Chapitre 1 - Le point rouge

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3 Mésori de Chémou de l’an 20 Ramsès-Isis

 L’instant était magique. L’aube se répercutait sur la face rugueuse de la roche brillante de la Montagne. En contrebas, les nuages cachaient encore le vide où les multiples arbres et arbustres paraissaient tel un parterre d’herbes folles. La voix d’un prêtre résonnait appelant à la prière, vint se mêler à celle des autres prêtres, créant une musique étrange entre cacophonie et chants. Les dieux paraissaient se rencontrer tous les matins à la même heure. 

 Elle était levée depuis un moment, pied nue dans sa robe de lin. Ayant trouvé refuge dans le grand observatoire la nuit durant, Ruwa s’y était endormie alors qu’elle guettait l’horizon. L’observatoire aux lunettes énormes et multiples, lieu magique pour y étudier l’astronomie, était la dernière pièce toute en haut de la Montagne de la Lune. Probablement la plus impressionnante d’entre toutes, elle disposait de la meilleure vue sur la vallée quand les nuages ne la cachaient pas.

 Immobile comme l’eau qui dort, statue dont le cœur battait lentement à cause de son inanimité, Ruwa observait les nuages de son regard aux étranges contrastes, tantôt de leur couleur bleue du Nil, tantôt d’un jaune. Son visage, lui, ne laissait rien exprimer qu’un calme apparent et digne.

 La nouvelle était arrivée deux jours plus tôt. Pharaon, son père, avait été victime d’un coup d’État, renversé par ses ennemis, la famille Lucra qui descendait du dieu Seth. La directrice de la Montagne de la Lune, Tasi Hangbé, amazone du Dahomey, d’un certain âge maintenant, avait convoqué la famille royale du royaume de Kemet, composée ici d’elle-même, Ruwa, et d’Antef, son cousin. Antef n’avait que dix ans. Il avait demandé avec sa voix enfantine des nouvelles de ses parents, de son frère et de sa sœur. Inquiet, déboussolé. Sa voix au bord des larmes, angoissée, exprimant toutes ses craintes, qu’elle-même se devait de dissimuler, l’avait hantée des heures durant jusqu’à ce qu’elle ne s’endorme d’épuisement. Sans surprise, ils étaient tous les deux sans nouvelle de leur famille. Ruwa savait que ce n’était qu’une question de temps avant qu’on vienne les chercher pour les ramener dans leur royaume où leur sort serait incertain.

 Tandis qu’elle se perdait dans ses réflexions, l’un des nuages aux couleurs orangées passa, libérant la vue en contrebas de quelques arbres et le bout des steppes. La vue était aussi vertigineuse que magnifique, donnant à cellui qui avait la peur du vide une impression de plongeon et cellui qui aimait les hauteurs d’être le maître du monde. En temps normal, elle aurait éprouvé ce sentiment de tomber, elle qui avait peur des hauteurs et facilement le vertige. Mais son esprit, lui, était bel et bien ailleurs, préoccupé par les questions qui s’enchaînaient les unes après les autres.

 De combien de temps disposait-elle encore à contempler cet endroit ?

 Combien de temps lui restait-il avant d’être ramenée chez elle, un chez elle où Pharaon était peut-être déjà décédé, où un usurpateur avait pris ce qui lui revenait de droit au mépris de toutes les règles de succession des dynasties kemetiennes ?

 Elle n’en savait rien, mais Tasi Hangbé lui avait assurée qu’elle était ici chez elle le temps qu’il faudrait. Le royaume d’Aksoum, voisin à celui du Kemet, et plus précisément leur prince royal, Asfa, avait revendiqué son allégeance à sa famille et des missives avaient été envoyées par des différents souverains d’Afrique et du Moyen-Orient pour raffermir leur soutien et se lever contre cette imposture. Mais le soutien des autres peuples face à celui des kemetiens équivalait à du vent devant la gravité de la situation. Les enfants du Kemet présents à la Montagne de la Lune avaient été consternés et déboussolés. De l’histoire kemetienne aucun souverain n’avait été renversé par une dynastie depuis celle d’Amon-Rê, éteinte depuis bien longtemps.

 C’était impensable.

