Chapitre 7 - La potion

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 Blême et dans un regain de peur et d’énergie sans doute lié à son instinct de survie, persuadée qu’il allait en réalité exécuter ce d'Amenhotep voulait, Ruwa essaya de se débattre dans l’eau mais gémit encore de douleur. Les points noirs se firent de plus en plus gros jusqu’à obstruer sa vue, avant qu'elle ne s'évanouisse complètement sous le choc. Lorqu'elle reprit connaissance, elle vit le visage de l’homme au-dessus d’elle. Elle sentit ses mains sur son poignet et une douleur aiguë la fit glapir de douleur. Son sang refluait dans son corps sous la magie de l’assassin.

 Subitement, l’étreinte de l’homme se figea et se raidit.

 – Ruwa !, cria une voix qu’elle eut du mal à reconnaître avant de réaliser qu’il s’agissait de celle d’Asfa.

 Des bruits de pas et d’autres voix s’élevèrent. Confuse et perdue, en état de choc, et sentant les éléments de ce qui se passait autour se remettre en place, Ruwa sentit deux mains osseuses venir l’écarter de l’assassin et le visage de Tasi Hangbé apparut dans son champ de vision. Elle vit la bouche de la vieille femme s’ouvrir, lui criant quelque chose qu’elle ne saisit pas. Ne sachant pas trop ce qui se passait, Ruwa ressentit une vive douleur là où elle s'était ouverte. Posant un regard hagard sur son bras gauche, l’adolescente se rendit compte que la plaie s’était refermée. Elle retrouvait petit à petit des couleurs sur son visage.

 – Ruwa, lui parvient enfin la voix calme de Tasi Hangbé. Parle-moi.

 Quelque chose se déposa sur ses épaules et lorsqu’elle vient toucher le tissu, hagarde, Ruwa se rendit compte qu’il s’agit d’une couverture chaude et qu’elle avait froid. Une grande partie de sa robe est trempée et couverte de sang et elle grelottait subitement.

 – Il a… profané le temple… articula-t-elle difficilement comme hors d’elle.

 – Rue ? Rue ? Tu vas bien ?!

Antef.

 Ruwa le chercha alors du regard, toujours hagarde et perdue. Elle crut entendre du grabuge plus loin ou à côté d’elle.

 – Je ne veux pas qu’il me voit comme ça…, souffla-t-elle subitement paniquée et sentant qu’elle cédait aux larmes, à l’idée que son cousin voit du sang qu’elle sentait sur sa robe de nuit.

 – Tout va bien, tu es couverte et il n’a rien vu… Ce sont les cris qui l’ont alerté. Viens, lui assura d’une voix douce Tasi Hangbé avant de l’aider à se relever.

 Tremblante, Ruwa s’appuya sur le bras de la femme, tremblante comme un papyrus sous une brise. Elle fit un pas devant l’autre, puis vint toucher son bras sous la couverture et constata avec un étonnement encore hagard qu’elle ne saignait plus mais elle sentit une boursoufflure, comme une cicatrice.

 Et puis…

 – L’homme, il… commença-t-elle.

 – Tout va bien. Il est neutralisé.

 Ruwa voulut voir où se trouve l’assassin, le cherchant du regard avant que les autres bruits autour d’elle ne l’atteignent, toujours en état de choc. L’homme était à terre figé et éloigné à coup de sortilèges avec violence par un Asfa hors de lui et un enseignant vint retirer le sort pour le ligoter.

 – Ne lui faites rien… je veux lui parler… Asfa, arrête !, dit Ruwa en voulant aller vers eux et n’ayant pas saisi ce qu’avait dit l’assassin mais voyant Asfa lever la main pour le frapper. Le geste resta en suspens et les trois regards se tournèrent vers elle.

 – Plus tard, tu dois d’abord te calmer et te faire ausculter, intima Tasi Hangbé.

 Sentant qu’elle allait exploser de nerfs, au bord d’une hystérie non maîtrisée, Ruwa voulut hurler mais la présence d’Antef se rappela à elle. Sans plus rien dire, elle suivit la Directrice vers la salle d’eau pour qu’on s’occupe d’elle. Iras, qui était arrivée, était au bord des larmes.

 La porte fermée, son amie l’aida à se déshabiller. La tâche de sang, et il y avait beaucoup de sang se rendit-elle compte, s'agrippa à son œil et Ruwa sentit ses jambes se mettre à trembler.

 – T’a-t-il fait mal quelque part ?, demanda Tasi Hangbé, sa longue chevelure blanche tombant en avant. Ce fut elle qui apparut dans son champ de vision.

 Essayant de reprendre ses esprits, Ruwa sentit son corps se rappeler à elle et elle essaya de savoir si elle ressentait une quelconque douleur quelque part. Elle finit non de la tête avant de regarder ses deux poignets. Celui qu’il avait tordu et qui avait tenu la serpe était légèrement violacé mais elle n’avait pas mal. Elle se sentait juste un peu engourdie. Ce fut cependant son autre poignet qui attira son attention. Elle ne saignait plus, pas plus que la plaie n’était ouverte mais elle avait maintenant une cicatrice fine à son emplacement. De ses doigts tremblants, elle vint toucher la cicatrice. Elle savait pourtant qu’elle garderait cette marque sur sa peau toute sa vie.

 – Il ne m’a… Il ne m’a rien fait… C’est moi qui a fait ça. Le Fils de Seth l’a envoyé, dit-elle d’une voix faible.

 Elle vit le regard de Tasi Hangbé s’assombrir à en devenir presque aussi noir que le charbon tandis qu’une des runes visibles de son corps semblèrent briller un instant.

 – Je dois lui parler, dit Ruwa qui sembla subitement se réveiller, sortant de son apathie.

 – Tu dois d’abord te reposer…

 – Comment dormir après tout cela ?!, s’énerva Ruwa sentant sa voix au bord de l’hystérie.

 – S’il te plait, Ruwa. Fais-moi confiance. Je resterai à ton chevet pour surveiller. Mais tu dois dormir quelques heures au moins.

 Iras qui n’arrêtait pas de s’excuser lui donna une robe en lin propre et aida Ruwa à s’en vêtir une fois que Ruwa fut sûre de n’avoir aucune trace de sang sur elle. Puis, elles sortirent de la salle d’eau avant de se diriger vers la chambrette. Revoyant le mobilier, elle constata que les draps avaient été défaits à la hâte. Probablement Antef et Iras qui s’étaient réveillés en sursaut.

 Lentement, Tasi Hangbé aida Ruwa à s’asseoir et demanda à Iras de sortir. La kemetienne jeta un dernier regard à la princesse qui ne la vit pas réellement. Puis, une fois seule, la vieille femme lui glissa un flacon entre les doigts. Ruwa n’eut pas besoin de la regarder pour savoir que c’était un remède de sommeil. Ruwa se résigna, incapable de se battre et sentant que si elle ne trouvait pas un peu de repos, la crise de nerfs n’était pas loin. Débouchant le flacon, Ruwa but le contenu de la fiole à s’en étouffer avant de la laisser choir sur la table de chevet. A peine sa tête posée contre l’oreiller qu’elle se sentit glisser dans un sommeil sans rêve.

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