Chapitre XIV : On a toujours besoin d'un plus petit que soi
Ce géant ne veut donc rien entendre à ce que je lui dis. En plus, mon prodige de sanctuaire ne m'est d'aucune utilité. Il me voit sans faire aucun effort, alors qu'il ne devrait même pas sentir ma présence. Je cherche à le convaincre de rencontrer le clan des géants de pierres pour faire la paix : il les a chassés de leur camp. Ils pourraient trouver un terrain d'entente, mais rien à faire ! Soudain, peut-être parce qu'il en a marre ou qu'il ne veut plus rien écouter, il claque des doigts. Aussitôt, les deux squelettes géants en armure, de chaque côté, commencent à se tourner vers moi. Ils étaient restés immobiles jusqu'ici et cela m'allait bien ! Mais, maintenant, je dois leur faire face et mes compagnons sont trop loin pour me porter assistance. Cette fois-ci, ma fille, c'est le bout du chemin !
Quelques jours plus tôt. Nous étions retournés au château de Palefroy. Dans mon bain, je me laissais frotter le dos par Nadij. Elle n'avait pas de nouvelles à m'apporter. En tout cas, elle réussissait à me détendre les muscles avec son massage. Lorsque je m'étendis dans le baquet, elle entreprit de continuer son office sur d'autres parties de mon corps. Mais, je fus trop rapide pour elle : j'avais déjà bloqué son bras et pris l'éponge dans ses mains.
- Je finirais ma toilette seule. Merci Nadij ! Mon ton était doux mais sans appel.
Elle semblait déçue, tant mieux. Il faut qu'elle comprenne : la courtisane doit savoir être comme le roseau. Ne pouvant que trop rarement s'imposer aux hommes par la force physique, il lui faut déplacer les rapports de force. Elle devra trouver la volonté pour obtenir un ascendant sur son « client ». Elle devra discipliner son esprit. Cela lui demandera beaucoup d'énergie. Mais... Nadij, aura-t-elle ce courage ?
Quand on est une courtisane, former quelqu'un fait partie de la tradition : je n'aurais plus le courage de replonger dans cette vie. Les pirates ont brisé quelque chose en moi... Je ne suis plus aussi maîtresse de mes émotions qu'auparavant.
Le soir, lorsque j'entrais dans la salle à manger, en retard comme toujours, le Comte m'accueillit :
- Madame, accepteriez-vous de vous asseoir à ma droite !
- Désolé Messire, répondis-je sur un ton calme, mais je me dois de décliner. Je ne suis pas digne d'être à une place aussi importante. Sauf votre respect, je me dois de vous rappeler que je ne suis qu'une artiste et que j'entends rester à ma place.
Le Comte peina à cacher sa déception :
- Madame... c'est tout à votre honneur !
Bien que le repas commença froidement, après ma réponse au Comte, il finit dans une bonne ambiance. De nouvelles révélations géopolitiques nous étaient faites dans le feu de la discussion. Au sein du couple royal gouvernant l'archipel, officieusement, c'était la haute druidesse qui tenait les rênes du pouvoir. Elle possédait le sceau royal. Après tout, n'était-elle pas la fille de l'ancien Roi ?...
Le lendemain, durant la matinée, le Comte nous convoqua. Il avait besoin de nos services :
- Les géants de pierres, dans les collines voisines, ont un problème. J'ai avec ces gens singuliers un accord commercial, un pacte de non-agression et de défense mutuelle. Hier, ils m'ont averti qu'ils avaient été chassés de leur camp d'habitation. Hélas, je n'ai pas les moyens militaires pour les soutenir dans cette épreuve. Accepteriez-vous d'aider mes alliés ? Je n'ai rien d'autres à vous promettre que ma sincère amitié.
Balak fut le premier à réagir :
- Sauf votre respect, Monsieur le Comte, nous irons les rencontrer et nous aviserons !
Je regardais le nain étonnée. Lui, qui était souvent en retrait, avait pris l'initiative pour savoir ce qu'il pourrait glaner... Je pris la parole avec un coup d'oeil à Balak :
- Nous irons rencontrer ces géants et nous vous tiendrons au courant des résultats.
Ombre Dansante avait souri en écoutant Balak :
- Comme l'ont dit mes compagnons, nous irons demain matin.
