L'Âme Noire et son Cœur Blanc - ⅠⅠ

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Archild regarda depuis le gaillard avant la Lady Karina O'Farel embrasser son mari devant le pont qui menait au bâteau. Elle portait un grand chapeau émeraude, qui laissait apercevoir des mèches blondes de ses cheveux noués en une tresse.

Sa longue robe assortie à son abri frôlait le sol au moindre mouvement de sa part et serrait sa fine taille à la perfection.

► Elle est belle, n'est-ce pas ? demanda une voix qui se faisait rarement entendre.

Il tourna la tête et vit le capitaine Ilicorp qui s'adossait à la barrière en contemplant la belle femme.

► J'avais le même regard subjugué que vous, la première fois que je l'ai vue. Elle était vêtue d'une toilette similaire, bien qu'elle était orange. Je me suis demandé ce qui m'avait pris d'accepter sa demande d'embarquement, comment allait-elle travailler ainsi ? Mais son regard bleu perçant m'a fait oublier ce détail lorsqu'elle a saisi ma main pour que je l'aide à grimper. Son mari est resté sur le quai, habillé richement. Elle lui a fait un léger signe de la main, son regard toujours aussi doux, puis s'est tournée vers moi, soudain métamorphosée. Son regard avait changé, quoique tout aussi beau, et était à présent fermé, dur, et déterminé. Elle m'a demandé à aller se changer, et lorsqu'elle est revenue, elle était vêtue d'un horrible pantalon qui lui allait pourtant à la perfection et d'un tee-shirt blanc. Elle nageait tellement dedans qu'on aurait dit qu'elle avait pris celui de Lenie Black.

► Qui est Lenie Black ?

► Le boxeur le plus fort des Etats-Unis.

Un silence s'écoula. Ils entendirent la Lady rire d'une réflexion faite par son époux.

► J'ai été informé de votre certain... charisme, poursuivit le capitaine de LELITE.

Avec un petit espoir, Archild répondit modestement :

► Je ne suis pas certain d'avoir vraiment du charisme, Capitaine. Je ne fais que ce que je pense juste. Vos hommes sont vraiment bons. Je les considère comme mes frères, et je m'inspire d'eux pour me forger depuis que je suis sur ce navire.

Il a osé les sourcils, et a dit :

► Vous êtes le seul qui parvienne à les faire réfléchir, et moi, je suis la seule personne qui leur ai confié une chance de recommencer leur vie. Cependant, je n'aime pas savoir que si vous disiez à mes hommes de se livrer contre moi, ils le feraient.

► Honnêtement, capitaine, si ce que vous dites est vrai, l'idée ne me viendrait jamais de retourner les hommes que vous avez sauvés contre leur sauveur. C'est grâce à vous, moi aussi, si je suis encore en vie. Je me serais déjà jeté à l'eau, si vous ne m'aviez pas accepté de me prendre dans LELITE.

Le chef du bateau le dévisagea longuement, avant de déclarer :

► Et puis-je vous demander ce qui vous a amené à me demander de rejoindre l'équipage ?

► La mort de ma mère, capitaine. Et... il ne termina pas sa phrase et ses yeux se remplirent de larmes.

Il jouait parfaitement la comédie, se félicita-t-il. Toujours aussi froid, le capitaine questionna :

► Et ?

► Et celle de ma femme. Elle est morte d'une grave fièvre il y a quelques semaines de celà. Je l'aimais plus que tout au monde. Nous allions avoir un enfant alors qu'elle est tombée malade. Mais il est mort en même temps qu'elle.

Une larme roula sur la joue du jeune homme, et le capitaine ne put s'empêcher, malgré la froideur qui l'habitait devant cet inconnu qui avait saisi ses hommes :

► Toutes mes condoléances, vous ne méritez certainement pas cela. Si vous le permettez, je vais accueillir notre invitée.

► Je vous accompagne, j'aimerais beaucoup faire sa connaissance.

► Alors vous devriez attendre, Mr El Elbaid. Les marins sont fous de joie à l'idée de revoir notre femme, vous aurez plus de chance de saisir son coeur en attendant. Croyez-moi, elle est moins fidèle à son mari qu'il n'y paraît.

Archild tourna les yeux vers la jeune femme, qui quittait son époux après lui avoir donné un long baiser. Moins fidèle ? On pourrait la croire dingue de ce riche !

Malgré tout, il la regarda monter avec grâce la passerelle et adresser un signe à son mari. Au moment où elle se tournait vers le bateau, son regard croisa celui d'Archild. Le bleu sublime de ses prunelles le frappa bien qu'il fut à une dizaine de mètres d'elle.

La belle femme détourna les yeux et continua d'avancer sans le calculer plus que ça.

