LV

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Le jour du mariage est arrivé, un hélico est venu chercher Lin et les deux frères se sont trouvés à êtres responsables de la base.

On attendait au bord de l’héliport que les pales ralentissent suffisamment pour qu’elle puisse se glisser dessous et monter à bord.

- Pas de bêtises, les garçons, elle a dit en se tournant vers eux.
- Pas de problème, Lin, ils ont répondu en chœur.

Et quand l’hélico a décollé, ils se sont retournés vers nous en se frottant les mains, avec un sourire diabolique tous les deux.

Ils ont vu nos regards inquiets, se sont regardés et sont redevenus instantanément sérieux.

- Vous croyez quoi, les gars ? Qu’on va désobéir sciemment au Capitaine ? On n’est pas fous à ce point-là ! Allez, au boulot.
- Et c’est quoi, le boulot, Commandant ? a demandé Quenotte d’un air un peu insolent.
- C’est rendre cette turne un peu plus festive pour célébrer un mariage. Et le plus gros boulot, les gars, ça va être de vous rendre présentables !

Erk avait un sourire carnassier en disant ça mais on commence à les connaître, ses sourires de prédateur, ils servent souvent à faire passer la blague. Alors on a répondu en faisant semblant de grogner et de râler. On s’est retrouvé au mess. Il faisant bon, dehors, alors on a sorti quelques tables et on a pris le déjeuner au soleil, sous nos chapeaux et avec nos Ray-Ban.

Au café, le Viking a pris la parole. On était tous là, même le pauvre P’tite Tête, qu’on avait amené dehors pour qu’il partage notre déjeuner et le beau temps. C’était la première fois que notre ex-télépathe sortait de l’infirmerie, la première fois qu’il acceptait d’être de nouveau avec nous.

J’ai remarqué que Dio s’était assis à côté de lui et lui montrait des choses sur la table, dans son assiette, tout autour de nous puis faisait des gestes après. En voyant l’ébauche de sourire de P’tite Tête, j’ai compris qu’il lui apprenait le langage des signes. A notre époque de grands progrès en médecine, où même certains muets reparlent grâce à des implants, cette langue est tombée en désuétude. Puis je me suis dit que, malgré l’amélioration, en général, du niveau de vie, il y avait encore des endroits où certaines technologies médicales étaient hors de prix.

Je me suis dit que ce langage des signes, simplifié, pourrait faire un autre langage secret et, voyant les yeux de Kris sur les deux hommes, j’ai compris qu’il avait eu la même idée. Toujours à chercher un avantage tactique, celui-là.

Bref.

Donc, le Viking a pris la parole et Dio a traduit ce qu’il pouvait pour P’tite Tête.

- Bon, cet après-midi, on va nettoyer le mess à fond, ceux qui ont quelques connaissances culinaires se présenteront ensuite à Cook pour aider à préparer soit le dîner de ce soir, soit le festin de demain. Je veux que la salle d’eau soit impeccable.

Bon, ça se comprenait, c’était les pièces que nos quatre invités verraient le plus.

- Ensuite, on va sortir les motos et la Land de la cour. On les mettra à gauche de la barbacane. Y a que les niches qu’on ne pourra pas déplacer, donc, grand nettoyage des niches aussi. Un coup de râteau dans la cour pour que ça ait l’air propre, je ne vous en demande pas plus. Phone, tu as un bulletin météo pour demain ?
- Je vais te trouver ça, Erk,
- OK. L’idée, c’est de déjeuner dehors et de danser dehors aussi. Mais sans plancher, ça va être moins sympa…
- T’as des goûts de luxe, frangin…
- Faut dire qu’un tango, c’est plus fluide sur du parquet.
- Dis donc, je te rappelle…
- Ne t’inquiète pas, Kris, tu seras mon seul et unique partenaire de tango. Maintenant qu’elle est mariée…

Le sourire d’Erk était remarquable, en disant cette petite phrase, et j’ai vu Kris rougir légèrement.

- C’est sûr qu’après vous avoir vu danser à Noël, il est difficile d’arriver à votre hauteur…
- Pourquoi, JD, tu sais danser le tango ? a demandé Kris.
- Ben… maintenant, je me demande si je sais vraiment le danser, tu vois, après votre numéro…
- Et tu mènes ? Suis-je bête, forcément…
- Dis donc, petit frère, tu as l’intention de me faire des infidélités au tango ?