Eliodys, comme à son habitude, resta en retrait pendant toute la conversation. Nous passions le reste de la journée à nous préparer en vue de cette expédition. Je priais une partie de l'après-midi dans l'aire que j'avais consacrée à la déesse des vents. Ensuite, je pris mes épées pour faire des mouvements martiaux. Mes enchaînements étaient fluides et rapides. J'allais même jusqu'à dissiper le fils du Comte qui s'entraînait avec Eliodys. Il était impressionné et s'exclama :
- Elle est vraiment impressionnante !
- Je dirais plutôt spectaculaire, répondit Eliodys. Mais... si tu veux vivre, évite de la copier. Je connais son efficacité : c'est une artiste, pas une guerrière ! Ecoute plutôt mes leçons et tu sauras vraiment te battre.
Puis, le soir, je révisais les formules magiques liées aux pouvoirs que m'avaient enseignées Ombre Dansante. Je finis ma préparation en vérifiant l'état de mes armes et que ma bourse de pierre à fronde soit bien chargée.
Nous étions partis le lendemain matin, à la première heure, vers les collines du nord. Sur le chariot, j'étais assise à l'avant, à côté de Jack qui conduisait l'attelage. Balak était assis à l'arrière. A pied, Ombre Dansante marchait au côté du cheval qui tirait le véhicule. Le cavalier elfe chevauchait devant, en éclaireur.
Dans les collines, le chemin fut plus difficile. Il devint cahoteux. Les deux sillons, formés par le passage des roues, nous confirma même que seuls des véhicules des géants passaient par là. Nous dépassions l'une après l'autre plusieurs carrières de pierres aux dimensions colossales. Seuls des géants pouvaient avoir exploité ces gisements. Puis, le chemin devint plus compliqué pour le chariot. En plus des cahots, des pierres étaient semées sur le sol. Ce devaient être des petits cailloux pour des géants, mais des rochers pour nous ! La progression n'était pas rapide. Une charrette de géant devait passer plus facilement que la nôtre...
Au détour d'une colline, dans un cirque rocheux, nous apercevons un camp de fortune. Les tentes semblaient faites de peaux. Elles étaient très grandes : elles mesuraient bien cinq mètres de long sur trois mètres de large. Autour du campement, plusieurs chèvres géantes, hautes comme des poneys, paissaient. Au milieu des tentes, une dizaine d'humanoïdes de grande taille à la peau grise était assise autour d'un foyer à leur taille. L'un d'eux se trouvait toutefois au sommet d'une colline : c'est lui qui avertit le groupe de géants de notre arrivée. Alors, ils se levèrent tous. Ils s'avancèrent et se présentèrent comme étant le clan des géants de pierres. Ils mesuraient de trois à cinq mètres de haut et étaient habillés de peaux de chèvre, travaillées à la main et cousues de cuir. Un des géants de pierres nous salua de la main et commença :
- Bonjour, qui êtes-vous petites gens ?
- Bonjour, répondit Ombre Dansante, nous sommes les envoyés du Comte pour vous venir en aide.
- Je suis Gromak, le chaman de notre clan. Je remercie le Comte pour sa célérité à nous envoyer de l'aide. Mais... je vous trouve bien petits pour pouvoir régler notre problème !
- Qui est petit, s'exclama Balak en riant ? Expliquez-nous d'abord ce qui vous est arrivé. Nous pourrons ainsi vous dire si nous devrons revenir lorsque nous serons devenus plus grands...
Je ne sais si le géant prit cette réflexion pour une boutade ou une insulte. Il nous invita à nous asseoir près du feu. Le clan était dirigé par le chaman ; celui-ci en présenta les membres. Et finalement, c'est en mangeant qu'il nous raconta leurs déboires :
- Il y a plusieurs jours un géant de feu est venu nous voir dans notre village. Il nous a dit que nous devions quitter nos tentes. Nous avons refusé. Il nous menaça alors et nous laissa deux jours pour partir. Quand il revint, ils étaient plusieurs géants de feu. Les pouvoirs de leur chaman étaient supérieurs aux miens. Et puis, de part notre nature de géant de pierres, nous ne sommes pas enclins à la violence.