Archild sentait déjà qu'il allait bien s'amuser. Elle avait tout l'air d'être une proie idéale pour ses jeux malsains. Ni trop facile, ni trop compliquée. Et d'une pureté rare.

Karina saisit la main que le capitaine lui tendait et le salua.

► Mon cher ami, comme vous m'avez manqué ! s'exclama-t-elle en faisant une légère courbette. LELITE se porte à charme, apparemment !

► Vous de même, Lady O'Farel. Vous êtes toujours aussi resplendissante. Vous pourrez aller vous changer dans la cabine à votre nom, le bateau par sans tarder. Tiens, pourquoi ne pas demander à l'un de mes hommes de vous aider à vous installer ? Je pense que ma nouvelle recrue sera ravie de le faire.

► Ce ne sera pas nécessaire, Capitaine Ilicorp. Vous savez que je salue toujours mon mari sur la passerelle. Allez-donc à vos commandes pour que je m'en échappe rapidement ! Elle éclata de rire et partit en direction du pont, se moquant intérieurement de la mine choquée du capitaine.

Les moteurs du bateau s'allumèrent à peine quelques minutes plus tard, et elle fit des signes à son époux jusqu'à ce qu'il disparaisse, engloutit par l'horizon.

Me voilà enfin plus libre que le vent ! souria-t-elle intérieurement.

► Vous avez l'air heureuse de le laisser sur le port, l'interrompit la voix d'un jeune homme alors qu'elle était encore dans ses réjouissances.

Elle se tourna et vit l'homme dont le regard avait croisé le sien quelques minutes plus tôt alors qu'elle montait dans le bateau.

Elle pouvait mieux le voir, à présent.

Il avait un visage d'ange, des traits fins et une bouche charmeuse. Ses yeux presque violets étaient fins, et sur sa tête régnait une crinière brune brillante.

► Archild El'Elbaid, se présenta-t-il en lui attrapant la main pour un baiser sur son dos.

► Le diable Archild, murmura-t-elle. C'est la signification de votre nom à l'envers, n'est-ce pas, monsieur El-Elbaid ,

► C'est exact, vous êtes intelligente. Vous êtes la seule sur ce Navire à vous en être rendue compte. Vous êtes la Lady Karina O'Farel dont la venue réjouit les autres, si je ne me trompe.

Elle sourit en inclinant la tête. Cet homme n'avait rien d'un diable, mais il avait tout d'un Dieu. Son regard aussi doux qu'une mer calme, ses traits aussi parfaits que ceux d'Hermès, et la stature aussi imposante que appétissante de Zeus.

Oui, sans doute un mélange de tous les dieux.

► Avez-vous besoin d'aide pour monter vos affaires dans votre cabine ? Vous me paraissez bien assez forte pour tout porter, mais je serais un homme fou si je laissais ma chance à un autre et vous laissais partir.

Karina ria en songeant qu'il avait aussi une part de Philophrosyne, la déesse de la bonté.

► Et moi je serais folle de rejetter une compagnie comme celle que vous m'offrez, allons-y. Mes valises sont celles-ci.

Elle indiqua trois grandes malles à ses côtés que des hommes étaient venus déposer pendant leur courte discussion, et Archild a soupiré avec humour.

► Toutes les femmes sont-elles pareilles ? Ma défunte épouse avait toujours toute sa penderie avec elle quand nous partions en voyage.

Elle attrapa la plus légère des caisses et demanda sans aucun tact :

► Comment a-t-elle perdu la vie ?

► Fièvre, répondit son interlocuteur en baissant les yeux, elle attendait notre premier enfant mais l'a emporté avec elle. Avez-vous des enfants, Lady O'Forel ?

► J'en ai cinq, à vrai dire. Ma première grossesse était alors que je n'avais que dix-sept ans. Je me suis à peine mariée que déjà, j'en avais un en route. Et me voilà, à présent, sept ans après, avec quatre de plus.

► Vous devez être exténuée d'être toujours avec une progéniture dans le ventre. J'ai toujours eu une admiration pour les femmes pour cette raison. L'accouchement ne doit pas être des plus agréables, ni les neuf mois qui le précèdent.

Il souleva sans difficulté les affaires de la jeunes femme, et ils avançèrent en continuant de discuter.

► C'est mon rôle en tant qu'épouse, et puis, j'ai des temps de répit. Regardez, là : pendant les six mois de voyage, je n'aurais rien dans le ventre à m'empêcher de boire et de manger à ma volonté !

► Oui, mais à votre retour, votre époux sera tellement en manque de vous qu'il vous mettra enceinte dès la première semaine !

Elle éclata de rire en l’entendant dire ces paroles bien indélicates.

► Ne vous en faites pas pour ses petits... besoins. Je ne doute pas du fait qu'il saura trouver du réconfort ailleurs.

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