Chapitre1 : Le Silence qui attend
Tous les jours, à la même heure, elle s’asseyait là, sur ce banc en bois un peu penché, un peu fatigué, comme elle.
Le ciel était souvent gris. Elle, vêtue de noir, restait droite, digne, immobile. À ses pieds : un parapluie. Fermé. Toujours.
Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente… rien ne la faisait bouger. Seule la pluie osait toucher ses joues.
Les passants ne faisaient plus attention à elle. Les enfants la montraient du doigt, puis l’oubliaient en grandissant.
On disait qu’elle attendait quelqu’un. On disait aussi qu’elle était un peu folle. Mais personne ne savait vraiment.
Elle, elle savait.
Ce banc, c’était la dernière chose qui lui restait de lui.
Ils s’étaient rencontrés ici, un jour d’automne. Il lui avait tendu un café chaud alors qu’elle pleurait.
Il ne lui avait rien demandé, juste tendu le gobelet, puis était resté assis, à ses côtés.
Et puis, ils avaient appris à parler en silence, à sourire sans mots.
Un jour d’orage, il lui avait dit :
— Je reviens vite. Garde le banc au chaud pour moi.
Et il n’est jamais revenu.
Pas de message. Pas de lettre. Pas d’au revoir.
Seulement l’écho de sa voix dans le vent, et ce banc… vide.
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