Le Secret du Machu Picchu   1/2

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Machu Picchu - Pérou

Tu dois percer le secret du Machu Picchu...

Une nouvelle phrase trotte dans ma tête tandis que je marche, le nez au sol, ma lampe frontale peinant à éclairer le bout de mes pieds. Je n’y prête pas une grande attention tout de suite, seulement lorsque je commence à réaliser que cette phrase ne me laisse pas tranquille depuis que nous sommes partis.

Tu dois percer le secret du Machu Picchu...

Pourquoi cette rengaine ? Que vais-je découvrir sur les lieux ? Quelle aventure peut bien m’attendre aujourd’hui encore ?

Nous avons quitté Aguas Calientes avant le lever du jour pour prendre le chemin de la fameuse cité inca, et si j’étais impatiente de visiter celle-ci, j’avais le cœur gros d’abandonner une ville aussi attachante que la petite station thermale si tristement ravagée par les eaux... Papa m’a rassurée en m’expliquant que les habitants allaient très vite entamer les travaux de reconstruction : ce n’est hélas pas la première fois que cela leur arrive, ils se relèvent toujours, car ils sont forts, et très courageux.

Les bus qui desservent habituellement le site ne pouvaient pas circuler ce matin à cause des torrents de boue, mais Papa a dit qu’il serait dommage d’être si près et de renoncer à cette visite. Nous avons donc entrepris de monter à pied à la cité retrouvée et en chemin, bien qu’il ne fasse pas encore jour, Maman n’a pas perdu l’occasion de nous donner un cours sur la civilisation précolombienne et l’origine du Machu Picchu. Elle nous a ainsi expliqué que les Incas ont régné sur une grande partie du continent jusqu’à la conquête espagnole, et que cette civilisation très développée a presque entièrement disparue, victime de la colonisation. Je n’ai pu, une nouvelle fois, m’empêcher d’être triste en pensant que de tout temps, la soif de pouvoir et d’extension a poussé les hommes aux pires actes, sur les autres hommes comme sur la nature.

Après une bonne heure de marche, de nuit sur un chemin boueux, nous sommes enfin parvenus aux portes du Machu Picchu. Le jour se levait sur une montagne baignée de brume, et l’ambiance m’a semblé particulièrement mystérieuse. Papa a acheté les billets au guichet et nous avons été parmi les premiers à fouler le sol du lieu sacré. Le brouillard épais qui noyait encore tous les reliefs m’empêchait de distinguer la silhouette de Maman, pourtant juste devant moi.

Nous sommes entrés en silence, habités par une émotion vive, et nous avons commencé à déambuler dans les petites rues oubliées, au milieu des pierres d’un autre temps. Dans ma poche, mon kaléidoscope vibrait doucement... Je n’en ai pas été surprise : comment aurait-il pu se montrer insensible et muet dans un endroit pareil ? Mais la phrase née dans mon esprit sur le chemin est revenue me torturer et j’ai compris que tous mes sens devaient rester en éveil.

Nous avons pris de la hauteur et le brouillard a fini par se lever. Les derniers voiles se sont dissipés et toute la magie du lieu s’est imposée à nous : tel un bijou, la ville sacrée, perchée à plus de deux mille quatre cents mètres d’altitude, quittait enfin son écrin pour nous apparaître dans toute sa splendeur ! Je me suis tournée vers Maman et j’ai vu de grosses larmes rouler sur ses joues. Papa est resté sans voix, comme pétrifié par l’incroyable beauté du site, à tel point qu’il n’a même pas eu le réflexe de sortir son appareil photo. L’émotion qui m’a gagnée alors m’a permis de comprendre combien le Machu Picchu méritait des efforts, et j’ai vite oublié les kilomètres parcourus dans la nuit noire, et mes ampoules aux pieds.

Maman a repris ses esprits la première, elle s’est tournée vers Papa avec un sourire et lui a dit :

— J’ai l’impression d’être dans « Les Merveilleuses Cités d’Or » !

Papa a souri aussi, complice, et malgré ma curiosité, je n’ai pas voulu casser la magie du moment par mes questions : j’aurai bien l’occasion de les interroger plus tard à ce sujet.

Quand le soleil s’est trouvé au plus haut et le ciel totalement dégagé, les deux montagnes qui entourent la cité m’ont également fait penser à des pierres précieuses, des émeraudes posées sur un coussin bleu azur. Sur le plateau au-dessus des remparts, nous avons rencontré un troupeau de lamas et Alphonse a essayé de les approcher, mais ces derniers lui ont craché dessus : il a couru se réfugier entre les jambes de Papa en râlant, et j’ai explosé de rire ! Puis nous avons continué à déambuler dans les différentes zones de la vieille ville, j’écoutais Maman nous expliquer, guide en main, comment s’y déroulait la vie quotidienne au quinzième siècle, à l’époque où le site était habité.

Je l’écoutais avec tant d’attention que je n’ai pas tout de suite remarqué que mon kaléidoscope vibrait plus fort à proximité d’un certain quartier : le Temple des Trois Portes, au cœur du secteur urbain. C’est d’ailleurs au deuxième passage que je m’en suis aperçue, quand, non content de trembler, mon objet magique s’est mis à chauffer et quand la phrase m’est revenue encore : Tu dois percer le secret du Machu Picchu...

J’ai collé mon œil au cylindre d’argent et tout de suite, il m’a montré une première image claire, celle d’un passage, une ruelle que nous n’avions pas encore empruntée, mais qui semblait toute proche... J’ai écarté le tube et j’ai pu vérifier que le couloir était là, juste devant notre nez, au pied du Temple des Trois Portes ! Intriguée, j’ai insisté pour y entrer : Papa a félicité mon sens de l’observation, Maman a ri de ma curiosité, et nous nous sommes faufilés tous les quatre dans un petit boyau si bien caché que j’ai compris qu’il ne devait pas être très fréquenté des touristes.

Mon kaléidoscope s’est manifesté à nouveau, et c’est là, sous ce Temple, l’un des principaux édifices de la cité, que je l’ai vue. On aurait pu penser à une simple cavité bouchée, mais l'agitation de mon objet magique m’a tout de suite laissé entendre qu’il s’agissait d’autre chose. Une chose d’une plus grande importance, d’une importance sous-estimée, même...

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A suivre...

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