L'Âmes Noire et son Cœur Blanc - Ⅴ

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Les semaines passèrent à bord de LELITE, et les deux amants n'avaient toujours pas repris leur esprit. Ils travaillaient la journée, puis dès qu'elle était finie, allaient dans l'une de leur cabine et y passaient la nuit.

Karina ne s'était jamais sentie aussi vivante, aussi belle, et Archild n'avait jamais connu un tel bonheur.

Aucun des deux ne pensait à leur premier objectif, et lorsqu'ils y songeaient, ils refoulaient l'idée et se concentraient sur leur partenaire.

L'ambiance du bateau reprit aussi de la lumière, et Archild savait que sans la jeune femme, cela ne serait jamais arrivé. Elle l'avait supplié de laisser les marins rire et s'amuser comme ils l'entendaient s'ils travaillaient aussi bien, et il avait cédé sans penser qu'ils respecteraient l'accord : travailler autant que s'ils ne pouvaient pas parler entre eux.

Mais il s'était vite rendu compte que l'équipage travaillait plus vite mieux dans cet environnement.

► Chérie, appella-t-il la jeune femme.

Il était assis sur le lit de cette dernière depuis de longues minutes, et elle rédigeait dans son journal en l'ignorant totalement.

► Oui ? demanda-t-elle en se tournant vers lui.

► J'aimerais te montrer quelque chose. Dans deux mois aujourd'hui, on ne sera plus ensemble. Je veux marquer le moment.
Intriguée par cet élan soudain, elle le suivit et ils traversèrent de bateau main dans la main.

► Ferme les yeux, ordonna-t-il en s'arrêtant soudain.

Elle s'exécuta, et il sourit devant son impatience. Il la guida sur le devant du bateau en savourant de pouvoir l'emmener quelque part sans qu'elle sache où et lui murmura à l'oreille :

► Ouvre les yeux.

La jeune femme lui obéit et retenu un murmure d'émerveillement alors qu'elle regardait cette danse des nuages ; autour d'elle, le ciel rose orangé et jaune s'étendait tel un incendie dont les flammes ravageaient le ciel. Elle s'appuya sur la barre, émerveillée.

Les reflets de cette somptueuse lumière coloraient l'eau dansant doucement au rythme d'une musique silencieuse que menait la légère brise du soir.

Peu à peu, le soleil disparut dans les fonds marins, attiré par son opposé. La pénombre tomba alors, ne laissant que le bruit de la mer comme souvenir du merveilleux couché de soleil.

Archild ne sut pas combien de temps il resta à la regarder sans prêter attention au paysage. La seule chose qu'il voyait, c'était elle. Son visage aux traits réguliers, sa beauté rayonnante malgré la nuit, et son âme plus pure que tout au monde.

Voyant qu'elle ne démordait pas du spectacle, il passa sa main sur la taille de la jeune Lady et l'attira contre lui, où elle se blottit.

► Comment savais-tu que ce soir allait être alors que ma cabine n'a pas de fenêtre et qu'on y est resté tout l'après-midi ? questionna-t-elle en levant ses yeux bleus vers lui.

Il aurait voulu lui dire qu'un paysage comme ça n'avait j'amais lieu à cette période de l'année, et que seul était ses capacités de démon à contrôler la Terre qui avaient permises cela, mais il se retenu et murmura doucement :

► Mon instinct.

Il ne lui avoua pas non plus que c'était d'elle qu'il s'était inspiré pour faire ce cadre sublime, mais il sentit qu'au fond d'elle, elle le savait.

► Je t'aime, Archild. Et je veux que tu saches qu'avec toi, j'ai vécu les plus beaux jours de ma vie.

► Moi aussi, je t'aime, souffla-t-il en posant ses lèvres sur le haut de la tête de la jeune femme. Moi aussi je t'aime et je ne veux pas te laisser partir.

► Je ne veux pas non plus être loin de toi, mais j'ai tout sacrifié pour quelqu'un, et faire la même chose pour un autre est impossible. Je te condamnerais à perpétuité.

► Mon ange, murmura-t-il, je comprends que tu as des obligations en tant qu'épouse, et en tant que mère, mais jure-moi que jamais tu ne me quitteras parce qu'en restant, tu penserais me condamner. Tu serais la plus belle chose de mon existence, tu es, la plus belle chose de mon existence.

Elle ferma les yeux et ne répondit rien, en se contentant de l'instant et non de l'avenir contrairement à ce qu'elle avait toujours fait. Si, comme le disait souvent Archild, elle l'avait changé, alors c'était totalement réciproque. Elle ne voyait plus le monde du même œil, et commençait à savoir ce que c'était d'aimer alors qu'elle avait toujours cru connaître cet étrange sentiment si mystérieux avec son mari et sa famille.

Et si elle restait avec Archild ? Et si elle ne rejoignait pas son époux pour rester avec lui ?

► Rentrons, je ne voudrais pas que nous attrapions froid, murmura-t-il en passant cette fois son bras autour des épaules de sa bien-aimée.

