Partie 2

13 minutes de lecture

Bip. Bip. Bip.

Le réveil me vrille les tempes, me tire d’un sommeil sans rêve. J’ai la sensation d’avoir dormi à peine quelques minutes, alors que la nuit a défilé entière, étouffante, collante, pleine de pensées que je n’arrivais pas à éteindre.

Quand j’ouvre les yeux, je ne sais plus très bien où je suis. Ma respiration s’emballe. Le plafond beige, les posters, la pile de cartons dans le coin… tout me revient lentement. Ma chambre. Le nouveau monde. Et ce fichu réveil qui clignote 6h32, comme si le temps s’amusait à recommencer.

Je me redresse lentement, les draps collés à ma peau moite. Le silence de la maison me pèse. Tout y est encore trop neuf, trop étranger.

Quatre mois.

Quatre mois que l’incendie a tout emporté.

Quatre mois qu’on a quitté notre ville, notre maison, mes amis, mes repères.

Quatre mois que je tourne en rond dans cet endroit où rien n’a de sens, où chaque rue me rappelle que je ne connais personne.

Je n’ai pas mis un pied dehors depuis l’emménagement. Pas vraiment. Par peur, peut-être, ou parce que je ne sais plus comment exister à l’extérieur. A force de me cacher, j’ai fini par disparaître. Par devenir invisible, même pour moi. Et aujourd’hui, je dois affronter tout ça d’un coup. Une nouvelle ville. Un nouveau lycée. Des inconnus, partout. Je me sens à la fois vide et saturée, comme si tout en moi tirait dans des directions contraires.

Ma mère entre sans frapper, et ouvre les rideaux d’un geste sec. La lumière crue me brûle les yeux. Je replonge la tête sous l’oreiller moelleux de mon lit avec un grognement.

  • Alexia, debout ! ordonne-t-elle en m’arrachant l’oreiller des mains. File dans la salle de bain et prépare toi. Tu dois être irréprochable pour ton premier jour.

Génial. Comme si la pression n'était pas déjà suffisamment forte...

Je traîne sur le matelas, chaque muscle proteste, et je me surprends à rêver de rester là, invisible, à flotter dans la brume du réveil. Le parquet froid mord mes pieds nus, et je me lève enfin, résignée. Je jette un coup d’œil au réveil : 6h37.

Pendant un court instant, j'hésite à attendre encore trois petites minutes avant d'aller me laver. J'aime les nombres bien arrondis. Mais je sais pertinemment que d'ici une minute, ma mère va revenir vérifier que j'ai bien obéi, et si elle s'aperçoit que je suis toujours dans mon lit, je ne donne pas cher de ma peau ! Alors je me précipite vers la salle de bain, la peur comme moteur.

L'eau chaude, presque brûlante, ruisselle sur ma peau et dénoue peu à peu les tensions qui s'étaient installées durant la nuit. Mais si mon corps se détend, mon esprit continue de tourner à plein régime. La rentrée. Le nouveau monde. Le regard que ma mère posera sur moi. Et ce poids constant, invisible mais écrasant, de sa désapprobation, toujours prête à m’épingler. Je m’attarde quelques instants, les yeux fermés, à écouter le goutte-à-goutte du robinet. A sentir la vapeur envelopper mes épaules. Je me demande si, quelque part, cette année pourrait être différente. Si je pourrais respirer un peu. Trouver un semblant de tranquillité. Mais je connais trop bien le poids de ses attentes, trop familier. J’ai le cœur qui bat trop vite. J’essaye de respirer profondément, de me convaincre que ce n’est qu’un lycée. Mais ce n’est pas « qu’un » lycée. C’est un recommencement forcé, dans une vie que je n’ai pas choisie.

Je suis tirée de mes pensées de la pire façon : de grands coups dans la porte – un truc que je déteste – donnés par ma mère qui ronchonne.

  • Il est sept heures passé, dépêche-toi.

Alors je coupe l'eau, manque de m'étaler au sol quand je sors un peu trop précipitamment de la douche, et je m'entoure dans une grande serviette que le radiateur chauffe depuis la veille.

  • Je suis presque prête ! je lui réponds après avoir enfilé un jean large noir.

Je m’habille, passe un peu de mascara, tire mes cheveux en queue de cheval, puis reste immobile devant le miroir. J’ai l’impression de regarder une autre. Étrangère dans mon propre corps. Les cernes, les épaules voutées, le regard fuyant. Avant, j’avais l’air plus… vivante. Je crois. Maintenant, tout en moi crie la peur d’être vue, la peur de ne pas l’être. Je ne sais plus très bien laquelle des deux serait pire.

Quand ma mère entre sans frapper, elle scrute mon reflet d’un œil critique.

