Chapitre II - La paralysie du sommeil.

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- Et si, je dormais sur le dos ?

C'est la dernière pensée qui m'a traversée l'esprit avant de m'abandonner dans les bras de Morphée.

J'ouvre les yeux. Me voilà dans Monde parallèle des rêves mais je ne le sais pas encore...

Je suis dans ma chambre, assise confortablement sur la couette de mon lit, mes deux coussins me servant de dossier pour soulager mon dos. Il fait sombre. La lumière naturelle de la Lune n'est pas présente comme elle le devrait pourtant. Cela ne me dérange pas plus que cela car je suis quelque peu éclairée par l'écran de mon ordinateur portable allumé, posé lui aussi sur mon lit face à moi, devant mes jambes croisées.

J'envoie des messages à certain(e)s ami(e)s que je connais à distance. Soudain, la page change et fait apparaître une plateforme de chat virtuel sur laquelle j'ai l'occasion d'y aller souvent. Je discute avec mon ami québécois que je surnomme Gre' car il adore les grenouilles et que, la première fois que j'ai fait sa rencontre, il se nommait Grenouille. Je suis contente et en même temps, rassurée de sa présence même s'il vit à des kilomètres de moi. Soudain, mes membres deviennent lourds et se mettent à gonfler. Je ne comprends pas ce qu'il se passe mais cela m'effraie. D'autant plus que la barrière entre le rêve et le réel disparaît petit à petit.

Le noir total. Le vide. Le néant.

J'ouvre les yeux et je suis toujours dans ma chambre au même emplacement mais cette fois-ci, cette dernière est plus sombre et je suis allongée sous ma couette. Les membres alignés jusqu'aux pieds, je me repose sur le côté gauche. Ma couette recouvre la partie basse de mon corps et monte jusqu'à mon bassin. Je ne suis pas rassurée.

Bizarrement, cette position fait écho avec l'ancienne et je suis tantôt allongée de cette manière, tantôt assise, face à mon ordinateur portable. Je discute avec ma soeur sur la plateforme de jeu. Etrangement, je l'entends également discuter dans le salon avec mon frère au rez-de-chaussée. Ils se questionnent à mon propos. Ils se demandent la raison pour laquelle je pousse des cris alors que je suis censée dormir. En effet, je me retrouve en position allongée, en train de crier. Ils m'appellent depuis le couloir, composé d'escaliers qui ramènent au palier où se situe ma chambre et celle de mon frère. Je ne leur réponds pas. Pourtant, je le veux mais je n'y parviens pas. Je suis paralysée. Je ne peux ni bouger, ni même sortir un son de ma bouche. Ces actions pourtant simples, me sont extrêmement difficiles à réaliser. Et je n'arrive plus à faire la différence entre le rêve et la réalité.

Je me sens impuissante. Fragile. Vulnérable.

J'entends ma soeur monter les escaliers. Elle ouvre la porte de ma chambre. Elle me voit dormir. A cet instant, je suis partagée entre l'envie de lui faire croire que je dors pour qu'elle ne se doute pas que je suis en même temps sur mon ordinateur portable et entre l'envie de lui demander de l'aide car je suis paralysée. Elle quitte la pièce. Je comprends que je fais une erreur. Elle doit revenir ! Cette dernière envie me prend et je commence à crier. En vain. Seules des onomatopées s'échappent de ma bouche. Chacune extirpée de mon larynx après chaque expiration difficile et lente de ma part.

- Hé... Hé...

Elle ne m'entend pas. Je me sens faible. Impuissante.

Je lui parle de nouveau sur la plateforme de jeu. Et, de la même façon, je les entends discuter au rez-de-chaussée à mon propos.

Elle remonte, me voir. Je dors. Elle s'approche de mon visage et me caresse près de l'aisselle. Cela me chatouille. Je souris mais je me rends compte, bien vite que je ne peux pas rire. Je comprends que je suis paralysée. Elle part de nouveau.

Je ne retourne pas sur mon ordinateur portable car je me rends compte que l'ensemble de mon être est paralysé. Je me concentre sur ma respiration. Et cette fois-ci, c'est bien réel !

Je les entends de nouveau.

Rebelote. Elle monte me voir pour la troisième fois. Elle s'approche de mon visage, lentement. Elle me caresse l'aiselle. Je réagis de la même façon que précédemment. Elle me caresse les paupières. Elle s'approche de ma bouche et me souffle de l'air à plusieurs reprises d'une manière délicate et raffinée. D'abord, elle le fait pour ne plus m'entendre ronfler. Je pense qu'il s'agit-là d'un conseil, donné par mon frère avant qu'elle ne monte. Ensuite, je comprends qu'elle le fait pour m'aider à respirer. Etrangement, l'air qu'elle m'insuffle représente de l'eau. Ce qui me permet de respirer. Enfin, je ressens qu'elle s'inquiète pour moi. Elle croit que je suis morte ou bien que je suis sur en train de mourir. Elle redescend.