Il la raccompagna devant sa cabine, et lui dit :

► Ecoute, mon ange. Ce soir, je dois travailler. Mais c'est important, mais je ne pourrais résister à te prendre dans mes bras si tu es avec moi.

Elle soupira, déçue, et le supplia :

► Laisse-moi rester avec toi, mon beau Archild, je n'arriverais pas à fermer les yeux sans que ce ne soit le cas. Je dois écrire dans mon journal, pourquoi ne travaillons-nous pas ensemble ?

Archild hésita, mais il ne put se résoudre à l'abandonner ici, sans lui. Il voulait encombrer ses pensées autant qu'elle encombrait les siennes. Alors sans qu'elle n'ait à davantage insisté, il accepta.

Ravie autant que soulagée, elle prit son journal dans sa cabine, sa plume, et son encre, et ils prirent ensemble le chemin de la petite loge d'Archild.

► Où veux-tu t'installer ? questionna le jeune homme en allumant la bougie.

► Sur le lit, ce sera merveilleux.

► D'accord, je prends la table.

Il s'installa sur la petite commode et ouvrit son carnet de formules, bien qu'il sache d'avance qu'avec elle dans la pièce il ne serait bon à rien.

Quant à Karina, ses mots se déchainaient sur le papier. Elle n'était pas en manque d'idées et de moments à raconter. Le fait que son amant soit dans la pièce ne rendait son écriture que plus belle et lui permettait de remplir les pages de son petit journal plus facilement.

Ils travaillaient chacun dans leur coin pendant plusieurs heures, avant que Karina ne soupire :

► Il faut que j'aille chercher de l'encre dans ma cabine, j'arrive.

Il releva la tête de la page presque blanche sur laquelle il était à travailler depuis le début et fit un petit signe de tête.

Je vais pouvoir travailler en attendant, songea-t-il.

Mais bien vite, il se rendit compte que le journal de sa bien-aimée était toujours ouvert sur le lit.

► Non, non, non, grogna-t-il.

Mais l'envie de savoir ce qu'il cachait était belle et bien là, et s'il y avait quelque chose qu'il était incapable de faire, c'était de résister à ses pultions.

► Juste une page, se mentit-il.

Il se leva et attrapa le petit livre, puis choisit une page au hasard.

Cher Journal,

Aujourd'hui a été un jour particulièrement bon, pour ma pêche. Je sens Mr El'Elbaid faiblir. Déshormais, il me raconte sa vie, il me parle de lui, et je sens que je commence enfin à perser un mystère qui s'avère plus noir que tout ce que j'ai pu imaginer. Est-il un psychopathe ? A-t-il pour but de me tuer ?

Même si cette crainte est présente en moi, je ne peux me résoudre à arrêter ma mission. Il commence à peine à céder à mon jeu de séduction. Pourquoi abandonnerai-je maintenant ?

Il a commis une gaffe : il savait mon âge avant même que je ne lui dise. Comment ? Le capitaine et lui ne parlent jamais, j'en ai la certitude puisque je suis son ombre. Il ne traine plus avec l'équipage, et entretient des conversations seulement avec moi.

Archild pâlit. Elle n'avait pas pu. Non, c'était impossible. Il chercha une date sur la page, mais n'en trouva pas.

L'avait-elle donc manipulé ? Lui qui ressentait des sentiments véritables pour elle.

Il tourna une page, puis deux, et s'arrêta sur celle qui vint :

Mon cher Journal,

J'ai été fouiller dans la cabine d'Archild (oui, désormais je l'appelle par son prénom). Mon Dieu, je regrette tellement mon acte indigne...

Mais de l'autre côté, j'ai aussi appris des choses : Archild possède des livres de formules, sans doute rédigés par des sorciers. En est-il un ? C'est la question que je me suis posée.

Mais j'ai trouvé un autre livre, un tout petit ouvrage que j'ai délicieusement lu. Cela racontait l'histoire d'une femme, épouse d'un riche homme. Elle raconte qu'elle a vu son mari se transformer en bête, en monstre. De longues canines blanches ont poussé de ses gencives, et des ailes noires sont sorties de son dos. Elle décrit cette transformation pendant longtemps, et puis finit par révéler la cause de cette terrible métamorphose.

C'est sur un élan de rage que son mari s'est transformé en bête, elle ignore ce qu'il l'a mis dans cet état, mais lorsqu'il a repris sa forme normal quelques heures après, il lui a avoué alors qu'une terrible malédiction était sur lui comme sur ses ancêtres, et qu'il craignait que leur trois fils n'en souffrent aussi. Est-ce que le beau Archild descend de cet homme ? J'ai vu chez lui un nouveau regard, alors que nous parlions de mon enfance. Un regard de fureur, de haine, et de force.

Je ne peux pourtant pas...

Archild crut mourir, alors qu'il referma d'un coup sec le cahier. Elle savait ses origines, et elle ne lui a rien dit. La femme dont elle parlait était sa mère bien-aimée qui avait finit par tuer son père.on père.

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