- Ils étaient combien, demanda Balak la bouche pleine ?
- Ils étaient une demi-douzaine, Maître nain !
Balak nous regarda tous les trois. Lorsque je croisais son regard, j'étais devenue songeuse : si nous aidons ces gens, est-ce que nous n'allions pas mettre la barre trop haute ?... Six géants de feu... Balak ajouta en souriant :
- De toute façon, même si un des géants me marche dessus, il ne pourra pas plus me réduire... Aussi, je suis partant !...
Ombre Dansante prit la parole :
- Nous devrons nous rendre compte par nous-même. Il nous faudra nous approcher discrètement avant de tenter quoi que ce soit. Qu'en pensez-vous, Shen et Eliodys ?
Eliodys se gratta la tête en réfléchissant :
- Je ne sais pas ce que l'on va trouver là-bas ! Mais... Je pense que nous devons rétablir la justice. (Il regarda le chaman) vous pouvez compter sur mon bras !
Tout le monde se tourna vers moi. Six géants... Je pris une grande inspiration. Je me levai, fermai les yeux en faisant le salut aux vents. Soudain, mes habits claquèrent, ma longue chevelure rousse vola autour de moi. Les vents me parlèrent : une ombre se lève sur les Moonshae. Lorsque j'ouvris les yeux, je regardais chacune des personnes présente. Je leur dis :
- Les vents m'ont parlé. Quelque chose de sombre approche... Alors, soyons ceux qui entretiennent la flamme de la vie ! Je serais des vôtres...
Balak changea complètement de sujet :
- Vous êtes des tailleurs de pierres ?
- Oui, répondit le chaman. Notre affinité avec le minéral nous aide pour la production de pierres de taille.
- Et, insista le nain, vous ne trouvez que de la pierre ?
- Non... nos carrières permettent, de temps en temps, de trouver des pierres semi-précieuses... des chrysocolles...
- Oui, je vois, exulta Balak. C'est une sorte de cristal. J'aimerais en acquérir. Combien me les vendriez-vous ?
- Vous êtes attiré par ce qui brille, Maître nain ?
- Non, répondit Balak, je suis joaillier à mes heures perdues. Je suis à la recherche de matières premières.
- Alors, si vous réussissez, je vous donnerais dix pierres à tailler.
- Merci beaucoup, je reviendrais chercher mon dû !
La soirée se finit par des chants et des rires. Lorsqu'il fut question de se coucher, pendant que mes compagnons montaient les tentes, je décidais de me retirer sur les hauteurs de la colline protégeant le campement. Au sommet, je m'agenouillais et me mis en prière. Les vents m'entouraient. Je restais ainsi près d'une heure. Je ressentais, comme en filigrane, la présence de Lucifer dans le château du Comte. Il surveillait régulièrement le maître des lieux mais aussi Nadij, mon élève. Lorsque je redescendais, seuls les deux gardiens étaient encore en éveil. Je m'allongeais dans la tente près d'Ombre Dansante. Il ouvrit les yeux et me dit :
- Essaie de dormir et sois confiante. Tu es une magicienne très douée. Tu es fidèle aux vents, je suis sûr qu'ils te suivront. Tu sais apporter ce petit plus qui permet de nous transcender. Shen, même si nous n'avons jamais eu une aussi grande opposition, je soupçonne que tout n'est pas toujours ce que l'on croit. Bonne nuit, ma chérie !
Le lendemain matin, nous vîmes qu'une chèvre géante avait été tuée et vidée de son sang, sans que personne n'entendit rien. Nous trouvâmes sa dépouille à l'écart du camp. Les sentinelles n'ont rien entendu, ni vu. Elle avait, sur son cuir, des marques de morsures, avec des traces de brûlures, qui semblaient être dues à des canidés géants. Nos hôtes décidèrent de calciner les dépouilles. Avec son expérience, Ombre Dansante pensa qu'il s'agissait de molosses de l'enfer : des chiens grands comme des chevaux, avec une gueule exhalant du feu.
Après le petit-déjeuner, nous nous étions mis en route vers le camp des géants de pierres. Le chaman nous donna toutes les indications pour permettre de nous repérer.