Et Kris a encore rougi. Bon sang, je sais qu’il aime son frère un peu plus que… vous voyez, mais là, je me suis demandé si Erk ne le savait pas, parce qu’on aurait vraiment dit qu’il flirtait avec lui...

- On pourrait tendre une bâche au ras du sol, a dit Alma, le caméraman de Mac et Stig. Si elle est assez grande et vraiment au ras du sol, ça peut remplacer un parquet.
- C’est pas mal, comme idée, ça. Essaye de nous trouver ça, d’accord ?
- Vu, Erk.
- Bon, ensuite, on sortira la sono demain, on choisira des bons morceaux sympas, pour danser tous ensemble. On commencera par la valse traditionnelle, puis du disco, des trucs comme ça.
- Avant de venir ici, a commencé un des gars de la patrouille de Frisé, un mec surnommé Rocky parce que son nom de famille c’est Balboa, j’étais DJ.
- Célèbre ?
- Pas vraiment, en dehors de Naples. J’animais soirées et mariages, et même la mairie faisait appel à moi.
- Donc tu te proposes de tenir la sono demain.
- Oui.
- Ça me va, tu feras le point avec Kris pour la musique.
- Vu.
- Bon, une fois le nettoyage fait, on finit les coupes de cheveux et demain, juste avant l’arrivée, je vous veux tous en uniforme impeccable, donc, treillis propres, bottes propres, bérets et keffieh sang séché, la totale, les gars.

Il s’est tu un moment, le regard dans le vague, puis a repris.

- Bon, cette nuit, l’escouade de Tondu est de repos. On va faire trois quarts, le premier de 20h à minuit la patrouille de Frisé, de minuit à 4h la nôtre, de 4h à 8h celle de Mac et Stig.

Il nous avait donné la pire période, parce qu’on allait dormir avant et après, au lieu d’avoir une période ininterrompue de repos.

- Démerdez-vous pour la répartition, mais restez pro.

Cette nuit-là, les frères ont pris l’intégralité de la garde, pendant que nous, leurs hommes, nous répartissions les quatre heures, ce qui nous a donné une nuit un peu plus longue.

Bien sûr, on a voulu discuter, les soulager un peu mais, rien à faire, ils avaient été bien dressés, pardon, éduqués, par Lin et, encore une fois, dans la Compagnie du Lys de Sang, plus de galon veut dire plus de boulot.

Le lendemain matin, on s’est dépêchés de sortir les tables dehors parce qu’il allait faire beau, on a cueilli quelques bractées de la bougainvillée, réparties sur les tables pour faire joli.

Ensuite, on s’est douchés vite fait – on avait attendu le dernier moment, pour être vraiment propres –, on s’est fait beaux. Enfin, autant que possible. On a mis des fringues propres, nos vestes écussonnées brossées, nos bérets, keffiehs, tout ça. Le chignon d’Erk était absolument impeccable, pas une mèche ne dépassait.

La veille, on avait nettoyés nos machettes à les faire briller et, quand on a appris que l’hélico se pointait, on est allés se placer entre l’hélipad et la barbacane, prêts à faire, tout le long, une voûte d’acier. Bon, nos machettes n’avaient pas la même classe que les sabres de marine ou de cavalerie avec lesquelles ça se fait habituellement, mais quand même.

Les non-combattants étaient restés dans le caravansérail, seuls les combattants faisaient la haie. Il y avait une exception. Cassandra. La miss s’était aussi déguisée en militaire, avec un chapeau de brousse et son keffieh ocre, pour respecter l’interdiction de Lin de lui donner quoi que ce soit couleur de sang séché. Ketchup avait simplement amélioré le lys rouge sur l’épaule de sa veste.

Donc, on s’est mis en position, rangés par ordre de grandeur de l’hélipad – enfin, un peu loin à cause de la poussière que les pales soulèveraient – à la barbacane à peu près, les plus petits (Tito et Kitty) proches de l’hélipad, Cassandra attendant un peu avant.

Le coucou qui s’est posé était nettement plus petit que les gros E-assault auxquels on avait été habitué, mais nettement plus rapide, aussi. C’était un H2155-E, ce qui ne vous dit rien, mais à nous militaires, ça dit beaucoup. Pas tout à fait le dernier-né d’Airbus Helicopters, mais un appareil qui, au bout de vingt ans, détenait toujours le record du monde de vitesse, à 519km/h. Et qui, vingt ans après sa première mise en service, continuait à sortir des usines et à équiper un certain nombre d’armées dans le monde. Comme un de ses prédécesseurs, il avait des allures de squale.

