XIX - Sirius

12 minutes de lecture

Syl pestait contre son hôte, le fustigeant et le traitant de divers noms d’oiseaux.

— Tu n’es qu’un imbécile ! Comment as-tu osé utiliser mon corps ? Regarde dans quel état tu l’as mis !

— C’est… intéressant, lui répondit l’esprit.

Intéressant ? De m’être fait couper une main ? Tu n’es qu’un…

Il poussa Syl dans ses retranchements :

— Maintenant, écoute-moi, et cesse de piailler !

Le corps de Syl s’assit. Un picotement se fit sentir au niveau de sa main manquante, et cette dernière repoussa progressivement.

— Bien, maintenant que tu es calmé, nous allons pouvoir analyser ce…

Tout à coup, Shâadodrag apparut dans leur esprit. Les yeux étaient toujours aussi rougeoyants et emplis de haine. L’ombre prit peur, ce qui n’était jamais arrivé jusque-là :

— Que… nous vaut l’honneur de votre visite, Maître ?

Le dragon regarda l’esprit double, puis posa ses yeux sur Syl.

— Pourquoi avoir usé de magie de guérison ? tonna-t-il d’une voix féroce.

— C’est que…

— Pas toi ! gronda-t-il. C’est à l’humain que je m’adresse.

Ce dernier regarda alors les énormes yeux rouges, puis lui expliqua la scène dans les moindres détails, bien entendu sans oublier d’omettre le fait que l’esprit avait mal jugé son adversaire.

Une fois qu’il eut terminé, l’imposante entité grogna.

— Je ne tolère pas les échecs !

L’esprit recula, Syl put même sentir sa rage monter contre lui, mais il s’en moquait.

— Cependant, je ne vais pas vous exterminer tout de suite, vous allez peut-être m’être utiles.

Il sembla alors s’adresser à quelqu’un d’autre, qui s’imposa à leur esprit en un instant. Il portait lui aussi un masque rouge et des cheveux de feu.

— Un autre Magmort ? s’étonna Syl.

L’inconnu s’exclama alors, mais ses paroles semblaient être prononcées par deux personnes en même temps, comme si lui-même et son esprit double parlaient d’une même voix :

— Vos désirs sont des ordres, Maître.

Puis les yeux rouges disparurent brutalement.

Le Magmort les regarda, puis le repoussa hors de la chambre intemporelle. Lorsque Syl rouvrit les yeux, il était devant lui, avec toujours la même apparence.

Il prononça une parole dans un langage incompréhensible, puis se sentit connecté. Il avait l’impression de voir double.

— Maintenant, nous voyons tous les deux ce que voit l’autre.

Il l’agrippa par le cou et le souleva. Les muscles de Syl se tétanisèrent, comme pris dans un courant électrique. Il lui était incapable de bouger ni même de penser.

— Et maintenant, tu vas m’obéir !

L’esprit de Syl le supplia d’accepter, encaissant lui aussi la douleur. Il répondit d’une voix faible et étranglée :

— D’accord !

Le Magmort le lâcha, le laissant s’écraser à terre.

— Appelle-moi Sirius !

Il lui envoya alors des images mentales : une grotte avec une femme agonisant, et un jeune homme tentant désespérément de la maintenir en vie.

— C’est là que vous allez !

Il lui jeta un flacon rempli d’un liquide jaunâtre.

— Donne-lui ça et ramène-la saine et sauve. Quant à moi, je vais m’occuper de cette femme qui vous a ridiculisés si facilement.

Il le toisa du regard.

— Ce qui est tout à fait compréhensible, ajouta-t-il ironiquement, toujours d’une double voix.

Il disparut aussi rapidement qu’il était apparu.

Syl reprit doucement son souffle, énervé par son impuissance.

— C’était qui ?

— Le résultat de ta bêtise ! Tu as provoqué Shâadodrag, voici le résultat.

— J’ai expliqué clairement ce qui s’était réellement passé, rien de plus !

— Tu as plutôt voulu jouer ton fier devant lui, regarde ce que ça nous a amené !

— Qui était-ce ?

— Tu ne veux pas le savoir.

Une voix se mit à tonner dans leur tête.

— Vous êtes encore là ?

À travers le lien qui les unissait, ils voyaient des images de l’endroit où ils s’étaient battus. Sirius était déjà là-bas et avait commencé ses recherches.

— Il ne perd pas de temps, lui !

— Et nous devrions en faire autant si nous souhaitons rester en vie.

— Ce n’est pas la mort qui me fait peur chez lui…

— Pour une fois, nous sommes d’accord.

Syl disparut.