Après plusieurs heures de marche, nous aperçûmes la fumée d'un feu qui semblait se situer derrière une colline. Nous décidâmes de monter tous les quatre, discrètement, pour repérer les lieux sans être vus. Jack restait en retrait, près du chariot avec le cheval d'Eliodys. Nous avions en contrebas une tente de géants. De chaque côté de l'ouverture, se trouvaient deux créatures de quatre mètres de haut chacune, portant une robe rouge avec une capuche. Elles semblaient monter la garde, chacune les mains posées sur le pommeau d'une épée à deux mains. Nous restions discrètement aux aguets, durant une heure. Mais, rien ne bougea dans le camp !
Soudain, Ombre Dansante sentit comme une odeur de soufre. Elle semblait de plus en plus marquée. Puis Eliodys, grâce à son ouïe fine, entendit le bruit d'animaux qui couraient. Le cavalier elfe s'exclama :
- Il faut vite redescendre, Jack risque d'être en danger.
Aussitôt, nous descendîmes de la colline pour revenir sur nos pas. Nous avions réussi à rejoindre le chariot avant que le danger ne s'approche. Ce dernier se présenta sous la forme de quatre chiens géants : des molosses de l'enfer. Mes trois compagnons se précipitèrent à la rencontre des molosses de l'enfer, pour les recevoir comme il se devait. Je soutenais mes amis grâce à mon chant de courage. Jack restait derrière moi. Le combat fut difficile mais aucun de mes amis ne fut blessé. Après que nous avions tué les chiens géants, Eliodys, qui avait ouvert l'un d'eux de part en part, trouva dans son estomac trois jaspes et plusieurs milliers de pièces d'argent. Apparemment, ce molosse aimait les plats riches !
Après avoir déplacé le chariot à l'abri, un peu plus loin, nous sommes remontés discrètement au sommet de la colline. Nous retournâmes à notre poste d'observation pour constater que rien n'avait bougé dans le camp. Je proposais à mes amis :
- Je vais m'approcher de la tente. Je peux être parfaitement discrète. Même si vous ne me voyez pas, je serais là. Soutenez-moi si cela dégénère !
- Tu seras invisible, demanda Eliodys ?
- Pas vraiment ! Mais ton esprit le croira.
- Tu es sûre de ce que tu veux faire, s'inquiéta Ombre Dansante ?
- Oui, répondis-je ! Peut-être qu'un peu de diplomatie permettra d'éviter un bain de sang...
- Soit, ajouta Balak ! Mais sois prudente, petite !
Je commençais par me mettre en prière afin de lancer sur moi un sort de Sanctuaire qui me permettrait de ne pas être là :
Notre Dame des Airs
Fasse que je devienne songe
Au milieu de ces êtres
Que mon corps s'évapore à leur regard
Sans aucunement paraître
Lorsque mes compagnons se demandèrent si j'étais déjà partie, je descendis vers le camp. Je m'approchais discrètement de la tente la plus grande. Je vis, avec crainte, que les deux gardes avec leur cape rouge, devant la porte de la tente, étaient des squelettes géants qui devaient sûrement être animés magiquement. Après une hésitation, je me remis à marcher vers l'entrée de la tente. Je passais entre les deux squelettes. Heureusement, ils ne bougèrent pas : mon prodige était efficace. Soudain, la toile de la tente s'écarta. Un géant avec la peau rougeâtre sortit. Il mesurait bien cinq mètres de faut, il portait un plastron de cuir rigide et un turban sur la tête. Un collier représentant un cercle entouré de traits ondulés pendait autour de son cou. C'était le même type de bijou que portait le prêtre sombre que nous avions affronté précédemment. Il avait un pantalon et des babouches de cuir. Il portait à la main un grand bâton (ou était-ce un tronc ?). Ce devait être un géant de feu. Il s'adressa à moi (ce devait être le chaman, le prodige de sanctuaire ne servait à rien contre lui) :
- Que veux-tu, petite créature ?
La surprise passée, je pris une grande inspiration et me lançais :
- Je viens en paix ! Je viens discuter avec vous...
- Et qu'aurais-je à dire à un insecte tel.. que toi !
Je me lançais frontalement :
- Je viens parler paix au nom des géants de pierres. Il doit y avoir un moyen de trouver une solution qui convienne à tout le monde.