Ce jour-là, le pilote ne fit pas d’esbroufe et se contenta de poser l’appareil au centre du rond que nous avions délimité avec des cailloux plus clairs (et pas mal de peinture blanche, mais le vent a tendance à embarquer la poussière et le gravier peints…)

Une fois les pales arrêtées, les portes se sont ouvertes, et cinq personnes sont descendues. La première à descendre fut Lin, qui fit quelques pas vers nous, souriant à Cassandra puis, se rangeant à ses côtés, faisant un beau salut militaire quand les occupants de l’appareil sortirent.

Sean puis Katja, Vlad puis Elise, le pilote – oui, on a tendance à l’oublier parce qu’elle est plutôt menue, mais la p’tite Elise est pilote d’hélico –. Tous les quatre dans leur tenue grise à béret bleu et keffieh blanc, tous les quatre ne portant que leur flingue à la ceinture, comme nous. C’est un mariage, mais en temps de guerre, alors on est parés à tout, nous autres militaires.

Donc, Lin a salué, les quatre Roses and Rifles ont salué, Cassandra, prenant son rôle très au sérieux, n’a pas salué mais leur a demandé de la suivre et s’est retournée vers nous.

C’était notre signal, on a tous dégainés nos machettes et fait la fameuse voûte d’acier. Tito m’a dit que le sourire de Katja, déjà grand de voir la petite Américaine si sérieuse, s’est agrandi à la vue de toutes ces machettes. Comme on ne voyait pas forcément tous le signal de Cassandra, on avait décidé de lever nos armes en séquence, donc Tito et Kitty ont levé les leurs, puis leurs voisins, puis les voisins des voisins et ainsi de suite jusqu’à Erk et Dio, les deux plus grands, juste après Kris et moi.

Alma avait posé sa caméra sur le toit du caravansérail et, quand, un jour calme, on a revu le film, ça avait de la gueule.

Cassandra s’est avancée sous la voûte, toujours sérieuse, sans hésiter, Sean et Katja suivant, puis Elise et Vlad et Lin, derrière, toute seule, les mains dans le dos, avec un putain de sourire de fierté sur son visage.

Une fois qu’elle a passé Kitty et Tito, ils ont rengainé leur lame et lui ont emboîté le pas. Et ainsi de suite, jusqu’à former un cortège qui est passé sous les machettes d’Erk et Dio qui ont, eux aussi, rengainé et nous ont suivi.

Cook et Doc ont accueilli les mariés avec un sourire et une coupe du fameux prosecco reçu à Noël de Matteo Rizzi. Douze bouteilles étant un peu juste pour nous tous, on avait commandé du champagne pour la suite.

Cook, Ketchup et Moutarde, avec l’aide de ceux d’entre nous qui savaient un peu cuisiner, s’étaient surpassés. On avait acheté au village leurs vieilles poules qui ne pondaient plus, et quelques poulets pour compléter, et Cook avait fait ce plat si français qu’est la poule au pot. C’est un plat simple, qui est meilleur plus il mijote. Ce qui faisait la différence, c’était le riz, les pommes de terre, la sauce… Cook avait épaissi le bouillon au vin blanc et à la crème fraîche… Une tuerie !!

On avait un foie gras maison avant, parce que Cook maîtrisait ça à la perfection, et en dessert, non pas une pièce montée, mais un simple opéra pour deux personnes, que les mariés couperaient, pour respecter la tradition. Et une palanquée de macarons, de financiers, de… pleins de petits gâteaux à manger en une bouchée pour les plus gourmands.

Cook, étant un type adorable, avait aussi préparé un plat sympa pour les deux chiens. Yaka, ce jour-là, ne l’a pas quitté d’un pas.

Donc, après un toasts aux mariés, on s’est mis à table, on a dégusté le foie gras, encore meilleur que celui qu’il nous avait fait à Noël, on a découvert Katja, Vlad et Elise dans un contexte détendu et on a découvert l’homme qui avait ravi au Viking le cœur de la belle Finlandaise, le fameux Sean.

