Ma solitude face aux barreaux qui me retenaient prisionnère, était telle que je n'avais plus la force de continuer. Je n'avais même pas eu la robustesse de me libérer de mes assaillants afin de secourir Pierre d'une mort certaine. Comment pouvais-je espérer être la protagoniste d'une guerre si je n'avais même pas la force de protéger mes compagnons d'infortune ? J'étais dangereuse autant pour eux que pour moi, j'avais été jusqu'à trahir Naphaël. Il fallait que ces inepties cessent, j'avais voulu croire que j'allais changer le monde, mais je n'avais décemment pas les épaules pour ce job.

 Un bruit de cliquetis de clé interrompit le cours de mes pensées,puis la porte s'ouvrit sur ce que je pensais être le général de la milice temporel que j'avais entre-aperçue dans la maison de Pierre, ce qu'il confirma en se présentant.

 Après le saut, personne ne m'avait adressé la parole et j'avais directement été envoyée dans cette cellule sans que l'on me prévienne de ce qu'il adviendrait de moi.

- Mademoiselle Lili Craft, vous serez amener à comparaître devant l'assemblée des voyageurs temporels qui décideront de votre sort. Connaissant votre état de santé actuel, cela pourrait agir en votre faveur et atténuer votre peine.

 Je me fichais éperdumment de ce qu'il pouvait m'arriver, ma propre estime pour moi était telle, que je souhaitais ne plus jamais ouvrir les yeux. Cette envie de repos éternel me revint à l'esprit, elle était si présente que si j'avais pu la matérialiser devant mes yeux je m'y serais jeté corps et âme sans un regard en arrière.

 Mon mutisme ainsi que mon inhibition émotionnelle provoqua la fureur de mon interlocuteur. Sa main agrippa mon bras et la force qu'il exerca sur celui-ci fut telle qu'il me propulsa contre le mur.

 - Vous n'imaginez pas la merde que vous avez foutue ! Heureusement, il n'y a pas eu d'incidence sur l'espace-temps ni de morts, mais je vous préviens que la prochaine fois que je vous retrouve sur mon chemin, je n'épargnerais pas la votre. Compris ? me dit-il en serrant d'avantage son emprise. Il était tellement proche que je pouvais voir observer les vaisseaux sanguins de ses yeux injectés de sang.

 - Votre inconscience aurait pu nous coüter très cher.

 J'acquièsais.

 - Vous n'imaginez pas la putain de chance que l'on ne vous ait pas déjà foutu une balle dans la tête.

 Il me regarda avec mépris, me lâcha et partit en claquant la porte derrière lui.

 Massant mon bras, je me repassais en boucle ses paroles. Il avait bien dit que personne n'avait été tuer. Une lueur d'espoir scintilla en moi, Pierre était donc vivant.

 J'eus à peine le temps de m'émerveiller à cette idée, qu'une série d'èvenements vînt de nouveau bousculer ma destinée.

 Des coups de feux ainsi que des cris résonnèrent à mes oreilles. Que se passait-il encore, cela ne pouvait pas cesser ? Je me calfeutrais dans un coin de la cellule et attendis les sens aux aguets. Tout était redevenu calme, lorque j'entendis à nouveau le cliquetis des clés de la porte qui amenait à mon cachot. Celle-ci s'entrouvit, puis j'entendis un objet rouler et se cogner contre les barreaux, puis la porte se refermer.

- C'est quoi ce bordel ! criais-je en observant celui-ci de plus près.

Une fumée épaisse s'échappa de l'objet. Reculant instinctivement je me couvris le nez avec mon pull, comprenant assez rapidement de quoi il s'agissait. Le gaz eu raison des mailles de mon maillot complètement inefficace comme source de protection et m'offrit un repos bien mérité et demandé de manière ironique. L'univers avait un drôle d'humour pour ce jouer ainsi de moi, pensais-je avant de sombrer.