- Les géants de pierres sont des lâches. Ils ont fui devant ma puissance ! Alors, je n'ai rien à leur dire...
- Ceci est leur campement, leurs tentes. Ils veulent récupérer leurs outils de travail. Vous pouvez comprendre qu'ils ont des engagements à honorer !
- Tais-toi, moustique !
Le géant de feu fit un geste de la main en prononçant des mots dans une langue que je ne connaissais pas. Aussitôt, les deux squelettes géants s'animèrent et brandirent leurs épées pour me frapper.
Je vois fondre sur moi les deux épées. Heureusement, ma rapidité est bien plus grande que la vitesse de mouvement de ces deux lourdauds. Grâce à un roulé-boulé, je suis déjà hors de portée des deux squelettes géants. Dans le même temps, des projectiles magiques viennent atteindre de plein fouet le géant de feu (bien visé, Ombre Dansante !). Mes deux autres camarades descendent la colline en chargeant le campement. Le géant de feu se retourne vers nous avec un regard de colère. Il prononce de nouvelles paroles incompréhensibles : cinq autres géants de feu apparaissent. Cette fois-ci, nous risquons de souffrir !...
Balak s'attaque aux deux squelettes. Il évite leurs épées et, à coups de hache, il fait voler des bouts d'os. Eliodys charge un géant de feu. Il pare le coup de bâton et le frappe mais son adversaire est plus rapide qu'il ne le pense. M'étant mise hors de portée, je prie ma déesse pour qu'elle inspire mes camarades. Ombre Dansante est descendu dans l'arène. Il danse au milieu de trois géants qui ne sont pas assez rapides pour le toucher. Grâce à sa science du combat, Eliodys pare et évite les coups. Soudain, dans un enchaînement dont il a le secret, il réussit à porter une attaque mortelle à l'un des géants. Celui-ci disparaît aussitôt. L'elfe nous crie :
- Ce ne sont que des illusions !...
Ombre Dansante en fait disparaître un autre et surenchérit :
- Il n'y a que le chaman qui est réel !...
Alors... c'était cela : juste un illusionniste qui fait le gros dos pour s'en sortir ! Mais lequel de ces géants est le vrai ? Ils se ressemblent tous. Je crie à mon tour :
- Trouver qui est le vrai géant et je m'en occupe !
Aussitôt ? je me concentre pour me remettre en prière. Par mon salut aux vents, ceux-ci répondent à mon appel. Je rassemble un maximum d'énergie divine grâce aux zéphyrs qui m'entourent.
Akkadie, Maîtresse de l'Air
Souffle sur cette magie ennemie
Emporte la au loin
Sauve-nous de cette malappris
Et anéantis notre ennemi
Alors que Balak vient d'abattre un squelette géant, il prend un coup par derrière et s'écrie :
- Aïe ! Qu'ils soient virtuels ou réels, ces maux font autant de mal... Fais vite quelque chose, Shen !
Ombre Dansante, dans sa frénésie de combat, fait disparaître une illusion et blesse un géant de feu. Il lance :
- Il est face à moi !...
Alors, je relâche toute l'énergie que j'ai cumulée sur le géant de feu. Lorsqu'il reçoit mon sort, je le vois ployer. Mais, dans un effort, il se redresse et résiste encore. Puis, dans une gerbe d'étincelle d'énergie divine, je vois que j'ai obtenu ce que je voulais : les illusions disparaissent et une partie de la magie noire se dissipe. Alors, l'illusionniste.. Tu fais moins le malin sans tes marionnettes ! Je sais, moi aussi, faire de la magie et je sais aussi la dissiper...
