Chapitre 1

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- Erin ! s'exclama une femme blonde aux yeux d'un vert menthe brillant. Erin, regarde !

La femme était si excitée qu'elle ressemblait à un enfant pressé de découvrir ses cadeaux au pieds du sapin le jour de Noël.

Une jeune femme assise sur la banquette arrière d'un SUV sombre, sourit en regardant dans la direction que cette dernière lui indiquait.

- Chérie, laisse Erin tranquille. pouffa un homme aux cheveux grisonnant.

L'adolescente sourit à son père, le corps traversé de tremblements dû à un rire... silencieux.

- Erin, fit l'homme en la regardant dans son rétroviseur interne, en arrivant dans le village, j'ai vu un pub qui propose des scènes ouvertes, tu veux que je t'y accompagne ?

L'adolescente secoua la tête doucement, faisant virevolter ses boucles souples, couleur caramel.

- Elle est grande, lui fit remarquer la femme blonde en le taquinant.

- Mesdames, nous sommes arrivés !

Il arrêta la voiture devant une maison assez modeste. celle-ci semblait avoir pourtant bien vécue. Le carré de jardin qui l'entourait n'avait plus reçu le moindre soin depuis belle lurette, quand au portail... Le bois pourrissait par endroit tout comme la peinture blanche écaillée qui donnait un aspect abandonné à l'ensemble. Un bon coup de tondeuse, du nouveau bois et un nouveau vernis pour le portail ainsi qu'un ravalement de façade et tout sera comme neuf !

Erin soupira.

- Il va y avoir quelques travaux à faire, concéda son père en se grattant le menton, faisant mine de réfléchir aux travaux à venir.

- À nous trois, on va y arriver ! s'exclama la femme blonde pour encourager son mari et sa fille.

Erin soupira à nouveau, mais sourit tout de même.

Une fois dans l'allée de la maison, ils descendirent du véhicule et déchargèrent les cartons qu'ils avaient pu embarquer avec eux depuis l'Irlande, sachant que le reste les suivraient dans les jours à venir la famille s'était octroyée le droit de ne prendre que le strict nécessaire avec eux.

Un vent léger gonfla les boucles souples de l'adolescente qui huma l'air de son nouvel habitat. Une odeur de Mystères et d'Histoire lui emplissait les narines. Un léger frisson la fit se précipiter vers le perron, rejoignant ses parents qui l'y attendaient.

Toute excitée, la femme blonde tira la clé de leur nouvelle maison de sa poche et la fit pivoter dans la serrure. La porte s'ouvrit dans un grincement lugubre, digne d'un film d'horreur.

- Hum.. Heureusement que nous ne sommes pas arrivé en pleine nuit. fit remarquer le père.

Mère et fille se tournèrent vers l'homme pour lui adresser un regard de biais.

- Pas de soucis Mesdames, votre chevalier servant est là ! s'exclama t-il en bombant le torse.

Toutes deux se jetèrent un regard puis pouffèrent.

À peine mirent-ils un pieds dans l'entrée qu'ils furent attaqué par une odeur de rance et un amas de poussière, les faisant reculer sur le palier.

- Depuis combien de temps est-ce que c'est en vente ? lança t-il en plaquant son bras devant son nez et sa bouche.

- Depuis combien de siècles ça n'a pas été ouvert surtout ?! s'exclama la femme. Ouvrons la maison d'abord.

- Erin, va à l'étage et ouvre les fenêtres ainsi que les volets, s'il te plaît. demanda son père.

Erin hocha la tête, elle fouilla dans la poche arrière de son jean et en sortie son portable qu'elle manipula afin d'en allumer le flash. Elle se dirigea vers l'escalier dont elle en éclaira les marches afin de voir où elle posait les pieds.

Elle dû se retenir de tousser à cause de la couche de poussière qui se soulevait à chacun de ses pas.

