Le soleil s'infiltrant dans la chambre réveilla Kharel, qui s'aperçut que Jil dormait toujours, d'un sommeil encore profond. Nue sous les draps, les rayons du soleil donnaient à sa peau un aspect satiné.

— Je me demande comment on a fait pour ne pas s'écrouler dans le lit après une telle journée. Pensa l'elfe, souriant tout en repensant à la journée passée.

Kharel plongea dans ses pensées pendant un moment et fut interrompu lorsque Jil remua doucement, s'étira et ouvrit un œil.

— Bonjour Jil, bien dormi ? s'enquit l'elfe.

— Plutôt bien. De toute façon, un tel sort me vide tellement de mes forces que je n'aurais pas pu tenir bien plus longtemps éveillée.

— On ne t'aurait pas cru fatiguée hier soir pourtant ! S'esclaffa son compagnon.

— J'avais aussi besoin de décompresser ! Rétorqua la jeune femme en souriant.

Puis son visage se fit plus grave.

— Mais maintenant, il nous faut nous lever et affronter la réalité. Ne devions nous pas aller voir le capitaine de la garde ?

— En effet, mais d'abord j'aimerais que nous ayons une discussion, répondit Kharel en regardant Jil droit dans les yeux.

Jil lui rendit son regard et s'éloigna un peu de Kharel, sur la défensive.

— Qui y'a t'il ? Tu es bien sérieux d'un coup ?

— Écoutes, hier pendant la soirée tu as évité toutes les questions que je t'ai posées sur la raison de ta venue à Garvin. Je sais que chacun a son histoire et que nous ne nous connaissons que depuis peu, mais j'ai également remarqué que tu en savais plus sur les attaques sur la ville que tu ne laisse paraître.

Il se redressa un peu dans le lit et poursuivit.

— Or, comme je te l'ai dit, pour diverses raisons je me suis attaché à cette ville et même si je ne finirait certainement pas mes jours ici, la sécurité des habitants m'est importante.

— Je comprends ta position Kharel, mais comme tu le dis nous ne connaissons que depuis hier, répondit Jil, qui avait un peu retrouvé d'aplomb.

Kharel marqua une pause, jaugeant Jil, il avait certes passé une soirée sympathique en compagnie de l'humaine, mais il ne se laissait pas aveugler par un peu de chair, bien qu'il doutât que ce fût l'objectif de sa compagne.

— En effet, mais je pense que nous aurions tout intérêt à éviter les secrets, surtout si nous devons de nouveau combattre côte à côte. J'aime savoir que je peut faire confiance à mes camarades. Et je pense que nous pourrions faire un duo assez efficace.

Jil paru surprise et écarquilla légèrement les yeux. Elle admit :

— J'avoue ne pas y avoir pensé de cette façon là.

Ce fût au tour de la femme de marquer une pause, elle semblait peser le pour et le contre d'une association avec Kharel. Patiemment, Kharel attendit.

— Soit, dit elle finalement. Je vais te conter mon histoire, et te donner la vraie raison de ma venue ici. Ensuite nous verrons si notre coopération ira plus loin ou si chacun partira de son coté. Sache cependant que je gardais mes motivations pour moi même pour une bonne raison.

Elle plongea un regard sévère dans celui de l'elfe et poursuivit,

— Et bien que pour je ne sais quelle raison je te fasse confiance, si tu révèles mon histoire à tord et a travers, je ne te le pardonnerais pas.

Kharel acquiesça mais précisa :

— Je comprends, mais si certains détails nous permettent de sauver la ville, je n'hésiterais pas à les divulguer, tout en essayant de ne pas te mentionner.

— C'est d'accord, répondit Jil après un instant de réflexion.

Elle commença donc son récit, tellement détaillé et empreint d'émotions que Kharel n'eu plus aucun doute sur la sincérité de Jil. Après un bon moment, elle s'arrêta lorsque son histoire fût terminée. Elle avait l'air presque soulagée d'avoir pu se confier à quelqu'un. Kharel sût qu'il pouvait lui faire confiance tout comme elle pouvait, en cas de besoin, compter sur lui.

Kharel lui promit de lui raconter son histoire également et, en silence, ils s'habillèrent et sortirent de leur chambre afin de partir à la rencontre du capitaine.