 Le dernier nuage disparut et dans les steppes en contrebas, les premiers hommes, minuscules fourmis de là où elle était, apparurent. Leurs armures couleur rouge et or scintillaient dans le début de matinée et il ne lui fallut pas longtemps pour savoir de qui il s’agissait. Plus ils avançaient, plus elle reconnut ce qu’elle avait redouté. Les banderoles aux deux dunes rouges sur fond noir, surmonté d’un éclair or se devinèrent à mesure qu’ils approchaient. Les banderoles des Lucra. Progressivement, au pied de la Montagne de la Lune, la garde royale du Kemet s’arrêta finalement. Lorsqu'elle vit l'armée s'installer ci-bas, Ruwa sentit son ventre se nouer, consciente que le début des catastrophes avait commencé. La guerre civile kemetienne était sur le point d'éclater.

 Tasi Hangbé s’approcha de l’immense parvis sur lequel l’école entière s’était rassemblée. Elle n'avait fait aucune annonce, mais les rumeurs avaient bourdonné au petit matin.

 Le spectacle était saisissant.

 La garde royale kemetienne se trouvait en contrebas parfaitement ordonnée et immobile. Maîtres, maîtresses et étudiant‧e‧s restaient à l’ombre de l’immense udala marquant l’entrée de la Montagne. Un immense silence s’était abattu seulement troublé par les caquètements des oiseaux nichés dans l'arbre. La femme à la grande coiffe, aux cheveux aussi blanc que la neige et aux multiples symboles et cicatrices s’avança. D’une expiration, elle vint placer deux de ses doigts à la base de son cou sec, veineux et ridé.

 – Je souhaite parler à votre chef, demanda-t-elle d’une voix rocailleuse et dans un démotique parfait et sans accent.

 Derrière elle, Ruwa et Antef, princesse et prince royaux du Kemet, se tenaient droit et le visage fermé. Antef qui portait des lunettes dorées observait la scène avec appréhension. Sa main à la couleur d’un cuivre plus foncée que sa sœur-cousine s'agrippait à elle comme si elle était sa seule ancre. La princesse s’était parée des attributs de sa déesse : la coiffe du disque solaire entourée des cornes de vache sur sa tête, la robe blanche en lin simple et le lourd collier du cobra royal, symbole de sa famille. Elle observait le plus froidement possible la garde royale qui l’avait protégée toute sa vie en tant que fille de Pharaon et future reine du Kemet. Certains d’entre eux, elle les connaissait personnellement. Les savoir contre elle la rendait folle de rage intérieurement tout en sachant que ce n’était pas entièrement de leur fait : un bouleversement de régent impliquait forcément un changement de dynamique et un retournement de situation.

 Lentement, d’un même mouvement, les gardes royaux dont les visages étaient cachés par leur casque se déplacèrent pour laisser passer un homme d’une vingtaine d’année et aux vêtements de lin si sombre qui semblaient avoir été tissés dans une nuit dépourvue d’étoiles et d’astre lunaire. Ruwa le reconnut avant même qu’il ne s’annonce.

 Amenhotep Lucra, le Septième Fils de Seth.

 Le crâne entièrement rasé avec à l’arrière de sa tête un point fait à la teinture rouge, il avançait élégamment. De tous les descendants de Seth, il était celui qu’elle avait le plus côtoyé à cause de leur faible écart d’âge. Jusqu’à présent ils n’avaient jamais été particulièrement amis, ni ennemis. lI avait bien tenté d’asseoir son autorité sur elle, mais elle le lui avait toujours fermement refusé. Le regard de Ruwa tomba instinctivement sur l’ombre qui bougeait suivant son mouvement, naturelle. Rien n’était anormal, mais sentant la tension de son corps augmenter, elle adressa une prière silencieuse au dieu Amon-Rê pour qu’il la protège.

 Les descendant‧e‧s de Seth étaient des shuts, sorciers affligés n’ayant plus la capacité de pratiquer la magie sorcière. Ils étaient passés maître‧sse‧s dans l’art de manipuler le chaos, les ombres, les illusions à l’image du dieu duquel ils descendaient. On disait que les shuts ne trouveraient jamais le repos, car ils détournaient les ombres, énergie positive accordée par le soleil, de la Vérité et que le monde de l’au-delà leur était tout bonnement interdit. Une fois morts leur corps disparaissait purement et simplement et on disait qu’ils étaient condamnés à errer sur terre sans jamais trouver ceux qu’ils avaient aimés. Dans son royaume, ils étaient aussi sacrés et craints que le dieu dont ils descendaient. Si sa famille, descendante d'Isis, avait parfois été alliée des Seth, ce n’était plus le cas aujourd’hui et Ruwa en avait parfaitement conscience en cet instant.