À l'étage, elle poussa la porte qui se trouvait au bout d'un couloir sur sa droite et posa son carton au sol pour se diriger vers la fenêtre, elle attrapa la poignée, tourna une première fois mais rien ne se passa. La fenêtre frémit légèrement, mais rien de plus. légèrement agacée, la jeune femme dû s'y prendre à plusieurs fois quand la fenêtre s'ouvrit enfin, elle poussa très vite le loquet qui retenait les deux panneaux de bois qui servait de volet. Mais y mit, cette fois, un peu trop de force et bascula vers l'avant. Heureusement pour elle, ses réflexes étaient très bon, aussi eut-elle tout juste le temps de se retenir à l'encadrement de la fenêtre afin de lui éviter une chute mortelle.

Des pas retentirent dans l'escaliers.

-Erin ! s'écria sa mère horrifiée.

Elle couru vers sa fille, lui enserra la taille et la tira vers l'arrière.

- Tu vas bien ? lui demanda t-elle en panique.

Folle d'inquiétude, elle passa sa fille sous radar pour vérifier qu'elle n'était pas blessée. Cette dernière lui signa que tout allait bien. Rassurée, sa mère l'aida à ouvrir tout l'étage, faisant chacune attention à ne pas réitérer l'expérience.

En redescendant, elles trouvèrent le chef de famille qui se grattait la tête, cherchant quelque chose.

- Tu t'en sors chéri ? demanda sa femme.

- Je cherche ce fichu aspirateur.

- Zephan... soupira la femme qui vint planter un bisous moqueur sur sa joue.

Erin se dirigea vers le SUV et en sortie un aspirateur plutôt gros qu'elle ramena à son père.

- Oh merci ma chérie. soupira t-il sauvé.

- Bon ! s'exclama la femme blonde. Soldats, votre mission est de rendre cette maison propre et de ranger les cartons avant que le reste n'arrive.

- Bien chef ! répondit Zephan en se tenant droit, signant tel un militaire devant son adjudant. Erin l'imita, le visage sérieux.

La femme blonde sourit et administra ses ordres à sa fille comme à son mari. Cette dernière se prénommait Tara Doyle. Cette dernière se trouvait être une journaliste en vogue. Connu pour ses articles sur la mode et sur l'architecture, sa famille pouvait donc compter sur ses talents pour aménager une maison décrépite et en faire un petit bijou.

Aussi, durant une bonne partie de la matinée, ils s'affairèrent à nettoyer la maison et faire en sorte que la poussière soit totalement annihilée et que cette odeur rance disparaisse, avant de pouvoir attaquer au déballage de leurs cartons et d'un semblant d'aménagement.

En début d'après-midi, les déménageurs arrivèrent avec le reste des meubles et en début de soirée, ils avaient enfin fini de tout nettoyer, ranger et aménager.

Épuisée, Erin décida de prendre une douche bien méritée dans la salle de bain de sa nouvelle chambre. Elle se déshabilla et entra dans la cabine de douche, qui pouvait facilement accueillir deux voir trois personnes de sa taille. Elle actionna la poignée qui fit couler l'eau chaude sur elle. Erin soupira, seul son qui pouvait sortir de sa bouche. Les biens faits que produisait l'eau chaude sur ses muscles noueux étaient plus que bienvenu, Erin ferma les yeux durant un temps afin d'en profiter tout en se lavant.

En sortant elle attrapa une grande et longue serviette moelleuse dans laquelle elle emmitoufla, Erin en attrapa une plus petite pour l'enrouler autour de sa tête afin d'y faire sécher ses cheveux.

Dans sa chambre, elle se dirigea vers sa commode pour y chercher une paire de sous-vêtements qu'elle s'empressa d'enfiler. Mais alors qu'elle agrafait son soutien-gorge, un frisson étrange la fit trembler des pieds à la tête.

Que ce passait-il ?

Erin fronça les sourcils, cherchant à savoir d'où pouvait provenir cette sensation de malaise.

