Chapitre unique

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Le taxi tourna encore une fois à droite, dans une rue étroite et sombre. L’enseigne lumineuse diffusait une faible clarté, compensant difficilement le manque d’éclairage public. Chloé avait eu de la chance de tomber sur un vrai chauffeur, connaissant les rues de Paris mieux que sa poche. Il avait eu un curieux sourire quand elle lui avait indiqué l’adresse, mais n’avait pas hésité sur la direction. Elle avait craint de tomber sur un de ces taxis dont le conducteur donnait l’impression d’être arrivé par le dernier charter. Elle aurait bien été incapable de lui donner les indications requises.

Elle était au restaurant quand son portable avait discrètement sonné. Par correction, elle l’avait éteint sans même regarder le numéro qui s’était affiché.

A la fin du repas, elle avait laissé les autres repartir avant de consulter sa messagerie. Il n’y avait qu’un message, très court.

« J’ai réservé une chambre à ton nom au Royal Palace, rue Montholon. »

Son correspondant ne s’était pas identifié, mais Chloé n’en avait pas eu besoin, elle connaissait bien cette voix.

Il était maintenant plus d’une heure du matin. La nuit n’était pas très froide, heureusement, car Chloé n’avait pas de manteau. Elle avait accepté cette soirée avec de vagues amis, pensant y rencontrer quelques nouvelles têtes intéressantes, mais la conversation l’avait plutôt ennuyée. Elle n’avait eu aucun regret quand elle avait refusé de les accompagner pour un dernier verre. Elle connaissait trop ces fins de soirée, noyées dans la fumée et l’alcool hors de prix, invitation plus ou moins discrète à des amours sans lendemain, sans même parler des propositions sans illusions des play-boys vieillis prématurément.

Elle régla le taxi, restant un moment sur le trottoir, regardant la façade triste. Après une dernière hésitation, elle entra dans le hall étroit. Un vieil homme somnolait sur un fauteuil bancal, dans la pénombre du fond d’un corridor. Il se redressa en entendant ses pas, visiblement agacé d’être ainsi dérangé. D’une main lasse il lui tendit une clé en disant : « Je suppose que c’est vous qui avez réservé, ce n’est pas fréquent ici. Chambre 21»

Comme Chloé se dirigeait vers l’escalier, il ajouta : « Vous savez, j’aimerais mieux si vous pouviez payer tout de suite, et en espèces. »

Chloé s’acquitta de la somme demandée, en se demandant combien allait directement dans sa poche.

Elle monta l’escalier, sentant le regard de l’homme s’attarder sur le creux de ses reins. Au deuxième étage, le tapis avait disparu, laissant voir les marches usées par la fréquentation de chaussures trop lourdes. Chloé trouva la 21, en face de l’escalier. La chambre était petite, mais assez propre. Elle avait un petit cabinet de toilette, avec une douche. Le grand luxe se dit-elle.

Chloé n’avait pas de bagages, mais elle avait toujours dans son sac le « minimum vital ».

Elle sortit une petite brosse à dents et une trousse de maquillage, ainsi qu’un string noir.

La visite des lieux était rapide. Le lit occupait presque toute la place. Une armoire qui avait du connaître des jours meilleurs contenait quelques cintres et un oreiller. Un petit téléviseur était fixé au mur, dans un coin. Chloé n’aurait pu le regarder que couchée sur le lit, et encore, en se tordant le cou.

Elle se déshabilla lentement, en se regardant dans la glace. Elle était assez satisfaite de sa silhouette. Elle prenait beaucoup de temps à l’entretenir, s’efforçant de courir un peu tous les matins et essayant de rentabiliser son abonnement à la salle de gym. Dans sa jeunesse, elle avait rêvé de devenir danseuse, comme beaucoup de petites filles, mais avait assez vite renoncé. Elle se sourit. Le résultat était agréable à regarder. Elle était assez grande, mais pas trop. Les hommes sont intimidés par les femmes trop grandes. Sa poitrine était sa fierté. Adolescente, elle avait souffert d’une puberté tardive, qui la faisait passer pour une gamine parmi ses amies du collège, mais depuis, elle s’était bien rattrapée, ses seins avaient une forme harmonieuse, et bien qu’assez développés, ils ne souffraient pas de la pesanteur. Lorsque l’été arrivait, elle pouvait se permettre les robes ultra-légères et les décolletés impressionnants.

Aujourd’hui, elle portait un tailleur assez strict d’allure, mais permettant quelques audaces, dès lors que l’on omettait soigneusement de fermer un des boutons. La jupe était courte et ajustée.

Elle portait de la lingerie fine, en soie rouge sang. Ne gardant que sa culotte et son soutien-gorge, elle se dirigea vers la douche et ouvrit les robinets. Elle n’était pas sure d’obtenir de l’eau chaude.

Elle revint dans la chambre. Sans y penser, elle alluma une cigarette, écartant le rideau d’une main, pour jeter un coup d’œil dans la rue. S’attendait-elle à voir arriver un autre taxi ? La rue était toujours aussi sombre, juste une lueur bleutée d’un coté, et les phares d’une voiture, à l’autre extrémité.

