintenant submergés par l’urgence de la situation, dirigèrent les invités vers les salons et le bistro, essayant tant bien que mal de contenir la panique qui montait à mesure que les murmures de terreur s'intensifiaient. Lucien, toujours sous le choc, se tenait près du corps recouvert. Monsieur Lecompte, d’un pas rapide, le rejoignit.

- Mon cher Lucien, tu voulais faire la une des journaux pour le cinquantième concours de dance du Pétra Palace… Eh bien, voilà un gros titre !

Lâcha-t-il d’une voix acerbe, le visage tendu par la gravité de la situation. Dehors, un éclair illumina brièvement le ciel, suivi presque immédiatement par le grondement du tonnerre. Les murmures, les cris et les pleurs se mêlaient au martèlement de la pluie les grandes vitres de la salle, ajoutant une note sinistre à l’atmosphère déjà lourde de confusion et de peur. La Grande Salle de Bal, autrefois vibrante de vie et d’euphorie, était désormais plongée dans une torpeur sinistre, marquée par la mort et l’incompréhension.

Au Café de la Paix, l'excitation atteignait son apogée. Les clients étaient rivés à l'écran, fascinés par les performances élégantes et pleines de tension du concours de danse du Pétra Palace. Georges et ses amis échangeaient des commentaires animés et des paris sur les couples en lices. L'ambiance était à la fête. Le coup de feu retenti à travers les haut-parleurs du téléviseur, perçant l'atmosphère joyeuse comme une aiguille dans un ballon et la fessant basculer dans un silence de mort. Juste après, l'écran se coupa brutalement, plongeant le bar dans une ambiance lourd et oppressant. L'écran est devenu complètement noir, plus aucune image, juste de la "neige" statique avant qu'une voix off n'apparaisse, accompagnée d'un bandeau affichant l'interruption du programme pour problème technique. Les murmures d'incompréhension se transformèrent rapidement en exclamations.

- C'était... un coup de feu ? demande une personne accoudée au comptoir

- Qu'est-ce qui vient de se passer, encore une marque américaine une vraie camelote ces télé étrangères ! Balbutia une femme à côté du poste de télévision

- Mais qu'est-ce que c'est que ce foutoir ? Pourquoi ça s'est coupé ? s'écria un homme,

- Je t'avais dit de ne pas toucher au câble... sortie sa voisine

- Il y a eu un coup de feu, je vous dis ! lance un, on a entendu le bruit juste avant que ça coupe !

Georges, toujours sous le choc, se leva lentement, son regard fixé sur l'écran noir. Il échangea un regard avec ses amis, chacun comprenant que quelque chose de grave venait de se produire.

- Ce n’est pas un simple problème technique, murmura Georges. Il s'est passé quelque chose là-bas, au Pétra Palace... et ça ne présage rien de bon elle a encore sévi.

Il se tourna vers la fenêtre, d’où l’on apercevait le Pétra Palace sous une pluie battante. Autour de lui, la tension montait, les conversations devenaient plus vives, plus inquiètes. Les clients du café se rapprochaient les uns des autres, échangeant des regards inquiets et des paroles fébriles. La chaleur conviviale qui régnait autrefois dans le lieu s’était dissipée.

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