Au sommet
— Tu as dû le sentir aussi. Tu frôlais l’éveil, alors tu as dû le sentir mourir… Tu te souviens de sa douleur, non ? De son angoisse… Il a souffert du flot carmin qui lui brûlait la gorge, du froid qui s’empare de ses membres, de la conscience que le néant s’approche… Il a enduré, jusqu’à ce que le mal cesse enfin. Il se sentait… en paix. Mais toi, comment est-ce que tu as pu l’oublier ?! C’est la raison pour laquelle tu es devenue… cette chose ! C’est pour ça que tu as voulu mourir, alors comment est-ce que tu as pu l’oublier ?!
Le visage de la koxji restait un masque impassible, et m’enveloppa dans un silence qu’elle fut la première à briser :
— Esᴛ-ᴄᴇ ᴏ̨ᴜᴇ ᴛᴜ ɴ’ᴏᴜʙʟɪᴇʀᴀɪs ᴘᴀs, sɪ ᴛᴜ ʟᴇ ᴘᴏᴜᴠᴀɪs ?
Je la sondais – vainement, pensai-je –, et remarquai ses yeux brillants. Au bord de larmes que j’avais réveillées.
Était-elle seulement capable d’oublier ?
Une brise susurra tandis que je scrutais la koxji. Indéchiffrable jusqu’ici, je lisais désormais de la peine, à torrents.
Ses traits restaient figés, mais les deux abysses sombres mouraient de pleurer pour libérer une douleur agonisante.
Elle ne versa nulle larme. Le vent écouta en silence.

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