Abritée au fond d’une cave éclairée par une petite bougie, Umbrae luttait contre le poison, aidée de Din. Son disciple avait concocté des ralentisseurs de poison et quelques onguents afin d’alléger les souffrances de sa maîtresse. En vain. Cette dernière, fiévreuse et dans l’incapacité de faire quoi que ce soit, souffrait atrocement tout en vociférant contre ses ennemis.

— Calmez-vous, vous ne faites qu’accroître votre souffrance.

— Je n’ai pas besoin de ta pitié ! cracha-t-elle haineusement juste avant de crier de douleur.

Heureusement qu’il était resté en retrait, se dit-il, sinon il n’aurait jamais pu survivre et ne lui aurait été d’aucun secours. Même s’il se sentait désarmé face au poison de Lamenta, il faisait tout ce qui lui était possible pour l’aider, même si cela devait comporter des insultes à tours de bras.

— Tu n’es qu’un imbécile qui ne me sert à rien, je devrais te tuer sur-le-champ ! réussit-elle à dire malgré la douleur.

— Je suis certain que vous le feriez, répondit-il calmement, tout en prenant soin d’éponger son front avec un tissu humide et frais.

Puis, comme par enchantement, Syl apparut devant eux.

— Que… comment ! s’exclama Din tout en sortant un poignard.

— Qui est-ce ? demanda Umbrae, ne percevant rien tant sa souffrance la torturait.

Le Magmort échangea aisément le poignard de l’apprenti contre la fiole que Sirius lui avait donnée.

— Administre-lui ça !

Din regarda alors sa main tenant la fiole au liquide jaune. Son regard revint vers l’inconnu.

— Tout de suite ! s’écria ce dernier.

Il se dépêcha d’obéir et fit boire le contenu de la fiole à Umbrae qui sursauta de surprise. L’entreprise fut difficile, elle se tordait de douleur et n’avait pas conscience de ce qui se passait autour d’elle.

Après quelques minutes d’essais infructueux, il réussit finalement à lui faire boire l’ensemble du liquide sans trop en renverser.

Ses crises se calmèrent alors doucement, et sa souffrance diminua. Sa respiration devint plus régulière, ses yeux réussirent à fixer son apprenti. Elle eut même la force de le gifler.

— Que fais-tu ainsi ?

Pour lui faire boire plus facilement le contenu de la fiole, il s’était permis de se mettre à califourchon sur elle. En réalisant cela, il rougit et s’écarta aussi vite que possible.

— Je suis désolé…

Soudain, elle fut prise d’un haut-le-cœur et vomit un liquide vert et jaune.

— Eh bien, la voilà la cause de vos souffrances !

À bout de forces, elle s’essuya la bouche avec la manche, s’assit doucement et regarda le masque rouge reflétant son propre visage.

— Je ne crois pas te connaître.

— Pas besoin de me remercier, répondit-il, mais maintenant vous allez me suivre.

— Et pourquoi ferions-nous ça ?

Il allongea alors le bras et tourna sa main vers le haut. Une boule de feu se concentra au-dessus de sa paume, illuminant la grotte. Umbrae sourit, tandis que Din semblait terrifié.

— Très bien, je vous suis.

— Tais-toi ! Tu n’es pas obligé de venir.

Il se tut, tenta de l’aider à se relever mais elle l’en empêcha. Elle se remit sur ses deux jambes avec difficulté puis, s’adressant à son sauveur :

— Tu n’as pas intérêt à traîner, le temps est précieux !

Elle tendit sa main, et Syl lui rendit le poignard confisqué à Din. Tout en le rangeant à sa ceinture, elle ajouta :

— Où allons-nous ?

Sirius envoya à Syl l’image d’une forteresse cachée dans les montagnes.

— Suivez-moi, répondit-il en sortant de la grotte.

Sirius suivit les traces du groupe jusqu’au Nexus et tomba sur le reste de leur campement. Tout en haut de la tour, il regarda les miroirs ainsi que l’ensemble de la pièce.

— Que savez-vous à propos de cette tour, Maître ?

Le dragon se matérialisa dans ses pensées, regardant à travers ses yeux.

— C’est une ancienne passerelle qui a été construite pour des humains. Elle leur permet de traverser de grandes distances très rapidement. Mais elles se sont désactivées depuis la disparition des courants de magie.

— Eh bien, il semblerait que quelqu’un les ait réactivées.

— C’est impossible ! gronda Shâadodrag.

Un long silence s’installa.

— Si ce que tu racontes est vrai, alors il nous faut accélérer et les retrouver ! Mais avant, passe voir Lente comme nous en avions discuté.

— Vos désirs sont des ordres ! rétorqua Sirius.

— Après ça, ta prochaine étape sera…

— Les îles.

Le dragon sembla satisfait, il sortit de son esprit.

Le Magmort se transporta aux abords de la Forêt des Caprices et attendit. Un énorme colosse en forme de chien fait d’ombre, de ronces et de racines s’approcha de la lisière.