Sean n’est pas un Irlandais typique, roux aux yeux bleus, mais plutôt un vrai Celte, comme moi, cheveux noirs et yeux bleus. Les siens sont presque aussi vifs que ceux du Viking. Il a un grand sourire sympa et se déplace comme s’il s’attendait à se faire attaquer. D’après Elise, il est responsable de la sécurité, donc on peut comprendre son attitude. Avec la belle Katja, ils forment un beau couple. C’est un grand type dont la silhouette et la musculature mettent en valeur la beauté de sa femme.

Katja est plus petite que Lin, mais de peu, c’est une femme élancée, musclée de manière plus harmonieuse que le Capitaine de mon cœur, comme Baby Jane, elle a gardé la féminité de sa silhouette tout en ayant les bons muscles aux bons endroits. Elle est une des trois personnes que je connais qui soit capable de gérer le géant, avec Lin et Kris. Vlad, malgré sa familiarité avec le Viking, n’a jamais réussi à l’arrêter dans son élan. Les trois autres, si.

Les trois Islandais apprécient beaucoup la Finnoise, ça se voit dans leur façon de l’accueillir une fois les machettes rangées, dans le discours que Lin a prononcé, les vœux que Kris a fait, qu’Erk a fait.

Le géant a plaisanté en disant que maintenant qu’elle était mariée, il ne pourrait plus la draguer et qu’elle lui avait brisé le cœur et j’ai cru voir, malgré la plaisanterie, un peu de tristesse chez le Viking.

Il a fini son discours comme un grand seigneur, félicitant Sean d’avoir réussi à séduire Katja malgré tout, et de l’avoir poussée à se convertir.

Sur un signe de Lin, Rocky a lancé une belle valse, une interprétation moderne de cette danse si ancienne, et les mariés ont ouvert le bal. On les a laissés un moment seuls sur la « piste », cette grande bâche qu’on avait finie par dénicher et tendre au sol, puis on les a rejoints, ceux d’entre nous qui avaient un cavalier.

On a enchaîné avec des rocks, encore une danse ancienne dont la popularité connait des hauts et bas, plus que le tango, la salsa ou la valse, Tito nous faisant, avec Kitty, une démonstration de rock acrobatique époustouflante. Ils avaient dû répéter dans un coin, parce qu’à aucun moment on ne les avait vu danser. Et à aucun moment dans leur danse il n’y a eu d’hésitation. On découvrait, au cours de nos fêtes, des talents non-martiaux insoupçonnés chez les uns et les autres.

Du coup, Katja a demandé aux frères un tango, chuchotant ensuite à son mari que c’était quelque chose à voir. Sean avait l’air dubitatif, alors elle a ajouté :

- Et je veux la totale, hein, Kris !

Kris a rougi et je me suis demandé ce qu’était la totale. Erk est allé murmurer à l’oreille de Ketchup, qui a emmené Cassandra se laver les mains et faire une sieste, même si elle n’en avait pas envie. Mais en lui disant que, sans sieste, elle ne pourrait pas faire la fête le soir, ça l’a convaincue et elle l’a suivie sans moufter.

De notre côté, la curiosité nous bouffait tous crus. Que pouvait bien vouloir dire la totale s’il fallait éloigner les enfants ? Enfin, l’enfant ? On connaissait le tango des frères et même s’il était sensuel, il n’avait rien de sorte à éloigner une petite fille de six ans. Si Katja avait demandé un strip-tease à Kris, encore, j’aurai pu comprendre. Mais là…

Kris s’était planté au milieu de la piste, les yeux fermés. Erk, sur le côté, fermait également les yeux. Apparemment, c’est Kris qui devait donner le signal. Il a ouvert les yeux, a fait un signe à Rocky et les premières mesures d’un tango ont empli la cour.

Kris se tenait au milieu, les mains sagement croisées devant lui, donnant l’impression d’une jeune fille timide, du genre à faire tapisserie. Erk s’est avancé vers lui, mais de manière assez indirecte, et tout, dans sa démarche, sa façon de se tenir, disait le mâle absolu. Il a tourné autour de Kris qui, paupières baissées, le suivait des yeux. De regards en coulisse à rougeur de vierge, Kris a réussi à nous faire croire à son personnage de jeune fille. J’ai dû cligner des yeux, à un moment, j’avais cru le voir en robe à col Claudine…

Passant derrière son frère, Erk a levé la main et laissé glisser ses doigts sur la ligne des épaules jusqu’au cou, où sa main s’est posée, propriétaire, continuant à glisser jusqu’à la nuque, faisant tourner Kris pour se trouver tous les deux face à face, mais nous présentant leur flanc.