  • Redresse-toi. Et tire un peu sur ce haut, on dirait que tu n’as fait aucun effort.

Je ravale ma réponse, comme toujours. Je ne veux pas me disputer avant de partir. Mais à l’intérieur, ça bouillonne. Elle ne voit rien. Ni ma panique, ni le vide que je traîne comme une ombre. Juste le pli mal fait de ma chemise, ou les kilos que je n’arrive pas à perdre depuis l’incendie.

  • Il va vraiment falloir songer à faire un régime, finit-elle par dire. Comment peux-tu devenir quelqu'un d'important si tu n'arrives même pas à maîtriser ton propre corps ?

J'attrape mon sac de cours, passe un dernier coup de brosse dans ma chevelure brune, dévale les escaliers et me précipite à l'arrière du véhicule, le ventre vide. Dans la berline, je colle mon front sur la vitre. Les paysages défilent, gris et lisses, inconnus. Les mots d’Antoine sur la banquette avant se perdent dans le vrombissement du moteur.

J’ai peur. Pas de rater un cours, pas de ne pas être à la hauteur. D’être transparente. D’entrer dans ce lycée et que personne ne me voie jamais vraiment.

Je n’ai plus rien qui me rattache à « avant ». Plus de maison, plus d’amis, plus rien. Juste ce corps étranger et cette voix dans ma tête qui me répète que je vais me perdre pour de bon si je ne trouve pas ma place ici.

Lorsque la voiture ralentit, la pression est à son comble. Les mots que ma mère me répète depuis des jours résonnent dans ma tête en boucle. Fait bonne impression. Sois attentive. Montre-leur que c'est toi qui commandes.

Le portail du lycée se dresse devant moi, imposant, presque intimidant. De hautes grilles noires, des murs pâles, un silence étrange pour un jour de rentrée. Ce n’est pas le genre d’établissement où les élèves se bousculent et rient bruyamment. Tout ici respire la rigueur, la perfection. Tout ici transpire ma mère.

J’ai du mal à avaler ma salive.

Ma mère se gare juste devant l’entrée.

  • Ne reste pas plantée là, s’impatiente-t-elle. Ce n’est qu’un lycée, Alexia.

Ce n’est jamais qu’un lycée avec elle. C’est une vitrine. Une façon de prouver que, malgré tout, sa fille reste présentable. Sauvable.

Je hoche la tête sans rien dire, attrape mon sac et claque la portière. La voiture s’éloigne aussitôt, sans même un dernier regard.

Je reste quelques secondes figée sur le trottoir. Le vent froid s’engouffre sous ma veste. J’ai la sensation d’être minuscule dans ce décor trop ordonné, trop propre, trop brillant pour moi. Comme si chaque carreau du bâtiment me renvoyait l’image d’une élève modèle que je ne suis pas.

Je passe le portail, m’avance lentement dans la cour. Les groupes d’élèves sont déjà formés, comme des clans miniatures qui ne se mélangent sous aucun prétexte. Leurs rires se fondent dans un brouhaha étouffé. Personne ne fait attention à moi. Pas un regard. Et c’est peut-être pire que s’ils l’avaient fait. Je sens le vide autour de moi, cette distance invisible qui me sépare des autres, toujours la même. Mon cœur cogne dans ma poitrine.

Une fille passe à côté de moi et me bouscule sans le vouloir. Elle s’arrête une seconde, m’étudie de la tête aux pieds, et repart sans un mot. Super début…

  • Salut ! me lance soudain un garçon en s’approchant.

Je sursaute. Il a mon âge, les cheveux sombres, le sourire franc.

  • Euh… salut…
  • Je m’appelle Eishen, reprend-t-il. Et toi ?
  • Alexia… je murmure, embarrassée. Alexia Lenoir.
  • Enchantée Alexia ! T’inquiète, t’es pas la seule à débarquer. Je connais bien le lycée, mes frères y sont passés avant moi. Si tu veux, je peux te montrer un peu les lieux avant que la répartition des classes commence.

J’accepte, soulagée. Tandis qu’il me guide à travers les différents bâtiments, je m’accroche à chaque mot, chaque geste. Les couloirs, les salles, les escaliers… tout est nouveau, tout est intimidant.

Et puis, je le vois.

Assis sur les marches, un carnet fermé sur les genoux. Son regard me frappe comme un éclair. Samuel.

Mon cœur manque un battement. Nos regards se croisent, mon estomac se noue.

C’est bien lui.

Cinq ans que je ne l’ai pas vu. Cinq ans que la musique a disparu de ma vie, que Samuel a disparu. Mon cœur s’emballe. Je veux m’approcher, lui parler, comprendre… mais mes jambes restent figées. Il ne bronche pas, retour à ses occupations comme s’il ne m’avait pas vue. Pas reconnue. Il se lève et disparaît à l’intérieur du bâtiment, me laissant seule avec ce mélange d’appréhension et d’espoir qui m’étrangle.