 Arrivé à la hauteur de Tasi Hangbé, Amenhotep s’inclina longuement jusqu’à ce qu’elle lui demande de se relever.

  – Qu’est-ce qui t’amène, mon Enfant, toi et tes gardes ? demanda d’une voix calme la directrice la Montagne.

 – Pharaon Khéphren souhaite le retour des descendants d’Isis, directrice Tasi Hangbé, déclara Amenhotep en posant son regard sur les deux héritiers.

 Le claquement de langue désapprobateur de Ruwa se fit entendre et elle adressa un regard glacé au Septième Fils de Seth. Il méprisait jusqu’à leur titre, ne les appelant pas prince et princesse royale.

 – Ce n’est pas mon Pharaon qui me demande, Fils de Seth.

 Comme un claquement dans l’air.

Le jeune homme au crâne rasé se tourna vers elle et s’inclina respectueusement. Pourtant, dans son regard, Ruwa perçut tout son dédain.

 – Ô Fille d’Isis, Pharaon Khéphren assure qu’aucun mal ne te sera fait à toi ni à aucun membre de ta famille si tu reviens de ton bon vouloir.

 Et elle vit son ombre bouger différemment.

 Le regardant droit dans les yeux, Ruwa referma plus fort sa main sur celle d’Antef qui avait déjà amorcé un mouvement pour aller vers le fils de Seth.

 Elle tourna la tête vers Tasi Hangbé et lui dit, ignorant le fils de Seth :

 – Il ment.

Puis, elle posa son regard sur le fils de Seth.

 – Je ne te suivrai pas, ni Antef.

 Intérieurement, elle espérait que Tasi Hangbé ne dirait pas le contraire, ni ne se laisserait avoir par la politesse du jeune homme.

 Le visage du Septième Fils de Seth se rembrunit et Ruwa devina qu’il n’aimait pas son refus. Elle savait que si elle le suivait elle signerait son arrêt de mort et celui d’Antef. Les descendant‧e‧s de Seth, la famille Lucra, n’étaient pas connus pour leur tendresse, régissant la force par la force. Laisser en liberté la princesse royale directe d’un pharaon enfermé et potentiellement encore capable de mener le peuple à la rébellion était une trop grande menace pour asseoir son autorité. En revanche, si elle disparaissait et peut-être Antef également, les règles de succession de dynastie du Kemet imposaient que la main passe à une autre dynastie. Et qui de mieux que les Seth qui avaient été très peu au pouvoir ? Si le reste de sa famille était perdue, Ruwa tenait au moins à sauver Antef pour que la descendance d’Isis perdure. Les Seth étaient bien des choses mais pas suffisamment fous pour éradiquer une lignée directe ; sans quoi l’équilibre du Kemet s’en verrait renversé. Ce serait considéré comme un sacrilège et le peuple ne l’accepterait pas. Mais ce n’était que des hypothèses et Ruwa n’avait pas de nouvelles de sa famille. Elle savait son père emprisonné d’après la lettre qu’elle avait reçue. Mais où était sa mère, Sahar, la Grande Épouse Royale ? Et sa tante, Mérytrê et son oncle, Thoutmosis, et bébé Tiyi et bébé Ptolémée ? La lettre qu’elle avait reçue quelques jours plus tôt n'en faisait aucune mention. Elle devait donc penser au seul membre de sa famille qui restait près d’elle, Antef, et elle refusait de se jeter entre les crocs d'Amenhotep.

 Devant son refus, ce dernier s'apprêtait à répondre, mais s’arrêta quand il vit que Tasi Hangbé ouvrit la bouche à son tour pour parler.

 – Tu as entendu Ruwa, Amenhotep. D’après les commandements de la Montagne, elle est la bienvenue ici si elle ne souhaite pas partir avec vous alors elle a le droit de rester. Antef étant trop jeune et elle l’aînée, elle peut décider pour lui. L’année scolaire en cours n’est pas terminée et les enfants doivent compléter leur enseignement. Sauf lettre expressément signée par Pharaon Ramsès lui-même, Ruwa et Antef resteront entre les murs de la Montagne.