Le géant de feu tente de reconstituer ses défenses magiques. Dans le même temps, je continue mes prières pour assurer une protection à Ombre Dansante en le protégeant des actes de ces dévoués au mal :
Reine de l'Air
Par ton baiser
Protège le champion de ta servante
Puissent tes ailes diaphanes
Le protéger de nos ennemis
Alors que le géant de feu a reconstitué ses défenses, il frappe Ombre Dansante... mais, il est surpris par la résistance de l'elfe ! Je rassemble, de nouveau, toute ma foi aux vents. Je me lève en levant les bras au ciel. Ma chevelure flotte dans les airs ; mes vêtements claquent. Les tourbillons autour de moi n'ont jamais été aussi forts. J'enchante les zéphyrs qui m'entourent pour une version encore plus puissante de mon prodige :
Akkadie, Maîtresse de l'Air
Souffle sur cette magie ennemie
Emporte la au loin
Sauve-nous de cette malappris
Et anéantis notre ennemi
Lorsque les vents frappent le géants, des gerbes d'étincelles divines emportent les défenses magiques du chaman dans leur souffle. Notre adversaire, sans ses boucliers magiques, finit par tomber sous les coups des trois guerriers. Aussitôt, le dernier squelette géant s'écroule. Tout redevient calme ; la poussière retombe au sol.
Balak, le visage en sang, se tourne vers moi. Il protège ses yeux du soleil qui me baigne de lumière. Il dit avec respect :
- C'est toi qui as fait ça, Shen ?
- Non, ce sont les vents que j'ai appelés. Ils n'ont fait que répondre à la force de ma foi en eux...
Je me penche sur mes compagnons pour les soigner :
Dame des Vents,
Par mes mains,
Apporte le soulagement à ces âmes
Et rends-les pures aux drames !
Après avoir refermé les plaies de mes compagnons blessés, nous fouillons ensemble le camp. Ombre Dansante trouve dans la tente un coffre de taille moyenne. Il l'observe sous tous les angles avec beaucoup d'attention. Il détecte un petit trou à la base du couvercle. Il réfléchit un instant, soupçonnant la présence d'un piège contre les voleurs puis décide de le déclencher volontairement en orientant le petit trou du coffret dans une direction qui ne présentera aucun danger. Soudain, une fléchette est projetée et se fiche dons la toile de la tente.
- N'y touchez pas, nous prévient-il ! La fléchette doit être empoisonnée.
Puis, l'elfe ouvre le coffre. Il trouve douze fioles pleines d'un liquide bizarre, un tube de bambou bouché contenant un manuel sur les morts-vivants et quatre parchemins sur lesquels semblent écrits des signes kabbalistiques. Après avoir fini la fouille du camp, nous décidons de repartir faire notre rapport auprès des géants de pierres. Nous récupérons Jack, le chariot et le cheval d'Eliodys au passage.
Lorsque nous arrivons à leur campement, nous racontons nos exploits aux géants de pierres. Ceux-ci sont très heureux de pouvoir récupérer leur « chez-eux ». Aussi, nous remercient-ils chaleureusement. Le chaman offre à Balak vingt chrysocolles, au lieu des dix promises. Le nain est ravi et plein de reconnaissance. Nous partons très vite pour le château de Palefroy, afin de faire notre rapport auprès du Comte.
Après le bain, Nadij me fait son rapport. Elle m'apprend que le Comte a reçu un courrier mais elle n'a rien pu, ni entendre, ni voir. Hélas, mon fidèle Lucifer ne peut pas m'en dire plus...
Avant le dîner, j'ai raconté nos faits d'arme contre le géant de feu, les deux squelettes géants et les illusions. Le Comte me regarde et dit :
- Vous êtes très courageuse, Madame.
- Messire, vous me faites trop d'honneur, répondis-je. Je n'ai fait que soutenir et soigner mes compagnons. Tout le mérite de cette victoire leur revient !
Ombre Dansante, qui a senti monter mon exaspération, pose sa main sur mon poignet et me murmure dans un souffle :
- Reste calme... il finira par comprendre !
Nous nous rendons, le lendemain matin, à la petite cité fortifiée de Thurmestre. Nous exposons nos aventures à Toster. Le magicien du feu nous apprend qu'il a fait des recherches au sujet du sigle gravé sur les pendentifs portés à la fois par le géant de feu et le prêtre sombre : c'est un signe venu des profondeurs. Encore un signe qui me touche ! L'Oeil a son quartier général à Monprofond, une cité dans les profondeurs, sous Eauprofonde... Cette quête, dont je ne sais encore où elle me mènera, génère toujours autant de révélations... et cela me ramène encore à ma quête personnelle !
Il devient urgent que je parle désormais à mes compagnons. Mais.. je ne le ferai pas au château : j'attendrais que nous soyons en extérieur... et vraiment seuls !
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