Eishen remarque mon trouble et sourit.

  • On y va ? me demande-t-il doucement.

Je hoche la tête et reprends ma route, tentant de calmer le battement frénétique de mon cœur. Peut-être que tout commence maintenant.

Nous visitons les lieux : la salle de repos, la bibliothèque, le self, la cafétéria, les salles de cours, la salle d’étude, et même la salle de musique. L’ambiance à l’intérieur contraste avec la façade austère et froide. Est-ce d’avoir aperçu Samuel qui me met un peu plus à l’aise ? Je me sens toujours étrangère, mais cette fois j’ai l’impression d’être capable de dompter cet inconnu. Peut-être même de trouver un semblant de place.

L’interphone appelle tous les nouveaux élèves pour la répartition. Mon nom est appelé dans les premiers, et je rejoins l’estrade. Eishen me rejoint après six autres élèves, discret, mais rassurant. Tous les autres visages sont inconnus, alors je m’accroche à lui comme à une bouée.

La répartition terminée, je quitte l’estrade en compagnie d’Eishen et me fonds dans la masse des élèves. Les cours défilent, et je me perds dans la routine : les visages, les voix, les couloirs… tout m’écrase, tout me dépasse.

Je pousse un soupir de soulagement lorsque la sonnerie annonce la fin de la journée. Alors que les élèves se dispersent et que le silence me soulage un peu, Eishen s’approche de moi. Cette fois, il est plus détendu, moins dans le rôle du guide rassurant. Nous marchons côte à côte, parlant à voix basse. Il me raconte sa vie, sa famille, quelques anecdotes sur le lycée. Je l’écoute, surprise de sentir enfin un peu de légèreté revenir. La présence du garçon, son attitude naturelle, sa façon de parler sans pression, rend l’inconnu moins intimidant.

Je ne le connais que depuis quelques heures, mais j’ai le sentiment que lui et moi ne sommes pas si différents. Il semble vouloir faire bonne figure à tout instant : il est poli, avenant, altruiste… comme ses parents doivent lui demander d’être. Je sais reconnaître un sourire d’apparence, moi qui le pratique depuis des années sous la vigilante attention de ma mère.

Il continue de parler sans s’arrêter, et je l’écoute sans broncher. Une part de moi déteste ne pas pouvoir être aussi ouverte, ne pas savoir quoi dire et comment le dire, mais en réalité j’adore être celle qui récolte les histoires des autres. Celle qui écoute, acquiesce en silence, apprend peu à peu toute la vie de tout le monde. Je suis celle à qui l’on aime se confier, parce que l’on sait que je ne dirais rien à personne. Et je sens qu’Eishen l’a bien compris et apprécie déjà de pouvoir vider son sac.

Sur le parking du lycée, alors que le garçon me montre une énième photo de Mozart et Beethoven, ses deux perruches, j’observe les groupes d’élèves piailler en montant dans le dernier bus scolaire en direction de leurs maisons. Le véhicule s’éloigne rapidement, et bientôt nous ne sommes plus que deux à attendre que notre carrosse vienne nous chercher.

  • Si tu veux, je peux te faire découvrir les environs dans le week-end, propose-t-il. Il y a des cafés sympas à quelques minutes du lycée.
  • Ma mère refusera catégoriquement que je passe ne serait-ce qu’une heure le week-end dehors, en train de faire autre chose que réviser, je déplore.
  • Elle n’est pas obligée de savoir, murmure-il avec un clin d’œil malicieux.

Je lui offre un sourire complice et scelle notre ruse par une poignée de main.

Un mouvement à ma gauche attire mon attention. Je tourne la tête, et tout se fige. Une voix prononce mon nom, plus grave qu’avant, presque brisée, et mon corps se glace tout entier. Ce timbre, je le reconnaitrais entre mille, même s’il a changé, même s’il porte quelque chose de plus dur, de plus lourd.

Je me retourne, et l’air me manque.

Il a tellement grandi. C’est idiot. Il y a des centaines de choses qui ont changées chez lui, son visage, sa posture, son regard, mais ce qui me frappe le plus, c’est que le petit garçon que je connaissais n’existe plus. Celui qui faisait presque la même taille que son violoncelle à l’orchestre.

  • Samuel, je murmure, comme si dire son nom trop fort pouvait le faire disparaître.

Je ne sais pas quoi faire de mes bras, de mon corps entier. Une part de moi hurle de le serrer contre moi, juste pour vérifier qu’il est bien là, qu’il ne s’évaporera pas au premier souffle. Mais il y a cette distance dans ses yeux, cette réserve dans sa voix, cette prudence dans l’espace qu’il laisse entre nous. Alors je reste immobile.