 Deux fentes se dessinèrent à la place des yeux du Septième Fils. Ruwa, elle, se tendit. Il ne serait pas assez fou pour lancer la garde royale à ses trousses ici, se dit-elle, sans déclencher un incident diplomatique sans précédent avec tous les royaumes et principautés d’Afrique. Sans compter qu’il perdrait l’appui des kemetiens présents ici. Comme s’il pensait la même chose qu’elle, elle le vit se maîtriser et son ombre se figea. Il planta son regard dans celui de Ruwa et lui répondit, rageux :

 – Tu ne peux pas te cacher éternellement ici, Princesse Ruwa. Nous pouvons attendre une année scolaire si tu le souhaites mais les dés de Thot sont déjà lancés en ce qui concerne ton père.

 Ruwa ne bougea pas d’un cil et continua d’affronter son regard bien qu’intérieurement, elle sentit les battements de son cœur s’emballer, choquée d’un élément d'Amenhotep venait de laisser entendre malgré lui. Seul son père était captif, elle en avait la conviction pure. Il aurait parlé du reste de sa famille s’ils avaient également été pris au piège.

 Le Septième Fils s’inclina une dernière fois en présentant ses hommages à Tasi Hangbé, se retourna et fit le chemin inverse retour.

 Ruwa fixa sa nuque jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus le voir dans la foule des gardes royaux. Les battements de son cœur chantant trop rapidement, Ruwa maîtrisa sa main tremblante, celle qui ne tenait pas Antef.

 – Et Maman et Papa, tu sais s’ils vont bien ? implora ce dernier, les larmes aux yeux.

 Ruwa se tourna vers son cousin et se pencha vers lui pour lui caresser la joue, maternelle et le plus rassurante possible, prenant sur elle pour ne pas montrer qu’elle était aussi terrorisée que lui.

 – Tonton et tatie sont en sécurité, Antef. Je te le promets.

 Le jeune garçon renifla et serra fort sa main. Ruwa lui caressa du pouce le dos de celle-ci pour tenter d’apaiser ses craintes.

 Autour d’eux, les étudiants et les enseignants bougeaient déjà, se dispersaient non sans jeter des regards aux kemetiens. La main osseuse de Tasi Hangbé se posa sur l’épaule frêle de l’adolescente qui se tourna vers l’aînée.

 – Ruwa, reprit Tasi Hangbé. Je peux te retenir ici jusqu’à la fin de l’année, mais nous savons toutes les deux que ce n’est pas viable sur le long terme.

 Ruwa redressa son regard vers la directrice qui les entraîna vers son bureau. Les étudiant‧e.s se poussèrent sur leur passage. Ruwa sentait les regards sur elle, mais sembla ne pas en faire cas. Antef, lui, de nature plus réservé malgré l’attention dont il jouissait en temps normal de part son statut, semblait mal à l’aise et tenait un peu plus fort la main de sa sœur-cousine. Ruwa crut voir la grande silhouette telle à un roseau couleur basalte d’Asfa arriver dans son champ de vision. Elle se doutait qu’il voulait se frayer un chemin jusqu’à elle mais lorsque leurs regards se croisèrent, elle lui fit un non de la tête qui le fit s’arrêter. Plus tard, lui intima-t-elle d’un regard. Pour l’heure, elle suivit avec Antef la dame du Dahomey en silence.

 Les couloirs se firent de plus en plus étroits jusqu’à arriver à une porte aux inscriptions étranges et que Ruwa ne savait pas lire. On lui avait dit que c’était un langage ancien perdu depuis longtemps, mais elle se doutait que tous les directeurs et directrices de la Montagne de la Lune savaient ce que cela signifiait. La porte s’ouvrit toute seule et Tasi Hangbé rentra la première, devant se baisser légèrement. Ruwa n’était venue qu’à une seule occasion ici et rien n’avait changé depuis la dernière fois. S’il n’y avait aucune fenêtre, elle n’avait jamais eu l’impression de se sentir enfermée. Un braséro chauffait la pièce de manière agréable tandis qu’elle entendait du coin de l’oreille de l’eau couler. Un ruisseau parcourait toute la pièce avant de disparaître dans le sol rocheux et s’enfoncer dans les entrailles de la Montagne. Le reste du mobilier était sommaire mais suffisant, les grandes rangées d’objets, parchemins et livres en cuir reliés étaient rangés dans un ordre chaotique mais réfléchi.