Leur danse a commencé, le seul contact entre eux deux étant la main du Viking sur la nuque de son frère, qui reculait, semblant le fuir, les yeux baissés, jouant, encore, les vierges effarouchées. Puis les mains de Kris se sont dénouées, son corps, raide au début, s’est délié et il a commencé à jouer les séductrices. Et on a retrouvé la danse de Noël, mais en pire. Ou en mieux, je vous avouerais que je ne savais pas trop si ce tango hyper-sensuel était mieux ou pire que celui, un peu plus sage, de Noël. J’ai appris depuis qu’ils en dansaient une version particulière.

Les danseurs ont enchaîné les échanges et leurs regards étaient de plus en plus sulfureux, Kris de plus en plus femme fatale, Erk de plus en plus mâle, si cela était encore possible.

Le tango était long, laissant aux deux frères tout loisir de faire monter la tension, puis les dernières mesures ont retenti et la danse s’est finie comme la première fois, Kris basculé en arrière mais cette fois-ci, leurs fronts se touchaient, et la main d’Erk soutenait la tête de Kris, comme pour un baiser, et ce dernier avait passé ses deux bras autour du cou de son frère.

Ils sont restés un moment comme ça, les yeux fermés tous les deux, puis les premiers applaudissements ont retentis, et des coups de sifflet, et ils se sont relevés, souriant, Kris absolument pivoine, tant de l’effort que, je crois, du jeu qu’il avait dû jouer vis-à-vis de son frère adoré.

Katja s’est précipitée vers Kris, le serrant dans ses bras.

- Merci petit frère, merci beaucoup. Je sais combien ça t’a coûté.

Kris essayait de se remettre de son effort de séduction de son frère et cavalier. Quand la belle Katja lui a proposé un rock, en remerciement, il a dit d’accord. Ils étaient gracieux, tous les deux, aussi. Lin a proposé une danse à Sean, Erk à Elise, Mike à Vlad, qui a eu un peu de mal à se décoincer. On s’est mélangé, on a dansé, bu, discuté.

P’tite Tête était présent et, malgré son handicap tout neuf, a semblé passer un bon moment, discutant – ou apprenant à discuter – avec Dio en langue des signes. Ah, Dio, adorable Dio, comme il fut précieux, notre Sénégalais.

A un moment, il a secoué la tête, paraissant agacé, puis est venu sur scène nous montrer ce que c’est que d’avoir le rythme dans la peau. Oh, je sais, vous allez me reprocher les poncifs sur les Black, et tout, mais si ce sont des poncifs c’est qu’il y a une raison à ça. Après, Rocky ayant lancé un madison, une danse en carré marrante mais répétitive, Dio nous a appris les pas, disant que même des p’tits blancs – et il avait un grand sourire en disant ça, il sait bien que la discrimination n’a pas sa place chez nous – arriveraient à suivre le rythme.

Après, Katja est venue me demander un rock et ça m’a coupé les jambes, j’ai dit qu’elle trouverait plein d’autres cavaliers, et je suis allé m’effondrer aux pieds de Tito. Je n’ai même pas atteint le banc. Elle est énergique ! Mon p’tit pote m’a gentiment proposé ses jambes comme dossier et je me suis adossé à lui, le temps de reprendre mon souffle. Je n’ai pas bougé du reste de la fête, je n’en pouvais plus.

De ma place confortable, j’ai pu voir Erk faire danser Cassandra qui était revenue de sa sieste, faire danser la belle Katja, aussi, puis proposer à Sean de goûter son brennivin. Sean lui a proposé un bon whiskey irlandais, qu’il gardait au chaud dans sa flasque en argent, lui aussi. Ils se sont découverts pas mal de point commun, ces deux-là.

Vers dix heures du soir, on a accompagné les mariés dans la petite chambre pour les couples, on a logé Vlad dans une des carrées, Elise avec les filles, Kitty a gentiment pris Cassandra dans ses bras.

C’est vrai que dix heures c’est tôt, mais nous les militaires, on a tendance à commencer tôt et finir tôt.

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