— Que veux-tu, démon ? grogna la bête.

— Tu le sais très bien.

— Il n’est pas là. Reviens plus tard !

Avant même que l’une des deux créatures ne lance une offensive, une ombre à forme humaine s’approcha. Elle fixa Sirius de ses yeux sombres et déclara :

— Que veux-tu ?

— Tu le sais très bien, Lente. Il n’est pas satisfait de ton travail, tu aurais dû les détruire.

L’ombre le fixa alors à travers son masque, les yeux dans les yeux :

— S’il n’est pas content, qu’il vienne le faire lui-même !

Puis, avant de laisser la parole à son opposant, il rajouta :

— Dis à ton maître qu’ils étaient protégés, et que je n’ai pas pu les engloutir. C’est la première fois que cela m’arrive, d’ailleurs.

— Cela ne lui suffira pas.

L’ombre souffla :

— Le contraire m’eut étonné.

Il regarda alors son molosse et lui fit un signe de la tête. Ce dernier recracha un humain inconscient.

— Tiens, cette chose traînait avec eux, mais lui n’était pas protégé. J’ai trouvé bon de ne pas le tuer tout de suite, au cas où un moment comme celui-ci arriverait.

Sirius s’approcha de l’homme. L’ombre se mit à côté de lui, chuchotant à son oreille :

— À ta place, je me dépêcherais de partir d’ici, tu n’y as pas vraiment ta place.

Le démon claqua des doigts. La forêt s’embrasa en un instant. Le chien recula et retourna se cacher dans les bois, tandis que l’ombre humaine se jetait dans le feu et l’éteignait avec difficulté. Lorsqu’il se retourna, le Magmort et l’homme avaient disparu.

Le molosse s’approcha à nouveau de lui et demanda :

— Quand est-ce que tout ceci finira ?

— Très bientôt, mon ami. Très bientôt...

Puis ils disparurent dans les ombres de la forêt.

Sirius lâcha le corps au milieu des plaines, puis le réveilla à coups de pied. Lorsqu’il ouvrit les yeux, son agresseur le prit par le col et le souleva, empêchant ses pieds de toucher le sol.

— Les anges ont une sale tête ici, ironisa le captif.

— C’est plutôt l’enfer qui t’attend.

— Je me disais aussi !

Il regarda ses pieds qui cherchaient désespérément un appui.

— Peut-être voudriez-vous me lâcher ?

Il retira sa main, mais l’homme continuait de flotter, comme s’il était tenu par une force invisible. Il haussa un sourcil.

— Oui, enfin, ce n’est pas vraiment ce que j’espérais…

— Que sais-tu des personnes qui t’accompagnaient ?

— Euh… qui ça ?

Une décharge électrique se propagea le long de son corps, engourdissant ses membres un bref instant, l’empêchant de crier malgré la douleur fulgurante qu’il ressentait.

Une fois la douleur apaisée, il mit quelque temps à reprendre son souffle, avant de répondre :

— Eh bien, vous n’y allez pas de main morte !

— Alors ?

— Alors quoi ?

Une nouvelle décharge l’envahit, plus violente cette fois. Le Magmort se mit à marcher autour de l’homme pendu dans les airs.

— Je n’ai pas vraiment le temps de m’amuser.

— C’est pourtant l’impression que vous donnez, de vous amuser.

— Tu disais ?

— Vous allez me tuer, de toute façon. À quoi bon !

— Je ne pense pas, ce serait trop simple. Au contraire, je te propose la vie éternelle…

Il continuait à tourner autour de lui.

— Une vie éternelle faite de souffrances et de supplices, sans personne pour venir te sauver. Ça te tente ?

L’homme répondit d’un ton faussement enjoué :

— Ce n’est pas que votre offre ne m’intéresse pas, mais j’ai des choses plus intéressantes à faire.

Le Magmort s’apprêtait à lui lancer une troisième décharge lorsque la langue du prisonnier se délia :

— Bon, très bien. Ils ne m’ont apporté que des ennuis, de toute façon, et m’ont laissé pour mort ! Alors, si je peux leur faire du mal par quelque moyen que ce soit…

Sirius revint alors devant lui et le fixa.

— Que voulez-vous savoir ? souffla l’homme.

— Tout ce que tu sais.

Il se mit à lui raconter le peu de choses qu’il savait sur eux : leur appartenance à l’Œil Rouge, leur extrême méfiance et le fait qu’ils ne connaissaient rien aux dangers de la forêt. Il expliqua aussi qu’il les avait sauvés des larves, même si c’était à cause d’eux qu’il avait été repéré. Il raconta enfin leur fuite à travers la forêt.

