— Pᴏᴜʀᴏ̨ᴜᴏɪ ɴᴇ ᴘᴏᴜᴠᴏɴs-ɴᴏᴜs ᴘᴀs ᴇᴍʙʀᴀssᴇʀ ʟ’ᴜɴɪᴏ̨ᴜᴇ ɪɴғɪɴɪ ᴏ̨ᴜ’ɪʟ ɴᴏᴜs ᴇsᴛ ᴅᴏɴɴᴇ́ ᴅ’ᴀᴛᴛᴇɪɴᴅʀᴇ ? L’ɪɴғɪɴɪ ʟᴇ ᴘʟᴜs ʟᴏɴɢ, ʟᴇ sᴇᴜʟ ᴏ̨ᴜɪ sᴜʙsɪsᴛᴇ ᴀ̀ ʟᴀ ғɪɴ ᴅᴇs ᴛᴇᴍᴘs.

Je crus à une question rhétorique, mais ce qu’il restait de Caei attendait ma réponse. Je rassemblai mes pensées.

— Tu veux dire que parce qu’on a vécu, on se perpétuerait dans l’infini de la mort… En même temps, on ne continue pas, n’est-ce pas ? Car c’est ce qu’est la mort : notre fin.

Je guettai un signe de la koxji, une objection, une remarque. Elle ne dit rien.

— Je n’ai pas du tout changé d’avis. Je ne veux toujours pas m’éteindre, et je pense que tu ne le devrais pas non plus.

Caei ne sembla aucunement surprise. Sans doute n’y avait-elle pas cru elle-même, ni tenté de me convaincre. Peut-être se jouait-elle de ma jeune âme, seule source de divertissement aux alentours.

— À ᴏ̨ᴜᴏɪ ʙᴏɴ ᴀᴛᴛᴇɪɴᴅʀᴇ ᴜɴ ɪɴғɪɴɪ ᴅᴏɴᴛ ɴᴏᴜs ɴᴇ ᴘᴏᴜᴠᴏɴs ᴘᴀs ғᴀɪʀᴇ ʟ’ᴇxᴘᴇ́ʀɪᴇɴᴄᴇ ? dit-elle d’un ton égal.

Je sentis comme un poids en mon sein, né d’une détresse viscérale. Et je réalisai, en même temps, que chacune de mes morts n’était qu’une interruption, une transformation, une absence momentanée tout au plus. Celle que la koxji contemplait de son point de vue distant relevait d’une finalité dont mon esprit ne saisissait pas l’ampleur.

Un jour, me dis-je sans en ressentir pleinement les mots, je n’existerai plus. Et l’expérience accumulée de milliers de vies, longues et courtes, vaines ou riches, radieuses ou craintives, se perdra sur le fond infini, sombre et vide du néant. Et, de toute façon, qui restera-t-il pour voir quoi que ce soit ?

— Tᴏᴜᴛ ғɪɴɪᴛ ᴘᴀʀ sᴜᴄᴄᴏᴍʙᴇʀ, ᴍᴇ̂ᴍᴇ ʟ’ᴜɴɪᴠᴇʀs. Mᴀɪs ɴᴇ ᴛ’ɪɴᴏ̨ᴜɪᴇ̀ᴛᴇ ᴘᴀs, Kᴀʀᴇᴢɪᴀʟ. Tᴏɴ ᴄʜᴇᴍɪɴ ɴᴇ s’ᴀʀʀᴇ̂ᴛᴇ ᴘᴀs ɪᴄɪ. Cʀᴏɪs-ᴇɴ ᴜɴᴇ ᴊᴇᴜɴᴇ ᴀ̂ᴍᴇ ᴀɴᴄɪᴇɴɴᴇ.