  • Tu es la dernière personne que je m’attendais à voir ici, finis-je par dire, maladroite. Non pas que… enfin, ça me fait plaisir, mais… je veux dire… ça fait si longtemps, et puis, comment ça se fait que tu sois là ?

Je sens mes joues s’enflammer, mon cœur s’emballer, mes mots se heurter.

  • La probabilité pour qu’on se retrouve dans le même lycée … ouais, ça m’a fait un choc aussi, avoue-t-il.

Un choc. Il ne m’a même pas regardée, ce matin, dans la cour. Ou alors… si ?

Le klaxon de la berline interrompt le moment. Je sursaute, et quand je me tourne, Samuel semble sur le point de m’arrêter, la main à moitié levée. Il la retient au dernier moment. Visiblement, je ne suis pas la seule à avoir mille choses à rattraper.

  • Alexia, n’oublie pas de m’envoyer un texto pour… les cours de cette semaine ! s’exclame Eishen alors que je referme la porte de la voiture.

Samuel le regarde du coin de l’œil, la mâchoire serrée, et je ne peux m’empêcher de sourire.

  • Oui, dès que je rentre je t’envoie un message. Et… Samuel ?

Il lève les yeux vers moi.

  • J’espère qu’on pourra se voir entre les cours, je murmure.
  • J’espère aussi, dit-t-il simplement.

Dans le rétroviseur, j’observe les deux silhouettes des garçons diminuer à mesure que la voiture s’éloigne.

  • Alors, tu t’es fait de nouveaux amis ? demande Antoine sans dévier son attention de la route.
  • En quelque sorte oui.

Je ne précise pas que Samuel n’a rien d’un nouvel ami. Ce serait ouvrir une porte que ma mère s’empresserait de refermer à coups d’interdictions.

Je me perds dans mes pensées, dans les souvenirs des classes de musique, des rires étouffés pendant les répétitions, des concerts tremblants.

Et l’image de Samuel s’impose de nouveau.

Se pourrait-il que… ? Non. Trop improbable.

Et pourtant, si un endroit pouvait vraiment nous réunir de nouveau…

  • Antoine ?
  • Oui ?
  • Je veux reprendre l’orchestre.

Il reste silencieux. Je sens qu’il pèse chaque mot à venir, et surtout, ses chances de survie au dîner s’il accepte de m’aider.

  • Tout est nouveau ici, je poursuis. La maison, la ville, le lycée… Je n’ai rien, plus rien à quoi me raccrocher. L’orchestre, c’est l’un des rares endroits où je me sentais bien. Avant. J’aimerais retrouver un peu de ça. Juste un peu de normalité.

Antoine inspire profondément, puis soupire.

  • Ok, je vais en parler à ta mère. Mais tu sais comment elle est : si ça empiète sur tes révisions, c’est terminé.
  • Merci ! Merci, merci… merci !

Je sens un rire nerveux m’échapper. C’est idiot, mais c’est la première victoire depuis des mois.

La voiture tourne dans notre rue. Je prends le temps de calmer mes gestes, d’ajuster mon haut. Les apparences font tout, comme aime le répéter ma mère. Si je veux qu’elle accepte ma demande, je ne dois pas me laisser déborder par les émotions. Jamais.

Est-ce une carapace qu’elle s’est forgée au départ de mon père ? Je n’aurais sûrement jamais la réponse. Pour Sophie Brunault, succomber à ses émotions, c’est succomber à la faiblesse. Alors j’accepte de jouer à son jeu, si c’est le prix pour retrouver un peu de moi-même.

Antoine me jette un regard entendu. Je comprends : ce soir, il faudra que je me fasse toute petite. Alors je monte, j’ouvre un manuel, et commence à travailler. Quand elle m’appelle pour diner, je suis déjà dans la cuisine, à couper le pain, comme si je n’attendais que ça.

Le repas se déroule dans le silence habituel. A la fin, Antoine m’adresse un signe discret : monte, laisse-nous en parler.

Une heure passe, et je décide qu’il est temps pour moi d’arrêter les aller-retours inutiles dans ma chambre. Convaincre ma mère n’est pas une tâche aisée, je dois prendre mon mal en patience. Alors je vais dans la salle de bain me mettre en pyjama, me rincer le visage et me brosser les dents. Je prends mes cachets, et m’apprête à aller au lit quand quelqu’un toque timidement à ma porte.

Antoine ne rentre pas. Il sourit, fatigué, complice.

  • Demain, on ira t’acheter un violoncelle, annonce-t-il avec un clin d’œil avant de refermer la porte et redescendre aussitôt.

Je reste un instant immobile, le cœur battant.

Alexia : 1 – Sophie : 0.

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