— Parle-moi de l’Œil Rouge, demanda ensuite avidement le Magmort.

Il expliqua qu’il avait appartenu à l’Œil Rouge, mais que les membres l’avaient radié et pourchassé pour avoir volé des voleurs. Il tenta de lui décrire le fonctionnement de la guilde, ainsi que l’emplacement des quelques cachettes dont il se souvenait.

Lorsqu’il eut terminé, il attendit une réaction de son geôlier. Ce dernier ne tarda pas à lui demander :

— Que faisais-tu avec eux ?

— Je suis tombé sur eux par hasard, alors que je chassais le Phénix.

Une nouvelle décharge se propagea alors dans tout son corps.

— Mais je vous dis la vérité ! s’écria-t-il après avoir recouvré l’usage de la parole.

— Je sais, mais c’est tellement plus amusant ainsi ! ironisa-t-il.

Il prononça tout à coup des paroles incompréhensibles. L’homme sentit un lien les unir.

— Tout ce que tu verras, je le verrai aussi.

— Pour quoi faire ?

— Tu vas m’aider à retrouver ces voleurs.

— Il n’en est pas question !

L’étreinte qui le maintenait en l’air se relâcha d’un coup, le faisant tomber à terre.

— Tu n’as pas le choix.

Il se releva, se mit face au Magmort et montra les dents, prêt à lui bondir dessus. Ce dernier ne bougea pas.

L’homme se calma soudainement et se ravisa.

— Je n’ai pas le choix…

— Bien ! Ton nom ?

Il grommela dans sa barbe, puis finit par lâcher :

— Amond… appelez-moi Amond.

Ils partirent en direction de la côte nord.

Une fois arrivés, ils entendirent la mer claquer contre la plage, mais le vent ne soufflait presque pas. Amond osa prendre la parole :

— Et maintenant ?

Sirius ne répondit pas, se contentant de regarder la mer. Il suivit la plage en marchant, sans cesser de fixer l’eau des yeux.

Après quelques kilomètres, il s’arrêta, donna alors un coup de poing dans le sable sans en retirer sa main. Des bosses apparurent à l’endroit de l’impact, puis se dirigèrent vers la mer en serpentant sous le sable. Le sol se mit ensuite à trembler et, en un instant, un tourbillon apparut à la surface de l’eau.

Il fallut attendre quelques minutes encore avant d’apercevoir une masse sortir des flots. Les formes se dessinaient tandis que l’eau dégoulinait de la carcasse, laissant apparaître un navire qui semblait être échoué là depuis des années.

L’homme recula sous l’effet de la surprise, mais n’hésita pas à demander :

— Il y aurait moyen que tu fasses apparaître quelques lingots d’or comme ça ?

Le Magmort continua son rituel jusqu’à ce que le navire ait fini d’expulser l’eau de sa carcasse et se mette à reboucher lui-même les trous parsemant sa coque. Au bout de quelques instants, il flotta et se dirigea de lui-même vers la plage.

Le Magmort claqua des doigts. Une échelle, posée sur le pont, se déplia immédiatement. Amond s’avança et grimpa, tandis que le Magmort se téléportait sur le pont.

— C’est bien beau, tout ça, mais comment on va faire avancer ce rafiot sans main-d’œuvre ? Tu vas le propulser à coups de poing, lui aussi ?

Il le regarda à travers son masque rouge, sans dire un mot.

— D’accord, d’accord, je n’ai rien dit.

— Non, tu as raison !

Il s’approcha de la cale située au centre du bateau et l’ouvrit : une odeur pestilentielle s’en échappa. Amond aperçut alors un amas de squelettes sur lequel grouillaient d’innombrables insectes et vers. Les morts gisaient, couverts de boue et de sable, au milieu de morceaux de bois.

— Triste fin pour un équipage ! s’exclama-t-il, l’air sincère.

Le démon avança alors son index et un éclair en jaillit, venant frapper les os inanimés.

— Euh… je crois qu’ils sont déjà morts, hein !

Les cadavres se mirent à bouger, certains se levèrent tandis que d’autres cherchaient déjà de quoi remplacer leurs membres manquants. En quelques minutes, un équipage de créatures composées de bois et d’os fut créé.

L’homme sursauta, fit quelques pas en arrière et proposa :

— Je… je crois que je vais aller tenir le gouvernail, ça sera toujours plus utile que de rester ici…

Mais il s’aperçut qu’un mort-vivant était déjà à son poste. Le navire avait commencé à bouger et entamait la traversée.

Coincé au milieu des eaux, sur un bateau rempli de démons et de cadavres animés, il se mit à ricaner nerveusement :

— Fichtre ! Dès que je les retrouve, ces trois-là…

Le bateau fila ainsi cap nord-est, pourfendant l’océan.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Nycolas ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0