Nyemëlls avait longtemps voulu rencontrer sa sœur d’au-delà des murs. Shayen lui en avait souvent parlé, même s’il ne l’avait bercée qu’une seule fois, à l’aube de son existence. Son image s’était gravée dans sa mémoire, son unique souhait avait été de voir ses enfants réunis. Nyemëlls ne nourrissait alors qu’une ambition : plaire à son père. Un jour, avait-il décidé, il se rendrait par-delà les murs et rencontrerait sa sœur sauvage.

Il avait tôt fait la connaissance de Sooyolane et de Lyoonëi, qui s’informaient consciencieusement des sang-mêlé de la Cité. Cette dernière, le plus souvent cloîtrée, ne saurait rien de la jumelle évasive. Au détour d’une conversation sur les demi-Dhaemon qui l’attendrissaient tant, elle a mentionné une certaine Niashæl, fraîchement sortie du dôme, qu’elle espérait intégrer au plus vite à son cercle métissé. Le jeune Ælv a réprimé un frémissement d’oreille et s’est enquis de son apparence : rien de commun à l’enfant des histoires de feu son père.

— J’avais une sœur qui s’appelait Caei, s’est-il entendu confier. Ma mère l’a emmenée dans son clan.

Lyoonëi a écarquillé les yeux et doucement ri. Elle évitait d’habitude d’évoquer ses recrues, qui s’échappaient rarement du dôme, mais a révélé qu’une semi-Riao du nom de Caei l’avait rejoint quelques essoan auparavant.

Nyemëlls a tâché de garder un air neutre, mais trépidait intérieurement. Résigné à ne jamais quitter la Cité, il avait abandonné ses rêves chimériques. Mais en ce jour, son cœur se gonflait. Une sœur demie, une jumelle, forcément confrontée aux mêmes difficultés que lui, deviendrait une amie très proche. Il se doutait qu’une enfant élevée par un clan et s’adonnant aux entraînements guerriers de Lyoonëi n’embrasserait sans doute pas sa culture paisible, mais il s’impatientait des bouleversements qu’elle apporterait à son existence trop calme.

Il a de suite décidé de s’engager comme soigneur. Quand il a enfin intégré le dôme après sa période d’apprentissage et ses examens préparatoires, tu t’apprêtais à affronter Lyoonëi et à quitter le dôme qu’il avait tant travaillé pour rejoindre.