Chloé se sentait curieusement détachée. Elle aurait dû se demander comment elle pouvait bien se retrouver là, jeune femme aisée, dans cet hôtel de troisième zone à attendre. Au contraire, elle était sereine et heureuse.

De la vapeur sortait maintenant de la cabine de douche. Au moins, l’eau était-elle vraiment chaude. Elle fit glisser sa culotte sur ses cuisses, la laissant tomber à ses pieds, puis dégrafa son soutien-gorge. Elle enleva ses chaussures et se dirigea vers la salle de bain. La cabine de douche n’avait pas de porte, mais un rideau de plastique était sensé protéger le sol des projections d’eau. Chloé avait horreur de ces rideaux qui avaient tendance à venir se coller sur la peau. Elle décida de le laisser ouvert. Le sol en avait vu d’autres.

L’eau était très chaude, mais Chloé aimait cette sensation. La cabine était emplie d’un brouillard que Chloé jugeait bienfaisant pour sa peau. Elle réussit à bloquer l’appareil pour diriger le jet brûlant sur sa poitrine. L’eau chaude ruisselant entre ses seins lui procurait un plaisir sensuel que depuis bien longtemps elle avait appris à contrôler et dominer. Elle massa lentement sa poitrine, jouant un moment avec la pointe de ses seins, qui se durcirent immédiatement. Puis sa main droite descendit, glissant sur son ventre, puis plus bas encore. Ses doigts rencontrèrent sa toison soyeuse avant de venir caresser la jonction de ses lèvres. Elle avait sacrifié à la mode une bonne part de ce buisson secret, qu’elle soignait maintenant avec l'attention d’un jardinier amoureux. Elle ne laissait ce plaisir à personne d’autre qu’elle-même.

La chaleur de l’eau et les caresses achevèrent de la détendre et lorsqu’elle sentit les spasmes monter au creux de son ventre, elle était profondément heureuse.

Chloé noua simplement une serviette autour de ses reins, et sans se soucier de l’eau qui ruisselait, retourna dans la chambre. Un nouveau coup d’œil à la fenêtre, puis elle alluma une nouvelle cigarette, sa main tremblant un peu. Avec l’attente, la tension nerveuse se faisait plus perceptible. Son cœur battait un peu plus fort maintenant.

Ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait dans cette situation, mais cette nuit lui semblait différente. Cet hôtel, cette ambiance n’étaient celle qu’elle connaissait d’habitude.

Elle se retourna vers la petite table et écrasa la cigarette dans le cendrier. Elle y avait déposé sa montre et ses bijoux. Elle se pencha pour lire l’heure, la serviette en profita pour reprendre sa liberté.

2h15 déjà. Elle décida de se préparer. Elle enfila le string de dentelle noire. Difficile de faire plus petit. La minuscule pointe d’étoffe ne cachait pas grand chose de son anatomie intime. Elle n’appréciait pas beaucoup ce type de sous-vêtement, mais il n’était pas destiné à être porté longtemps et contribuait un peu, du moins le pensait-elle au plaisir des préludes amoureux..

Elle ramassa la serviette et retourna dans la salle de bain, elle fixa à nouveau son image dans le miroir. Elle commença par remettre de l’ordre dans ses cheveux puis s’attarda sur son visage. La douche avait provoqué des ravages dans son maquillage, pourtant réputé waterproof. Elle entreprit de redessiner ses yeux et ses lèvres. Penchée au-dessus du lavabo, la mince bande du string renforçait la courbure de ses hanches. Bien qu’aucun oeil ne soit là pour en profiter, elle était consciente de son attitude provocante et en éprouvait un plaisir certain. Elle choisit ensuite de renoncer à son eau de toilette délicate pour un parfum plus capiteux, dont elle appliqua quelques gouttes au creux de sa poitrine. Elle en profita pour prendre ses seins dans ses mains, les soupesant comme elle le faisait adolescente, pour évaluer leur croissance. Elle avait les seins très sensibles et seuls ses partenaires attentionnés savaient à quel point ils pouvaient contibuer à la jouissance ultime.

Elle remit ensuite sa jupe et la veste du tailleur, sans rien d’autre dessous, laissant sa gorge accessible aux regards. Chloé aimait assez dans certaines circonstances porter des tenues audacieuses, qui faisaient se retourner bon nombre d’hommes et presque autant de femmes sur son passage, mais elle n’aurait tout de même pas osé sortir ainsi. Elle s’assit sur l’extrémité du lit pour fixer les brides de ses chaussures à talons hauts. Sa jupe remontée haut sur ses cuisses et la veste largement entre-baillée devaient donner d’elle une image qui n’était pas la sienne, mais ce n’était pas non plus une nuit ordinaire.

Elle alluma une nouvelle cigarette et retourna à la fenêtre. Les feux rouges d’une voiture s’éloignaient au bout de la rue.

Elle entendit le bruit de la porte derrière elle. Elle se retourna, le cœur battant soudain plus fort. Sophie se tenait sur le seuil. Elle était vêtue d’un ensemble de cuir noir et tenait un blouson sur l’épaule, ses longs cheveux blonds encadrant son beau visage aux traits fortement soulignés.

« Salut » dit-elle simplement.

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