Toute fois, quand plus rien ne se passa, elle décida de s'habiller : un jean délavé et troué sur un genou, un top blanc qui s'arrêtait à peine au dessus du nombril, sa veste en cuir et une paire de sneakers blanches. Elle coiffa ses boucles en une queue de cheval haute, un trait d'eye-liner et du mascara auxquels se rajouta du baume à lèvre, vint parfaire son ensemble. Quand elle fut satisfaite, cette dernière descendit rejoindre ses parents qui s'attelait encore à la tâche de ranger les quelques cartons restant dans la bibliothèque du salon.

- Tu veux que je te conduise au Plume of the Feathers ? proposa Zephan à sa fille en la voyant arriver.

L'adolescente hésita quelques secondes, puis accepta.

- Soyez prudents tout les deux ! s'exclama Tara depuis le salon.

- Je reviens pour t'aider ! la rassura son mari.

Père et fille montèrent en voiture et il l'emmena à Tavistock Road, la grande artère principale du village où se trouvaient la plus part des commerces ainsi que le pub en question. C'était une petite bâtisse à l'aspect ancien, dont les pierres le rendait authentique et mystérieux.

Zephan se gara dans le petit parking et accompagna sa fille à l'intérieur.

Ils furent accueillis par un homme à la trentaine bien entamée. Grand, assez large d'épaules, il tenait une choppe qu'il s'appliquait à nettoyer derrière son bar.

- Bonsoir ! s'exclama l'homme avec un grand sourire. Qu'est-ce que je vous serre ?

- Bonsoir, nous venons d'emménager, fit Zephan en se présentant à l'homme qui lui serra la main.

- Oh ! Bienvenue à vous à Princetown.

- Merci. sourit Zephan, ma fille voudrait participer à votre soirée karaoke.

Le barman jeta un coup d'œil à l'étudiante qui détaillait les lieux avec émerveillement.

- Bien sûr. répondit l'homme en souriant poliment. Une chanteuse dans l'âme ?

- Elle ne parle pas. le prévint le père assez mal à l'aise.

Le barman les étudia tour à tour avec étonnement.

- Comment une muette peut-elle chanter ? le questionna t-il quelque peu sur la réserve.

- C'est un cas particulier, elle ne peut que chanter. Parler lui est difficile. expliqua Zephan sans trop entrer dans les détails.

Le barman, de plus en plus soupçonneux, les dévisagea plus franchement croyant à une blague.

Une ballade se lança dans le Jukebox. Toute surexcitée, elle secoua vivement la manche de son père lui montrant la petite scène où était disposés une chaise haute et un micro sur pieds.

- Vous acceptez de la laisser chanter ?

D'abord en retrait, le barman accepta ensuite, laissant la jeune femme embrasser son père sur la joue et courir vers la petite scène où elle prit place.

- Rentre pas trop tard ! s'écria son père.

Suite au départ de son père, Erin laissa la musique lente et douce prendre possession d'elle jusqu'à ce que sa voix s'élève dans la petite salle où se trouvaient quelques clients. Le barman se figea, atterré par ce qu'il entendait, ensorcelé par la voix d'ange que possédait cette ado étrange. Sa voix était aussi clair que du cristal, plus légère que la caresse d'une plume sur les lèvres.

L'écho de sa voix fit rentrer de nouveau clients qui avaient été comme hypnotisés, attirés par sa voix d'ange, comme l'équipage d'Ulysse avait été attiré par le chant des sirènes. Cependant cette sirène-ci était bien plus jolie et ne cherchait certainement pas à les dévorer.

Elle avait enchanté le pub de sa voix douce et posée dont aucune fausse note n'entravait le chant.

À la fin de la musique, sa voix mourut laissant le temps à chacun de se remettre de cette expérience hors du commun. Puis un torrent d'applaudissements fit vibrer les murs du pub, félicitant la jeune ado pour son talent, mais très vite ils lui en réclamèrent une autre.

- Encore ! Encore ! s'exclamèrent certains présent dans la pièce, faisant rougir Erin.