Au moment où elle m'a soufflée dans la bouche, je savais qu'il ne s'agissait pas de ma soeur mais bel et bien du Diable en personne. Cette pensée me glace le sang. Assez pour me retrouver entre les deux mondes : celui du rêve et de la réalité.

J'entends des bruits de frottements sur les draps de mon lit près de la tête de lit. J'ai l'impression qu'il s'agit de l'esprit d'un enfant. J'ai peur. Je suis toujours paralysée et les larmes me montent aux yeux. Je ne peux rien faire. Cette distance entre lui et moi et si courte... Un contact et c'est le drame. Je le sais. Je le sens. Et lui aussi, le sais. C'est pour cette raison qu'il continue. Un sadique.

Je tente de bouger mes bras. En vain. Je me concentre mais mes mouvements ne peuvent se faire qu'au ralenti. Mes membres sont lourds. Je les déplace lentement sans pouvoir les décoler des draps. Je suis contrainte de les glisser. Je le fais à plusieurs reprises pour attirer l'attention de mon frère qui se trouve dans sa chambre mais j'ai l'impression qu'il dort profondément.

Les frottements se font entendre de nouveaux. Les larmes emplissent mes yeux. Je suis tellement effrayée. Puis, des ombres. Et, trois points blancs comme ceux qui apparaîssent lorsque que l'on se fait prendre en photographie avec le flash et que l'on commence à les apercevoir en clignant des yeux. Je comprends que cela est du à l'écran de mon ordinateur portable.

J'arrête de cligner des yeux car je comprends que c'est de cette façon que les ombres apparaîssent.

C'est à ce moment précis que je comprends que je suis en train de faire une paralysie du sommeil.

Je cligne des yeux de nouveaux pour confirmer ma pensée. Les ombres apparaîssent de nouveau comme il était prévu. Elles prennent forme de plus en plus.

J'arrête et je me calme.

J'entends le réveil de ma mère qui dort avec mon père à l'étage au dessus, dans le grenier, aménagé en chambre. Elle descend les escaliers qui donne sur la chambre de mon frère. Elle traverse sa chambre et passe devant la porte de la mienne. J'essaie de l'appeler. Je sais que je ne peux pas crier à cause de ma paralysie alors je parle tout en m'aidant de ma respiration. A chaque expiration, je sors un mot ou plutôt une syllabe :

- Ma... Man.

Elle s'arrête de descendre les escaliers du couloir. Je continue en espérant qu'elle m'entende :

- Ma... Man.

Elle dit alors à mon père qui se trouve encore dans le grenier et qui était en train de lui parler :

- Attends.

Elle s'approche de la porte de ma chambre. Je suis soulagée. Je continue :

- Ma... Man.

Elle ouvre la porte de ma chambre mais il fait sombre. Je ne la vois pas. Je sais qu'elle m'observe. Je poursuis :

- Aide... Moi...

Elle part en fermant la porte et là, je désespère. Je continue de plus belle :

- Ma... Man.

Elle revient. Je sens sa présence derrière la porte. Je me répète :

- Aide... Moi.

Elle ouvre de nouveau la porte de ma chambre. Une pensée me traverse l'esprit : si elle allume la lumière, cela me réveillera pour sûr ! Je dis alors :

- Lu... Mière.

Elle attend et m'observe comme une sadique. Je répète de nouveau :

- Lu... Mière.

Elle a la main posée sur l'interrupteur. Je regarde les ampoules de ma lampe, soulagée presque heureuse et pleine d'espoir. A ce moment, elle rit comme si c'était le Diable en personne et s'en va.

J'entends de nouveaux les frottements qui se rapprochent de plus en plus.

Je n'oublie pas que je suis en pleine paralysie du sommeil. J'ai envie de vivre cette expérience encore un peu car je sais que j'ai un pouvoir de maîtrise sur les ombres, les frottements et le reste mais je dois me réveiller. Pour cela, je dois être calme.

Je ramène lentement mes bras le long de mon corps. Je sers les poings tout en agrippant les draps de mon lit. Je sers les dents et là, je pense à Gre'. Je dois me réveiller pour tout lui expliquer car nous menons des expériences oniriques ensemble.

Cela fonctionne. Je me réveille.

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