 Lâchant sa main, Antef s’assit sur une chaise rembourrée et en peau d’animal et sembla regarder autour de lui, perdu. Cette vision fit mal au cœur à Ruwa qui resta debout à côté de lui, posant sa main sur son épaule pour lui signifier sa présence, aussi solide et immuable qu’elle le put.

 – Je vais voir ce que je peux faire pour toi, reprit Tasi Hangbé qui s’était assise derrière son bureau et croisait les doigts sur le bois. Cette situation est assez inédite venant du Kemet.

 Ruwa posa son regard un instant vers le sol. Elle se sentit honteuse pour son peuple que les choses tournent ainsi. Le Kemet n’était en effet pas connu pour ses situations politiques désastreuses. Pas depuis la Grande Séparation en tout cas.

 – Je te conseille de ne pas sortir de la Montagne et d’éviter même d’aller en extérieur, toi et Antef. Vous pouvez continuer à suivre vos cours évidemment, je ne veux pas que vous arrêtiez d’avoir une vie… normale. Je te donnerai en main propre tout ton courrier.

 Tasi Hangbé semblait calme et adressa un regard compatissant aux enfants royaux.

 – Vous êtes ici chez vous tous les deux, termina-t-elle d’une voix aussi assurée qu’inébranlable.

 Les battements du cœur de Ruwa s’appaisèrent un peu et elle s’inclina pour la remercier. Puis, se redressant, plantant son regard dans celui de l’aînée, elle affirma :

 – Il va tenter quelque chose contre moi, contre Antef aussi peut-être, mais je suis la menace directe et principale.

 – S’il est assez fou pour faire cela… mais je pense pareil que toi, conclut Tasi Hangbé, une barre d’inquiétude se formant sur son front.

  – Je voudrais me replier jusqu’à nouvel ordre dans le temple d’Isis au bout de l’aile des temples, déclara Ruwa après une hésitation.

Tasi Hangbé fronça les sourcils.

 – Ne crois-tu pas que c’est là-bas qu’il va tenter en premier de te trouver ?

 C’était sans doute vrai, mais Ruwa ne se démonta pas et répondit très calmement :

 – S’il le fait, ce ne sera pas seulement mon peuple ni tous les autres peuples de tous les autres royaumes qu’il se mettra à dos, mais les dieux, lui et toute sa lignée. Et personne ne veut être maudit par les dieux.

Peu importe que les Lucra se pensent au-dessus de tout présentement, se dit-elle non sans amertume.

 – Si tu penses que c’est la meilleure solution pour l’instant… répondit Tasi Hangbé, songeuse.

 – Je peux rester avec toi, Rue ? demanda la voix d’Antef.

 Ruwa tourna la tête vers son cousin et lui sourit, se voulant rassurante.

 – Oui mais ce sera un peu… rudimentaire, tu sais. Le prêtre et la prêtresse nous feront de la place mais nous devrons partager la chambre.

 – Je m’en fiche. Je veux rester avec toi, dit-il en lui jetant un regard plein d’espoir.

 Elle sourit un peu et doucement se penche pour déposer un baiser rassurant sur sa joue.

 – D’accord. Cependant, il faudra que tu suives tes cours aussi même si nous sommes tous les deux au temple.

 Le garçon regarda Tasi Hangbé comme pour savoir si elle était contre cela et il finit par acquiescer avant de retomber dans le silence.

 – Si les tiens ou n’importe qui d’autre souhaite surveiller les entrées et sorties, je les laisserai faire. Des professeurs se chargeront aussi des rondes jusqu’à nouvel ordre, l’informa Tasi Hangbé d’un regard entendu.

 Ruwa acquiesça et Antef se leva avant de prendre la main de Ruwa. Elle le sentait serrer fort, mais ne disait rien.

 – Merci, Tasi Hangbé, dit Ruwa en s’inclinant plus bas que précédemment.

 La vieille dame se leva, contourna le bureau et vient relever le menton de Ruwa avant de lui sourire.

 – Ce n’est rien, Ruwa. Cependant, il va falloir trouver une solution rapidement.

 La kemetienne acquiesça. Il y avait des solutions, elle en était persuadée, mais elle avait besoin de réfléchir, quand bien même le temps pressait. Saluant une dernière fois Tasi Hangbé qui lui rendit son salut, elle finit par prendre l’épaule d’Antef pour l’inviter à la suivre.

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