Le barman, qui semblait être le propriétaire des lieux, s'approcha d'Erin et lui proposa de lui lancer une nouvelle chanson, l'adolescente le scruta intriguée puis accepta en lui affichant son plus beau sourire, faisant rougir l'homme qui se précipita vers le Jukebox pour choisir une autre musique.

Au son des premiers accords, le pub se tue. Laissant seule, s'élever la voix de la jeune étudiante.

" I will let you come with me" chanta t-elle en fermant les yeux.

Mais très vite, Erin fut interrompu par ce qui semblait sortir tout droit d'un mauvais film pour ados. Un groupe de jeunes de son âge pénétra dans le pub. Immédiatement, la jeune femme reconnu l'espèce que composait le groupe et prit peur elle arrêta immédiatement de chanter, tétanisée par ce qu'il se passait.

Elle rencontra le regard d'un garçon aux cheveux d'un rouge sanglant, l'envie irrépressible de crier lui remonta jusque dans la gorge, mais elle su l'arrêter à temps.

- Eh Kan ! C'est qui l'oie blanche ? s'exclama le garçon au barman.

- Une... Une nouvelle... bredouilla l'homme apeuré.

Erin sentit le danger, elle sursauta quand le garçon donna un grand coup dans une table qui alla s'écraser près de la scène.

Elle attrapa ses affaires et commença à reculer vers la porte de secours qui se trouvait sur sa gauche. Ne voulant pas leur tourner le dos, Erin fut prudente mais une fois la porte atteinte, elle l'ouvrit et se précipita vers l'extérieur.

Dans le pub, on entendit le mobilier se fracasser et les cris des clients affolés.

Ses poursuivants criaient derrière elle à travers la grande rue alors qu'elle cherchait à fuir l'endroit. Soudain, une main lui attrapa le poignet et la tira derrière un murs de pierre, une autre main calleuse se plaqua sur sa bouche, lui intimant de ne faire aucun son. Elle percuta un torse chaud et puissant qui la fit se sentir étrangement en sécurité. Son sauveur lui intima de garder le silence, mais l'exercice était bien trop simple pour elle : Erin était muette.

Le groupe s'arrêta peu après leur cachette de fortune et scruta les alentours à sa recherche.

- Elle est où ? vociféra la voix du garçon aux cheveux sanglants.

Erin se crispa contre le corps large et musclé du garçon qui la tenait dans ses bras. Pourquoi cet inconnu lui paraissait-il si réconfortant ? Jamais elle ne s'était sentit si bien qu'en cet instant pourtant le moment était mal choisi.

- Je sais pas Clive, lui répondit une voix féminine que son sauveur avait visiblement reconnu, vu la façon dont son corps s'était raidit contre son dos.

- Stella, s'exclama le dénommé Clive, j'espère qu'IL n'est pas sortie !

- Qu'est-ce que tu crois ? répondit la fille sur un ton dédaigneux. Ma mère l'a enchaînée dans le sous-sol, impossible pour lui de s'en échapper.

La main du garçon se crispa sur sa bouche, visiblement ce qu'elle venait d'entendre visait son sauveur et ces quelques mots l'avaient mis en colère.

- Elle peut pas être aussi loin. Continuez à chercher ! ordonna le sanguin.

Le groupe repris ses recherches.

Erin et son sauveur ne bougèrent pas d'un pouce durant encore quelques minutes afin de s'assurer d'être hors de danger, mais quand Erin se tourna, son regard vairon s'aimanta à deux yeux d'un argent profond.

Alors qu'elle se sentit irrésistiblement attirée par ce regard mystique, elle ouvrit la bouche en un O large et se mit à pousser un cri à en réveiller les morts.

Son cri était de loin le son le plus épouvantable et horrifiant que le monde pouvait entendre. Le garçon la relâcha pour se couvrir les oreilles afin d'atténuer le son et la douleur que cela lui procurait.

Quand il rouvrit les yeux, elle avait disparue.

- Une banshee...

***

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